Auteur : Dancelune
Email : karrakolnyahoo.fr
Disclaimer : Les persos ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété exclusive de Yuki Shimizu et de son sensationnel manga Love Mode. Seul l'élément perturbateur est de ma création.
Série : Love Mode.
Genre : réaliste dans la mesure du possible.
Remarque : Cette fiction me prend décidément tout le temps par surprise ! J'ai encore écris complètement autre chose que ce à quoi je pensais en prenant ma plume… ou plutôt mon clavier…
Quand on dit que les personnages d'une histoire ont leur propre vie que l'auteur ne fait que retranscrire, je croie bien que c'est vrai.
Prenez moi avec vous
Chapitre 7 : Corruption
« A ce soir Haruomi-san ! fit Rena en sortant de la voiture.
- A ce soir, répondit le domestique et petit ami de l'un des docteurs les plus sexy du pays. Passez une bonne journée !
- Hai ! (1) » s'exclama la jeune fille avec un grand sourire avant de refermer la porte de la voiture.
Rena se dirigea ensuite vers l'escalier menant à l'appartement que partageaient Katsuki et Seiichi. Elle se retourna et fit de grands signes de la main au conducteur de la Jaguar qui retournait chercher son amant pour l'amener à son congrès de la journée. Ce dernier lui fit un petit signe de la main en retour. Rena sourit.
Elle avait passé une magnifique soirée hier soir. Elle n'en revenait pas comme les deux frères Aoe pouvaient être aussi différents l'un de l'autre. Kiichi avait tout simplement été adorable. Loin d'être indiscret comme elle le craignait, l'homme avait mené une conversation légère et banale qui avait complètement détendue l'atmosphère. Cela faisait une éternité que Rena n'avait pas parlé littérature, cinéma, botanique ou encore religion. Kiichi avait abordé tous ces sujets en parlant de lui. Le fait de ne pas se sentir interrogée avait permis à la jeune fille de se relaxer. Si elle ne disait pas grand-chose au début de la conversation, elle s'était retrouvée à la fin du repas à bavarder comme une pie sans pouvoir s'arrêter. Le fait d'avoir des interlocuteurs souriants face à elle devait y être pour beaucoup. Les deux hommes avaient l'air ravis de la voir enfin s'exprimer librement.
La cerise sur le gâteau fut au moment du coucher, lorsque avant qu'elle ne se déshabille pour se mettre au lit, Haruomi avait frappé à sa porte pour savoir si elle ne manquait de rien et lui souhaiter bonne nuit. Cette petite attention à laquelle elle était loin d'être habituée l'avait profondément émue. Elle s'était endormie toute bouleversée et avait fait de très beaux rêves.
De ce fait, elle était d'excellente humeur ce matin lorsqu'elle sonna chez Seiichi.
« J'arrive ! » lui parvint la voix de Seiichi de l'appartement.
Rena attendit un petit peu avant de voir la porte s'ouvrir sur un Seiichi rayonnant et dynamique.
« Ohayô gozaimasu ! (2) déclara l'homme, dont les cheveux étaient lâchés, avec un grand sourire.
- Ohayô gozaimasu ! répondit Rena en soupirant d'aise devant la beauté de l'homme.
- Entre je t'en prie.
- Merci. »
Rena entrait dans le salon lorsque Katsuki sortit de sa chambre en ne portant rien d'autre sur lui que sa gourmette. Le jeune homme bailla tout en s'étirant, étalant devant les yeux écarquillés de stupeur de Rena sa superbe plastique. Le jeune homme commençait à s'étirer tranquillement, réchauffant doucement ses muscles endormis, lorsque Seiichi le fit revenir à la réalité.
« Heu… Katsuki ? fit d'un air gêné le colocataire de Katsuki qui se tenait derrière Rena.
- Hai ? » répondit ce dernier en tournant la tête dans la direction de la voix.
Le jeune homme resta un instant bouche bée en découvrant Rena qui fixait son entrejambe avec de grands yeux ahuris et une bonne coloration rosée sur les joues. Derrière elle Seiichi lui faisait signe de retourner rapidement dans sa chambre.
« U… UWAAAAAAH ! s'écria Katsuki en réalisant enfin dans quelle situation embarrassante il se trouvait.
- HIIIIIIIII ! » répliqua Rena que le cri du jeune homme venait de terroriser.
La jeune fille fit d'un seul coup volte-face et s'agrippa à Seiichi en cachant son visage dans son t-shirt. Katsuki fit aussi demi-tour et retourna dans sa chambre à la vitesse de l'éclair. La porte se referma dans un grand « clac » qui caractérisait plutôt bien l'état d'excitation des deux jeunes gens.
Rena reprit doucement ses esprits et s'éloigna de Seiichi qu'elle serrait très fort contre elle. Elle voulut s'excuser mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle était complètement abasourdie. C'était la première fois qu'elle voyait un homme nu. Et ce n'était pas d'un père de famille ou d'un vieux dont elle parlait. Non. Elle venait de voir la beauté d'un homme d'une vingtaine d'années, dans la force de la jeunesse, avec tous les attributs caractérisant l'homme viril et séducteur.
La jeune fille avait l'impression que l'image était encore imprimée sur sa rétine. Le satin de la peau blanche, les muscles fins sculptant un corps parfait, les cheveux caressant doucement les épaules… et un entrejambe des plus impressionnants. Si tous les hôtes du Blue Boy sont aussi bien équipés, je m'y inscrirais bien comme membre, pensa tout naturellement Rena.
« Désolé. » fit Seiichi avec un air gêné.
Rena releva la tête vers lui.
Je me demande ce que donne Seiichi nu…
La jeune fille réalisa soudain la teneur de ses pensées et rougit comme une pivoine alors qu'elle regardait fixement l'homme au nez fin, aux sourcils impeccables et aux yeux scintillants. Ce dernier fut surpris du changement d'expression chez la jeune fille puis un petit sourire vint s'inscrire sur son beau visage. Rena sut qu'il venait de comprendre ce qu'il lui passait par la tête, ce qui la rendit encore plus mal à l'aise.
« Je prendrais bien une bière ! s'écria-t-elle en s'écartant définitivement des bras de Seiichi, qui n'avaient cessé de lui entourer la taille depuis qu'elle s'était collée à lui, et en se dirigeant rapidement vers le salon.
- Une bière ! répliqua Seiichi amusé.
- Un thé ! Je veux dire un thé ! » rectifia Rena morte de honte en s'asseyant dans le fauteuil, raide comme un piquet.
Seiichi pouffa de rire.
« Je vais te chercher ça. » déclara l'homme en passant à côté de la jeune fille et en lui ébouriffant les cheveux au passage.
Rena resta stoïquement assise sur le fauteuil. Elle n'arrivait pas à chasser l'image de Katsuki de sa tête. Elle avait remarqué qu'il était beau lorsqu'elle l'avait rencontré la première fois. Cette fois-ci sa nudité l'avait terrassée. Il avait un physique en tout point parfait… C'était probablement aussi le cas de Seiichi… et de Haruomi… et de Kiichi… Même ce Reiji devait être…
Le fait d'imaginer Aoe Reiji nu lui provoqua presque un saignement de nez. Il avait un caractère atroce mais elle réalisa que physiquement il avait été aussi gâté, si ce n'est plus, que les autres par Dame Nature.
Je suis entourée d'Apollons, se dit la jeune fille. Cette idée la rendit joyeuse et triste en même temps. C'était agréable de se savoir bien entourée. C'était désagréable de savoir que tous ces hommes n'aimaient pas les femmes… Ou tout du moins qu'ils ne les envisageraient jamais comme amantes. Frustrant, super frustrant, se dit Rena. Ce qui l'énervait le plus était que plus elle les côtoyait, plus elle changeait. Elle était d'un naturel romantique et fleur bleue mais elle se rendait compte qu'elle laissait de plus en plus de côté cet aspect intellectuel pour accueillir un désir beaucoup plus physique et charnel en elle. Plus cela allait, plus elle avait envie de les approcher, de les toucher. Je suis en train de devenir une vraie perverse, pensa-t-elle.
« Le thé est prêt ! fit Seiichi en revenant dans le salon muni d'un plateau où reposait théière, tasses et petits gâteaux.
- Oh ! Mais ce n'est pas moi qui aurais dû servir le thé ? Pour mes cours d'étiquette, vous savez… déclara Rena en se souvenant juste de leur planning du jour.
- Oui, c'est vrai. Mais… Hm !... Euh, vois-tu… » commença Seiichi en posant le plateau sur la table puis en servant le thé.
La porte de la chambre s'ouvrit et Katuski en sortit, tout habillé cette fois-ci. Lorsque son regard croisa celui de Rena, les deux adolescents devinrent rouge brique. Seiichi se mordit la lèvre pour ne pas éclater de rire.
« Konnichi wa (3), fit Katsuki en regardant ailleurs.
- Konnichi wa, répondit Rena d'une petite voix.
- Ano… (4) Je suis désolé pour tout à l'heure. Je… J'avais oublié que tu venais aujourd'hui aussi…
- C'est pas grave, répondit la jeune fille en rougissant.
- J'espère que je ne t'ai pas choqué, fit le garçon en passant une main mal assurée dans ses cheveux.
- Oh non ! Ce n'est pas comme si tu étais un vieux perv… »
Rena s'arrêta en plein milieu de sa phrase, éberluée parce ce qu'elle était en train de dire. Elle manquait vraiment de bienséance. Elle rougit à nouveau.
« Une chance que Katsuki ait un corps splendide, n'est-ce pas Rena ? » fit Seiichi en se moquant gentiment de sa petite protégée.
La jeune fille secoua timidement la tête en signe d'accord. Katsuki comprit tout de travers.
« Ah tu avais déjà vu un homme nu ? Ca me rassure ! Je me disais que si tu étais encore heu… pure… ça aurait pu te traumatiser ! Là si tu connais déjà heu… les hommes… dans ce cas pas de problèmes ! Je peux même recommencer quand tu veux ! Je suis assez fier de mon corps en fait ! Hé hé hé ! »
Rena et Seiichi le regardèrent bouche bée.
« Non ? questionna Katsuki que le doute assaillait.
- C'est que… je suis… pure… répondit Rena complètement dépassée par la situation.
- Oh… Oh !
- …
- Mince alors ! »
Seiichi ne put se retenir de rire à cette exclamation. Les jeunes d'aujourd'hui pouvaient être si contradictoire dans leurs actes et leurs désirs, c'était à mourir de rire.
« Tu sais que Katsuki est bi ? demanda Seiichi à Rena.
- Seiichi sempaï ! s'exclama le jeune homme.
- Il pourrait t'apprendre si tu veux ? continua Seiichi en s'adressant à Rena.
- Seiichi sempaï ! s'écria Katsuki avec une voix plus aigue.
- Il parait qu'il est très douée tu sais, renchérit Seiichi en ignorant ostensiblement les suppliques de son kouhai (5) et en souriant grandement à une Rena médusée. Je suis sûr qu'il est très tendre avec les femmes. Et puis il a de l'expérience. C'est recherché les hommes avec de l'expérience.
- Sempaïïïïï…
- Mais bon ! Tu devras le partager avec Jinnai et les clients du club ! Tu ne l'auras jamais pour toi seul, hein ! Ca c'est le seul point noir qu'il ne faut pas oublier… Autrement je te le recommande vivement ! Personne n'est ressortit de son lit insatisfait ! Qu'est-ce que t'en dis ? »
Rena regardait Seiichi sans le voir. En fait, seule son audition marchait. Tout le reste était hors service. Elle et Katsuki dans le même lit ? Impossible ! Elle ne l'aimait pas ! Elle n'était pas amoureuse de lui ! Elle aimait juste… son corps. Son corps était divin. Imaginer ce corps serré contre le sien et… Et… Non. Ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle savait qu'elle serait malheureusement si elle commençait à s'attacher à lui. Elle était certaine que si elle faisait l'amour avec lui, alors son cœur serait irrémédiablement à lui. C'était logique. Une première fois cela ne s'oublie pas… enfin selon ce qu'elle en avait entendu dire… Rena savait que beaucoup de gens faisaient l'amour sans s'aimer et que ce n'était pas pour autant qu'ils étaient malheureux. Ils assouvissaient des désirs charnels, c'était tout… Mais pour cela, fallait-il encore connaître ces plaisirs.
Rena réalisa soudain qu'elle était en train de penser au sexe alors qu'elle n'avait même pas donné son premier baiser. Cela la choqua au plus profond de son être. Comment pouvait-on dissocier ces deux choses : sexe et baiser. Alors qu'elle n'envisageait même pas d'embrasser un homme qu'elle n'aimait pas, elle mesurait à l'instant la possibilité de faire l'amour avec un homme qui n'avait pour seul attrait que d'avoir un corps de rêve. Katsuki était bien sûr gentil et intelligent, mais il ne semblait pas à Rena qu'ils aient des atomes crochus pour autant. L'acte d'amour entre eux serait alors seulement physique et en rien spirituel.
« … na… Rena ! »
La jeune fille sortie de ses réflexions dans un sursaut.
« Ca va ? demanda Seiichi inquiet. Excuse-moi, j'ai poussé la plaisanterie un peu loin et je vous ai mis mal à l'aise tout les deux. Mais c'est que vous feriez un si joli couple.
- C'est d'accord ! » répondit la jeune fille d'une voix assurée.
C'est d'accord ! Mais qu'est-ce que je dis moi ! Qu'est-ce qu'il me prend ! se demanda Rena qui décidément ne se reconnaissait plus du tout. Etait-ce l'euphorie de la veille qui lui faisait dire n'importe quoi ? La vue de Katsuki nu l'avait-elle rendu folle ?
Seiichi en lâcha sa tasse de thé et Katsuki devint livide.
Ils restèrent tout les trois silencieux pendant deux bonnes minutes.
« Bon les enfants il est à peine neuf heure et quart du matin et on parle déjà de sexe ! C'est complètement irréel ! décréta Seiichi au bout d'un moment pour rompre le silence qui devenait de plus en plus pesant.
- Je suis libre demain soir, fit Katsuki en fixant Rena droit dans les yeux.
- Que… Katsuki ! » s'exclama Seiichi qui n'en croyait pas ses oreilles.
Mais ils ont vraiment pris tout ce que j'ai dis au sérieux ? se demanda-t-il complètement effaré par l'effronterie de son colocataire et de sa petite Rena tout dévergondée ce matin. Seiichi écarquilla les yeux de stupeur lorsqu'il vit Rena acquiescer d'un signe de tête, tout en soutenant le regard de son kouhai.
« On dit rendez-vous 19h ici. Je t'emmènerai dîner pour l'occasion, continua le garçon.
- D'accord, répondit Rena d'une voix douce mais ferme.
- Très bien. Et maintenant si vous voulez bien m'excuser, il faut que j'aille prendre l'air ! » décréta Katsuki qui mine de rien était lui aussi un peu déconnecté de la réalité.
Tu m'étonnes ! pensa Seiichi qui regarda son colocataire prendre rapidement sa veste et sortir de l'appartement. Il tourna ensuite son regard vers Rena qui fixait le vestibule de l'appartement avec une expression indéchiffrable. Il se demanda bien ce qu'il pouvait lui passer par la tête en ce moment. Réalisait-elle seulement qu'elle venait d'accepter de coucher avec un homme ? Un homme certes beau mais qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam et qui pourrait très bien se révéler être un pervers !...
Ouais, on parle de Katsuki là, tout de même… se dit Seiichi. Il a agit instinctivement sur le moment. Je pense que dès ce soir il s'excusera auprès de Rena et décommandera leur rendez-vous. Il avait juste un peu perdu ses esprits, c'est tout. C'est un garçon bien, il ne touchera jamais Rena, il sait très bien qu'elle vierge et qu'il risque de la blesser. Les filles sont très romantiques et veulent une première fois avec l'homme qu'elles aiment, c'est bien connu… Enfin je dis ça… J'ai jamais rien compris aux femmes, si ça trouve elle veut vraiment le faire…
Rena nageait en pleine confusion et … béatitude. Elle n'aurait jamais crû que Katsuki accepterait de le faire avec elle. Alors elle était capable d'avoir des hommes de ce niveau ? C'était tout bonnement inimaginable. Elle pouvait coucher avec une beauté pareille si elle le voulait ? Elle n'en revenait pas. Ce devait être un rêve… Où alors c'était parce que Seiichi le lui avait demandé ?... Avait-il autant d'influence sur lui ? C'était possible mais peu probable. Katsuki avait l'air d'avoir son indépendance et sa vie bien en main. Il était magnifique avec ses cheveux blonds mi-longs et ses longs cils. Il était à peine plus âgé qu'elle et il tombait indifféremment les filles et les garçons. Son corps était parfait – elle pouvait désormais en témoigner – et il avait un caractère sociable et joyeux. Oui. C'était vraiment un garçon dont on pouvait facilement tomber amoureuse. Le seul problème était son métier et ce « Jinnai » qu'avait mentionner Seiichi. Rena se doutait que cet inconnu était l'amant de Katsuki, son petit ami qui apparemment travaillait dans le même club. Elle se demanda comment ces deux hommes faisaient pour s'aimer et accepter de partager leur compagnon avec d'autres personnes… Peut-être que le sexe n'était pas primordial dans leur relation ? Vu que tous les deux avaient fait du sexe leur métier, peut-être qu'il ne le considéraient plus comme un acte exclusif réservé à l'être que l'on aime ? C'était peut-être cela… Mais dans ce cas, cela voulait dire que Katsuki ne ressentirait absolument rien en lui faisant l'amour, à part de la jouissance physique… Cette pensée horripila Rena. Elle savait que cela ne serait pas possible pour elle de mettre ses sentiments de côté. Ce garçon deviendrait spécial à jamais pour elle si elle faisait le grand saut avec lui. C'était clair. Alors… Avait-elle vraiment envie de le faire avec Katsuki ou non ?
Seiichi regarda Rena. La jeune fille était plongée dans ses pensées, probablement un peu perdue. Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle se décoince aussi rapidement. Il était même un peu déçu que sa petite protégée qui semblait en pincer si fort pour lui retourne sa veste aussi rapidement vers un autre homme. Il pensa que ce devait être le manque d'affection qu'avait subi la jeune fille qui la rendait maintenant aussi affamée. Ce qui inquiétait le jeune homme était qu'à aller aussi vite elle risquait de se blesser. Elle devait laisser le temps à son cœur de s'habituer à être aimée. Elle ne devait pas en demander trop à la fois. Il s'en voulut d'avoir plaisanter sur le sujet. Lui avait le recul nécessaire pour comprendre la plaisanterie et la prendre au second degré. Ce n'était pas le cas de Rena. Et étonnement, cela ne semblait pas non plus être le cas de Katsuki alors que ce dernier était pourtant coutumier des parties de jambes en l'air. D'un autre côté, Rena n'était pas une cliente. Katsuki ne pourrait pas considérer cette nuit comme une nuit de travail. Il s'investissait personnellement. C'était peut être cela qui le gênait.
Rena était de plus en plus décidée. Rien qu'à repenser au corps de Katsuki elle avait des bouffées de chaleur. Cela signifiait bien quelque chose. De plus, elle avait envie de savoir. Savoir ce que c'était que l'amour… Non, rectification faite, elle ne saurait que ce qu'était l'acte d'amour, pas l'amour en lui-même. Mais elle n'avait que dix-sept ans, elle n'était pas pressée. Son corps en revanche commençait à sérieusement surchauffer à la vue d'un homme. Et une occasion pareille ne se représenterait peut-être jamais. Elle savait qu'elle n'avait aucune chance avec Seiichi. Ne serait-ce que la différence d'âge qui jouait contre elle, sans parler du fait qu'il était cent pour cent homosexuel, lui. A bien y réfléchir, elle était depuis quelques jours seulement entourée d'hommes qui la choyaient et prenaient soin d'elle. Elle savait que ce n'était que temporaire, jusqu'à ce que l'assistante sociale lui trouve un autre foyer d'accueil. Elle serait vraiment bête de ne pas en profiter au maximum. Elle décida qu'elle ferait de cette semaine un souvenir très précieux, remplis d'expériences nouvelles et, si ce n'est d'amour, au moins de respect et de considération. Oui. Elle allait saisir toutes les opportunités, elle n'en raterait pas une seule.
Rena finit par se ressaisir d'un coup. Elle vit que Seiichi la regardait sans la voir, ce qui la fit sourire. L'homme devait la prendre pour une folle. Elle venait de faire quelque chose qui ne lui ressemblait pas du tout. Elle en avait un peu honte mais en même temps elle était tout excitée. C'était enivrant parfois d'aller contre les règles de la morale. Rena se dit qu'en plus elle ne faisait rien de mal. Beaucoup de jeunes filles de son âge n'étaient plus vierges. Elle n'avait aucune honte à avoir en fait. Son désir était tout à fait naturel.
« Seiichi-san ! murmura Rena.
- Hm ? Quoi ? demanda son interlocuteur et la scrutant intensément.
- Merci pour vos conseils. »
Seiichi en resta coi.
« Heu… Tu sais, je ne sais pas si ce sont de si bons conseils que cela. Tu vois, je plaisantais, je ne pensais pas que vous alliez me prendre au sérieux. J'avoue que je suis surpris. »
Rena rit doucement.
« Je crois que vous avez su lire en nous mieux que nous-même… Enfin dans mon cas. »
Seiichi regarda la jeune fille sérieusement.
« Tu crois que tu es prête pour cela ? » interrogea-t-il.
La jeune fille prit son temps pour répondre.
« Je pense que oui… Et même si je ne suis pas totalement prête, j'ai envie de le faire. »
Rena avait dans les yeux un éclat nouveau qui étonna Seiichi. Elle était résolue et semblait sûre d'elle. C'était rare venant de sa part. Depuis qu'il la connaissait elle n'avait été que timide et en retrait. Elle grandissait à une vitesse incroyable. Il releva un sourcil lorsque le regard de la jeune fille devint perçant et qu'un petit sourire effronté s'afficha sur son joli minois.
« J'espère que Katsuki sera à la hauteur. »
Les deux jeunes gens se regardèrent sans dire un mot puis pouffèrent de rire en même temps.
« Ne t'inquiètes pas, je crois qu'il assure, fit Seiichi. Il prendra bien soin de toi, tu verras. »
Sur ce, le jeune homme se resservit du thé. Rena acquiesça en souriant. Elle savait que Katsuki serait un modèle de tendresse. Elle en était persuadée. La jeune fille pensait avoir retrouvé sa sérénité lorsqu'elle fut brusquement traversée par un éclair de panique.
« Seiichi san !
- Quoi ? demanda ce dernier en buvant une gorgée de thé.
- Comment on fait l'amour ? »
L'homme avala de travers son thé à moitié froid et faillit s'étouffer.
« Non mais ça ne va pas de me poser ce genre de question ! s'insurgea-t-il complètement paniqué entre deux toussotements.
- Mais c'est que je ne sais pas comment on fait ! J'ai séché les cours de biologie au lycée ! lui expliqua la jeune fille.
- Mais je suis homo j'te rappelle ! Qu'est-ce que j'en sais de ce que ressente les femmes, de ce qu'elles font ou ce qu'elles aiment !
- Mais vous en savez sûrement plus que moi !
- C'est évident mais …
- S'il vous plaît ! »
Seiichi se frotta le front alors qu'il fronçait les sourcils. Cette jeune fille voulait tout savoir sur le sexe. Comment est-ce qu'un tel appétit pouvait s'ouvrir en une seule journée ? Voir même en une seule matinée ?... En fait, la véritable question était : qu'est-ce que Katsuki avait de si spécial pour changer un ange de pureté et d'innocence en jeune fille assoiffée de sexe ? Son kouhai serait-il une représentation vivante de l'amour ? Vu son caractère, il en doutait.
Seiichi soupira.
« Le fait est que je ne sais pas comment faire pour t'expliquer.
- Oh. »
Rena réfléchit à la question.
« Vous ne connaissez pas quelqu'un qui pourrait m'aider ?
- Parce que tu es prête à parler de cela avec un inconnu ! s'offusqua l'homme complètement ébahi par la nouvelle Rena qui lui faisait face.
- Mais ! Non… C'est juste que… Enfin je… Je ne veux pas passer pour une débutante aux yeux de Katsuki ! s'écria la jeune fille.
- Mais tu lui as avoué toi-même ce matin que tu étais vierge, rétorqua Seiichi.
- Quoi ? Jamais de la vie ! » s'exclama la jeune fille.
Elle n'aurait jamais pu avoué quelque chose d'aussi embarrassant et intime.
« Bien sûr que si ! Tu ne te souviens pas ? Tu lui as dis que tu étais pure. » assena Seiichi.
Rena le regarda sans comprendre puis se souvint de la scène.
« … Oh non ! Ce n'est pas vrai !
- Ben c'est plutôt une bonne chose, non ? C'est bien qu'il le sache, il fera plus attention comme cela, fit Seiichi philosophe.
- Ah oui c'est vrai… Mais même ! Seiichi-san je ne connais rien au sexe et j'aimerai savoir de quoi ça parle avant ma première fois ! supplia la jeune fille.
- Tu sais très bien de quoi ça parle : de sexe, répliqua Seiichi.
- Oui mais… Je me pose plein de questions !
- Quoi par exemple ? »
Rena ouvrit la bouche puis la referma. Comment osait-elle tenir de tels propos devant Seiichi-san ? Il allait perdre toute la confiance et le respect qu'il avait pour elle. Elle allait passer pour une prostituée, pour une fille sans valeur. Mais c'était plus fort qu'elle. C'était comme si une force invisible, un désir inconscient la poussait à poser toutes ces questions. Elle voulait savoir. Cela la surprenait elle-même, mais sa détermination était sans faille.
« Eh bien, avant l'acte, il y a des caresses, non ? » commença Rena d'une voix mal assurée.
Seiichi pâlît en entendant ces mots. Alors elle ne voulait pas que faire l'amour, elle voulait la totale. Il était dépassé par les événements.
« Il y en a qu'on fait avec les mains et d'autres avec la bouche. J'ai lu ça dans une revue un jour, continua maladroitement Rena. Et donc je…
- Un film porno ! s'écria Seiichi qui venait d'avoir un arrêt cardiaque en imaginant Rena en train de faire une gâterie linguale à Katsuki.
- Quoi ? fit la jeune fille qui ne s'y attendait pas.
- Je suis sûr que Katsuki en as dans sa chambre ! fit l'homme en se levant et en se dirigeant vers la dite chambre de son kouhai.
- Mais je ne veux pas voir de film porno ! C'est trop vulgaire ! C'est pas beau ! s'écria la jeune fille
- Ne t'inquiètes pas ! lui répondit Seiichi de la chambre. Y'a pas d'histoire dans ces films, on ira directement aux passages explicites.
- Mais je ne veux pas ! Je…
- Rena-chan ! coupa Seiichi en ressortant de la chambre avec une cassette à la main. Je suis désolé mais je suis absolument incapable de t'apprendre quoi que ce soit sur le sexe. C'est trop gênant ! Et je ne vois pas qui pourrait t'expliquer cela dans mes relations à part… Tokiko-san…
- Qui c'est Tokiko-san ? demanda Rena.
- La gérante du bar du Blue Boy, répondit Seiichi pensif.
- C'est une femme ? questionna Rena pleine d'espoir.
- Oui.
- Parfait ! Elle pourra m'expliquer je pense ! Non ? fit Rena pleine d'entrain.
- Effectivement… Je crois que c'est la mieux placé pour ce genre de sujet, fit Seiichi qui d'un seul coup se sentit beaucoup plus léger.
- Super ! »
Et lorsque je présenterai Rena-chan à Tokiko-san, j'en profiterai pour leur parler de mon plan de vendredi prochain, pensa Seiichi… Bon, certains côtés tombent un peu à l'eau à cause de la précocité de Rena, mais il n'en restera pas moins intéressant… Et il sera rigolo de voir la réaction de Katsuki et Jinnai. Cela promet de rester intéressant.
« Je l'appelle tout de suite alors ? demanda-t-il en sortant son téléphone portable.
- Hai ! répondit la jeune fille d'une voix forte.
- Tu es sûre de toi ? Tu ne vas pas te dégonflée une fois en sa présence ? vérifia tout de même Seiichi.
- Non !
- Tu en es certaine ?
- Hai !
- Très bien alors. La séance d'étiquette attendra demain, fit-il avec un sourire.
- Hai ! » répondit Rena toute excitée.
Le cœur de la jeune fille battait à tout rompre. Elle venait d'oser l'inimaginable. Elle était fière d'elle et en même temps un peu honteuse. Mais sa vie n'avait jamais été aussi palpitante et surprenante. Elle se laissait un peu portée par les événements et ses émotions sans prendre le temps de bien réfléchir. C'était ce qui était le plus agréable.
Elle croisa les doigts pour que cette Tokiko-san soit une personne bien.
A suivre…
Dancelune, le 16 juillet 2005.
(1) Hai Oui en japonais.
(2) Ohayô gozaimasu Bonjour en japonais. On s'en sert lorsque l'on croise la personne pour la première fois de la journée.
(3) Konnichi wa Bonjour en japonais. C'est la manière la plus usuelle de dire bonjour. Quand on s'adresse à un membre de sa famille ou à une ami par exemple.
(4) Ano… expression japonaise souvent utilisée lorsque l'on hésite et qui voudrait dire « attendez, je réfléchis, je vais dire quelque chose ».
(5) kouhai jeune homme qui suit l'exemple de son sempaï.
