Ecole des sorciers

la chambre des secrets

Le prisonnier d'Azkaban

- La coupe de feu

l'ordre du phénix

Le prince au sang mêlé

Les reliques de la mort

Compass cottage

Guernesey

Février 1995

Chère Sophie,

J'ai bien reçu tes conseils (non sollicités). Je t'avoue que ça me fait entrer un peu trop loin dans votre chambre à coucher, je crois que je ne voulais VRAIMENT pas en savoir autant.

Sev aussi est étrange depuis que la décision est prise.

Il a lu quelque part que le début de la gestation avait besoin de fer.

Et comme à priori, pour bien assimiler le fer, il faudrait en manger très souvent, il me harcèle avec des brocolis.

Je me suis rapidement lassée des brocolis vapeur et en vinaigrette. Loin de se démonter, il a mis les elfes à contribution pour m'envoyer des brocolis en gratin, en sauce, en tarte.

Et quand je lui demande de prendre en venant des plats au restaurant indien en espérant être tranquille, il commande un supplément brocolis dans mon dahl de lentilles.

J'aurais commencé à râler si je ne l'avais pas trouvé attendrissant.

Mon utérus est vide à ma connaissance, et je voudrais laisser les complications de côté pour le moment.

J'envisage de vivre les prochains mois d'amour et de brocolis, et d'aviser.

Donc il était inutile d'en parler à ta mère (hum) et encore moins de m'envoyer le kamasutra de la procréation (vraiment…).

Sev et moi, pour le moment, avons une approche expérimentale tout à fait agréable et, je crois, inventive. Et je n'ai vraiment pas envie d'écourter ce moment suspendu pour rentrer dans une logique de reproduction mécanique.

Bien à toi,

Hellébore


Compass cottage

Guernesey

Mars 1995

Merlin, chère Sophie, vas-tu laisser mes ovaires tranquilles ? Ils fonctionnent très bien. Les attributs de Sev aussi. Tout va bien merci. Ces choses là peuvent prendre du temps, et j'aimerais pouvoir le prendre et en profiter.

Par ailleurs, je ne te remercie pas du tout d'en avoir parler à ta mère. Qui en a parlé à tante Mildred. Et au cousin Bill.

Enfin, Sophie, c'est un défilé permanent de gens qui "passent juste me déposer un truc".

Et vraiment, ils devraient se souvenir que je suis la seule vraie apothicaire de cette île. Parce que leurs remèdes de fécondité et leurs potions de virilité sont au mieux amusants, au pire un peu dangereux.

Le seul point positif de cette situation, c'est qu'à peu près toute l'île se précipite dès que je me penche pour soulever un magazine.

Vous êtes tous vraiment très gentils, je me sens bénie d'avoir des amis aussi attentionnés et présents. Mais pour le moment, je ne suis pas enceinte et, je te le redis, ces choses peuvent prendre du temps.

Bien à toi,

Hellébore


Poudlard

Pré-au-lard

Avril 1995

Chère Sophie.

Je dois vous avouer ma plus grande surprise à la réception de votre lettre, et aussi, malgré toute l'affection que je vous porte, ma plus grande consternation.

Je n'ai ce genre de conversation, que je qualifierais de bavardages salace de vestiaire, avec personne, et encore moins avec une amie.

Par ailleurs, il n'y a aucune corrélation entre ce que vous croyez être de l'eczéma à l'avant-bras et un quelconque trouble de la fécondité.

Aussi amicalement que je le peux, je vous propose de laisser ces points à des spécialistes. A titre d'information, je vous rappele que le stress joue un rôle important dans ces questions, et je crois que Hellé envisage de ne plus ouvrir vos lettres.

Bien à vous,

Severus


Poudlard

Pré-au-lard

Avril 1995

Hellé, mon amour,

Je n'arrive pas à croire que Sophie m'ait envoyé une lettre aussi osée. Je vais te la ramener pour que tu constates par toi-même. Je crois que ça te donnerait de quoi la taquiner à table pour les dix prochaines années.

Le petit grain de riz dont on nie la présence dans ton utérus est-il bien sage ?

Est-ce que tu te sens toujours bien ? S'il y a quoique ce soit, écris moi et j'arriverai toutes affaires cessantes.

C'est entendu, je ne t'enverrai plus de plats des elfes. Tu as raison de vouloir contrôler la fraîcheur de ce que tu manges.

Je t'envoie à la place quelques beaux légumes du potager. Tu vas voir, le brocolis est délicieux.

Tendrement tien,

Sev


Prevel apothecary

Chemin de traverse

Mai 1995

Sev,

Viens vite s'il te plait, quelque chose ne va pas.

J'ai vraiment très mal.

Je ne vais pas aller à Sainte Mangouste, il n'y a pas de vrais spécialistes de la grossesse.

Je vais transplanner à la maternité sur le continent dont on avait parlé.

Rejoins-moi vite s'il te plait.

Hellé


Compass cottage

Guernesey

Mai 1995

Chère Sophie,

J'ai perdu mon bébé.

Je n'avais pas osé en parler, parce que c'était tôt et qu'on m'avait conseillé d'attendre.

J'aurais dû, pourtant, parce que quand j'ai senti les douleurs, je n'ai pas su qui appeler. Sev a mis longtemps à recevoir le courrier et courir me rejoindre depuis l'Ecosse. Finalement j'ai trouvé ta mère chez elle avec oncle Tommy.

Tommy nous a fait transplaner jusqu'à la maternité et ta mère m'a soutenue jusqu'à l'arrivée de Sev.

Le fœtus était vraiment tout petit, ce n'est pas comme perdre un vrai enfant, n'est-ce pas ? Les médecins de la maternité m'ont dit que c'était très courant et qu'il ne s'agissait pas d'un enfant, qu'il n'aurait jamais vécu.

Pourtant je l'ai vraiment aimé. Je l'ai porté et senti. J'ai même vécu une sorte d'accouchement brutal.

Je suis vraiment anéantie.

Je me demande ce que j'ai fait de mal. Peut-être trop de poids à la boutique, ou trop d'effort physique en manutention ? Est ce que j'ai mangé quelque chose qui aurait pu faire du mal à mon bébé ?

Severus est sous le choc. Quand il m'a enfin rejoint à l'hôpital, c'était déjà presque fini. Il a juste pu serrer ma main en tremblant si fort que la sage-femme lui a demandé de faire attention de ne pas me la casser. Je ne sentais rien, j'étais vide, comme si moi aussi j'avais quitté mon corps.

Ils voulaient me garder une nuit à l'hôpital, nuit où ils n'ont rien trouvé de mieux que de me mettre dans une chambre avec une jeune maman et son nouveau né tout rose, vivant et bruyamment plein de vie.

Sev et moi avons tenu deux heures et avons demandé à quitter l'hôpital contre l'avis médical.

Severus est resté quelques jours après l'accident.

On a passé les premiers temps recroquevillés dans mon lit, secoués de sanglots. Nous ne sommes pas très efficaces, n'est-ce pas ?

Merlin, je dois remonter la pente, mais c'est dur. Je sais pourtant que c'est très très fréquent. Mais je n'arrive pas à croire que presque toutes les femmes connaîtront cette douleur.

Ta très triste,

Hellébore