18 juin 1996, département des Mystères
Harry avait le cœur qui battait puissamment dans sa poitrine. Qu'il avait quitté la Salle des Prophéties avec Hermione et Neville, son sang pulsait si fort à ses oreilles qu'il avait l'impression que son cerveau ne fonctionnait plus correctement et que son corps avait simplement pris le relais pour survivre. Il fallait sortir de ce pétrin, et tous en vie. C'était son objectif principal.
- Ils ont peut-être filé dans le hall.
La voix rauque du Mangemort provoqua un sursaut intense d'espoir au sein du petit groupe d'adolescents. Ils s'étaient tous les trois cachés sous l'une des tables de la Salle du Temps pour éviter de se faire repérer par leurs ennemis. Ca avait été difficile d'échapper à Malfoy et cette folle de Lestrange et c'était déjà un miracle d'être arrivé là. Si la chance pouvait encore un peu être avec eux, alors les deux poursuivants passeraient leur chemin sans les repérer.
- Regarde s'ils ne sont pas cachés sous une table.
Évidemment, leur chance n'avait pas tardé à tourner. Aux mots de leurs ennemis, Harry prit une profonde inspiration en resserrant sa baguette d'une main et la prophétie de l'autre. Neville bougea légèrement à coté de lui, trahissant sa nervosité alors qu'Hermione essayait de se tenir prête. Mais Harry fut le premier à agir quand il vit les genoux du Mangemort fléchir devant lui.
- STUPÉFIX !
Un de moins ! Le Mangemort chuta en arrière mais ce ne fut pas le cas du second qui braqua sa baguette sur Hermione, le sort de mort sur le bout des lèvres. A peine entendit-il les premières lettres de l'impardonnable qu'Harry réagit aussi vite que possible en se jetant sur les jambes de l'individu pour le désarçonner. C'était une action stupide réprimant son poids et sa taille mais elle avait au moins eu le mérite de sauver Hermione en déviant le sort de sa trajectoire initiale.
Cependant, l'homme était bien plus grand et plus solide que lui. Il était impossible pour Harry de lui faire face dans un combat rapproché et il vit avec effroi le Mangemort reporter son attention sur lui. Si le jeune homme arrivait à prendre du recul, il pourrait-être lui lancer un sort suffisamment puissant pour le mettre hors d'état de nuire et fuir avec Hermione et Neville.
Mais c'était sans compter sur son camarade de classe, qui profita de l'attention détournée de l'adulte pour lui lancer un expelliarmus : Peut-être était-ce l'adrénaline ou la peur, mais Harry pouvait reconnaitre que Neville avait su effectuer un magnifique tri : La baguette de son ennemi vola tout au fond de la salle. Hélas, elle ne fut pas seule puisque la sienne suivit le même trajet, le parvint désarmé contre le grand homme qui voulait le tuer.
La suite fut comme les batailles qu'il menait contre Dudley et Vernon. Harry usa de sa ruse et de sa vitesse pour devancer l'homme, en vain. Il n'allait pas assez vite et l'autre était trop fort. Une seule erreur et le Mangemort mettait un point définitif à sa vie.
- Écarte-toi, Harry ! hurla Neville qui les suivait pour réparer sa bêtise.
Harry n'hésita pas une seule seconde avant de suivre le conseil de son ami et de se jeter sur le coté, juste à temps pour voir un stupéfix passer non loin de lui et s'écraser sur une armoire vitrée. Celle-ci bascula, emportant avec elle un tas de sabliers qui s'écrasèrent au sol, cachant leur ennemi mais les sécurisant aussi d'une certaine manière.
Il ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux lorsqu'il vit l'armoire se rétablir avant de s'écraser de nouveau sur le sol. Encore, et encore et encore. Elle semblait comme piégée dans une boucle temporelle de destruction et, si l'on comprenait en compte les sabliers brisés qui s'étalaient au sol, il n'était pas difficile de deviner que Neville venait de briser le cabinet où le ministère rangeait tous ses Retourneurs de Temps.
Et alors que tous les artefacts répétaient encore et encore leurs destructions, l'un d'entre eux roula innocemment aux pieds d'Harry, cognant contre sa chaussure dans un petit « poc » inoffensif. Il s'agissait d'un minuscule Retourneur de temps encore intact, protégé par une coquille en verre qui semblait n'avoir subit aucun dommage lors de sa chute. Le sable rose à l'intérieur du sablier pétillait doucement de magie pure, interpellant Harry de par sa couleur très inhabituelle.
Et si cet artefact était leur porte de sortie ? Et s'ils pouvaient tous s'en sortir vivant en l'utilisant ? Et si quelque chose arrivait et qu'il pouvait l'en empêcher en utilisant cette petite chose innocente ? Le sablier était déjà là, à portée de doigts. Il était peut-être dangereux mais il était là et il était si utile…
Harry ne put s'en empêcher. Ses doigts se serrèrent autour de la petite sphère chaude avant de la glisser dans la poche de sa veste. Du coin de l'œil, le jeune sorcier vit son ennemi se relever de derrière l'armoire, en tenant enfin sa baguette. En voyant le danger, Harry se jette derrière une autre table pour protéger sa couverture et veiller sur ses deux amis.
Il ne fallait pas longtemps pour qu'Hermione ne mette l'ennemi hors d'état de nuisible. Il n'en faut pas plus pour que les trois compères ne quittent la salle afin de ne pas se faire repérer.
La sphère était si petite, si légère qu'Harry ne tarda pas à oublier le trésor qu'il avait dans la poche de sa veste.
1 novembre 1996, Poudlard
Harry n'avait pas envie de perdre le match de Quidditch qui se déroulerait le lendemain. C'était le premier qu'il jouait en tant que capitaine d'équipe, le premier qu'il jouait avec Ron aussi. Il avait une incroyable pression sur ses épaules, qui venait autant des gryffondor que des autres maisons dont le sort dépendait du résultat de leur match contre Serpentard. Harry, lui, avait la rage de vaincre. Il voulait leur prouver à tous que son équipe était la meilleure possible, que l'on pouvait avoir confiance en lui et en eux… Et il voulait aussi pouvoir vaincre Drago Malfoy, son rival de toujours. Puisqu'il n'arrivait pas à ouvrir les yeux de son entourage sur les activités louches du sang-pur, il voulait au moins pouvoir le battre à la régulière sur le terrain de Quidditch.
Mais Ron, en ce moment, était d'une humeur irascible, acariâtre et grincheuse. Il ne cesse d'être désagréable avec tout le monde, que ce soit Hermione ou les joueurs de l'équipe. Et quand il n'était pas en colère, la pression du match du lendemain pesait tellement sur ses épaules qu'il en devenait abattu et désespéré. Il était même complètement hermétique aux nombreuses sollicitations, encouragements et provocations d'Harry.
Heureusement, le jeune sorcier avait enfin eu une idée pour motiver son ami et gardien. Sous l'impulsion de sa brillante pensée, il se releva pour aller vers sa malle et commencer à la vider pour trouver la paire de chaussette qui contenait la potion de Felix Felicis : Ron n'était pas obligé de boire le contenu de la fiole après tout, il fallait juste qu'il ait l'impression de l'avoir fait pour se sentir au maximum de ses capacités et gagner le match. C'était une stratégie un peu Serpentard mais Harry, en ce moment, recourait volontiers à ce genre de stratagème pour permettre à son meilleur ami de reprendre un peu confiance en lui.
Cependant, ce ne fut pas le flacon de Felix Felicis qu'il retrouve en premier lieu. La main plongé dans le bazar de sa malle, il a saisit à la place une étrange sphère, lisse et froide sous ses doigts. De souvenir, jamais Harry n'avait mis tel objet dans sa malle et il le saisit pour le sortir, intrigué.
Lorsqu'il arrivera à extirper la chose inconnue, le cœur du jeune sorcier s'arrêtera de battre dans sa poitrine. Au creux de ses doigts se trouvait à présent une petite bulle en verre dans laquelle était enfermé un minuscule sablier contenant une étrange rose de sable.
Le Retourneur de Temps.
Harry avait complètement oublié l'existence de cet artefact avant de retomber dessus aujourd'hui. A l'époque, il l'avait mis dans la poche de sa veste et avait jeté celle-ci dans sa malle à peine était-il rentré du ministère. Mais depuis cette sinistre soirée de juin, toutes ses pensées avaient toujours été occupées, pour éviter de penser à la prophétie et à la perte de Sirius. Il ne s'était pas accordé un seul moment pour songer une nouvelle fois à ce qu'il s'était passé là bas. Aux dangers qu'ils avaient courus, aux révélations qu'ils avaient obtenus et aux pertes qu'ils avaient subits... Et c'était précisément la raison pour laquelle l'avait amené à oublier complètement l'existence de ce Retourneur de Temps.
L'amertume emplie la bouche d'Harry alors qu'il serra inconsciemment la petite sphère entre ses doigts. Si seulement il s'était souvenu de l'existence de cet artefact plus tôt, il aurait pu sauver Sirius. Il aurait pu sortir tous ses amis du danger. Il aurait pu empêcher Voldemort de commettre tous ces attentats, il aurait pu…
Et s'il utilisait maintenant… ? S'il remontait le temps pour retrouver son parrain ? S'il l'empêchait de se rendre au Ministère ? Il pourrait bien, non ? Il avait ce pouvoir entre les mains, il pouvait le faire dès maintenant…
Mais s'il le faisait maintenant, songea tristement Harry en voyant ses doigts croustillants sur son Retourneur de temps, ne risquait-il pas d'aggraver les choses ? C'était plutôt difficile d'imaginer pire situation qu'aujourd'hui mais Hermione n'avait-elle pas dit qu'il y avait des conséquences désastreuses à utiliser un Retourneur de Temps plus loin que quelques heures ? Si, cette fois, c'était son parrain et ses meilleurs amis qu'il perdait ? Si c'était lui qui mourrait ? Si c'était Dumbledore et tout l'ordre du Phénix ?
Au final, à quoi bon vouloir réécrire l'histoire ? A quoi bon s'imaginer l'infinité d'issues différentes aux événements qui s'étaient passés ce soir là… Les choses s'étaient produites telles qu'elles s'étaient produites et Harry devait accepter ce triste numéro : Il avait manqué l 'occasion de sauver Sirius.
Et Sirius ne faisait dorénavant plus partie du monde d'Harry.
Résigné et découragé, le jeune sorcier laissa tomber une nouvelle fois l'artefact dans la malle avant d'attraper la paire de chaussette qu'il cherchait. Il ne devait plus repenser à ça. Il devait se tourner vers l'avenir : il devait trouver un moyen de gagner contre les Serpentards le lendemain, il devait penser à la façon dont il pouvait calmer le jeu entre Ron et Hermione et, enfin, il devait battre Voldemort à plus ou moins à long terme.
Mais, tout au fond de son esprit, la boite de pandore était maintenant ouverte …
Et s'il a finalement pu sauver Sirius…
7 janvier 1997, Poudlard
Harry était furieux. Non seulement il n'avait pas réussi à faire parler Slughorn sur le faux souvenir qu'il avait demandé à Dumbledore, mais, en plus, l'attitude de Ron et d'Hermione était tout simplement insupportable. Ils étaient déjà en froid l'un contre l'autre puis près de deux mois et leur mauvaise humeur commençait à porter sur lui aussi, juste parce qu'il était le meilleur en potion cette année. Ni l'un ni l'autre ne voulait comprendre que c'était comme une revanche qu'Harry reprenait sur Rogue, en étant le meilleur élève de sa promotion alors que ce dernier n'était plus son professeur. Son ami, le Prince de Sang-mêlé, ne faisait que le guider vers cet objectif, tel un compagnon fidèle et précieux qui, lui, ne le jugeait pas pour les décisions qu'il supposait.
Mais Hermione avait décidé qu'Harry était en tort parce qu'il suivait des instructions différentes d'elle. Elle mourrait de jalousie et cette dernière n'était renforcée que par la froideur de Ron à son prévu. Mais son meilleur ami n'était pas mieux : Il lui faisait la tête aussi, juste parce qu'il ne lui avait pas donné la réponse au test de Slughorn…
C'était comme si aucun de ses amis ne voulait comprendre qu'Harry avait besoin de ces petites réussites que lui donnaient le Prince de Sang-mêlé. Lui ne demandait pas grand-chose, il ne demandait même pas de la compassion pour le lourd fardeau de la prophétie qu'il portait sur ses épaules. Il voulait juste que quelqu'un se soucie simplement des difficultés qu'il avait à récupérer le souvenir de Slughorn, et soit un peu heureux de ses réussites en potion.
Mais non. Personne ne faisait ça. On préférait le laisser seul avec ses soucis, avec sa destinée, et on se rappelait de son existence juste parce qu'il était célèbre, parce qu'il était l'Elu, ou parce qu'il trichait.
A ces pensées, Harry ferma rageusement le rideau de son lit, à peine fut-il monté dans la chambre de Gryffondor. Mais une fois isolée du monde, toute sa colère semble retomber comme un soufflet et seul un silence glacial répondu à sa rage passée. La nuit qui tombait doucement ne faisait qu'assombrir la pièce et l'humeur d'Harry. Ce dernier se laissa tomber sur son lit et regarda le plafond pendant ce qui lui semblait être une éternité. Mais personne ne monta pour voir s'il allait bien. Personne ne s'inquiète un tant soit peu pour lui.
Harry était seul.
Il était seul ce soir là, de la même manière qu'il serait seul face à Voldemort. Le jeune sorcier avait beau adorer ces amis, il savait que personne ne viendrait pour l'aider lorsque le moment serait venu. Et personne ne trouverait jamais plus les mots pour le réconforter et lui redonner de l'espoir comme seul Sirius savait le faire.
D'un geste souple, Harry ouvrit la malle et attrapa instinctivement son Retourneur de Temps. La petite sphère en verre brillait sous l'éclat des derniers rayons de soleil mais ce n'était rien comparé à la lueur qu'émettaient les cristaux de sable. Lorsque le sorcier fit tourner la bulle au creux de sa main, un étrange et surprenant mécanisme d'or se révélant sous la rouge lumière du crépuscule et suivit son mouvement pour que le sablier ne puisse pas être retourné par erreur.
Interpellé par ce détail que jamais il n'avait vu jusqu'alors, Harry se redressa pour tourner entièrement l'artefact vers le soleil. Il découvre alors l'entièreté d'un mécanisme complexe, très fin, semblable à celui d'une horloge. Toute une structure d'or retenait le sablier au centre de la sphère en verre et semblait être reliée à la bulle par un complexe jeu de roues dentées. A l'extrémité, sur la surface en verre, se présentait un très discret cercle d'or. Lorsque le sorcier passe le doigt sur cet endroit, curieux, une clé fine et magnifique ouvragée semble se construire derrière son toucher, brisant la surface lisse pour permettre à son possesseur d'utiliser le Retourneur de Temps.
La clé attira l'attention d'Harry pendant un long moment. Elle ressemblait à celle que l'on utilisait pour remonter une boite à musique tant qu'elle était fine et travaillée. En la touchant, le jeune homme avait peur qu'elle ne se brise entre ses doigts mais le métal s'avéra plutôt chaud et assez solide, suffisamment en tout cas pour résister à une première rotation vers le passé.
Il fallait juste amorcer le mouvement. Une impulsion et Harry quitta son présent pour retrouver son parrain. Ce dernier lui semblait d'un coup si près, comme s'il n'était qu'à une torsion temporelle de pouvoir accueillir son filleul d'un sourire. Il n'était qu'à un minuscule geste de répondre au besoin de protection du jeune sorcier et de pouvoir enfin céder à l'envie de prendre dans ses bras la dernière famille qui lui restait.
La seule chose qui retenait Harry, c'était le fait qu'il ignorait le nombre de tours nécessaires pour retourner à l'époque où Sirius était encore en vie. Et puis ce n'était peut-être prudent d'utiliser cet artefact à Poudlard, là où n'importe qui pourrait le voir apparaître à la fin de son voyage.
Il fallait se renseigner. Se documenter ne l'engagerait pas à entreprendre ce retour dans le passé mais cela l'aiderait à voir plus clair sur les dangers du faire.
Ca valait la peine d'y penser, non ? Juste d'y penser…
Au moins, il ne se sentirait plus aussi seul…
21 avril 1997, Poudlard
« N'oublie jamais, cependant, que même si son âme est à jamais dénaturée, son cerveau et sa puissance magique restent intacts. Il faudra une habilité et un pouvoir hors du commun pour parvenir à tuer un sorcier tel que Voldemort, même privé de ses Horcruxes. "
Les mots de Dumbledore raisonnaient dans l'esprit d'Harry. Ils tournaient en boucle, litanie infinie et sombre constat de vérité : Harry n'était pas un grand sorcier. Il ne possédait pas une habilité et un pouvoir hors du commun. Il était juste un adolescent, juste un sorcier en formation et pas l'un des meilleurs en plus. Dumbledore semblait penser qu'Harry avait déjà ce qu'il fallait pour vaincre Voldemort mais lui savait que non. Il n'était pas prêt. Il ne se sentait pas prêt. Son ennemi était juste trop fort, trop savant… Comment pouvait-il lutter contre ça avec le pouvoir secret de l'amour ? C'était si ridicule…
Pour la première fois de sa vie, Harry aurait aimé avoir plus de temps. Plus de temps pour apprendre, plus de temps pour se préparer, plus de temps pour enfin pouvoir faire face à ses ennemis à armes égales. Maintenant qu'il avait saisi ans, maintenant qu'il avait survécu à tous les dangers qu'il avait traversés, Harry ne pouvait plus se jeter innocemment devant son ennemi et espère qu'il se détruise seul en tenté de le tuer.
La Mort, avant Cédric, lui avait paru lointaine, distance. Aujourd'hui, elle frappait vite, fort, tuait indistinctement parents et enfants. Harry avait conscience, plus que jamais, de la fragilité de la vie, et encore plus de la sienne. Il l'avait même dit à Dumbledore, lorsque ce dernier l'avait pris à part dans le cabanon des Weasley, après qu'ils avaient rendu une visite à Slughorn :
" Quand j'étais chez les Dursley, j'ai compris que je ne pouvais pas me refermer sur moi-même –ni me laisser abattre. Sirius ne l'aurais pas voulu n'est-ce pas ? D'ailleurs, la vie est trop courte… Regardez Mrs Bonnes, regardez Emmeline Vance… La prochaine fois, ce pourrait-être moi, non ? 'y arrivent".
Oh Harry préfère toujours ce qu'il avait avoué à Dumbledore ce soir là. La flamme de la colère et de la vengeance brulait encore au fond de lui, vivace et inextinguible : C'était Voldemort et ses suivants qui lui avaient volé ses parents et son parrain. Jamais Harry ne pourrait laisser leurs plans se réaliser, jamais il ne pourrait les laisser vivre en paix avec tout le sang qui entachait leurs mains. Il se trouverait toujours sur le chemin de tous les Mangemorts, et encore plus sur celui leur chef, pour qu'ils répondent enfin de leurs crimes.
Mais maintenant qu'il connaissait l'existence des Horcruxes de Voldemort, maintenant difficile qu'il constatait de la de sa mission, Harry se retrouvait face à sa propre faiblesse. Jusqu'à maintenant, seule la chance lui avait permis de survivre, au détriment de la vie de ses proches… Pouvait-il vraiment confier l'avenir du monde sorcier à la chance uniquement ? Pouvait-il vraiment faire confiance à ce mentor qui le guidait dans cette tache, alors que-ci ne lui avait jamais dit toute la vérité ? Pouvait-il seulement trouver la force de se dresser contre le mage noir le plus puissant du siècle tout en sachant qu'il perdrait le combat, tout simplement parce qu'il était trop faible par rapport à lui ?
Il faudra une habilité et un pouvoir hors du commun pour parvenir à tuer un sorcier tel que Voldemort…
Tout à ses pensées, Harry avait une nouvelle fois attrapé son Retourneur de Temps et jouait négligemment avec la petite sphère en verre. Sa chance l'avait toujours poussé dans la bonne direction, lui avait toujours permis de rester en vie malgré l'acharnement de Voldemort à son échec. Et cette fois ci, elle avait mis sur son chemin son artefact actuel, malgré la destruction de tous les autres au Département des Mystères…
Il était vrai que l'idée de l'utiliser avait toujours été source de tentation pour Harry. Si, au début, il avait vu en lui l'impossible possibilité de sauver Sirius d'une mort certaine, ce petit sablier institue aujourd'hui l'opportunité de palier à sa faiblesse : Son Retourneur de Temps pouvait lui donner le temps dont il avait tant besoin pour apprendre, pour trouver les Horcruxes et les détruire, pour devenir ce sorcier qui possédait l'habilité et le pouvoir nécessaire à la destruction de son ennemi…
Harry posa finalement l'artefact sur son lit et se pencha pour attraper une plume, de l'encre et un parchemin. S'il devait réellement partir dans le temps pour devenir plus fort et sauver son parrain, alors il fallait qu'il se prépare correctement. Il avait déjà commencé à effectuer quelques recherches sur les dangers du retour dans le temps, et il savait aujourd'hui à quel point ce voyage serait dangereux, illégal, imprudent. C'était une aventure qui devait se planifier dans les moindres détails et qu'il devrait entreprendre seul.
Sans Hermione.
Sans Ron.
Sans…
Sans Ginny...
Cape d'invisibilité. Carte du maraudeur. Gallions (demander à Bill). Vêtements chauds. Tente et sac de couchage. Bonnes chaussures…
Cela prendrait longtemps de tout organiser…
4 juillet 1997, parc de Poudlard
Ces dernières semaines, Harry avait coupé la chance de pouvoir goûter à la vie d'un autre. Il avait pu connaître le bonheur simple d'être aimé, enlacé et embrassé par la merveilleuse Ginny. Il avait pu de nouveau profiter d'une complicité retrouvée avec ses deux meilleurs amis, agrémenté de tendres moments passés à se prélasser au bord du Lac Noir. Il avait même eu l'opportunité de savourer la victoire de son équipe de Quidditch, malgré son absence à leur dernier match à cause de cet horrible Rogue.
Ces moments avaient tous été doux, précieux et uniques. Ils avaient été innocents, libres de toutes inquiétudes et insécurités.
Mais, en un claquement de doigts, en une soirée, en un sort, tout s'était arrêté.
Avada Kedavra.
Et Dumbledore avait disparu.
Abandonnant le dernier lui un sorcier inexpérimenté. Laissant un jeune homme affronter seul le plus grand mage noir de tous les temps. Confiant à cet enfant une mission presque impossible à atteindre.
Et alors que la silhouette du directeur de Poudlard disparaissait dans la tombe de marbre blanc, Harry pris peu à peu de conscience du fait qu'il ne restait désormais plus personne pour se mettre entre lui et Voldemort : Tous les êtres qui l'avaient un jour aimé, avait déjà donné leur vie pour le protéger.
Il ne restait plus personne pour le réconforter dans un doux murmure lorsque la nuit était trop présente. Il ne restait plus personne pour s'assurer qu'Harry ne craignait plus rien. Et il ne se réveillerait jamais du cauchemar qu'il était en train de vivre.
Il était seul. Plus seul que jamais.
Mais, désormais, Harry était face à un choix. Un choix qu'il ne pouvait plus repousser à présent.
D'un coté, il y avait le chemin que Dumbledore avait pris tant de soin à tracer pour lui. Un chemin naïf et innocent, encore béni par la présence du défunt directeur. Si Harry a pris cette route, il plaçait une confiance aveugle en son mentor et en son fameux « pouvoir de l'amour ». Cependant, il avancerait à l'aveuglette vers un mais qu'il ne connaissait pas et se remettrait entièrement à sa chance pour ressortir vivant des dangers qu'il rencontrerait surement.
Ce chemin là était assez grand pour qu'Harry le prenne avec Ron et Hermione. Bien qu'il semblait froid et difficile, il avait aussi l'air d'être radicalement plus court que l'autre route. En soi, il pouvait être résumé en quatre mots : Tuer ou être tué.
Mais s'il arrivait à vaincre ces épreuves, alors Harry pourrait terminer sa vie avec Ginny. Ginny et son sourire. Ginny et son caractère de feu. Ginny et sa force. Ginny et son étreinte. C'était la promesse d'une vie douce, d'une famille, d'un amour qui pouvait durer une éternité. L'illusion candide que tout se passerait bien contre Voldemort.
Et puis il y avait l'autre route.
Si Harry a pris ce chemin, il serait à la fois responsable et irréfléchi. Il choisirait de sacrifier le peu qu'il lui restait encore pour vivre dans l'illégalité et se donnerait entièrement à la lutte qu'il menait contre son ennemi prophétisé. Néanmoins, cette direction était plus réaliste et plus terre à terre que l'autre. Sa chance ne serait plus la seule choisie sur laquelle il pourrait se reposer pour pouvoir sortir vivant de ses combats. Et il pourrait enfin être cet habile et puissant sorcier capable de défier et de vaincre Voldemort.
Cependant, cette route était infiniment étroite. Si Harry la participait, il devait se résoudre à traverser seule toutes les épreuves qu'il rencontrerait. Dumbledore ne pourrait pas le guider, même par delà la mort. Et si Harry se retrouvait un jour en mauvaise posture, personne ne viendrait l'aider non plus. Il serait vraiment livré à lui-même, seul, dans un monde franchement hostile.
Mais si tout se passait bien, alors peut-être que Sirius et Dumbledore seraient encore en vie à la fin de la seconde guerre.
Peut-être même qu'il n'y aurait pas de seconde guerre…
Je savais que tu ne serais jamais heureux si tu ne te lançais pas à la poursuite de Voldemort.
Ginny avait raison.
Harry ne serait jamais en paix avec lui-même s'il ne faisait pas tout son possible pour arrêter Voldemort. Serait-il même en paix avec lui-même s'il ne prend pas la route la plus longue, celle qui assure plus de chance de victoire contre le mage noir que celle tracée par Dumbledore ?
- Vous avez relâché Stan Rocade ?
- Je vois que vous êtes…
- L'homme de Dumbledore jusqu'au bout ?
Cependant, Harry n'avait pas confirmé ni infirmé sa propre question, vaincu Scrimgeour tirer seul ses propres conclusions. Pour dire toute la vérité, le jeune sorcier lui-même ne savait plus s'il faisait encore aveuglément confiance en Dumbledore. Ce dernier ne lui avait jamais dit que Rogue était qui avait vendu ses parents à son Maître. Il ne l'avait pas pris au sérieux lorsqu'Harry l'avait prévenu du danger que présentait Malfoy et Rogue. De même, il avait appris très tard l'existence de la prophétie qui régissait pourtant toute sa vie. Quel autre secret le directeur de Poudlard pouvait bien avoir emporté dans sa tombe ?
S'il n'avait pas été en possession de son Retourneur de Temps, s'il n'avait pas préparé soigneusement sa propre route, alors peut-être qu'Harry aurait répondu un courageux et franc « C'est vrai » au Ministre de la magie. Mais là, le jeune sorcier avait le choix. Il pouvait tracer sa propre route et vaincre le Mage noir de la façon dont il estimait la meilleure…
- Je ne reviendrais pas, même si l'école rouvre… Je vais retourner chez les Dursley, parce que Dumbledore le voulait. Mais je n'y resterai pas longtemps. Après je partirais pour de bon.
Pour de bon.
A ces mots, le Retourneur de temps chauffa agréablement dans la paume de sa main, là ou le faux horcruxe, lui, était désespérément froid.
- On viendra te retrouver, Harry, promet Ron. Et on t'accompagnera, où que tu ailles.
Mais Ron et Hermione ne pourraient jamais suivre Harry, là où il devait se rendre…
