11 février 2009
Les premières notes de Highway to Hell résonnèrent dans le gymnase, des paillettes furent projetées sur le praticable alors que Gwen et Julia s'élancèrent en faisant une roue. Tony était presque sûr qu'il n'avait jamais été aussi fier de sa vie. Vraiment, le justaucorps bleu électrique et blanc qu'il avait créé était sa plus belle œuvre — après sa fille bien entendue. Elle et Julia enchaînaient les figures avec une aisance folle. Elles étaient parfaitement synchronisées, s'élançant l'une contre l'autre, mais ne s'effleurant même pas. Là où les plus âgés et plus entraînés du club faisaient encore des erreurs minimes, ils semblaient à Tony que Gwen et Julia ne manquaient aucun pas. Un tonnerre d'applaudissement salua leur performance.
Il ne restait plus que les deux petits prodiges dans le vestiaire.
« C'était trop bien ! On a été trop top, » s'écria Julia en serrant sa meilleure amie.
Gwen ne s'arrêtait plus de rire, elles avaient travaillé dur pour ce spectacle, elles avaient tout fait elles-mêmes et elle n'avait jamais été aussi fière de son travail
« Alors les filles, vous célébrez votre réussite ? » fit Allie Kreg en entrant dans le vestiaire
« Maman ! »
Julia sauta dans les bras de sa mère.
« T'as vu ? T'as vu ?! »
« Oui, j'ai vu, vous étiez superbe toutes les deux, » fit-elle en lançant un clin d'œil à Gwen.
« N'est-ce pas, miss Oregon, toutes les deux étaient magnifiques ce soir. »
« Bon dieu, Tony ! » Allie avait sursauté en entendant la voix du milliardaire.
« Papa ? T'es venu ?! » s'écria Gwen surprise. « Mais je croyais que oncle Rhodey t'avait dit que tu avais une soirée importante ce soir. »
« C'est vrai, mais j'avais un spectacle encore plus important à voir, » fit-il en serrant Gwen contre lui, « tu as été fantastique babycake. »
Un click le fit sursauter et il se retourna vers Allie avec un regard interrogateur. Celle-ci se tenait penchée en avant, une expression béate sur le visage, son appareil photo entre les mains.
« Fait pas cette tête, vous étiez trop mignon ! Je te l'imprimerai si tu veux Gwen, tu pourras la mettre dans ton album. »
Allie Kreg avait la manie de prendre un appareil photo partout avec elle et de prendre les gens sur le fait. Happy se faisait constamment avoir, dès qu'il se permettait un demi-sourire ou de faire voltiger Gwen dans les airs, un petit click se faisait entendre et le sourire rayonnant d'Allie apparaissait instinctivement. Elle avait offert à Gwen un album photos la troisième fois qu'elle l'avait vu, après avoir appris qu'elle n'en avait pas où mettre celle qu'Allie imprimait. La quatrième fois qu'elle s'était rencontrée, Julia avait supplié sa mère pour que Gwen passe un après-midi chez elles et bien sûr Mme Kreg ne put qu'accepter. Elle demanda donc à Happy s'il était d'accord pour laisser Gwen venir chez elle le samedi après-midi d'après et il accepta.
Gwen passait énormément de temps chez les Kreg, si bien qu'elle se sentît gênée que ce ne soit jamais chez elle. Elle voulait montrer plein de choses à Julia, mais elle ne pouvait pas. À force de taper du pied et de bouder lorsque son père lui disait non, Tony finit par céder – non sans des petites recherches préalables sur la famille Kreg – il savait à quel point Julia et sa mère avait aidé sa babycake a remonter la pente et à faire son deuil de Miss Pikes. La mère de Julia lui inspirait un modèle de gentillesse. Elue Miss Oregon dans sa jeunesse, assistante maternelle à ses vingt ans puis mère quelques années plus tard, sa vie était simple et elle se tenait loin des petits potins. Alors, oui, pour la première fois, il accepta qu'une personne connaisse le lien entre sa fille et lui. Pour Gwen. Pour qu'elle n'ait pas à tout cacher tout le temps.
Leur première rencontre ne fut pas sans encombre. Madame Kreg était peut-être une femme gentille et douce, mais elle savait se faire entendre, elle voulu connaître toute l'histoire. Et Tony la lui raconta – en partie, il omettait toujours qui était la mère biologique de Gwen.
« Je comprends. Enfin, je comprends... » Allie fit un geste vague de la main « Façon de parler, je ne suis pas dans votre situation. Mais je comprends que vous avez peur des répercussions de votre célébrité sur votre fille. Ce n'est pas une simple entreprise de textile ou d'informatiques, c'est... Beaucoup plus, » elle referma ses doigts sur sa tasse de café « Enfin, je peux vous le dire Mr Stark, malgré tout votre fille est merveilleuse. Croyez-moi, j'en vois des enfants, mais Gwen, ha... Elle est sûrement la plus polie et adorable que j'ai vu après ma petite Julia bien sûr. »
Elle rit à ses propres paroles puis jeta un œil aux deux petites filles qui jouait avec des rubans de GRS sur la terrasse ensoleillée. Tony, plongé dans ses pensées, mit un temps à reprendre la parole et pourtant, Allie ne le poussa pas. Ils passèrent bien plus que l'après-midi autour de la petite table du salon. Il demanda à Allie de ne rien dire et celle-ci lui promit son silence, malgré les papiers qu'il avait préparé pour qu'elle ne dise rien, il n'en fit signer aucun. Les visites devinrent fréquentes pour la plus grande joie des deux petites filles et les deux parents devinrent très vite amis. Pour Tony, avoir l'approbation d'une mère, qui plus est une assistante maternelle lui fit le plus grand bien. Il n'avait pas réalisé à quel point cela lui manquait.
Après la prestation des deux petites, Tony invita les Kreg à fêter ça autour d'une pizza. Allie était plus stricte que Tony sur la nourriture et elle finit par accepter face à ce trois paires de yeux de chats potés.
Rhodey débarqua lorsque la troisième pizza fut servie, un trophée à la main, son air déçu disparu bien vite quand Gwen s'écria :
« RHODEY »
La vérité, c'était que Rhodey n'était pas si présent que ça dans la vie de Gwen, mais celle-ci s'en fichait pas mal, elle devait le voir une fois par an quand il n'était pas pris par des affaires militaires et qu'il passait chez son ami Tony à titre personnel. Ce soir, ce n'était pas censé être personnel, mais la cavalcade de Gwen pour l'enlacer au plus vite fit fondre son masque professionnel.
« Salut, Gweenie. Comment tu vas ? »
« Trop trop bien ! Y avait un spectacle ce soir et Julia et moi, on a fait notre numéro toute seule et c'était vraiment trop génial, t'aurais dû venir oncle Rhodey, tu– oh, » elle baissa la tête soudainement.
« À cause de moi, papa a pas pu venir à ta soirée. »
Rhodey était un lieutenant-colonel dans l'armée américaine, mais il ne pouvait résister à la moue qu'arborait sa petite Gweenie. Il s'agenouilla devant elle, la faisant relever la tête. Il lui montra le trophée.
« Ne t'inquiète pas ce n'était pas vraiment ma soirée ou une soirée, c'était plutôt un rassemblement ennuyeux, j'aurais préféré te voir. Tiens, cadeau, c'est censé être pour ton papa, mais je pense que tu le mérites plus que lui. »
Elle prit le trophée à deux mains et l'examina avec attention.
« Apogée Award » lut-elle « c'est bien ça ? » demanda-t-elle à son père.
Tony haussa les épaules. Gwen prit alors la main de Rhodey pour l'entraîner vers la table.
« Viens manger avec nous alors, ça, c'est la meilleure des récompenses ! »
Puis elle présenta Rhodey aux deux Kreg. La soirée se passa bien, Rhodey avait laissé tomber les remontrances et profitait de passer du temps avec sa nièce. Cela faisait longtemps que son meilleur ami n'avait pas laissé son uniforme sur le pas de la porte et Tony fut reconnaissant que sa fille avait ce pouvoir sur Rhodey. Il ne put tout de même pas échapper à des recommandations de ne pas être en retard le lendemain pour présenter le Jericho.
12 février 2009
Tony fut étonné de voir sa fille autant en forme après la soirée de la veille, lui-même n'avait pas autant d'entrain après quatre cafés. Il se pencha par-dessus son épaule alors qu'elle pétrissait une pâte à la main.
« Qu'est-ce que tu fais babycake ? »
« Des cookies ! D'ailleurs, tu pourras m'aider à mettre au four ? JARVIS dit que j'ai pas le droit de le faire toute seule. »
Elle commençait à déposer des petites boules de pâtes sur une grille jetant des regards un peu inquiets à l'horloge du micro-onde.
« Bien sûr, » dit-il en allumant le four à la température indiqué par l'AI « pourquoi t'as l'air si pressée ? Il y a une occasion particulière ? »
Gwen se figea dans son mouvement puis pivota sur son tabouret, l'air incrédule.
« On est le 12 février. »
« Oui ? »
Voyant l'air incompréhensif de son père, elle roula des yeux.
« C'est l'anniversaire de Pep', » s'écria-t-elle exaspérée « du coup, je lui fais des cookies et je vais dessiner des piments dessus avec du glaçage, je voulais lui faire un album photos, mais j'ai pas eu le temps de le finir et Allie a dit que je pouvais attendre encore pour avoir encore plus de photo avec Pepper. » expliqua-t-elle en se remettant à faire ses petites boules de pâtes.
« Oh. L'anniversaire de Miss Potts, » marmonna Tony en portant sa tasse de café à ses lèvres.
Bien sûr, il avait encore oublié, il remercia sa fille d'un baiser sur le front et l'aida à finir entièrement ses cookies.
« Tu peux y aller, je vais finir de les emballer. »
« Tu es sûre de ne pas vouloir de mon aide babycake ? »
Gwen secoua la tête.
« Non, en plus, je sais que t'as pas de cadeau pour Pep. »
Grillé. Gwen rit en voyant l'air déconfit de son père, puis le poussa vers la sortie en lui assurant qu'elle finirait seule son paquet cadeau. Tony eut beau se décarcasser pendant l'heure qui suivit, aucune idée ne lui venait. Oui, il connaissait Pepper depuis un bon moment maintenant, mais il n'avait aucune idée de ce qui lui plairait. La plupart des idées qui lui venaient lui assuraient une bonne heure de sermon de la part de sa secrétaire et il s'en passerait bien.
Elle franchit les portes de son atelier une demi-heure plus tard, son téléphone toujours en main.
« Ne baisse pas ma musique, » grogna-t-il.
« Vous êtes censés être à l'autre bout du monde. Votre vol devait décoller il y a une heure et demie, » le sermonna-t-elle.
« C'est marrant, je pensais que comme c'était mon avion, il pouvait attendre mon arrivée. Et puis, il y a quelque chose à fêter aujourd'hui, » dit-il en s'approchant de la jeune femme.
Cela la prit de court, elle arrêta de le bombarder de questions et de reproches.
« Vraiment ? »
« Bon anniversaire, Miss Potts. »
« Merci, » balbutia-t-elle.
« Comme je savais que vous n'auriez aimé aucun de mes cadeaux, que dites-vous de vous offrir quelque chose de ma part. Quelque chose de bien. »
Pepper reprit de sa contenance.
« Déjà fait. »
« Et ? »
« Oh, c'était vraiment bien, de très bon goût, » sourit-elle « merci Mr Stark. »
Une cavalcade dans les escaliers leur fit tourner la tête et Gwen fonça dans la pièce vers Pepper.
« JOYEUX ANNIVERSAIRE PEPPER ! » hurla-t-elle en sautant dans les bras de la jeune femme qui dut jeter ses affaires sur le bureau le plus proche pour réceptionner Gwen.
La petite fille lui présenta ensuite ses cookies faits maison décorées de piments.
« C'est... C'est vraiment adorable Gwen, merci beaucoup. »
« Goûte-les ! J'ai suivi une recette spéciale. »
Pepper prit un cookie du bout des doigts, l'analysa puis en pris une bouchée sous les regards malicieux des deux Stark.
« Oh, c'est au caramel ! J'adore, Gwen, merci ! » dit-elle en mangeant les cookies avec plus d'entrain à présent.
« J'ai dessiné des piments dessus parce que tu sais, tu t'appelles Pepper – enfin c'est bizarre quand même, mais bon – y en a des ratés, mais ils seront quand même bons, t'inquiète pas. »
« Oui je vois, enfin, tu sais en réalité, je m'appelle Virginia. »
La mâchoire de Gwen s'ouvrit en grand et Tony explosa de rire.
« QUO-A ? Mais... Mais pourquoi on dit Pepper alors ? Parce qu'on dit Pepper Potts hein, je me trompe pas ? »
« Oui, oui, » gloussa Pepper en avalant une bouchée de cookie « c'est parce que Mr Stark a tenu à me surnommer ainsi. »
« Mais pourquoi ? »
« C'est une histoire pour plus tard, Gwen, ton père, va être en retard sinon. »
Gwen ne cacha pas sa déception de ne pas en connaître plus. Elle fit un câlin à son père qui lui embrassa le front avant de lui dire qu'il serait là dans deux jours maximum.
« Tu pourras te débrouiller seule ? »
« Évidemment ! Je suis plus une gamine. »
Après un dernier bisou sur le nez qui fit rire la petite fille, Tony s'en alla pour l'aéroport.
« Trois heures de retard, » lui lança Rhodey en guise de bonjour.
« Oh, allez, Rhodey, déride-toi, ça fait une éternité qu'on s'est pas fait une virée ! »
« C'est pas une virée Tony. T'as intérêt à te souvenir qu'on est là pour travailler. »
Il rentra dans le jet à la suite de Tony, les sourcils froncés en permanence. Il avait perdu l'air détendu qu'il arborait la veille.
« J'aurais dû inviter Allie, ça t'aurait peut-être détendu un peu. »
« Tony, » gronda son ami.
« Quoi ? Simple suggestion. »
Au final, ils ne travaillèrent absolument pas durant le vol, Tony ne s'inquiétait pas de sa présentation du Jericho. C'était son petit bijou et il connaissait tout par cœur. Que pouvait-il arriver ?
13 février 2009
Gwen fut réveillée par Happy. C'était plutôt inhabituel, si ce n'était pas Tony qui l'a réveillait pour aller à l'école, JARVIS prenait le relais la plupart du temps. Elle grogna un peu se retournant dans son lit pour échapper à la main de Happy et refermer les yeux.
« Encore deux minutes, » négocia-t-elle.
Happy rigola puis lui dit de se dépêcher de sortir du lit, il avait préparé des pancake. À ces mots, Gwen se précipita hors de son lit. Elle engloutit les pancakes préparés par Happy tout en regardant la télé du coin de l'œil. Puis elle se dépêcha d'aller dans la salle de bain pour se préparer. Malheureusement pour elle, son dentifrice avait disparu et après avoir fouillé la salle de bain, elle revint au salon.
« Happyyyyy, je trouve pas – »
Sa voix mourut dans sa gorge et avec horreur, elle prit conscience de la vidéo qui passait sur la télé. Son père était couvert de terre et de sang, ligoté à une chaise et entouré d'hommes masqués le tenant en joue. Elle ne comprenait pas ce qu'il disait, mais elle ne pouvait détourner les yeux. L'image était imprimée sur sa rétine et quand Happy se rua pour éteindre la télévision, c'était trop tard.
« Happy... Pourquoi... Pourquoi papa... Qu'est-ce qui se passe ? » demanda-t-elle alors que des larmes inondassent son visage.
Le garde du corps n'était pas dans un meilleur état, il faisait son possible pour cacher sa douleur, mais cela était évident qu'il ne tiendrait pas éternellement. Il prit Gwen dans ses bras, incapable de lui expliquer quoi que ce soit. L'information comme quoi Tony Stark avait disparu était tombé quelques heures plus tôt, Happy avait été persuadé que c'était une attaque terroriste et la preuve venait d'être diffusé. Il aurait aimé que Gwen ne le sache pas même s'il savait qu'il ne pouvait pas cacher des choses à la petite fille. La porte d'entrée claqua tandis que Pepper Potts entrait à grand pas. Elle faillit dire quelque chose, mais ne fit que s'effondrer en voyant Gwen en larmes. Il fut décidé que Gwen ne retournerait pas à l'école pour un temps indéterminé. Elle ne contesta pas la décision, le visage de Gwen rappelait aux deux adultes, l'époque funeste du deuil de Pikes.
23 février 2009
Dans la pénombre de sa chambre, Gwen regardait la tablette diffusant un flot d'infos en continu. Ses yeux, voilés de larmes qui ne tombaient plus, suivaient la présentatrice qui rapportait tout un tas d'informations inutiles. Rien sur son père. Elle leva les yeux sur l'heure : la dernière mise à jour sur les faits était d'il y a trois heures déjà. À regret, mais sachant que ça ne servait à rien d'attendre comme ça, elle déposa la tablette sur la table de nuit. Allongée dans le noir, elle ne dormait pas, les stores n'étaient pas baissés et ça permettait à la petite fille de voir quelques ombres dans sa chambre. Elle les observa pendant un temps avec de se pelotonner dans sa couette pour verser les quelques larmes qui lui restaient.
Elle fut réveillée par des sortes de cris chuchotés venant du salon, pendant un instant, elle imagina son père, en bonne santé et bien vivant se chamaillant avec Pepper pour elle ne savait pas trop quoi. Mais ce n'était pas la réalité et elle reconnue bien vite les voix de son oncle Rhodey ainsi que celle de Pep et Happy. Sur la pointe des pieds, elle se glissa hors de sa chambre, mais au lieu d'aller vers les voix, elle se faufila dans l'atelier. C'était un désordre monstre comme d'habitude. C'était rassurant pour Gwen, son père pouvait revenir du jour au lendemain et retrouver tout ce qu'il avait laissé en plan.
« Miss Gwen, il est encore tôt, pourquoi n'êtes-vous pas en train de dormir ? » fit JARVIS soudainement « Faut-il que je prévienne Miss Potts ? »
« Non, » marmonna Gwen en tournant encore et encore sur le tabouret du bureau « j'arrive plus à dormir, mais je veux être toute seule. »
« Je crains que je ne puisse vous laisser seule. »
« Je sais, mais toi, c'est pas grave. Tu dis la vérité alors que les autres ça se voit qu'ils mentent, » elle fit un pas de côté en descendant du tabouret et dû se tenir au bureau « franchement c'est méga nul, ils disent que mentir c'est pas bien et ils le font ! » s'écria-t-elle soudain au bord des larmes.
JARVIS resta silencieux. Gwen secoua la tête pour chasser complètement son tournis et ses larmes par la même occasion. Elle alla voir Dum-E, joua un moment avec lui – même si à chaque fois qu'elle lançait la balle, il était trop lent pour l'attraper, cela lui permettait de garder la tête hors de l'eau.
« Miss Potts, Messieurs Hogan et Rhodey viennent de quitter le salon, vous pouvez accéder à la cuisine si vous le souhaitez, » signala soudainement JARVIS.
« Pas faim, » elle attrapa une énième balle lancer par Dum-E.
« Vous devez petit-déjeuner pour être en forme, Miss Gwen, de plus il me semble que des pop tarts sont cachés dans le placard des verres. »
Gwen tourna la tête vers le plafond, elle oubliait parfois que JARVIS n'était pas humain et n'existait pas physiquement comme Dum-E par exemple. Elle fit passer la balle d'une main à l'autre.
« Merci JARVIS, » fit-elle en sortant de l'atelier.
Comme promis, les adultes avaient quitté la pièce et se trouvaient à présent dans le bureau de Tony – qui était plus le bureau de Pepper puisque lui ne l'utilisait jamais – Gwen traversa la pièce en direction de la cuisine. Elle y trouva les fameux pop tarts, mais il n'avait pas la saveur escompté, elle trouvait tout vraiment fade sans son père. C'était comme si elle était seule au monde, personne ne comprenait ce qu'elle ressentait, tout le monde lui disait de ne pas s'inquiéter, mais cela faisait près d'un mois et les recherches s'arrêteraient au bout de deux mois, la présentatrice l'avait dit hier soir.
Et s'il ne le retrouverait pas alors... Qu'adviendrait-il d'elle ?
10 mars 2009
Happy aurait dû le voir venir, vraiment. Mais la disparition de Stark prenait tout son temps, toutes ses pensées et toute son énergie. Alors, oui, il avait complètement ignoré Allie Kreg lorsqu'elle avait voulu le contacter et oui, il aurait dû se douter que ça ne lui aurait pas plus.
« Oh Allie, bonjour. »
« Ah pas de ça avec moi, Happy, vous m'avez complètement ignoré dernièrement ! J'imagine bien que ça ne doit pas être facile en ce moment et c'est pour ça que vous auriez dû me répondre. »
Julia était sur ses talons, elle cherchait Gwen des yeux, mais n'osait pas dire un mot. Devant le mutisme de Happy, le visage d'Allie s'adoucit.
« Oh excuse moi, ce n'était pas... Je suis désolée. Je m'inquiète pour Gwen. Et pour vous tous également. Ce n'est pas une simple disparition, je le comprends bien et vous n'avez peut-être plus le temps de vous occuper de Gwen comme il le faudrait. Je ne remets pas en cause vos capacités à vous occuper d'elle, ça non. Mais seulement, je m'inquiète énormément. »
Happy hocha lentement la tête, c'était vrai que depuis quelque temps, il ne se sentait plus capable de s'occuper de Gwen correctement. Surtout, car celle-ci se terrait dans un affreux silence.
« Je dois avouer que je ne sais plus comment faire pour lui parler, » dit-il en s'asseyant sur le canapé, il prit sa tête dans ses mains « cette situation est invivable. »
Julia regardait le couloir vers la chambre de Gwen avec insistance. En voyant la petite brune si inquiète, mais ne disant rien, il prit les devant et lui proposa de rejoindre Gwen si elle le voulait. Après un regard approbateur de sa mère, Julia se dirigea vers la chambre de sa meilleure amie. Elle frappa timidement à la porte, mais n'eut aucune réponse. Elle poussa la porte doucement. La chambre était baignée dans la lumière, mais la chaleur qui en exhalait habituellement avait disparu. Quelques posters avaient été enlevés, il n'y avait pas un jouet ou un vêtement qui traînaient à terre. Pour Julia, c'était comme entrer dans une pièce inconnue.
Sur le lit, Gwen était recroquevillée, ses cheveux blonds étaient plus ternes. Julia s'approcha du lit et monta dessus pour enlacer sa meilleure amie. Gwen sursauta dès qu'elle sentit une petite main lui toucher les cheveux, elle cligna des yeux en voyant Julia puis ses yeux furent pris d'assaut par des larmes. Elle se laissa couler contre l'autre petite fille qui ne pouvait s'empêcher de pleurer de concert.
Après quelques minutes, les deux se calmèrent et Julia proposa de retourner dans le salon avec sa mère et Happy.
« En fait, maman se disait que tu pouvais venir à la maison pendant un moment... Pour pas que tu sois toute seule. »
« Je suis pas toute seule, » protesta Gwen.
Julia lui sourit et serra sa main dans la sienne.
Pour le bien-être de Gwen, Allie Kreg la prit sous son aile chez elle. Cela soulageait Happy, Pepper et Rhodey de savoir que Gwen était entre de bonnes-mains et pas cloîtrée dans sa chambre avec JARVIS comme seul contact. Les premiers jours furent difficiles, mais Allie était habituée à toutes sortes d'enfant et n'hésitait pas à hausser le ton quand Gwen refusait de manger ou de se lever ou de se laver ou de faire quoi que ce soit. Même si elle savait que ramener Gwen à son état normal était impossible, elle refusait d'abandonner. Au bout de deux semaines avec les Kreg, Gwen retourna à l'école pour la première fois. Elle ne pâtissait pas du manque d'école, mais le fait de voir du monde était un moyen de la détourner de la déprime dans laquelle elle se plongeait.
La date tant redoutée arriva bien plus vite que prévu et les médias annoncèrent l'arrêt des recherches de Tony Stark. Ce jour-là, Rhodey appela les Kreg pour parler à Gwen.
« Je te promets que je ne vais pas arrêter de chercher, Gweenie, fait moi confiance, je vais le retrouver. »
Elle avait à peine répondu. Chaque jour sans nouvelles était plus douloureux que le précédent, elle savait qu'elle ne pourrait plus le supporter longtemps. À l'école, Gwen ne se cachait plus de ses talents, finissant les exercices avant tout le monde, au risque d'être détestée par la moitié de la classe. Elle parlait peu avec Julia, laissant sa meilleure amie discuter pour deux, et même si elle obéissait sans discuter aux demandes d'Allie, l'assistante maternelle savait que le pire arrivait à grand pas. Si Stark n'était jamais retrouvé alors où irait Gwen ? Allie n'en savait pas assez pour savoir qui pourrait récupérer sa garde et s'occuper d'elle, mais elle en savait assez pour savoir que rien ne pourrait réparer la douleur dans le cœur de la petite fille. Gwen se sentait seule malgré son entourage, seule et incomprise. Et Allie faisait de son mieux pour effacer ça tout en sachant pertinemment que ça lui était impossible.
1er mai 2009
Un jour de plus et tout s'effondrait, Allie en était certaine. Mais alors que les infos diffusaient en boucle que Stark avait été retrouvé par l'armée allemande dans la nuit, Allie se permettait de souffler un bon coup. Les filles n'étant pas encore réveillées, elle se dépêcha d'appeler Happy pour avoir plus d'informations.
« Rhodes est allée chercher Mr Stark en Allemagne, ils devraient arriver vers onze heures, je passerais chercher Gwen. »
Quand Gwen et Julia descendirent prendre leur petit-déjeuner, Allie ne put empêcher ses lèvres de trembler.
« Gwen, j'ai une bonne nouvelle, » dit-elle en sentant sa bouche s'étirer en un sourire « ils ont retrouvés ton père, il va bien, tu pourras le voir ce midi. »
La petite fille releva la tête vers elle, les yeux écarquillés et une lueur d'espoir dansant dans son regard.
« C'est vrai ? » demanda-t-elle dans un souffle.
« Oui, oui, c'est vrai, allez mange bien et prépare toi ! Ton père sera heureux de te retrouver en pleine forme, crois-moi ! »
Gwen mangea avec appétit, elle se prépara avec un sourire radieux et fut à la porte dès que Happy y frappa. Cela faisait plus d'un mois qu'elle ne l'avait pas vu et elle enlaça le garde du corps avec force. Dès qu'ils furent en voiture, Gwen demanda à Happy de faire un détour.
Le tarmac était immense et par chance les militaires ne firent pas vraiment attention à la petite fille de 8 ans se trouvant là. Elle serrait et desserrait les mains tandis que l'arrière de l'avion dans lequel son père était descendait lentement. Quand elle put enfin le voir, appuyé contre Rhodey et un bras en écharpe, elle laissa échapper un souffle. Son père était bien vivant. Et il la regardait fixement alors qu'il avançait avec l'aide de son meilleur ami. Gwen ne put se retenir de courir jusqu'à son père quand celui-ci fut enfin sur la terre ferme. Il la réceptionna en tremblotant un peu.
« J'ai cru que t'étais mort, » couina-t-elle en cachant sa tête dans le cou de son père.
Le costume était rugueux contre sa joue, mais de l'autre côté, la bouc piquant de son père chatouillait son visage agréablement.
« Je t'avais promis de revenir, j'ai juste mis un peu plus de temps, babycake. »
Le surnom prononcé tendrement, fit partir Gwen dans une tornade de sanglot. Quand elle fut enfin calmée, Tony s'approcha de Pepper qui ne pouvait s'empêcher de verser quelques larmes face à ce spectacle.
« Vos yeux sont rouges. Des larmes pour votre cher patron perdu ? »
« Des larmes de joie, je déteste chercher du boulot. »
« Très bien, parce que les vacances sont terminées. »
Le visage de Tony se referma. À peine monter dans la voiture, Happy lui demanda où il voulait aller et malgré les protestations de Pepper, il demanda à ce qu'une conférence de presse soit donnée.
« Mais d'abord, je veux un vrai cheeseburger. »
Gwen, qui était pratiquement collée à son père, sortit alors un sac rempli de cheeseburger.
« Elle a insisté pour qu'on fasse un détour, » ajouta Happy devant le regard surpris du milliardaire.
« Merci babycake, t'es la meilleure. »
Ce fut difficile pour Gwen de laisser son père faire une conférence de presse sans qu'elle soit dans la pièce. À chaque moment, il pouvait disparaître à nouveau de sa vie comme il l'avait déjà fait, quelqu'un pouvait encore le blesser, l'enlever à elle. Le tuer.
Elle regardait avec attention l'écran qui diffusait la conférence en direct, son père semblait différent. Elle ne savait pas exprimer ce qui lui faisait penser ça, mais c'était bel et bien le cas.
« C'est pourquoi, je ferme définitivement la fabrique d'armes de Stark Industries. »
Le reste des mots furent brouillons et Gwen resta fixée à l'écran, la bouche grande ouverte, les yeux écarquillés. Elle savait ce que ça signifiait et c'était une sacrée bonne nouvelle. Elle n'aimait pas trop l'idée que son père produisait des armes qui tuaient des gens. Elle avait déjà entendu aux infos ou lu des articles parlant de son père comme le « marchand de mort ». C'était effrayant et elle avait effacé ces mots de sa mémoire, il n'avait pas de lien avec son père, ce n'était pas ce que son père était. N'est-ce pas ? Mais elle était loin d'être idiote, son père créait des armes sous couvert de bonnes intentions, mais au final à qui cela profitait le plus ? Elle avait lu beaucoup de choses sur son père les trois derniers mois, des choses plus ou moins plaisantes.
Elle attendit son père pendant un long moment, faisant les cent pas dans le salon. Quand il entra, Gwen fut accroché à sa jambe en une fraction de seconde.
« Hey babycake, je suis tellement heureux de te revoir, ma puce. »
Ils restèrent assis par terre dans l'entrée pendant un moment, Gwen se pelotonnant contre le cœur vrombissant de son père.
« Oh, » fit-elle se décollant pour regarder le torse de son père, les sourcils froncés, « c'est quoi ce son... »
Tony soupira et se démêla un peu de sa fille pour ouvrir sa chemise sur un cercle brillant au milieu de son torse. Gwen l'observa avec horreur pendant une seconde.
« C'est q-quoi ça ? Ils t'ont fait quoi ?! »
« Calme-toi ! Calme-toi, c'est moi qui l'ai fait. Cette chose-là, » il tapa sur le cercle « me garde en vie. Ça s'appelle un réacteur ARK. »
« Comment... ça marche ? »
Son regard passa de l'horreur à la curiosité, elle osait à peine effleurer le réacteur. Tony prit sa main et lui fit poser à plat sur l'appareil qui empêchait les morceaux de shrapnel d'atteindre son cœur. Il passa le reste de la journée avec sa fille, il lui expliqua d'abord comment marchait le réacteur ARK puis ils regardèrent ensemble une dizaine d'épisodes de FRIENDS. Gwen s'endormit vite, à moitié enroulé autour de son père, à chaque mouvement, elle resserrait son emprise sur le t-shirt de Tony. Il ne s'en plaignait pas, sa fille avait été ce qui l'avait maintenu en vie là-bas. L'idée de la laisser seule dans ce monde effrayant et dangereux. Il ne laisserait rien arriver sur son enfant.
4 mai 2009
Gwen se réveilla en sursaut, une couverture était enroulée autour d'elle et Tony n'était pas là. Elle se tortilla hors de la couette, courut hors de sa chambre vers l'atelier, bousculant Pepper au passage. Elle dégringola les dernières marches menant à l'atelier et hurla :
« PAPA. »
Le souffle court, elle prit conscience du spectacle devant ses yeux. Tony la regardait avec un demi-sourire. Il était allongé sur une sorte de chaise métallique, différents fils étaient reliés à son torse-nu et il tenait à la main un second réacteur ARK.
« Oui, ma fille ? »
« Qu'est-ce que tu fais ? »
Le nœud dans son ventre s'était dénoué, son père n'était pas en danger – il était dans une drôle de situation, c'est sûr, mais pas en danger. Pepper arriva dans l'atelier à son tour.
« Que se passe-t-il ? » demanda-t-elle en regardant le père et la fille tour à tour.
Tony lui demanda de montrer ses mains.
« Elles sont vraiment toutes petites, c'est parfait. Gwen, ma chérie, tu veux bien retourner à l'étage, je- »
« Non ! »
Elle se précipita près de son père à côté de Pepper, les sourcils froncés, elle défiait son père de la contredire.
« Babycake, je pense pas que tu devrais voir ça. »
« Et moi, je m'en fous ! Je te lâche plus, papa, surtout si c'est un truc dangereux, » elle marmonna la fin de la phrase.
Il accepta avec un soupir puis lui demanda de se reculer et de ne pas intervenir. Tout allait bien se passer. Et tout se passa relativement bien jusqu'à ce que Pepper enlève l'aimant qu'elle ne devait pas enlever, déclenchant une arythmie cardiaque chez Tony et une sacré crise de panique chez Gwen. Quand le nouveau réacteur ARK fut enfin mit en place, Gwen se jeta sur son père pour l'enlacer. Il fallut un moment à Gwen pour se détacher de son père. Pepper laissa la petite famille se retrouver pleinement, il allait falloir du temps à Gwen pour accepter de lâcher son père d'une semelle.
Elle reprit l'école comme si de rien n'était, cependant chaque minute qu'elle passait à la maison, elle les passait près de Tony. Toujours dans un coin de son atelier même quand il l'obligeait à sortir, elle restait à côté de l'escalier prête à courir en bas. Tony passait la plupart de ses nuits dans l'atelier et Gwen s'obligeait à veiller en conséquence, somnolant dans un coin de l'atelier jusqu'à ce que Tony la porte à son lit. Elle ne prêtait pas forcément attention à ce que son père faisait, mais l'entendre bouger dans l'atelier, chanter sur ses disques de Black Sabbath ou AC/DC ou rien que le cliquetis de ses outils rassurait son cœur. Personne n'avait le droit d'entrer dans l'atelier à part elle et Pepper quand son boulot l'obligeait.
« Babycake ? »
Gwen leva les yeux de ses devoirs, elle était allongée par terre et faisait tournoyer un crayon dans sa main.
« J'ai quelque chose pour toi, » il lui fit signe d'approcher.
Il lui présenta une montre d'argent et d'or rose, assez fine et discrète. Il la lui mit au poignet sans un mot. Elle fronça les sourcils, elle s'attendait à ce que quelque chose en sorte, mais rien ne vint.
« Une montre ? »
Reconnaissance vocale activée. Bonjour Miss Stark.
« C'est la montre qui parle ? »
En quelques sortes Miss Stark. Je m'appelle TADASHI et je suis votre assistant personnel.
« TADASHI ? »
« C'est le petit frère de JARVIS, et il est là pour toi. Je me suis dit que ça t'aiderait à... Te rassurer. TADASHI est connecté à son frère et il peut te dire à n'importe quel moment où je suis et comment je vais, » Gwen leva des yeux embués vers son père « en plus de faire tout un tas de trucs cool. »
Elle resta muette un long moment contemplant la merveille de technologie à son poignet.
« Est-ce que... ça t'ennuie que je sois toujours là ? » murmura-t-elle.
« Quoi ? Non, pas du tout ! Je voudrais juste que tu puisses dormir dans ta chambre et faire toutes les choses que tu faisais avant sans t'inquiéter de moi, et de mon côté, je saurais toujours où tu es et je te retrouverai toujours. »
Ne trouvant pas les mots, elle enlaça son père de toutes ses forces.
Ce soir-là, elle alla se coucher d'elle-même non sans traîner des pieds.
« TADASHI ? Papa va bien ? »
Il va très bien miss Stark, vous pouvez dormir tranquille, je vous réveillerai si quoique ce soit arrive
15 Novembre 2009
Cela faisait très longtemps que Gwen n'avait pas passé la soirée chez les Kreg. Elle profita de la soirée plateau télé qu'Allie leur avait concoctée et se délecta du jus de pomme fait maison. Quand Happy vint la chercher, elle eut quand même un soupir de soulagement, elle n'avait pas été si loin si longtemps de son père depuis un moment, et même si TADASHI lui avait assuré que tout allait bien, voir les choses de ses yeux était plus rassurant. Elle débarqua dans le salon uniquement pour se stopper dès qu'elle vit Obadiah au piano. Ce n'est pas qu'elle ne l'aimait pas, mais... En fait si, elle ne l'aimait pas. Il n'avait rien fait de mal contre elle, mais ça façon d'agir envers elle ne lui inspirait pas confiance, toujours dédaigneux envers elle, il l'ignorait presque. Ça ne dérangeait pas Gwen en général parce qu'il ne venait pratiquement jamais à la maison, pourtant le voilà, assis au piano comme si il lui appartenait. Gwen sentit une bouffée de chaleur l'envahir.
« Où est mon père ? » sa voix d'enfant lui parut étrangère pendant un instant.
« Tu ne dis pas bonjour ? Je pensais que Tony t'avait mieux élevé que ça. »
La voix de velours ne cachait pas le venin dans ses mots. Personnes d'autre n'étaient là. Happy l'avait laissé à la porte et Pepper n'était nul part en vue.
« Bonjour, » marmonna-t-elle à contre cœur « vous allez bien Monsieur ? »
« Très bien, merci, » fit Obadiah en se levant de son siège pour s'approcher d'elle, « j'aurais quelques questions à te poser, ma puce. »
Le surnom donna un haut-le-cœur à Gwen. Elle attendit la question en s'empêchant de faire un pas en arrière.
« Qu'est-ce que ton père fabrique en bas ? »
Gwen écarquilla les yeux.
« Tu dois bien le savoir, après tout, il n'y a que toi qui y a complètement accès à part Tony. Tu peux bien me le dire, c'est moi ton oncle Obie. »
Un rire gras s'échappa de sa gorge. Gwen pinça les lèvres, ses jambes flageolaient, elle se sentait prête à déguerpir s'il faisait un seul pas de plus vers elle et elle ne comprenait même pas pourquoi.
« J'en sais rien, » dit-elle tout bas en regardant ailleurs.
« Gwendolyne, tu –, » il fut coupé par le claquement des escarpins de Pepper.
« Gwen ? Tu viens de rentrer ? »
« Heu oui, Happy m'a déposé, » elle esquiva Obadiah « c'était super, mais je me sens fatiguée. Je vais me coucher, » s'écria-t-elle en s'échappant dans le couloir.
Elle se sentirait mieux lorsqu'il y aurait une distance conséquente entre Obadiah et elle.
Miss Stark ? Vous semblez paniquée. Voulez-vous de l'assistance ?
« Oui. Non ! TADA, tout va bien. »
Vous êtes sûres ? Avez-vous besoin de quoique ce soit ?
« Préviens JARVIS qu'Obadiah a voulu que je lui dise ce que papa faisait. Et heu... C'est un secret. »
Très bien, votre père sera prévenu en toute discrétion.
Elle ignorait ce qui la poussait à agir de la sorte, mais tout son cœur lui soufflait à quel point, c'était important.
Elle avait beau se tourner et se retourner, elle n'arrivait pas à trouver le sommeil. Elle observa sa montre, mais dans le noir, elle ne discernait pas les aiguilles.
« TADA ? Quelle heure il est ? »
20 h 36 miss Stark
« Papa m'en voudrait pas si je descendais maintenant, il est pas trop tard, » se dit-elle.
Il serait peut-être mieux que vous vous recouchiez, vous avez école demain miss Stark.
« Je sais mais... Hé, mais arrête de dire miss Stark, dis Gwen ou Gweenie. Et puis me vouvoie pas. »
Essaierais-tu de détourner mon attention ?
« Pff t'es trop intelligent, TADA. »
Malgré les recommandations de son IA, elle descendit à l'atelier, mais aucune trace de Tony. Elle savait pertinemment qu'il n'était pas allé se coucher, surtout pas à l'heure-là. Elle allait poser la question à JARVIS quand un bruit sourd la fit sursauter alors que le plafond s'écroulait au dessus des voitures et une forme humanoïde s'écrasa . Gwen se prépara à fuir.
« JARVIS protocole Intrusion, » s'écria-t-elle le cœur battant à tout rompre.
Miss Gwen, je crains que vous vous mépreniez, il s'agit de votre père.
Elle se redressa en même temps que la forme humanoïde de métal. Le masque révéla le visage de son père souriant. Riant même.
« Tu peux aller me chercher un sac de glaçon ma grande ? »
Elle se précipita à la cuisine.
Il posa le sac de glace sur sa tête douloureuse alors que sa fille regardait avec intérêt l'armure et posait une dizaine de questions à la minute.
« Au fait Babycake, il faut que ça reste secret, si Obadiah te repose la question, tu as le droit de ne pas répondre, et même de t'enfuir. »
« C'est vrai ? »
« Bien sûr, » fit-il avec un sourire en coin « au fait pourquoi est-ce que tu ne l'aimes pas ? »
« Je sais pas. Il... » Elle réfléchit un instant, regardant son reflet déformé dans l'armure « Il me fait peur, papa, et je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression qu'il va te faire du mal aussi. »
Tony resta interdit un moment.
« D'accord. S'il faisait quoique ce soit qu'il te déplaît, je veux que tu me le dises tout de suite. Ok, babycake ? »
Elle hocha la tête, son attention retournant une fois de plus à l'armure, elle trouvait qu'elle était à l'image de son père. Elle ne saurait pas dire pourquoi.
« C'est quoi ça ? »
Gwen détourna le regard. Tony tenait une boite rectangulaire recouverte de papier kraft.
« On dirait que ça vient de Pepper... » marmonna-t-il en décollant le papier.
Intriguée, Gwen s'approcha et découvrit en même temps que son père une boîte en verre refermant le tout premier réacteur ARK . Au-dessus, il y avait une inscription. Elle la déchiffra lentement.
« La preuve que Tony Stark a un cœur... Ça veut dire quoi ? »
Tony resta un instant muet, chose rarissime puis passa une main dans les cheveux de sa fille. Un doux sourire qu'il n'adressait qu'à elle fit son apparition et il lui embrassa le front en guise de réponse.
« Il est tard, tu devrais être couchée. »
Malgré les protestations, Gwen fut bien obligée d'aller dormir, laissant son père seul et pensif.
Au réveil, elle ne put s'empêcher de demander à TADASHI où était son père. L'enlèvement l'avait rendue inquiète mais savoir qu'à présent il se baladait en armure rajoutait une couche de paranoïa.
Il se trouve au salon avec Mlle Potts. Ils me semblent, miss Gwen, qu'ils se disputent.
Gwen s'extirpa de son lit en une seconde et se dirigea vers le salon sur la pointe des pieds. Déjà, elle pouvait entendre la voix de Pepper, elle était énervée cela ne faisait aucun doute. Mais il semblait à Gwen qu'il y avait autre chose. Elle s'arrêta en entendant son prénom.
« Vous pensez à votre fille ? Vous pensez à Gwen ?! Elle a déjà vécu bien assez de tragédie, elle a souffert plus que n'importe quelle autre petite fille ! Et vous voulez lui faire vivre ce cauchemar ? Prendre le risque de la rendre orpheline ?! Je ne peux pas l'accepter. Je ne pourrais jamais me rendre complice d'une chose pareille ! »
Les talons de Pepper claquèrent sur le sol, mais le cœur battant de Gwen noyait tous les autres bruits. Il lui semblait qu'elle ne voyait plus rien, qu'elle allait s'écrouler à n'importe quel moment. Orpheline ? Elle ? Jamais. Il lui avait promis que tout irait bien. La voix de TADASHI, d'habitude monotone se laça d'une sorte de panique, aux oreilles de Gwen cela ne fut qu'un autre bruit lointain. Soudain, deux grandes mains se posèrent sur ses épaules et le visage de Happy apparu devant elle.
« Miss ? »
Ses sourcils étaient froncés et ses mains s'enfonçaient dans ses épaules, elle sortit de sa stupeur, sa respiration reprenait un cours normal.
« Est-ce que ça va ? »
Elle hocha fébrilement la tête. Happy la regarda encore un instant avant de la lâcher.
« Dépêche toi, tu vas être en retard, je vais te préparer des tartines, » dit-il en lui tapotant l'épaule.
Gwen obéit sans un mot, incapable d'exprimer tout ce qu'elle pouvait ressentir, c'était beaucoup trop pour elle. Dans ces mots, elle se sentait submergée par un tas de choses qu'elle ne comprenait pas encore, qu'elle n'avait pas forcément envie de comprendre tant c'était douloureux. Elle se hâta de se débarbouiller et de s'habiller. D'ordinaire, son père venait la voir, mais aujourd'hui, il ne fit même pas une petite apparition. Elle était déçue et en même temps, savait qu'elle n'aurait pas pu supporter de le voir.
« Ce soir tu retournes chez Julia ? » demanda Happy en lui donnant son petit-déjeuner « T'as bien toutes tes affaires ? »
Gwen avait oublié cette soirée proposée par Julia et sa mère. Son amie avait été trop contente de la retrouver et souhaitait la voir plus, cependant les pensées de Gwen était ailleurs.
« Je suis obligée d'y aller ? »
« Ça te fera du bien. Julia est ta meilleure copine, et vous allez bien vous amuser. »
Happy la regarda, attendant sa confirmation. Elle détourna le regard.
« D'accord. »
Elle ne pouvait s'en empêcher, elle tapotait nerveusement sa montre comme si elle s'attendait à ce que TADASHI la prévienne d'une minute à l'autre d'un danger. Elle n'écoutait même plus Julia qui s'extasiait sur une chorégraphie de gymnastique très compliquée.
« Et là, elle enchaîne rondade et salto, t'as vu ? Moi, je suis sûre qu'on pourrait y arriver aussi. Hé, tu m'écoutes ? Oh. Gwen ? Gwen ! »
« Quoi ! »
Julia resta interdite un instant avant de froncer les sourcils.
« Pourquoi t'es aussi méchante ? »
« Je suis pas méchante. »
« Si, aujourd'hui t'as été méchante toute la journée, tu voulais même pas jouer avec nous et quand on a fait les groupes, t'as dit que tu t'en foutais si t'étais pas avec moi. C'est vraiment nul... Et même là, j'ai l'impression que tu veux pas être ici. »
« J'ai pas envie d'être ici ! » explosa Gwen en se levant brutalement, surprenant Julia.
La petite fille eut les larmes aux yeux, mais décida de ne pas se laisser faire.
« Et bah t'as qu'à partir ! »
Allie, en entendant les deux petites crier, tapa à la porte de la chambre.
« C'est quoi ces cris, vous vous chamaillez ? » fit-elle doucement, mais en voyant les larmes dans les yeux de sa fille elle se raidit. « Qu'est-ce qu'il se passe ici ? »
« Est-ce que je peux rentrer chez moi... S'il-te-plaît ? » demanda Gwen d'une petite voix.
La mère resta un instant interloquée, son regard passant de sa fille à Gwen. Elle accepta, comprenant très bien que Gwen avait besoin de retrouver son père. Elle décida de la ramener. Bien sûr Julia due venir avec elles et le trajet se fit dans un silence presque religieux. Gwen continuait de tapoter sa montre à intervalle régulier.
« Nous voilà arrivées ça ira Gwen ? Tu veux que je t'accompagne ? »
Elle secoua la tête, refusant de regarder la mère et la fille. Elle descendit, son sac à la main et se dirigea lentement vers la porte. Allie attendit qu'elle soit rentrée pour repartir le cœur lourd.
À peine eut-elle passé la porte que Gwen appela JARVIS.
"Miss Gwen, Monsieur Stark a besoin de vous de toute urgence en bas."
La voix de l'IA l'a surpris, elle semblait paniquée. Elle jeta son sac au loin pour courir au sous-sol, la porte était grande ouverte et elle vit son père effondré au sol, blanc comme un linge. Elle poussa un cri en voyant le trou béant dans sa poitrine. Ses jambes la portèrent jusqu'à son père qui désigna d'une main tremblotante l'ancien réacteur ARK, elle l'attrapa d'un mouvement sec et le tendit à son père. Il cassa la boîte sur le sol et Gwen l'aida à rebrancher le réacteur à son cœur. Elle ne comprenait pas ce qu'il s'était passé. Tony prit une grande bouffée d'air dès que le réacteur fut en place.
« Merci mon cœur, merci, » répétait-il en serrant sa fille contre lui.
Gwen se rendit compte qu'elle sanglotait sans pouvoir s'arrêter, son corps entier tremblait, elle n'en pouvait plus. Tony lui caressa les cheveux tout en donnant des ordres à JARVIS qu'elle n'arrivait pas à enregistrer. La découverte de son père presque mort au sol se rejouait dans sa tête. Après plusieurs minutes, Tony essaya de se relever, mais Gwen le retint.
« S'il-te-plaît, t'en vas pas, pars pas. Plus jamais. Papa, j'ai peur ! » hurla-t-elle.
Dans les yeux de son père, elle pouvait voir d'avance qu'il ne dirait pas oui et ça lui faisait affreusement, mal. Un crissement de pneu les fit lever la tête. Gwen reconnut sans mal la voiture de son oncle Rhodey. Il se précipita hors de celle-ci en les voyant à terre tous les deux.
« Bordel, qu'est-ce qu'il s'est passé ?! »
« C'est Obadiah. Pepper est en danger, il faut que j'y aille maint– »
« Non ! » hurla Gwen en resserrant ses mains sur le t-shirt de son père.
« Babycake, Pepper a besoin de moi. Je te promets que tout ira bien, » assura Tony.
Il se détacha doucement de Gwen qui continuait de sangloter. Rhodey vint la prendre dans ses bras, il ne l'avait pas fait depuis des années, et se retrouver portée ainsi lui donna un sens de sécurité. Tony entra dans son armure.
« Tu as besoin de moi ? » demanda Rhodey en regardant la scène avec curiosité.
L'armure se tourna une dernière fois vers lui.
« Occupe toi de Babycake, et garde le ciel clair, » dit-il puis il lança un dernier regard à sa fille « à tout à l'heure, je t'aime. »
La visière tomba et il s'envola.
Les minutes semblaient des heures, elle restait assise sur le canapé, les yeux dans le vide. Rhodey faisait les cent pas, le téléphone collé à l'oreille, par moment, il lançait des regards à Gwen. L'attente était interminable, elle avait ce sentiment affreux qu'elle ne reverrait plus jamais son père. Elle allait être orpheline. Elle allait l'être. Elle allait – Rhodey s'était arrêté, il la regardait. Puis un sourire naquit sur son visage.
« C'est fini. Tout va bien. »
Gwen souffla longuement, relâchant toutes ses idées noires, tout irait bien. Elle ne devait plus s'inquiéter. C'était fini.
Rhodey la borda et resta près d'elle jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Elle ne pouvait pas voir son père ce soir, mais il allait bien et c'était tout ce qui comptait. Demain, elle le verrait et ce serait fini. Elle n'aurait plus peur, car son père était fort et pouvait tout surmonter, elle en était sûre. Elle en eut la confirmation le lendemain, alors qu'elle regardait la conférence de presse sur l'incident de Stark Industries. Son père entra en scène, il avait le bras en écharpe, mais il semblait aller bien. Soudain, il regarda droit dans l'œil de la caméra et Gwen sentit le regard de son père à travers la télé.
« Je suis Iron Man »
Gwen ferma les yeux.
Yo, ça fait un bail je sais. Je vais bieng, j'espère que vous aussi !
Les nouvelles séries du MCU me font rêver.
Beaucoup de love sur vous
