Petit mot de l'auteure : écrit pour l'anniversaire de Noémie Merlant
- Et ensuite... tu appliques petit à petit ta peinture en rajoutant couche par couche, par petites touch...
La phrase mourut dans sa bouche alors que Héloïse faisait exactement tout l'inverse de ce qu'elle était en train de préconiser. La blonde avait en effet une grande quantité de couleur à l'huile pour l'appliquer sur la toile. Elle en avait pris en si grande quantité qu'un amas se forma, qu'elle ne put étaler correctement.
- C'est malin, il y a une bosse sur ma tête maintenant ! Dit-elle d'un ton faussement grognon. Enfin... si c'est bien de ma tête dont il s'agit.
Il fallait dire que si elle n'avait pas été là quand Héloïse avait choisi son sujet, elle aurait été bien en peine pour reconnaître ce que la blonde peignait. Au lieu de faire apparaître leurs deux corps près de la mer, la noble avait peint la grande majorité de la toile en bleu, portant par-dessus quelques tâches censées les représenter. Le résultat était si catastrophique que Marianne en venait à remettre en cause sa possible carrière de professeure : comment pouvait-elle espérer enseigner l'art de la peinture quand sa première élève refusait d'apprendre les bases ?
Toutefois, même si la toile devenait encore plus chaotique à chaque coup de pinceau appliqué par la blonde, Marianne devait bien admettre qu'elle l'aimait bien. Elle était étrange, décousue, sauvage... A l'image de celle qui était en train de la créer, en somme. Elle décida donc de mettre son indignation de côté pour enlacer l'apprentie peintre.
- Quel nom tu veux lui donner ?
- Demain ne meurt jamais, déclara sans hésiter Héloïse. Nous nous disons toujours que demain sera peut-être le dernier jour de notre histoire. Mais grâce à ce tableau, demain arrivera peut-être mais ne mourra pas. Notre amour vivra à jamais.
Devant une telle déclaration, Marianne ne put donc résister à l'envie de voler un baiser peinturluré à son élève, avant de reporter son attention sur le tableau.
Un amour court mais éternel, digne des plus grandes fresques... Marianne aimait cette idée.
Tout compte fait, Héloïse était peut-être bien une meilleure élève qu'elle ne l'aurait cru.
