Petit mot de l'auteure : aujourd'hui c'est la journée internationale des filles ! Le discord des Défis galactiques a ainsi proposé ce défi : "écrire sur les difficultés que peuvent rencontrer les filles/femmes (pas forcément biologiquement) tout au long de leur vie ou sur un événement de sensibilisation concernant la distinction que fait la société entre les hommes et les femmes ou bien d'écrire sur une femme atteinte du cancer du col de l'utérus ou d'endométriose ou sur l'entourage de cette personne (comment elle le vit, etc)."


Lorsqu'elle y repensait, sa vie aux Pignons Verts n'avait tenue qu'à un fil. Ses parents adoptifs, ses amies, l'école, les grandes plaines vertes... elle avait faillit n'avoir rien de tout cela. Et pourquoi ?

Parce qu'elle était une fille.

Elle était une fille, et Marilla et Matthew avaient demandé un garçon à l'orphelinat. Ils voulaient un jeune capable de les aider dans les travaux de la ferme et des champs, un bon petit gars pour soutenir Matthew dans les travaux et assez vaillants pour faire les commissions. Et dès qu'ils avaient posés les yeux sur Anne, ils avaient décrétés qu'elle ne conviendrait pas à ces tâches. D'après eux, elle ne serait jamais en mesure de les accomplir ; et cela, parce qu'elle était née avec un sexe féminin. Alors que Anne était travailleuse. Elle avait de la force, de la jugeote, de la détermination et du courage. Elle avait déjà fait face à de dures situations, et ce n'était pas le labeur des fermes qui l'effrayerait. Elle se savait capable d'accomplir tout ce que l'on attendrait d'elle. Il suffisait de la voir à l'œuvre.

Mais le frère et la sœur ne lui en avait pas laissé l'occasion. Ils l'avaient jugée sur son simple genre. Sans rien savoir d'elle, ils l'avaient recalée d'office, sans lui laisser l'ombre d'une chance de leur prouver sa valeur.

Le pire, c'était que Anne ne leur en voulait pas. C'était envers la société qu'elle avait une dent. Envers cette société qui avait décidé qu'une femme ne pourrait jamais rien faire d'autre que cuisiner et materner ; que leurs corps féminins étaient trop fragiles pour porter la moindre charge, et leurs esprits trop frêles pour prendre la moindre décision importante. C'était cette même société qui donnait toutes les libertés aux hommes alors qu'elle emprisonnait les femmes dans des corsets et des conventions si contraignantes qu'elle leur empêchait le moindre mouvement.

C'est pour cela que lorsque les Cuthberth changèrent d'avis, Anne s'appliqua à tout faire comme les garçons, voire mieux. Car elle n'avait tout simplement pas le choix de se battre pour prouver qu'elle aussi méritait. C'était éreintant et fatiguant mais, dans son esprit d'enfant, elle avait déjà compris que ce n'était que le début d'un combat qui durerait toute sa vie.