Petit mot de l'auteure : texte écrit pour l'anniversaire de Dalila Bella !

Saison 3


« Nous devons la sauver »

Anne était arrivée pantelante devant elle, ses yeux remplis d'une colère froide à l'évocation du sort de Josie. Depuis l'incident du bal, la blonde subissait l'opprobre du village entier. Tous racontaient qu'elle s'était donnée à cette occasion à un garçon... quelle honte ! Mais la vérité était tout autre : son petit-ami l'avait caressée malgré ses protestations et, pour ne pas perdre la face quand elle avait fui, en pleurs, il avait raconté à tout le monde qu'elle sanglotait parce qu'elle regrettait de s'être comportée en pute. La rumeur s'était propagée et depuis, Josie était victime de la médisance de tous.

Bien évidemment, Anne avait refusé de rester les bras croisés et avait publié un article. Celui-ci avait fortement déplu à Josie puisqu'il n'avait fait qu'enflammer le débat sur ses actes mais une fois le remue-ménage, elle avait admis que les mots étaient justes. Diana avait donc espéré que l'histoire en reste là mais c'était mal connaître Anne. Elle voulait organiser une manifestation pour protester contre la censure dont ils avaient été victimes et contre la manière dont les femmes étaient traitées.

« Nous devons la sauver » répéta-t-elle. « Josie ne mérite pas ça. Nous ne méritons pas ça. On doit se battre »

Avant, Diana aurait claqué la porte à Anne pour avoir eu une telle suggestion. Faire une manifestation ? Et puis quoi encore ! Elle n'avait pas été élevée pour attirer l'attention sur elle, encore moins pour un acte aussi subversif qu'une marche colérique. À vrai dire, la Diane d'avant aurait même coupé les ponts avec la rousse pour avoir défendu Josie : la Diane d'avant aurait accepté la version de la bonne société sans en douter un seul instant. Parce que la Diane d'avant était une enfant docile, qui écoutait ses parents et la sacro-sainte morale, qui aurait jugé la blonde coupable sans même l'écouter.

Mais cela faisait bien longtemps que Diane n'était plus la Diane d'avant.

Parce que depuis, Anne était rentrée dans sa vie. Anne qui lui avait appris à aimer les hommes, qu'importe leur couleur de peau. Anne qui l'avait poussé à discuter avec Ka'Kwet et lui avait fait réaliser que ceux qu'on lui présentaient comme des sauvages n'étaient rien de plus que des humains avec une culture tout aussi riche que la sienne. Anne qui lui avait fait prendre conscience que la tante qu'elle avait toujours estimé par-dessus tout aimait les femmes et que, même si cela la perturbait grandement, elle réalisait qu'elle ne l'était peut-être pas autant qu'elle l'aurait cru.

La Diane d'avant était une enfant sage, modèle, estimée ; mais Diane préférait cent fois plus la Diane de maintenant, qui voyait le monde d'une manière plus douce, plus aimante, plus ouverte et qui était prête à se battre pour qu'il le devienne réellement.

Alors lorsque Anne lui dit qu'elles devaient sauver Josie, la Diane de maintenant n'hésita pas une seule seconde à accepter à se joindre à la manifestation.

« Nous la sauverons » promit-elle à son amie.

Et le mieux dans tout cela, c'était qu'elle était convaincue d'y arriver.

Après tout, Anne avait déjà réussi à la sauver des carcans de sa pensée.