Nick se tenait nerveusement devant la porte de la chambre d'hôpital de son petit-ami, tenant dans ses mains, un sac qu'il avait apporté à l'attention de ce dernier.

Il avait croisé Tori alors que Michael et elle rentraient enfin se reposer un peu et il hésitait depuis à entrer dans la chambre.

Ce n'était pas qu'il n'avait pas envie de voir Charlie, bien au contraire, mais il était encore très remué par les évènements de la veille et avait peur de l'état dans lequel il allait le trouver.

Décidant après une longue inspiration qu'il ne pouvait pas rester planté là plus longtemps, il finit par pousser la porte et un sourire timide se dessina sur ses lèvres lorsqu'il croisa le regard du brun qui était tranquillement assis dans son lit. Bon sang, comme il était soulagé et heureux de le voir malgré les circonstances. Ca voulait bien dire quelque chose, non ?

Il vint s'asseoir près de lui, lui trouvant l'air moins abattu, même si ce n'était peut-être que son imagination.

Ils se regardèrent, chacun hésitant à prendre la parole mais Nick finit par se pencher pour embrasser rapidement son petit-ami. Il se sentit soudain horrifié à l'idée qu'il avait failli ne plus jamais pouvoir faire ça.

Sa détresse dû se lire sur ses traits lorsqu'il éloigna son visage car Charlie lui lança un regard désolé.

- Comment tu… commencèrent-t-ils en même temps.

Ils échangèrent un sourire et la main de nick vint doucement serrer celle de son compagnon.

- Comment tu te sens ?

Charlie grimaça et eu un petit rire sans joie.

- Stupide… et… choqué.. je sais pas… je sais pas ce qu'il s'est passé, je comprends pas, je me souviens pas.. et je suis… vraiment, VRAIMENT, désolé, Nick.

- Ne t'inquiète pas.

- Tori et toi, vous n'auriez jamais du voir ça… comment j'ai pu vous faire ça ? S'étonna-t-il tout haut avec culpabilité. Tout allait si bien, je… je comprends pas, je te jure, Nick, j'ai jamais voulu vous faire ça.

- D'accord, je te crois, je te crois. Essaya de l'apaiser Nick.

- Vous méritez pas ça…

- C'est rien.

- Non, c'est pas rien ! S'exclama Charlie avec agitation. Tori doit être folle de rage… je lui avais promis que plus jamais je.. mais je… je sais pas ce qu'il s'est passé. Et toi… tu dois me prendre pour un fou..

- Non, arrête, je penserai jamais ça de toi.

- Mais je suis forcément cinglé pour faire un truc pareil sans même vraiment savoir pouquoi !

- Tu es malade, ce n'est pas ta faute.

- Mais alors de qui c'est la faute?

- Personne.

- Donc je ne peux en vouloir à personne d'être ce pathétique et misérable cliché ?

- Charlie, dis pas ça. Ca va aller, ça va s'arranger.

- J'allais si bien, Nick… avec les TOC et l'anorexie… j'allais mieux !

- Je sais, mais tu sais qu'on peut rechuter parfois, le principal c'est de s'accrocher. Je suis là, d'accord ? Et je serai là, à chaque fois que tu trébuches.

- Mais pourquoi ? Pourquoi tu t'infliges ça ?

Il y avait tant de désespoir dans sa voix que Nick en aurait pleuré, mais au lieu de ça, il essaya d'insuffler un peu de légèreté dans cette conversation surréaliste :

- Parce que je t'aime, espèce d'idiot. Tu es ma personne préférée sur cette terre, Charlie Spring.

A la façon dont il le regardait, il savait que Charlie ne le croyait qu'à moitié. Il y avait tant d'émotion dans son expression, un peu d'amusement et de surprise et peut-être un chouia d'embarras aussi. Plus de 3 ans qu'ils se connaissaient, comment Charlie pouvait-il encore douter de ses sentiments ? Peut-être qu'il ne le croirait jamais totalement et cette pensée attristait beaucoup Nick.

Mais Charlie abdiqua et lui offrit un de ses petits sourires craquant qui mettait ses fossettes en avant.

- T'es une vrai guimauve… se plaignit-il faussement.

- Mais t'aime ça, avoue !

Charlie eut un petit rire et secoua la tête. Sa main serra à nouveau celle du blond et il demanda:

- Et toi ? Comment ça va ?

- Ca va, t'inquiète pas pour moi.

- Nick, insista Charlie.

Il hésita. Il n'avait pas envie d'ajouter à son fardeau mais il ne voulait pas non plus lui mentir. Il posa doucement son front contre l'épaule de son petit-ami, incapable de soutenir son regard en prononçant ces mots :

- J'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie.

Charlie se mordilla la lèvre inférieur et lança un regard douloureux au rugbyman lorsqu'il se redressa.

- Je suis désolé.

- Je sais.

Il comptait en rester là mais une question le taraudait.

- Est-ce que… commença-t-il avant de s'interrompre.

- Quoi ?

- Non, laisse tomber, c'est rien, c'est stupide.

- Nick… qu'est-ce qu'il y a ?

Le blond baissa les yeux, se sentant honteux et redoutant la réponse à cette interrogation qui le torturait depuis l'appel de Tori, alors il lâcha, d'une petite voix :

- Est-ce que j'ai dit.. ou fait.. quoi que ce soit qui…

Sa voix se brisa et la main de Charlie broya la sienne alors qu'il criait presque :

- NON ! Non, non, bien sûr que non ! Ca n'avait rien à voir avec toi.

- Je me le pardonnerais jamais si je te faisais du mal, même sans m'en rendre compte, SURTOUT sans m'en rendre compte.

- C'est pas le cas. Tu es la meilleure chose qui me soit jamais arrivée. Être avec toi c'est la seule chose qui me donne envie de me lever le matin…

- Char'...

Il savait que Charlie essayait de le rassurer mais en réalité, cela ne faisait que l'inquiéter davantage. Il ne pouvait pas être la seule raison d'être de son petit-ami, pas vrai ? Ce n'était pas normal et ça n'était pas sain. Mais il ne pouvait pas lui dire ça, tout ce qu'il pouvait faire c'est être là et essayer de l'épauler, à défaut de vraiment l'aider.

- Ca n'avait rien à voir avec toi. Répété Charlie avec conviction.

- Alors… quoi ?

- Je sais pas… murmura-t-il en secouant la tête, semblant sincèrement perdu.

Le regard de Nick se posa sur les poignets bandés du brun et son estomac se tordit à l'idée des plaies qu'ils cachaient. Charlie surprit son regard et dégagea sa main pour la glisser sous les couvertures.

- Au fait, je t'ai apporté quelque chose ! Annonça Nick qui préféra faire comme s'il n'avait pas remarqué.

Il souleva le sac qu'il avait laissé près de son fauteuil et le déposa devant son ami qui s'empressa de libérer le sweat-shirt qu'il contenait.

- Tu m'as apporté un de tes sweat ! S'exclama-t-il avec un grand sourire en l'enfilant immédiatement avant de prendre une grande inspiration béate. Et il sent ton odeur… Merci, je l'adore.

- Je savais que tu aurais besoin de ta dose de Nick quotidienne !

- La ferme !

Ils échangèrent un petit rire complice, ce qui leur fit du bien à tous les deux. Puis Nick se pencha pour l'embrasser mais cette fois, Charlie ne se contenta pas d'un chaste baiser et l'attira plus langoureusement contre lui pour lui témoigner sa gratitude :

- Best boyfriend, ever !

Ils partagèrent un autre rire, puis un autre baiser, et les choses semblèrent retrouver leur place quelques instants.

- Au fait ! Et ton entretien ! C'était ce matin, ça c'est bien passé ? Se souvint soudain Charlie.

Nick fut ému qu'il s'en souvienne malgré les circonstances et préféra ne pas mentionner qu'il avait failli ne pas y aller.

- Heu oui plutôt, je commence demain.

- Ho ? Déjà… ?

- Oui mais je travaille de 13h00 à 21h00 et j'ai deux jours de libre dans la semaine.

- C'est super, je suis content pour toi.

Il souriait mais Nick savait à présent reconnaître ses vrais sourires des autres et celui-là rentrait définitivement dans la deuxième catégorie.

- On pourra se voir tous les jours, tenta de le rassurer Nick, et dès que tu sortiras, tu pourras venir à la maison.

- Bien sûr.

- Ma mère t'embrasse, d'ailleurs.

- C'est gentil.

- Tori a prévenu tes parents ?

- Oui, je les ai au téléphone toute à l'heure, j'ai réussi à les convaincre de ne pas rentrer tout de suite pour ne pas gâcher les vacances d'Oliver. De toute façon, je suis coincé ici encore quelques jours alors…

- Je passerai te voir tous les matins en attendant. Et je te prépare un petit programme de vacances dès que tu seras rentré !

- Tu n'es pas obligé de…

- Teuh teuh teuh, je ne te demande pas ton avis !

- J'ai beaucoup trop de chance. Sourit tendrement Charlie.

Et cette fois, il était sincère.