Les jours suivant s'écoulèrent tranquillement. Nick rendait visite à Charlie le matin et travaillait l'après-midi chez le glacier avec Rose qui s'avéra être une collègue drôle et agréable. Il ne voyait pas le temps passer au travail et était ravi de s'être fait une nouvelle amie.

Il s'arrangea pour être là quand Charlie pu enfin sortir de l'hôpital le samedi suivant et il le ramena chez lui où leurs amis avaient organisé une petite fête pour célébrer son retour. Le Paris squad avait répondu présent, ainsi que Tori et Michael. Tout ce petit monde avait accueilli Charlie avec des banderoles et des cadeaux. Un petit buffet avait été réalisé par Elle et Tara et Darcy avait mis un peu de musique, même s'il avait fallu calmer ses ardeurs pour s'entendre discuter.

- Alors, c'est comment de vendre des glaces ? Demanda Tara.

- Super ! Ma collègue est géniale et j'ai le droit à des échantillons gratuits illimités !

- La chance ! J'ai déjà envie de crever à arroser les plates bandes ! Se plaignit Darcy, toujours mélodramatique.

- Au moins, toi tu as un job. Soupira Elle. Ma mère refuse que j'en prenne un, elle dit que c'est sûrement l'un de mes derniers étés de farniente et qu'il faut que j'en profite.

- Et tu oses te plaindre ? Je distribue des chaussures de bowling qui puent toute la journée, moi ! Fit Tao d'un air indigné.

- Ca ne te change pas trop de d'habitude !

Charlie et Aled éclatèrent de rire. A priori, l'odeur des pieds de Tao était un sujet de moquerie récurrent dans leur petit groupe. Elle et Tao continuèrent à se chamailler et Nick se demanda ce qu'il se passait entre eux depuis leur rupture à la rentrée quand Elle était partie à la fac sans vouloir d'attaches. Ils avaient l'air toujours aussi proches pourtant.

- Ca va ? Demanda Charlie en lui donnant un petit coup de bassin, le sortant de ses pensées.

- C'est plutôt à moi de te demander ça, ce n'est pas "trop", cette petite fête ?

- Non, c'est parfait, c'est exactement ce dont j'avais besoin.

Nick sourit et posa ses lèvres dans la tignasse bouclée de son amoureux.

- Tant mieux alors.

Même si Charlie avait l'air d'aller beaucoup mieux, Nick restait inquiet malgré lui. Il avait l'impression d'être encore plus protecteur que d'habitude avec son petit-ami, tout en le tenant un peu à distance et cette ambiguité lui était pénible. Il savait que c'était parce qu'il n'avait pas encore percé l'abcès. Il n'avait pas réellement confronté Charlie sur les raisons de son acte, sûrement parce qu'il avait peur de la réponse ou peut-être parce qu'il était convaincu qu'il n'en aurait pas. Et il n'avait pas non plus avoué à quel point ce geste l'avait traumatisé et profondément choqué. Se retrouver de nouveau dans cette maison, une semaine après, était beaucoup plus difficile qu'il ne l'avait imaginé. C'était comme si toutes ses certitudes avaient volé en éclat et il ne savait plus ce qu'il croyait, pas plus que ce qu'il voulait. Il n'arrivait plus à se projeter dans l'avenir, trop effrayé à l'idée que Charlie n'en fasse pas partie parce qu'il ne serait plus de ce monde.

Heureusement, son travail lui permettait au moins de se sortir ses angoisses de la tête pour quelques heures et il en était reconnaissant.

- Tu danses avec moi ? Demanda Charlie avec un air candide.

- Quoi ? Ho tu sais…

- S'il te plaîîîîîît !

Il était tellement à croquer avec ce grand sourire et ses fossettes que Nick acquiesça et l'enlaça contre lui avec force, en profitant pour glisser son nez dans son cou et humer son odeur.

C'était un vieux tube des années 2000 mais les paroles résonnèrent particulièrement à ses oreilles ce jours-là.

Baby, I'm too lost in you

Caught in you

Lost in everything about you

So deep I can't sleep, I can't think

I just think about the things you do

I'm just too lost in you

- La Terre appelle Nick ?

- Ho pardon, quoi ?

- Tout va bien ? Tu avais l'air dans la lune.

- Oui, oui, ça va, je suis juste… fatigué.

- A cause du boulot ?

Non, en réalité, il dormait très mal depuis qu'il avait été réveillé au milieu de la nuit par une Tori en pleurs. Mais il décida de ne pas partager cette information avec celui qui en était indirectement responsable.

- Ouais… sûrement, le changement de rythme, tout ça.

Charlie ne répondit pas tout de suite, profitant encore de l'étreinte de son petit-ami.

- Tu restes dormir ?

La question le prit de cours. C'est vrai que cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas partagé le même lit et cela lui manquait, mais il appréhendait aussi car il faisait des cauchemars presque toutes les nuits.

- Ho. Je ne sais pas, je...

- S'il te plaîîîîîît? Supplia-t-il encore en prenant un air super mignon. Tu m'as vraiment beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP manqué...

Nick rit, attendri, et vint glisser ses lèvres près de son oreille pour chuchoter :

- Tu sais que je peux rien te refuser, les désirs de Monsieur Spring sont des ordres…

Charlie rougit avec un petit rire embarassé et l'embrassa passionnément. Il avait l'air si heureux que Nick aurait du en être soulagé, mais au lieu de ça, son coeur se serra à cette vision. Il ne pouvait pas s'empêcher de se demander si ce n'était pas qu'une façade. Il avait lu beaucoup de choses sur le suicide ces derniers jours et rien ne l'avait vraiment rassuré. Au contraire, il se demandait s'il allait s'inquiéter comme ça jusqu'à la fin de sa vie.

Leurs amis finirent par s'éclipser et Nick suivit son petit-ami dans sa chambre, étouffant un bâillement. Il avait du lutter pour ne pas s'endormir sur le canapé un peu plus tôt et était reconnaissant de pouvoir enfin se coucher.

Charlie vint se blottir contre lui, entremêlant leurs jambes.

- Merci d'avoir organisé tout ça.

- C'était pas grand chose et je n'étais pas tout seul.

- Je sais mais quand même.

Nick haussa les épaules un peu gêné et posa un baiser dans les cheveux de son chéri.

Il sentait que Charlie attendait davantage à la façon dont sa main caressait son torse sous son tee-shirt mais il ne pouvait pas. Il faisait un blocage. Pour la première fois depuis qu'ils avaient franchi le pas, Nick était incapable de répondre aux avances de son amant. Pas parce qu'il ne voulait pas, parce qu'il ne pouvait pas. Il avait l'impression que quelque chose s'était brisé en lui, et il se sentit terriblement triste.

- Désolé, Char', je suis crevé… dit-il nerveusement.

- Ho. Répondit Charlie, surpris en retirant doucement sa main. C'est pas grave, t'excuse pas.

Se sentant malgré tout coupable, tout en sachant qu'il n'avait aucune raison de l'être, Nick se contenta de le serrer un peu plus fort contre lui.

- 'nuit.

- Bonne nuit Nick.

Il ferma les yeux et se laissa emporter par le sommeil malgré l'agitation de ses pensées.