Bonjour, bonjour,

Je suis l'autrice de cette fic. Comme je galère souvent quand les fics se passent en meme temps que les livres pour me souvenir de la chronologie, je vous mettrai au début de chaque chapitre une liste des tomes avec un tiré devant le tome où l'on se trouve.

ça facilitera la lecture, il me semble.

Je cherche toujours à faire des fics qui respectent scrupuleusement le canon, et sont très fidèles au plus petits détails de ces livres que j'adore. Donc pas de personnage canonique qui sorte de ce qu'on attend de lui.

Par contre, je ne suis pas encore sure de respecter ce que la conclusion de la saga fait de Rogue. On va voir ça.

- Ecole des sorciers

la chambre des secrets

Le prisonnier d'Azkaban

La coupe de feu

l'ordre du phénix

Le prince au sang mêlé

Les reliques de la mort


Prevel Apothicary (ex abbott's apothicary)

Chemin de traverse

Décembre 1991

Chère Sophie,

Le magasin est maintenant ouvert. Les premiers jours, j'ai eu beaucoup de fréquentation, peu de chiffre, le panier moyen reste très petit mais c'est encourageant. Je pense que les gens sont venus en curieux pour visiter la boutique après travaux et me jaugent encore pour savoir quelle confiance m'accorder.

Je ne m'inquiète pas, les prix sont corrects, la qualité est là, je me différencie avec les produits frais. Il me manque juste un produit d'appel.

J'ai placardé mes affiches publicitaires pour du tue-loup et fait paraître une annonce pour en vendre par correspondance. "On" (Mrs Ogden, une affreuse voisine qui vend des robes de sorcier d'occasion) m'a fait savoir que ça faisait jaser et que ça attirerait une clientèle dont "on" ne veut pas. Je lui ai répondu que je ne connaissais aucune clientèle dont je ne voudrais pas, et que c'était justement de jaserie dont j'avais besoin. Donc je vais m'acharner sur le tue-loup, parce que j'y crois mais aussi parce que je suis ravie de l'embêter.

Malheureusement, le tue-loup que je peux fabriquer, même en le vendant comptant, reste trop cher pour un produit d'appel. Ta solution pour remplacer l'asphodèle par de l'archillé millefeuille est intéressante. Je suis en train de faire des expériences avec de la mélisse. Je profite des moment calmes pour faire mes petites expériences dans mon "labo" guernesiais. Entre deux clients, je me faufile par les portes fenêtres et retourne dans ma remise pour tester mes hypothèses.

Il faudrait néanmoins que j'installe un sort pour me prévenir quand quelqu'un rentre. Je me suis fait surprendre par un client qui avait traversé le portail, l'autre jour. Et pas n'importe quel client. De tous les londoniens qui font tinter la clochette de la boutique, il a fallu que ce soit la chauve-souris géante qui passe la tête. Je me suis dépêchée de lâcher les tubes à essai et les fioles, mais dans le temps qu'il me faut pour retirer le tablier d'herboriste, me laver à la brosse les mains et repasser ma blouse, le professeur Rogue était déjà en train de faire tourner entre ses longs doigts crochus un des tubes.

Je lui ai proposé de repasser dans la boutique pour pouvoir le servir, mais il était si fasciné par le soluté qui avait permis à la graine de germer dans le tube à essai que je me suis sentie obligée de lui expliquer l'expérience.

Ce n'est pas une manipulation compliquée, mais elle n'est pas courante en angleterre. Le professeur avait l'air vraiment intéressé. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Peut-être avais-je besoin d'interactions sociales après ces mois à brosser du moisi, ou juste j'étais flattée d'avoir su faire naître une micro-once d'urbanité chez cet être d'ordinaire antipathique, je lui ai proposé de lui montrer l'expérience et de partager un thé.

Bon, je suis d'accord, ce n'est pas grand chose, mais cette proposition l'a tellement désarçonnée que ça en est risible. Je crois qu'il n'a accepté que pour la manipulation et la confiture de rhubarbe. Surtout la confiture.

J'ai, cette fois, bien retourné le panonceau d'ouverture, verrouillé la porte du magasin et reprit mon explication sur le tue-loup, l'asphodèle, ses succédanés et la manipulation elle-même.

Le professeur avait la tête d'un professeur qui lit un devoir prometteur mais insuffisant. Il a démonté assez sèchement mes hypothèses sur les succédanés de l'asphodèle, je le voyais presque rayer à la plume rouge mon parchemin imaginaire. J'ai fini par le corriger à mon tour. Moins sèchement mais assez justement pour qu'il se fige. Ce pauvre homme ne doit pas souvent être remis en question sur son domaine de prédilection.

Il a réfléchi.

Commencé une phrase.

S'est arrêté à nouveau et à reréfléchi en regardant l'éprouvette.

Puis il m'a regardé dans les yeux sans sembler me voir, et enfin, m'a dévisagé.

Plus de son regard froid et désapprobateur, il m'a dévisagé d'un regard perçant, intelligent et étonné.

"Vous savez, ce que vous dites est juste".

As-tu jamais entendu de compliment plus impertinent. Il était étonné que je dise quelque chose de juste qu'il ignorait.

Ma foi, j'ai réagi comme réagirait tout le monde dans ma situation. J'ai éclaté de rire, lui ai dit que je savais, oui, que j'avais raison, et lui ai reproposé une tartine de confiture. C'était un agréable goûter.

Quand j'ai raccompagné l'auguste savant, il était redevenu le froid professeur, mais m'a tout de même serré la main, et m'a (accroche-toi à ton siège) remercié pour les tartines.

Tu sais que ses élèves l'appellent la chauve souris des cachots ? Je suis tellement seule que je finis par trouver sa présence À LUI agréable.

Invite-moi pour le weekend, Sophie chérie. J'ai besoin de discussions stimulantes, de câliner Sophinette et d'aller faire les magasins. Les vrais, ceux où tout est lumineux et coloré.

Je vous embrasse,

Hellebore.


Compass cotage

Guernesey

Janvier 1992

Chère Sophie,

Merci pour ces deux jours joyeux. Pardon encore pour le carreau cassé, Sophinette n'y est vraiment pour rien, c'est vraiment ma faute, ce mini balais volant est difficile à contrôler.

Je suis vraiment ravie de mes achats. Je sais que tu trouves la jupe trop longue et les blouses en dentelle trop collet monté, mais pour Londres, elles sont très osées. Ma chère voisine, Mrs ogden, celle qui vend des robes d'occasion, me prend pour une française aguicheuse. Je vais déjà devoir lui faire comprendre que Guernesey est au Royaume-Uni, je suis contente de ne pas avoir à la décevoir sur tous les plans. J'espère juste que ce n'est pas trop… Trop, pour le goût local. Je suis presque sûre d'avoir un pied sur la limite.

Mon honorable chauve-souris professorale me fait justement douter à ce propos. Il est repassé un jour de fermeture pour qu'on expérimente quelques hypothèses sur l'archillé (malheureusement la mélisse n'a pas rempli ses promesses).

Il avait bien sûr dûment écrit une missive très polie (et froide) pour bien souligner à quel point ses intentions étaient purement scientifiques et pas du tout de nature sociale, et quand je lui ai proposé par retour de passer le lundi à mon cottage de Guernesey, il s'en est suivi un échange interminable de circonvolutions et politesses qui m'ont lassées autant que le hiboux qui a enchaîné les allers-retour.

J'espère que tous les anglais ne sont pas aussi frileux en matière sociale ou je ne suis pas prête de trouver quelqu'un pour nourrir mon chat si je viens vous voir. Et malgré ces échanges ne laissant aucun doute sur la nature purement académique de cette visite, quand j'ai ouvert la porte au sieur, il a semblé avoir une attaque d'apoplexie. D'où mon inquiétude sur l'inconvenance de ma tenue française. Je me demandais si elle était trop transparente ? Ou la dentelle du corsage laissait trop deviner mes dessous ? Mes chevilles étaient trop visibles ?

La vérité est encore plus absurde.

Il m'a dit textuellement : "veuillez m'excuser pour ma réaction, ce sont vos cheveux…"

Bon, honnêtement j'ai eu du mal à retenir une moue incrédule. C'est vrai qu'il ne les avait jamais vu puisqu'au magasin, tu le sais, je les enturbanne pour éviter les contaminations de produits. "Je ne m'attendais pas à ce que vous soyez rousse" m'a t'il dit, d'un ton très douloureux.

Tu serais fière de moi, je lui ai répondu d'un ton presque pas moqueur que j'aurais dit auburn plus que roux mais que si ma chevelure le mettait dans cet état, je pouvais envisager de me raser la tête. Il n'a pas saisi du tout l'ironie, et est resté à me fixer, perdu.

Bon, heureusement au bout d'une longue tasse de thé à alimenter péniblement la conversation, il a fini par se reprendre. Mais comme tu vois, si la faune locale réagit aussi étrangement à la vue de mes cheveux, imagine les réactions si je porte "cette" robe. Et pourtant, je rêve d'occasions de la porter.

Merci encore pour le weekend, les livres de Peter Rabbit sont pour Sophinette, elle va adorer, j'en suis sûre.

Je vous embrasse,

Hellebore


Poudlard

Pré-au-lard

Février 1992

Chère Lily,

J'ai été à nouveau foudroyé par ton souvenir aujourd'hui.

Miss Prevel n'a rien fait pourtant. Bon.. Rien…

Elle est belle, attirante, sensuelle. Elle irradie de générosité comme toi tu irradiais.

Pas tout à fait comme toi car tu le faisais sans t'en rendre compte, presque naïvement, sans fard, sans chercher à plaire. Elle, elle séduit, elle en est consciente et elle semble aimer ça.

Quoique je ne crois pas que son art de la séduction me soit adressé spécialement, ou en tout cas plutôt moins qu'aux autres clients qui se disputent ses faveurs. Elle doit gagner une fortune en vendant des demi-onces d'œil de scarabées à des badauds qui ne les utiliseront surement pas, venus juste pour discuter et se rincer l'œil.

Ce n'est seulement physiquement qu'elle séduit. Chaque mot, chaque geste qu'elle adresse à ceux qui l'entoure est attentionné, agréable et nous fait nous sentir unique. Sa couleur de cheveux est la même que la tienne, mais la ressemblance s'arrête là. C'est bien sa gentillesse qui te ressemble. Je suis attiré bien sûr, autant que tous ces individus qui se pressent dans ce magasin pour dépenser trois noises en produits sans utilité.

Mais j'ai honte de l'être, honte de trahir ton souvenir, surtout sachant que cette attraction ne peut bien-sûr pas être réciproque.

Tu sais qu'on m'appelle la chauve-souris du cachot ? C'est bien ce que je suis, un être effrayant et repoussant qui devrait se terrer dans sa cave pour ne pas déranger les êtres humain qui vivent à la lumière.

Si seulement tu pouvais être là.

A toi pour toujours,

Severus