- Ecole des sorciers

la chambre des secrets

Le prisonnier d'Azkaban

La coupe de feu

l'ordre du phénix

Le prince au sang mêlé

Les reliques de la mort


Compas cottage

Guernesey

Juin 1992

Lettre non envoyée

Chère Sophie

J'ai besoin de raconter ce qui m'est arrivé, mais Merlin, je ne sais pas si ces choses se disent à l'écrit. Je ne suis pas sûre de t'envoyer cette lettre.

Ce qui s'est passé est tellement incroyable que je crois que si je ne te raconte pas chronologiquement, tu ne comprendras jamais.

C'était un jour classique dans le magasin, un client m'a demandé de l'essence de mandragore, ce qui est beaucoup moins classique.

J'en ai bien sûr. Et comme tous les fragiles produits qu'on ne me demande jamais mais qu'il faut avoir parce que tous les apothicaires en ont, elle est stockée à l'abri de la lumière dans les très lourdes jarres-qu'il-ne-faut-pas-faire-léviter, tout en haut des étagères.

Il doit y avoir un phénomène spécial de gravité autour des étagères. Tout ce qui est en haut ou en bas est toujours beaucoup plus lourd que ça ne devrait.

J'ai donc escaladé mon échelle, soulevé ma jarre dans un "ouf" digne d'un porteur d'eau tellement elle est pesante, et je m'apprêtais à descendre quand évidemment "il" est rentré dans le magasin.

Celui dont la présence suffit à me mettre mal à l'aise depuis mon anniversaire et cette soirée trop intime.

Ce n'est pas son passé de mangemort qui me met mal à l'aise. Ce sont ces confidences qu'on a échangées, et ce degré d'intimité qu'on partage sans que je sache exactement où en sont nos relations. Plus seulement professionnelles ou académiques, c'est sûr. Amicales ? Je suis moins sûre.

Je crois qu'il était tout aussi mal à l'aise.

Et de toutes les personnes de cette ville, il a fallu que ce soit LUI qui entre dans le magasin alors que je soulevais une jarre extrêmement lourde de substance instable et dangereuse en équilibre précaire sur une haute échelle.

Ce n'était pas écrit que ça tournerait à la catastrophe. Ces dix dernières années, je dois compter les accidents professionnels sur les doigts d'une main.

Mais enfin ils sont concentrés sur les jours où ma mère est morte et celui où la police moldue est venue arrêter George.

Donc il y avait peut être un risque que j'aurais dû prendre en compte.

L'accident fut moins grave qu'il n'aurait pu être puisque je me suis juste retrouvée avec le bras aspergé de cette essence terriblement acide, sans dommage plus grave à déplorer.

Évidement, le client s'est affolé quand la jarre a volé et s'est renversée, mais j'ai maîtrisé la jarre et mon échelle malgré la douleur et Severus Rogue a réussi à m'aider à descendre.

Quand il a vu mon bras brûlé, il m'a mené de l'autre côté du portail au labo et m'a aidé à retirer ma chemise gorgée d'acide.

Je l'ai renvoyé entre deux hoquets de douleur finir de servir le client et fermer le magasin, et ai fait couler un jet d'eau continue de ma baguette sur le bras en attendant.

Je n'aurais pas cru avoir autant d'autorité pour qu'un auguste professeur réputé odieux (mais il vaut plus que sa réputation, c'est une évidence) obéisse à cet ordre très peu gracieusement formulé alors qu'il ne me devait rien.

Il s'est pourtant acquitté de la tâche avec une compétence dont je ne doutais pas une seconde et une diligence sur laquelle j'aurai moins parié.

Il est revenu rapidement, et là, nous nous sommes retrouvés face à une situation très gênante.

J'étais donc en tenue légère (rien de complètement indécent, mais effectivement, l'échancrure de ce corsage et la transparence n'en font pas une tenue dans laquelle on reçoit), avec une brûlure profonde et très douloureuse à soigner, les idées embrumées par la douleur et l'homme qui se proposait de m'aider semblait tétanisé sans parvenir à quitter des yeux des organes qui pourtant ont une fonction primaire en matière d'alimentation infantile et ne justifient pas un tel atermoiement.

Je crois que lui hurler dessus était la meilleure solution pour le sortir de la torpeur. Même si avant de courir me chercher l'essence de murlap que je lui demandais, il lui a semblé primordial de recouvrir ma poitrine de sa cape.

"Je me doute que vous n'êtes pas de marbre et que je vous en demande beaucoup, mais pourriez-vous verser l'essence sur les brûlures ?"

Mes précautions oratoires étaient inutiles, il a réussi à se ressaisir pour mener la tâche de soin avec application.

Puis, pâle comme tu peux l'imaginer, il m'a demandé si je souhaitais qu'il parte ou s'il pouvait rester, ayant tout loisir de m'aider puisque ses cornichons d'élèves venaient de partir en vacances.

Après la douleur et l'effervescence, j'ai éclaté d'un rire incontrôlé et sans y réfléchir, j'ai posé ma main sur la sienne pour le remercier et m'excuser de l'avoir houspillé et mis dans une situation aussi gênante.

J'oublie toujours qu'il n'a pas l'habitude des gens tactiles et que ces simples contacts physiques le mettent dans tous ces états.

Il a regardé ma main, et sans oser la retirer, s'est relevé.

- Je suis vraiment navré Miss Prevel, comme vous l'avez dit, je ne suis vraiment pas de marbre, veuillez m'excuser, je préfère…

- Pardon, je n'aurais pas dû me permettre de vous toucher.

- Non ! Si ! Ce n'est rien, ce n'est que… Je ne suis pas assez stoïque pour…

- Pour ?

Il a inspiré profondément, puis… Rien dit. Tétanisé.

J'ai continué à sa place.

- J'aimerais vous embrasser, professeur. Puis-je ?

Il a semblé tomber des nues. J'ai attendu patiemment qu'il reprenne ses esprits et fasse un mouvement, dans un sens ou l'autre pour savoir à quoi m'en tenir. Mais ça ne venait pas.

Professeur, nous ne sommes plus des adolescents plein d'idéaux et d'idées ridicules sur l'amour. Nous avons le droit d'admettre une attraction physique mutuelle, sans avoir à définir si elle précède ou non une future envie de relation sentimentale ni qu'elle ne mette en péril notre amitié naissante.

J'aimerais vous embrasser, vous serrer dans mes bras, sentir votre souffle contre ma peau et votre corps contre le mien, et pourquoi pas plus. Si cette envie n'est pas partagée, bien sûr, j'en ferai mon deuil.

- Non !

Il peut être extrêmement péremptoire par moment.

- Non ? Très bien.

- Si.

- Ah. Très bien. Mieux.

J'ai ri et l'ai embrassé, longuement et avec douceur.

Je l'imaginais perdu, je ne sais pas si j'étais loin du compte ou pas. Il m'a fixé, puis regardé ma main, toujours dans la sienne et l'a embrassée.

Puis une deuxième fois avec plus de fièvre.

Les baisers sont remontés le long de mon bras blessé jusque dans mon cou, me faisant frissonner.

Puis de mon cou à mon visage et enfin, ma bouche.

Merlin. J'ai passé la nuit avec Severus Rogue, je n'arrive pas à y croire.

Hellebore


Compas cottage

Guerbesey

juillet 1992

Ma Lily,

J'ai honte, tellement honte. Cette nuit, pour la première fois depuis ta mort, j'ai été faible. Le désir m'a consumé.

Le lendemain, je me suis réveillé en sentant sa présence dans mes bras. Si chaude, si douce, si vivante.

Son bras était encore raide et, visiblement, douloureux de l'accident de la veille, je l'ai aidé à s'habiller.

Je me sentais sale, j'étais gêné, agrafer ce corsage qu'elle porte en sous-vêtement et que j'avais dégrafé la veille me faisais frémir de dégout de moi-même, et j'en ai si honte, de désir encore.

Pourtant elle était aussi lumineuse et joyeuse que d'ordinaire, elle plaisantait d'un ton badin en souriant, et meme m'embrassait dès que les circonstances le lui permettaient.

Merlin que cette femme est belle. Je la trouvais déjà belle quand je ne savais pas ce que ses robes recouvraient, mais maintenant, chaque mouvement d'elle me rappelle ce corps si sensuel et désirable.

Je te trahis ma Lily, je trahis ton souvenir.

Je n'ose pas espérer qu'elle souhaite renouveler les… Événements de cette nuit. J'en frémis encore. Je croyais avoir refouler très profondément ces désirs. Depuis… Depuis ta mort Lily, je ne pensais plus jamais éprouver pareille fièvre.

Pourtant, je suis sûr que si elle me le permettrais, je céderais encore.

Elle a réveillé ce désir, et l'a attisé, par Merlin, avec quel feu. Je suis vraiment faible, Lily. J'ai honte de m'être laissé aller, et en même temps, mon corps et mon esprit réclament encore sa chaleur et son étreinte.

Ce n'est pas que son corps, Lily, elle est lumineuse, joyeuse. Elle est vivante, ma Lily. Pardonne moi.

Je me laisse entraîner alors que je ne sais presque rien d'elle, même pas son prénom.

Je me sens si coupable. Pourtant je dois me comporter en personne normale. Malgré mon envie de m'enterrer dans un trou, de retourner me suspendre dans mon cachot, je ne peux pas simplement disparaître après… Après ce que nous avons fait. Elle me prendrait pour le dernier des goujats. Ce que je suis pourtant sûr d'être mais j'aimerais qu'elle ne le sache pas.

J'aimerais savoir si elle veut que je parte ou que je reste, si je dois badiner (Merlin m'en garde, je ne saurais pas par où commencer) ou bien être sérieux.

Elle ne semble pas aussi secouée que moi par cette tempête intérieure d'incertitude.

Peut-être a-t-elle l'habitude de ramener des hommes dans son lit. Elle m'a expliqué qu'elle se sentait libre de succomber à ses pulsions sans se poser beaucoup de questions ensuite.

Je crois que je désapprouve mais si cette liberté fait partie d'elle et de sa fraîcheur, je l'accepte.

Merlin, comme je voudrais l'embrasser et comme je me déteste de vouloir l'embrasser alors qu'elle n'est pas toi.

Severus