Ecole des sorciers
- la chambre des secrets
Le prisonnier d'Azkaban
La coupe de feu
l'ordre du phénix
Le prince au sang mêlé
Les reliques de la mort
Compass cottage
Guernesey
juillet 1992
Chère Sophie,
Il est toujours là. Ça fait plusieurs jours maintenant.
Et je n'ai pas envie qu'il parte.
Mon bras blessé est une excuse amusante à sa présence.
Je ne sais pas dans quelle mesure nous en sommes dupes.
Il n'est handicapant que de jour, quand il s'agit de justifier la présence de Severus, et la douleur est oubliée quand la nuit tombe et que d'autres activités nous accaparent.
Il a fini au bout du deuxième jour par oser me demander mon prénom.
Dans la circonstance la plus adaptée, puisque nous étions dans la baignoire, où, tu te doutes, nous venions de finir une discussion sur les techniques de macramé.
Je n'étais pas très réceptive, je le crains, encore concentrée sur les problématiques soulevées par le macramé. Il lui a fallu répéter plusieurs fois sa question.
J'ai repris suffisamment mes esprits pour m'amuser qu'au bout de deux jours d'intimité vraiment approfondie, il ne le connaisse pas.
Tu sais, cet homme est un paradoxe. Il est la terreur de Poudlard, ses sarcasmes sont réputés pour leur cruauté, pourtant depuis qu'il passe ses journées à jardiner et à m'embrasser dans une tenue fréquemment indécente, il passe son temps à s'excuser pour tout et rien.
Donc quand on a enfin pu venir à bout de son chapelet d'excuses pour ne pas m'avoir demandé plus tot mon prénom, nous avons conclu que ne pas connaitre le prénom de la femme avec qui on fait l'amour depuis deux jours était pire que de la traiter en prostituée.
J'allais sortir de la salle de bain, drapée dans mon indignation, le laissant ressasser ses remords quand il a remarqué que j'étais hilare et m'a rattrapée pour m'extorquer mon prénom, me menaçant de ne pas cesser de m'embrasser tant qu'il ne le connaitrait pas.
J'avais l'intention de le laisser mariner plus longtemps quand j'ai vu que nous étions en train d'inonder le parquet du couloir, la menace a semblé à considérer.
Donc il répète maintenant mon prénom à chaque occasion, plusieurs fois par heure, tout à fait inutilement, ce qui est cher payé pour un vieux parquet rayé, tu en conviendras.
Je vais rouvrir le magasin, je pense que la blessure est maintenant assez cicatrisée. Mais j'aimerais vraiment qu'il reste. Il y aura peu de clients pendant l'été jusqu'à ce que les collégiens viennent préparer leur rentrée. Je peux profiter de sa présence à Guernesey et juste repasser dans la boutique quand nécessaire.
Je crains qu'à tout moment il finisse par se souvenir qu'il existe une autre vie que le cottage et le jardin. Comment lui demander de rester sans alourdir ce qui est si agréable justement du fait de la légèreté et de la non-prise de tête.
Je t'embrasse,
Hellebore.
Compass cottage
Guernesey
aout 1992
Chère Sophie,
Cette fois, il est parti. Il m'a annoncé la triste nouvelle ce matin, je t'avoue que je me doutais qu'on avait atteint la fin de nos vacances sportives, puisque l'école reprend dans une semaine.
J'ai pourtant soupiré à chaque utilisation de mon pauvre bras blessé, mais après les dernières péripéties de la nuit dernière, plus personne ne peut croire raisonnablement à mon handicap.
Il m'a expliqué qu'il devait vraiment passer un peu de temps chez lui pour récupérer des affaires et corriger des copies.
Merlin que son métier est pénible.
Les jardiniers, eux, n'ont pas ce genre de soucis, de même que les préparateurs de commande (deux domaines dans lesquels les vacances ont montré qu'il serait le meilleur employé à exploiter du Royaume-Uni).
Après avoir réussi par de nombreux baisers langoureusement longs à retarder son départ, il a fallu nous résoudre à nous quitter.
Je ne le reverrai au mieux que dans d'interminables jours quand il mettra à profit sa demi journée sans cours pour venir s'approvisionner à l'apothicairerie.
Ta Hellébore qui ne dramatise pas du tout.
Compass cottage
Guernesey
aout 1992
Cher Severus,
Je ne sais absolument pas quoi t'écrire puisque nous nous sommes quittés il y a seulement quelques heures et avons essoré la majorité des sujets de conversation ces dernieres (très agréables) semaines.
Alors je profite de cette lettre pour te demander si vraiment tes amis t'appellent Severus.
Le début de cette lettre, ce "cher Severus", me semble invraisemblablement inamical.
As-tu un surnom ?
Je t'embrasse,
Hellebore.
Impasse du tisseur
Carbone-les-Mines
aout 1992
Ma chère Hellebore,
Non pas de surnom à ma connaissance. A part, bien sûr, ceux dont m'accablent mes cornichons scolaires, mais ça ne doit pas être ce que tu as en tête.
L'utilisation d'un sobriquet n'est sûrement pas indispensable ?
Bien à toi,
Severus
Compass cottage
Guernesey
aout 1992
Severus Chéri,
Tes amis t'appellent donc réellement Severus ?
Il ne s'agit pas de sobriquet mais de nom d'affection.
Affectueusement,
Hellébore
Impasse du tisseur
Carbone-les-Mines
aout 1992
Mon Hellébore,
Je préfère nier avoir des amis (crois-tu que je ne te vois pas venir ?) Que d'imaginer que tu m'appelles d'un surnom dégoulinant de guimauve.
A toi,
Severus
Compass cottage
Guernesey
Aout 1992
Sevy peut-être ?
Tendrement,
Hellébore
Impasse du tisseur
Carbone-les-Mines
Aout 1992
Non.
Ton sincère,
Severus
Compass cottage
Guernesey
Aout 1992
Mon canard ? Chaton ?
Je t'embrasse,
Hellébore
Impasse du tisseur
Carbone-les-Mines
Aout 1992
Merlin ! Non.
Tout à toi,
Severus
Compass cottage
Guernesey
Aout 1992
Bon. La conclusion est évidente. Le sujet doit être abordé de vive voix.
Affectueusement,
Ton Hellébore.
Impasse du tisseur,
Carbone-les-Mines
Aout 1992
De toutes évidences.
Viens.
Sincèrement tien,
Severus
