Chapitre 9 - relation indéfinissable

Ecole des sorciers

la chambre des secrets

- Le prisonnier d'Azkaban

La coupe de feu

l'ordre du phénix

Le prince au sang mêlé

Les reliques de la mort


Prevel apothicary

Chemin de traverse

Février 1994

Chère Sophie,

Tu m'as bien reconnue sur les photos de ce congrès de potionnistes.

J'espère que le titre ne t'a pas trop inquiétée.

Tu as raison de te demander comment moi, petite apothicaire mineure, me retrouve au milieu de ces pontes des chaudrons.

Je me suis demandée une partie de la soirée ce que je faisais là.

C'est-à-dire, je ne me demandais pas, parce que je savais que j'y allais pour recevoir un prix pour la synthétisation de l'asphodèle, en commun avec Severus.

Au milieu de ces vieux sorciers tous imbus d'eux-même, j'ai commencé à me sentir mal à l'aise. Je les connais tous pour leur avoir vendu des produits. Mais ce soir, clairement, j'étais du mauvais côté du tablier.

Certains sont venus me parler, mais les conversations tournaient toujours autour de la magnifique découverte de Severus et de ma contribution. Qu'en somme j'avais été bien aimable de laver les éprouvettes et de tendre les réactifs.

Et cette splendide robe fut plus une gêne qu'autre chose. Pendant que ces messieurs me chargeaient de transmettre leurs félicitations à Sev, ils en profitaient pour lorgner sur mon décolleté. Je comprend mieux pourquoi les (très rares) autres femmes portaient des robes qui me rappelaient plus des uniformes de religieuses que des robes de cocktail.

Le clou du cercueil a été un moment humiliant où quelqu'un m'a fait des avances en me caressant la hanche, au milieu d'une assemblée dense qui faisait semblant de ne pas remarquer, pour finir par poser ses mains sur des endroits qui doivent faire l'objet d'une autorisation.

Je m'en veux de n'avoir pas réagi comme j'aurais voulu. Au lieu de lui planter mon talon dans le pied, je suis restée figée, craignant de faire un esclandre ou qu'on nous ait vu. Ce que je peux être bête parfois.

Je crois comprendre que dans ce genre de cercle, tu es forcement la femme trophé d'un des invités. Et quand le statut n'est pas clair, les hommes peuvent réagir comme des animaux qui s'affrontent pour savoir qui est le dominant.

Un homme, pour dominer une femme, s'y prendra toujours de la meme façon.

Je me suis effacée dans un coin dès que j'ai pu. Je me sentais très mal, espérant simplement disparaître sous terre.

Si bien que quand Severus a fini par venir me parler, je dois admettre que je ne lui ai pas fait le meilleur accueil.

Je m'étais terrée tranquillement dans un coin sombre.

Ne te moque pas, mais je dois t'avouer que j'étais peut-être en larme, et il a fallu qu'il vienne me rejoindre avec deux flûtes à champagne, tout souriant de la bonne soirée qu'il passait.

J'étais vraiment très remontée. Il est possible que je lui ai un peu craché mon venin dessus. Alors que le pauvre, n'y était pour rien. Je me souviens qu'il avait un peu insisté pour que je rédige seule l'article.

Mais de ce que j'ai vu ce soir, je réalise que l'article n'aurait jamais été publié si moi, apothicaire, l'avais signé seule. Il fallait qu'un membre du sérail signe aussi.

Sev m'a consolé du mieux qu'il a pu (donc pas du tout, parce qu'impossible de rentrer dans mes gonds dans une atmosphère aussi pénible). Je crois qu'il m'a promis d'émasculer mon agresseur, ce qui m'a fait un peu rire sur le coup, puis finalement plus trop maintenant que je me souviens qu'il a été mangemort.

Je n'avais pas encore réussi à remonter la pente que nous avons été appelé pour la remise du prix

Le discours du président de l'auguste cercle de potionnistes a été à l'image du reste de la soirée. Il a même dit "le professeur Rogue et son assistante, premiere femme à recevoir notre prix" mais n'a pas cité mon nom.

Au moment de monter sur l'estrade, je suis restée clouée sur place, je n'aurai pas bougé si Sev ne m'avait pas entrainé.

Le cerveau quand il est choqué remarque vraiment des choses absurdes. Le mien a noté que Sev avait posé sa main posée sur mon épaule, ce qui ressemblait un peu à une étreinte. Severus Rogue, toucher quelqu'un en public… Il devait vraiment être hors de lui.

Il m'a poussé avec douceur vers le devant de la scène, mais je bouillais tellement de fureur que je ne parvenais pas à articuler un mot.

Il a pris ma place, et à la surprise générale, a traité ses collègues d'ingrats lubriques engoncés dans leur sexisme.

Qu'il ne s'étonnait plus que cette société de potionnistes n'ait été à l'origine d'aucune découverte majeure maintenant qu'il constatait avec quel mépris de classe et machisme il traitait plus de la moitié de la population sorcière ayant pour seul tort d'utiliser le feminin pour se désigner.

Qu'il tenait devant les journalistes à remettre au clair qu'en aucun cas je n'avais été son assistante.

Que la découverte revenait entièrement à moi, Hellébore Prevel, et que si assistant il y avait eu, ça avait bien été lui, Severus Rogue, qui avait passé les fioles et lavé les tubes à essai.

Puis nous sommes descendus de l'estrade, et c'est là que le journaliste qui a pondu l'article que tu as lu nous a harponné.

Je lui ai raconté par le menu les divers incidents de la soirée. Sans réfléchir.

J'aurais dû retrouver mon cerveau, bien sûr. Parce que évidemment, LE journaliste n'était pas UNE journaliste, donc il n'a rien compris.

N'a pas compris pourquoi je n'avais pas giflé le type aux mains baladeuses ni pourquoi c'était un problème de ne pas citer mon nom dans l'appel aux lauréats du prix.

J'aurais dû m'attendre à l'article…

"Severus Rogue lauréat d'un prix pour sa découverte majeure prend la défense des femmes"... Autant dire que je n'existe même pas dans ma propre histoire.

Quand je réfléchis aux alternatives, elles sont toutes mauvaises. Imagine s'il avait cité mon nom et que j'était passée pour une hystérique, le mal que ça aurait fait à la boutique.

Sev est bien sûr désolé du résultat, et n'y est pour rien. Je crois qu'il n'y a de toutes façons pas de bonne solution dans ce genre de situation.

Il est aussi très agaçant que dans ces circonstances, j'ai eu besoin d'un chevalier pour me sauver. En fait, je ne suis même pas sûre qu'il ait sauvé quoique ce soit ce soir là.

A la rigueur, sans sa presence, le journaliste aurait titré "une femme qui a sûrement ses règles compromet une soirée de remise des prix".

Enfin, tu vois bien, à part que toutes mes ambitions professionnelles et scientifiques viennent de s'effondrer, rien de grave. Je ne suis pas morte, je n'ai pas été violée, et ma mère n'est pas là pour me dire que la robe me boudine.

Alors je suppose qu'il vaut mieux oublier.

Bien à toi

Hellebore


Compass cottage

Guernesey

Février 1994

Cher Severus,

Je prenais la plume pour te remercier de ton attitude chevaleresque au congrès.

Puis je réalise que ce serait pour moi humiliant de reconnaître avoir eu besoin d'un sauveur, et qu'on peut s'accorder pour dire que ton sauvetage n'a apporté aucune amélioration à la situation.

Par contre je peux te remercier d'avoir été un si bon ami.

Maintenant, comment continuer cette lettre sur un ton correctement distant quand il s'agit de toi et moi ?

Je sais que je n'ai pas le droit de rouvrir la plaie, après tout, c'est moi qui ai mis fin à nous deux.

Mes raisons étaient justifiées. Je crois.

Pourtant… Merlin, je commence cette phrase par pourtant…

Pourtant Sev, ces derniers mois ont été parmi les plus tristes et solitaires de ma mémoire.

Tu me manques. Tout ce que tu es me manque. Tes caresses, ta douceur, ton humour et ta conversation.

Tu me manques vraiment, Sev.

Pardon. Pardon. Je vois bien que tu as tourné la page. Tu es un exemple d'élégance et de gentillesse dans notre situation. Tu as sûrement réussi à m'oublier et à passer à autre chose.

Je me doute que je n'ai rien à espérer. Et je n'ose vraiment rien espérer.

J'apaise simplement mon trop plein d'émotions et sûrement d'une façon indélicate. Ne te sens pas obligé de répondre.

Je te souhaite le meilleur pour cette année. De trouver tout ce que tu souhaites et mérite. Et si par miracle tu avais encore envie que l'on passe du temps ensemble, je serais toute à toi.

Très sincèrement,

Ton Hellébore,


Château de Poudlard

Pré-au-lard

Février 1994

Ma Hellé adorée,

Moi, tourner la page ? Jamais. Il aurait été impossible de t'oublier et improbable de passer à autre chose.

Je me suis résigné, mais néanmoins tu me manques aussi.

J'étais résigné depuis le début. Je savais qu'un jour tu allais ouvrir les yeux, te souvenir que c'était la chauve-souris des cachots que tu accueillais dans ton lit et être écoeurée par ma simple présence.

Par Merlin, ces derniers mois ont été si douloureux, et tu entr'ouvres la porte… Je n'ose vraiment pas y croire.

Si tu me le demandais, je ramperais tout le long du chemin de traverse juste dans l'espoir d'un regard amical.

Mais le souhaites-tu vraiment ?

Que dois-je faire ?

Ton severus


Compass cottage

Guernesey

Février 1994

Inutile de ramper. Viens, juste.

Hellé.


Compass cottage

Guernesey

mars 1994

Chère Sophie,

Sev m'a rejoint pour le nouvel an. Je veux dire, pas rejoint, "rejoint".

Chez moi, dans mon salon, dans mes bras, dans mon corsage. Merlin comme il m'avait manqué.

Je crois que je lui ai manqué aussi.

Je crois qu'il m'aime et que moi aussi.

Merlin, tu avais raison, les retrouvailles sur l'oreiller sont de loin les meilleures.

Bien à toi,

Hellebore