Chapitre 11 - indécision
Ecole des sorciers
la chambre des secrets
Le prisonnier d'Azkaban
- La coupe de feu
l'ordre du phénix
Le prince au sang mêlé
Les reliques de la mort
Prevel apothicary
Chemin de traverse
Septembre 1994
Sev chéri,
Je sais que ça ne me regarde pas, et que je dois respecter ta pudeur, mais je t'envoie une potion pour ton espèce d'excema à l'avant bras.
Je sais que tu ne veux pas le montrer à un ou une soignante à cause de la marque des ténèbres, mais je pense quand même que tu devrais. Ce qui reste sur ton avant-bras peut aisément passer pour une cicatrice ou une brûlure, on ne distingue plus du tout le symbole formé.
Ces deux mois de vacances ont été merveilleux.
As-tu apprécié les quelques jours où nous avons gardé Sophinette ? Sophie m'a écrit pour me dire qu'elle t'a adoré et voudrait revenir à Guernesey à la Toussaint.
Tendrement,
Helle
Château de Poudlard
Pré-au-lard
octobre 1994
Hellé chérie,
Je te remercie de t'inquiéter pour moi, mais je préfère prendre soin de ma santé moi-même.
Cette démangeaison n'est rien.
Merci néanmoins pour cette potion anti-irritante, elle est terriblement efficace.
Pour le deuxième sujet de ta lettre, j'apprécie les moments que l'on passe avec Sophinette.
Quoiqu'il me semble que ta formule "elle t'a adoré" soit très exagérée.
Mais, si je peux me permettre, puis-je te demander un peu de franchise en la matière ? Quel est ton but en posant toutes ces questions et en gardant Sophinette même quand ses parents n'ont pas spécialement de projets ?
Bien à toi,
Sev
Prevel apothicary
Chemin de traverse
Novembre 1994
Cher Sev,
D'accord, tu m'as percée à jour. Il se peut, eventuellement, que je laisse grandir en moi un espoir secret, encore à l'état d'étincelle, celui d'avoir un jour un bébé. Et pour prévenir les questions idiotes, oui, avec toi, bien sûr que c'est avec toi, voyons.
Je ne dis pas que ce doit être pour demain, ou même dans un très proche avenir.
Mais moi qui n'avait que ma mère, j'aimerais fonder une famille.
Je t'imagine déjà inquiet en lisant ce courrier, prend le temps d'y réfléchir, Sev, s'il te plait. Ne répond pas par la négative sur un coup de tête. Réfléchis-y et parlons-en à Noël
Tendrement,
Hellé
Impasse du tisseur
Carbone-les-Mines
Noël 1994
Ma très chère Hellé chérie,
Je n'ai pas réussi à exprimer ce que je voulais te dire, et je n'ai réussi qu'à m'enfuir. Excuse-moi d'avoir été lâche, j'ai juste besoin d'un moment de recul pour écrire ce que je dois te dire, au calme.
Et ton regard angoissé me rendait la chose quasiment impossible.
Que pourrais-je transmettre à un enfant. Mon nez crochu ? Mes cheveux gras ? Mon nom tâché par mes erreurs ? Ou pire, si j'en crois le comportement de mon père et le résultat sur moi, lui transmettre ma violence et ma cruauté ?
Car mon père était cruel et violent, lui aussi. Et je l'ai appris à mes dépends, de même que ma mère.
Je crois savoir éduquer un enfant, mais l'aimer, comme j'ai vu d'autres parents aimer leur progéniture ?
Je n'ai pas été aimé comme j'estime qu'un enfant devrait, j'ignore comment faire ça.
Enfin, cet enfant serait en danger. La disparition du seigneur n'est que provisoire. Et quand il reviendra, il est sûr que ma famille serait en première ligne.
Ma famille, Merlin. Voila que je te considère comme ma famille. Nous ne sommes même pas mariés.
Ton Severus, passablement retourné.
Compass cottage
Guernesey
Noël 1994
S'il te plait, Sev, reviens.
Je suis contente de lire toutes tes craintes sur ton rôle de père. Parce que ce que tu n'as jamais dit, c'est "je ne veux pas d'enfant", qui aurait été la seule raison que j'aurais trouvé fondée. Ou pire "je ne veux pas d'enfant avec toi, sale sang de bourbe" que je craignais encore plus.
Toutes tes craintes montrent à quel point tu serais un bon père, parce que tu te préoccupes déjà du bonheur et de la sécurité de ton enfant alors que bien des pères ne s'en inquiètent toujours pas même une fois l'enfant là.
Tu t'inquiètes sur ce que tu pourrais transmettre à un enfant, c'est très touchant.
Physiquement, je ne vois pas de problème à hériter de ton nez qui a beaucoup de caractère, ou alors de tes cheveux qui sont soyeux et épais (quand tu ne passes pas la journée penché sur un chaudron dans un cachot insalubre). Il pourrait aussi hériter de ta haute taille, de ton beau regard profond, de ton talent en magie ou en potion.
Il pourrait y avoir pire comme héritage. Il pourrait hériter de mes cheveux ROUX ou de mes "talents" de chanteuse.
Tu as peur qu'il hérite de ton caractère ? Je n'ai jamais constaté ta cruauté, même si j'imagine qu'elle existe. Pour moi tu es quelqu'un d'altruiste et de généreux, pédagogue et prévenant.
Toutes tes craintes montrent que tu aimes déjà cet enfant qui n'existe pas encore. Et pourtant, aimer quelqu'un, ce n'est pas facile. C'est un chemin qu'on fait avec la personne qu'on décide d'aimer.
Mais tu sais aimer et tu en es capable, si j'en juge par la façon dont tu m'aimes. Je ne doute pas une seconde que tu peux apprendre à aimer un enfant.
Ton nom n'est pas spécialement tâché à ma connaissance. Il est celui d'un des potionnistes les plus réputés, associé à des découvertes majeures et quantités de prix. Je crois que beaucoup d'enfants seraient fiers de le porter.
Mais si ça te rassure, je n'accorde aucun intérêt à la transmission patrilinéaire, je porte le nom de ma mère, qui portait celui de ma grand-mère. Car comme tu le sais, je viens d'une longue lignée de mères célibataires. Et j'en ai souffert comme tu as souffert de ton père violent.
Je crois qu'un père qui a des défauts mais cherche à faire de son mieux vaut mieux que pas de père du tout.
En ce qui concerne notre statut marital, ne nous mettons pas la pression, le mariage, c'est surtout une ceremonie de rapprochement de deux familles. Comme tu le dis, nous sommes déjà une famille tous les deux.
Mais j'aimerais ne pas être mère seule. J'aimerais que tu sois le père de mon enfant. Parce qu'il ne fait aucun doute que j'aurais un enfant. Et si ce n'est pas avec toi, j'inviterais des hommes les uns après les autres dans mon lit jusqu'à ce que j'ai un enfant. Ça devrait être une menace qui pèse, n'est-ce pas ? Rassure-toi, je ne suis pas vraiment sérieuse sur ce point.
Je te demande d'être le père de mon bébé parce que je te fais confiance pour être un bon père aimant et présent.
Mais ce n'est pas un ultimatum.
J'aimerais juste que tu réalises toi aussi qu'un enfant pourrait être heureux d'être le tien.
Je te demande juste d'imaginer ce tout petit bébé, qui t'aimerait inconditionnellement, dans tes bras, serrer un de tes grands doigts dans son tout petit poing.
Imagine-le un peu plus grand, te voir arriver de loin, et courir vers toi le long du chemin, puis se jeter comme une brute dans tes bras et te lançant un "PAPA !" plein de joie.
Visualise-le plus grand, se tourner vers toi irradiant de fierté et d'inquiétude contenue, parce que c'est son premier jour d'école, se retourner avant de te faire un dernier signe de la main. Et toi qui suis du regard ton tout petit ne plus avoir besoin de toi, le cœur déchiré.
Le voir petit à petit devenir grand et indépendant, grandir, en suivant ou ne suivant pas un chemin qu'on aura patiemment construit pour lui ou elle.
Crois-tu nécessaire de te priver de cette vie et de ces bonheurs parce qu'il ou elle pourrait avoir les cheveux gras ?
S'il te plait, reviens à Guernesey, ne te terre pas dans l'impasse du tisseur, si triste, surtout à Noël, à gratter ton avant-bras.
Ton Hellé qui t'aime sincèrement
Impasse du tisseur
Carbone-les-Mines
décembre 1994,
Hellé, mon amour,
Il n'y a que toi qui vois ces qualités en moi, elles ne sont pas réelles…
Ces images de notre enfant que tu as mis dans ma tête son vraiment douces mais il est aussi possible qu'on voit un petit trembler en nous regardant, et nous demander furieusement pourquoi on l'a mis au monde si c'est pour le détester autant…
Severus
Compass cottage
Guernesey
décembre 1994
Sev,
Tes qualités SONT RÉELLES.
C'est l'autre toi qui est faux.
Et jamais tu ne détesteras ton enfant. Jamais il ne te craindras. Tu le sais au fond de toi, tu seras un bon père.
Je t'en supplie, reviens. Ne t'embourbe pas seul dans ta dépression. Ne parlons plus de cette histoire mais reviens.
Hellé
Compass cottage
Guernesey
janvier 1995
Ma chère Sophie,
Très bonne année à toi aussi.
Je vous souhaite à tous les trois le meilleur.
Cette année m'apporte au moins des réponses. Je t'avais raconté que j'avais écris à Severus pour lui dire que je voulais un bébé.
Je connais ma chauve-souris. Il a dû pâlir à la lecture de cette lettre, et probablement distribuer des retenues à la pelle après.
Le soir de Noël, il a quitté le bal de Noël de Poudlard, pour arriver chez moi dans sa belle robe de cérémonie, assez éméché, pour me dire qu'il ne saurait pas être un père, et finalement s'enfuir aussi sec.
Ce n'était pas exactement comme ça que j'imaginais la chose. Ensuite nous avons échangé des courriers pour discuter.
Comme toujours, ça a tourné autour de la même déclinaison "je suis horrible et détestable".
Merlin, j'ai fait de mon mieux pour le rassurer, mais je crois que c'est le supplice de Sisyphe. Chaque fois que je constate le plus petit des progrès les plus infimes, le voir utiliser un pain de savon parfumé ou accepter de poser sur une photo, je suis certaine de voir un plus grand pas en arrière.
Il a fini par revenir, en larmes. Si tu n'as jamais vu pleurer une chauve-souris, c'est un des spectacles les plus tristes que je connaisse. J'ai vraiment essayé de les retenir, mais évidemment mes larmes ont rapidement inondées son épaule.
Nous nous sommes consolés mutuellement. J'avais l'impression qu'on faisait le deuil de cet enfant qu'on n'aurait pas.
Quand le soleil a fini par pointer ses premières lueurs, j'étais encore secouée de sanglots, mon cœur me semblait brisé et à ramasser à la petite cuillère. Et Severus n'avait pas l'air mieux.
"C'est quand même assez étrange de se mettre dans un état pareil pour un enfant qui n'existe pas" a dit Severus. Il s'est arrêté. Puis m'a dévisagé.
J'ai cru qu'il sous-entendait que je serais déjà enceinte. Tu sais, des fois, quand il me regarde, j'ai l'impression qu'il fouille dans ma tête et lit dans mes pensées.
J'ai toujours l'impression d'avoir à fournir un effort intense pour le faire sortir de ma tête.
Il a fini par détourner la tête en la secouant. Il m'a dit " Je crois que tu as fait vivre cet enfant avant de le porter".
C'est vrai. Si on l'aimait déjà, et qu'on ressentait aussi violemment son deuil, c'est que son existence était déjà en partie réelle.
Il s'est installé près de moi en m'enlaçant avec tendresse et douceur, et nous avons regardé ensemble le soleil finir de se lever.
Il m'a demandé si je croyais vraiment qu'il pouvait être un bon père.
Merlin, quel disque rayé !
Je crois que je me suis vraiment énervée. Je lui ai reproché de faire passer ses névroses avant notre bonheur commun.
Mais enfin, il m'a pour finir embrassée, et nous nous sommes livrés dans une sorte de fièvre aux premières étapes de la création d'une descendance.
Il m'épuise, ma Sophie, je ne comprends pas comment je le supporte. Si seulement je ne l'aimais pas et que lui ne m'aimait pas aussi bien.
Bien à toi
Hellébore
