Et hop ! Voilà un nouveau chapitre. J'espère que l'attente n'aura pas été trop insupportable, lol.

Pour une fois, je ne vais pas blablater, mais vous laisser lire.

Bonne lecture.

o0O0o

Chapitre 4 : le secret de Drago

Au bout de trois jours, Drago n'avait toujours pas digéré le fait que Rogue soit mort sans qu'il n'ait pu se venger. Ce qui le consolait un peu était le simple fait de savoir qu'il avait beaucoup souffert de la torture d'Harry. Il n'aurait jamais cru le jeune Gryffondor capable de faire une telle chose, et ensuite d'en parler de cette façon. On sentait qu'il y avait pris du plaisir, et c'est justement ce qui faisait peur à Drago, ce qui rendait Harry inquiétant, effrayant.

Parallèlement, le jeune Auror pouvait être très patient, tendre, principalement lorsqu'il le soignait de ses nombreuses blessures. L'ancien Serpentard avait l'impression d'avoir affaire à deux personnes différentes, opposées, tant dans leur manière d'agir que de penser. Si l'un répétait qu'il n'était pas un meurtrier, l'autre racontait la torture à laquelle Rogue avait été soumis.

Il ne restait plus qu'une semaine avant le procès de Drago, et ce dernier angoissait de plus en plus. Dans son procès, il devrait raconter le calvaire qu'il avait vécu durant sa fuite, principalement les agressions que Macnair lui avait fait subir. Jusqu'à présent, il n'en avait parlé à personne. D'abord parce que sa fuite était finie depuis une semaine et ensuite parce qu'il était enfermé chez l'Auror, bien qu'il ait pu revoir Blaise, Theo et Pansy, ses anciens amis. Il n'avait pas encore eu l'occasion de discuter avec eux.

Présentement, Drago se défoulait avec le jeu de voiture qu'Harry possédait sur son ordinateur. Après avoir inventé un scénario complètement délirant pour insérer le CD dans l'appareil (et une cuillère pour maman, et une cuillère pour papa…), il s'amusait à écraser sa voiture, à la massacrer en imaginant Rogue ou Macnair à la place.

-Et paf ! Encore un poteau ! Et prend ça ! Et ça ! Et encore ça ! faisait Drago en écrasant le véhicule contre des arbres.

Benjamin n'était plus là pour lui tenir compagnie, Harry l'ayant ramené chez lui la veille. La mère de Pansy allait un peu mieux, du moins la crise était passée, et les Médicomages ne désespéraient pas de pouvoir un jour la soigner complètement. Les nombreux sorts de magie noire qu'elle avait reçu quand Voldemort avait appris la trahison de sa fille l'amenaient de temps en temps à des crises de démence, pendant lesquelles elle était capable de tout et n'importe quoi.

Harry n'était pas rentré depuis la veille. Après avoir déposé le petit garçon chez ses parents, Theo et Pansy, il était censé partir au Ministère où il lui serait confié une nouvelle mission. Normalement, le brun repassait chez lui pour le déjeuner, ou envoyait un hibou à Drago pour le prévenir qu'il ne rentrait pas déjeuner. Mais là, pas de nouvelle. Rien. En plus, il y avait de nombreuses protections qui empêchaient Drago de prendre contact avec l'extérieur, et donc de prendre des nouvelles du jeune Auror.

Et voilà maintenant Drago qui marchait comme un lion en cage. L'absence prolongée et imprévue de son geôlier l'inquiétait énormément, bien plus qu'il n'osait vraiment se l'avouer. Pour se calmer, il décida de faire quelques exercices de musculation, qui lui permettrait d'oublier son inquiétude un moment, puis de prendre une douche pour se détendre.

Bip bip biiiiip !

Le signal d'une arrivée par Cheminette venait de retentir. Saisissant une serviette au passage, Drago se précipita hors de la pièce d'eau, une grande serviette autour des hanches et une plus petite à la main pour se sécher les cheveux qu'il venait de shampooiner. Une fois devant la porte du salon, après avoir couru dans le couloir, il s'arrêta net. La porte était fermée à clé. Pourtant, le blond était sûr et certain que la porte n'était pas verrouillée vingt minutes plus tôt, puisqu'il y avait fait ses abdos et ses pompes. C'était bizarre.

Un bruit de chute se fit entendre à travers le battant de bois alors que l'ancien Serpentard s'acharnait sur la poignée, l'interrompant. Il colla son oreille et tenta d'écouter pour savoir ce qui se passait dans la pièce voisine. Un gémissement de douleur se fit alors entendre, mais il était tellement bas que Drago crut un moment avoir rêvé. Lorsqu'il en entendit un second, il recommença à tenter de forcer la porte. Finalement, le verrou céda, la porte s'ouvrit à la volée.

Un nuage de poussière envahissait la pièce, obstruant la vision du blond. Il ouvrit une fenêtre, évacuant toute la cendre à l'extérieur. Au bout d'un petit moment, il put enfin distinguer nettement les meubles de la pièce. Juste devant la cheminée, une masse informe était recouverte d'une longue cape noire frappée au blason des Aurors. Elle bougeait légèrement en gémissant sourdement.

Drago s'en approcha doucement. Il était sûr et certain qu'il s'agissait d'Harry, puisqu'un système de sécurité empêchait quiconque d'entrer tant que le propriétaire n'était pas là. Il souleva délicatement la cape, provoquant une nouvelle plainte de la part du blessé. Le visage tuméfié d'Harry lui apparut alors. Un œil au beurre noir, la lèvre coupée, ainsi que d'autres blessures qui saignaient plus ou moins abondamment. Avec délicatesse, le blond ôta complètement la cape. Il découvrit alors un corps couvert de blessures ouvertes et de bleus. Le jeune Auror semblait sortir tout droit d'une bataille.

Le Mangemort prit le corps dans ses bras et l'amena dans la salle de bain, où il pourrait trouver tout le nécessaire pour soigner sommairement le brun. Quand ce dernier serait suffisamment remis de ses blessures, il pourrait soit appeler un Médicomage, soit expliquer à Drago comment le soigner. En attendant, il allait devoir faire de son mieux.

Il enleva les habits déchirés de l'Auror, ne lui laissant que son boxer, seul vêtement intact. Puis, il prit un gant humide et commença à nettoyer les blessures qui couvraient son corps avant de les désinfecter. Ensuite, il en referma certaines avec des larmes de Phénix, les dernières du flacon, et couvrit les autres de pommade à base de larmes de Phénix. Drago ne pouvait faire mieux, n'en sachant pas plus.

Bip bip biiiiip !

-Encore ! pesta Drago. Mais qui ça peut bien être !

Il se dirigea prudemment vers le salon. Une silhouette humaine s'y déplaçait, couverte d'une cape de Médicomage. Mais que faisait-il ici ? Qui l'avait averti qu'un blessé se trouvait dans cet appartement ? Le cœur de Drago accéléra le rythme de ses battements au fur et à mesure que son angoisse augmentait. Lorsque l'inconnu se retourna en pestant, Drago le reconnu instantanément.

-Theo ? s'étonna-t-il.

-Drago, content de te voir. Mais dis moi, où est Harry ?

-Dans la salle de bain. Il est dans un état épouvantable.

Theo n'en écouta pas plus, se précipitant dans la pièce en question sans tenir compte du fait que son ancien camarade de classe n'était vêtu que d'une serviette. Ce dernier sembla se rendre compte qu'il n'était toujours pas habillé puisqu'il fonça dans sa chambre et enfila à la va vite les premiers habits qui lui tombaient sous la main. Ensuite, il rejoignit Theo et Harry dans la salle de bain.

-Comment va-t-il ? demanda-t-il d'une voix tremblante au Médicomage.

-Il s'en sortira. Emmène le moi sur son lit, je vais t'ouvrir la porte.

Le blond hocha la tête et souleva le brun avant de suivre précautionneusement le soigneur. Il déposa son fardeau sur le lit et regarda son ami d'un air inquiet.

-C'est toi qui l'a soigné en partie ?

-Oui, j'ai utilisé ses larmes de Phénix, mais il n'en a plus.

-Je lui en amènerait dès que j'aurais fini. Tu as eu le bon réflexe en lui désinfectant les plaies. Il n'a presque plus rien, mais il est encore inconscient.

-Comment as-tu su qu'il était là, blessé ?

-Pansy travaille avec lui, elle est Auror. Elle l'a vu prendre la poudre de Cheminette en sale état. Il était proche de l'évanouissement. Elle m'a tout de suite averti et je suis venu.

Il jeta un autre coup d'œil à son patient et recommença à parler.

-Amène moi un gant frais, il a le front un peu chaud, mais dans une ou deux heures, il sera sûrement réveillé, prêt à nous dire ce qui s'est passé.

-Tu ne sais pas ce qui lui est arrivé ?

-Non, Pansy était inquiète. La mission d'Harry ne devait pas durer longtemps. Elle a commencé hier matin, après qu'il nous ait ramené Benjamin, mais elle aurait du finir avant le déjeuner. Mais depuis il n'était pas reparu. Tu n'avais pas de nouvelles non plus ?

-Non, rien. Les autres fois, il m'envoyait un hibou quand il rentrait plus tard que prévu, mais là, rien.

-Tu t'es inquiété, je paris. Ne me dis pas le contraire, je ne te croirais pas. Franchement, je n'aurais jamais cru que toi, un Mangemort aussi proche de Tu-Sais-Qui en viendrais à s'inquiéter pour un Auror, notre héros national, qui plus est !

-Oh ! C'est bon, Theo ! T'es bien ami avec lui, toi !

-Oui, mais moi je me suis battu à ses côtés, alors que toi, tu t'es battu contre lui.

-Y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, fit Drago en haussant les épaules.

-Alors toi, tu m'étonneras toujours, fit Theo en tapant l'épaule de son ami.

-Theo… murmura une voix.

-Harry ! Tu es réveillé ! Tant mieux. Tu te sens comment ?

-Comme quelqu'un couvert de blessures… Mais à force, j'ai l'habitude.

-T'as peut-être rajouté une ou deux cicatrices à ta collection, mais ce n'est pas encore sûr.

-Bah, je ne suis plus à une près. Je ne sais même pas combien j'en ai. Je ne me suis jamais amusé à les compter.

-Eh bien on dira que tu en as "beaucoup plus une ou deux" !

-Ça m'avance beaucoup, ça, plaisanta Harry en se redressant.

-Bon, Harry, si tu nous racontais ce qui t'es arrivé… fit Theo en s'asseyant sur le coin du lit pendant que Drago se prenait une chaise.

-Hier matin, comme vous le savez tous les deux, j'ai été chercher le dossier de ma nouvelle mission. Elle était simple. Enfin, en apparence. En fait, c'était une embuscade de sorciers adeptes de magie noire.

-Et toi, tu t'es fait avoir comme un bleu… fit Theo.

-Exactement. Et je peux vous dire que je n'en suis pas fier. Ça n'a pas été facile de m'en débarrasser, mais j'ai fini par y arriver. Et me voilà.

-De toute façon, tu as vaincu Tu-Sais-Qui, alors tu étais obligé de réussir contre eux. C'est toi le meilleur, Harry.

Le jeune Auror fit un sourire au Médicomage avant de se redresser, annonçant qu'il allait prendre une douche parce qu'il en avait bien besoin. Ni Theo ni Drago ne s'y opposa.

-Occupe-toi bien de lui, Drago, fit Theo avant de partir par la cheminée dans un tourbillon de flammes vertes.

Le blond alla s'installer sur le canapé du salon, admirant la vue, avec un soupir. Harry était têtu comme une mule, et il savait d'avance qu'il n'arriverait pas à le dissuader de retourner au travail avant quelques jours, le temps de se remettre de son attaque et de se soigner correctement.

Il connaissait bien le brun, très bien même. Peut-être même plus que ses propres amis, du temps de Poudlard. À ce moment-là, quand le blond espionnait Harry, il s'efforçait de convaincre tout le monde qu'il valait mieux connaître son ennemi. Même au point de savoir son menu au petit-déjeuner ou ses plats préférés, ce qu'il n'aimait pas, les sujets qui le rendaient tristes, heureux, en colère. Oui, du temps des études à Poudlard, Drago connaissait Harry comme sa poche, il connaissait le brun mieux que lui-même.

Et puis, le connaître à ce point pouvait être utile, non ? Savoir dans quel plat mettre du poison, même si Drago avait toujours été contre tuer quelqu'un de cette façon. Savoir comment le mettre en colère, hors de lui, comment le blesser moralement, toujours bon à savoir sur les ennemis.

Et puis, pendant sa sixième année, il avait été découvert, par Blaise. Et ce dernier avait mis des mois avant de réussir à lui faire avoir la véritable raison pour laquelle il espionnait Harry sans jamais se servir de ses informations contre le Gryffondor. Mais, bien que cette raison ait un nom, Drago l'avait toujours nié, même devant l'évidence : franchement, à quoi ça sert de connaître la couleur des bulles et le parfum du bain de son soit disant ennemi ?

À ces souvenirs, Drago soupira une nouvelle fois et s'affala encore un peu plus sur le divan. Il allait fermer les yeux de bien-être lorsque la porte de la salle de bains s'ouvrit, laissant passer le brun ne portant qu'une serviette nouée autour des hanches, ne cachant que ce qu'il fallait.

-Ah oui, Drago, tant que j'y pense, commença Harry en entrant dans le salon, ses vêtements à la main. Seamus passera demain pour te voir. Ce sera ton avocat pendant le procès, il a été désigné d'office. Il fait du très bon travail. Si quelqu'un est presque condamné d'avance alors qu'il est innocent, il réussit toujours à le libérer. Je crois que c'est le meilleur avocat que j'ai jamais rencontré. Il viendra pour le déjeuner et restera peut-être jusqu'au dîner.

Pendant ses explications, Harry s'était habillé sans la moindre gêne devant le blond, qui n'avait pu empêcher une rougeur de s'installer sur ses joues. Puis, quand l'Auror quitta la pièce pour ranger sa serviette humide, l'information monta au cerveau de Drago, avec tout ce que ça impliquait. Il devrait parler de Macnair et de… Non, ça il ne le pouvait pas.

-Non, non, je veux pas, je peux pas, fit Drago à voix basse, d'un air terrifié lorsque l'Auror revint afin de préparer le repas du soir.

-Qu'est-ce que tu ne peux pas, Drago ? demanda Harry d'un air étonné. Macnair, c'est ça ? fit-il après un court instant de réflexion.

Le Mangemort hocha la tête.

-Ne t'inquiète pas trop pour lui, il ne pourra plus rien te faire. Je suis passé le voir hier matin avant d'aller au boulot. Il est mort à cause de ses blessures, et les cendres de son corps, que j'ai brûlé, ont été emportées par le vent. Il ne pourra plus rien te faire, Drago.

Un silence s'installa pendant qu'Harry faisait cuire des œufs au plat, plat que l'ancien Serpentard appréciait beaucoup. Ils ne recommencèrent à parler qu'une fois à table, des nouilles accompagnant les œufs.

-Et tu n'es pas obligé d'en parler à Seamus… Tu préfèrerais en parler avec qui ?

-Avec toi, murmura Drago, la tête baissée, les joues roses.

-Avec moi ? Par contre, il faudra utiliser une plume à papote, ce sera plus pratique pendant le repas. Après, tu pourra lire ce qu'elle a écrit, et demain on donnera le parchemin à Seamus et tu pourras lui parler du reste. Ça te va ?

Le blond hocha une nouvelle fois la tête.

Pendant tout le repas, Drago raconta le calvaire que Macnair lui avait fait vivre durant sa fuite, et tout ça à cause de Rogue. Il commença par les caresses, innocentes au début (du moins c'est ce que Drago avait pensé à ce moment-là), puis de plus en plus intime. Ensuite, il y avait eu les baisers volés. Et enfin, le jour où Rogue était parti pour plusieurs jours, il y avait eu le viol proprement dit, devenant rapidement une habitude quasi quotidienne du Mangemort. Et si Drago avait le malheur de se débattre, il était frappé, à coups de ceinture, de bâtons. À la fin, il n'avait même plus la force de protester et il avait été grandement soulagé le jour où Macnair avait disparu (capturé par Harry pour être torturé). Son soulagement n'avait jamais été aussi grand que le jour où Rogue avait à son tour disparu (capturé également par l'Auror).

Maintenant, Drago pouvait mettre toutes ces horreurs derrière lui. Enfin presque. Il restait le jour du procès où, s'il n'était pas obligé d'en parler puisque c'était le rôle de Seamus, il devrait quand même l'écouter. Après, il serait délivré de ce passé, il pourrait enfin l'oublier et recommencer à vivre.

Vivre. Ça faisait des années qu'il avait oublié la réelle signification de ce mot. Il y avait d'abord eut son père qui lui avait gâché son enfance. À son entrée à Poudlard, il pensait être débarrassé de son père, mais il avait tort. Il lui avait encore plus serré la vis, voulant qu'il ait les meilleurs résultats. Mais là encore, il avait déçu son père. Il n'avait jamais été le meilleur. Toujours battu par Hermione Granger, ou par Harry Potter en Quidditch et en Défense Contre les Forces du Mal, matière jugée débile et inutile par Lucius. Ensuite, entre sa cinquième et sa sixième année, il était devenu Mangemort, plus pour faire plaisir à son père qu'autre chose. Pendant toute sa sixième année, en plus d'espionner Harry pour son compte personnel, il cherchait un moyen de remplir la mission de son Maître, mission à moitié réussie. Et après, il y avait eu sa fuite, jusqu'à ce qu'il se retrouve chez l'Auror, enfermé à attendre son procès. Depuis sa naissance il voulait vivre, mais il y avait toujours quelqu'un pour l'en empêcher. Il voulait vivre.

-Ça va, Drago ? demanda l'Auror en passant derrière lui pour récupérer son assiette vide. Tu as l'air soucieux.

-Oui, oui, ça va, Harry, t'inquiète pas, répondit-il rapidement, trop rapidement.

-Si, justement, je m'inquiète. Tu as un problème ?

Drago resta silencieux le temps que Harry débarrasse complètement la table, ne laissant plus la moindre trace du repas, puis se décida enfin à parler. Ça lui pesait sur le cœur depuis trop longtemps, et il avait appris à faire confiance à Harry au fil du temps.

-Je n'ai jamais pu faire mes propres choix, faire ma vie. Il y a toujours eu quelqu'un pour décider à ma place. D'abord mon père, puis… Rogue et Macnair.

Drago afficha une mine dégoûtée après avoir dit difficilement le nom des deux derniers.

-Mon père rêvait de me voir devenir un Mangemort, il se vantait d'être le bras droit de son Maître, mais il n'a jamais réussi ses missions. Pendant notre cinquième année, il devait récupérer la prophétie, mais tu l'en as empêché. Juste avant son incarcération à Azkaban, il a eu le temps de me confier à Rogue, pour faire de moi le meilleur Mangemort. C'était à son tour de décider pour moi, avec le Maître.

Il se tut un court instant, les yeux dans le vague, perdu dans ses souvenirs.

-Je n'ai jamais vraiment pu vivre. C'est tout ce que je souhaite, mais je sais que je ne le pourrais jamais. Après mon procès, j'irai à Azkaban, et si un jour j'en sors, et rien n'est moins sûr, il sera trop tard.

-Ne sois pas défaitiste comme ça. Seamus est un très bon avocat. Ça m'étonnerais qu'il réussisse à t'éviter un séjour à Azkaban, mais je pense qu'il pourra te raccourcir la peine. Fais lui confiance.

-Pff. À quoi ça sert ? Tout le monde sait que je suis un Mangemort, que je suis un meurtrier, et tout le monde le saura quand j'irai à Azkaban. Ma vie est foutue, plus personne ne voudra de moi. Je serais rejeté, encore plus parce que je suis un Malefoy.

Il alla se poster devant la baie vitrée du salon, sa place favorite.

-Franchement, je ne vois pas à quoi ça sert que Finnigan se décarcasse pour moi. En plus, il ne doit pas en avoir envie. Ça doit le dégoûter d'avoir à défendre un Mangemort, un Serpentard, l'un de ses ennemis, le meurtrier de l'un des membres de sa famille, non ?

-Je ne vois pas pourquoi tu dis ça. Il est avec Blaise, et c'est un ancien Serpentard. Il s'entend très bien avec Theo et Pansy, et ce sont des anciens Serpentard. Quant au fait que tu sois un Mangemort et un meurtrier, il sait très bien que tu ne l'as jamais voulu.

Harry s'approcha doucement de son prisonnier, bien qu'il est rapidement cessé de le considérer comme tel, mais plutôt comme un invité, quelques libertés en moins. Il s'arrêta juste derrière lui.

-Seamus n'a plus de préjugés depuis la fin de la guerre, il connaît très bien son métier, et il a envie que tu t'en sortes. Il va faire du mieux qu'il peut, et il va réussir. Sois en certain.

-Raconte pas n'importe quoi. Pourquoi il aurait envie que je m'en sorte ? Ma vie est pourrie, je l'ai gâchée, j'ai laissé les autres me la gâcher, décider pour moi. J'ai tout raté.

Harry inspira un grand coup dans l'intention de parler, mais Drago le coupa avant.

-Ne me ressort pas tes salades comme quoi Finnigan a envie que je m'en sorte. Personne n'a envie de m'aider, personne, souffla-t-il, des larmes silencieuses coulant sur ses joues.

-Ce ne sont pas des salades. Seamus a envie de t'aider, et il n'est pas le seul. Il n'est pas le seul, répéta-t-il en posant une main timide sur l'épaule du blond.

Ce dernier sursauta légèrement à ce contact mais resta résolument face au paysage, le regard dans le vague.

-Il n'est pas le seul à vouloir t'aider, mais des fois t'es trop aveugle pour t'en rendre compte. Tu te renfermes sur toi, tu te coupes du monde, et tu ne vois plus rien, sauf ton passé que tu voudrais pouvoir effacer. Mais pour vivre, il ne faut pas regarder le passé, mais vers le futur.

-Mais que veux-tu dire ? demanda Drago en se retournant vivement, la main d'Harry retombant le long de son corps.

-Pourquoi crois-tu que Ron et Hermione se surchargent de travail ? Ils font des recherches pour pouvoir aider Seamus lors du procès, avec Blaise.

-C'est pour ça que ces deux-là ne sont pas encore passés ici ?

-Oui. Et pourquoi crois-tu que je t'héberge ici, chez moi ? Tu fais partie des rares privilégiés à savoir où j'habite, et du cercle encore plus fermé des personnes qui sont entrées ici.

-Je… Je…

-Eh oui, il y a des personnes qui tiennent à toi, plus que tu ne le penses.

Harry plongea ses yeux verts dans ceux gris métallique du Mangemort.

-Comme moi, par exemple.

-Comme toi… murmura Drago sans vraiment s'en rendre compte.

Ils restèrent ainsi les yeux dans les yeux pendant un petit moment, comme s'ils pensaient que s'ils lâchaient l'autre des yeux, ils le perdraient.

-Tu… Tu… balbutia finalement Drago, réalisant ce que Harry voulait dire.

Harry prit tout son courage Gryffondorien et Potterien à deux mains, inspira un grand coup et ouvrit la bouche dans l'intention évidente de parler.

-Drago, je… Je tiens à toi, beaucoup même et je…

Sa phrase et son soudain élan de courage furent coupés par un geste de Drago, le dernier geste auquel il se serait attendu. Une fois la surprise passée, il répondit ardemment au baiser du blond, qui s'arrêta trop vite à son goût.

-On parlera plus tard, je préfère, et de loin, agir.

Il se tut et reprit les lèvres de l'Auror dans un geste presque désespéré. Ses mains se glissèrent sous la chemise du brun et il le poussa doucement vers sa chambre au fond du couloir à côté d'eux. Harry arqua un sourcil interrogateur, haussa les épaules et laissa ses mains vagabonder sous la chemise de soie du jeune homme, provoquant un sourire moqueur.

o0O0o

Et voilà un autre chapitre de finit. Moi ? Sadique de couper là ? Absolument pas… (fait un grand sourire innocent qui ne trompe personne). Comme vous l'avez probablement deviné, il y aura lemon dans le chapitre 5 (dernier chapitre avant l'épilogue).

À la prochaine.

Bisous,

lilly.malefoy