Chapitre 13


Je baille et regarde le plafond, d'un air ennuyé. Premier jour, et plus rien à faire ici. Les membres de la marine sont coincés ici, et ils ont peur de moi. J'aimerais les aider, mais je ne peux pas les approcher sans un regard noir, ou une remontrance parce que je ne dois pas quitter cette pièce. Je soupire bruyamment avant d'attraper ma fiole de sang frais que j'avale d'un coup sec. J'entends un grincement, et relève la tête pour voir la porte de la chambre qui s'ouvre à nouveau sur ce fameux Garp. Mon mystérieux mal de crâne me revient subitement et je grimace une seconde avant de reprendre mon visage neutre. Il me veut peut-être du mal. Qui sait ? Je me redresse pour m'asseoir face à lui, tandis qu'il en fait de même sur le sol en me regardant fixement.

- Vous avez vos réponses ? Je viens juste d'arriver….

- Sengoku va me bouder, mais je m'en fous. J'ai envie d'embêter quelqu'un…

- Retournez donc voir votre supérieur. Je ne suis pas d'humeur à être embêtée là….

Il m'ignore littéralement avant de mettre un doigt dans son nez, et de sourire bêtement devant mon air perplexe.

- J'ai pas d'ordres à recevoir d'une gamine, héhé….

- Comme vous voulez, mais ne comptez pas sur moi pour vous tenir compagnie.

Aussi dit, aussi fait ! Je me lève et m'approche de la fenêtre par laquelle j'observe les soldats qui s'entrainent dehors, sous les ordres de leur supérieur aux cheveux gris lui aussi. Il possède une étrange arme dans sa main… On dirait une énorme matraque de policier mais dans une autre matière. Comme si elle était en plâtre ou une autre matière semblable.

- Ah ! T'as flashé sur Smoker toi !

Je sursaute et me retourne pour me retrouver presque collée au torse du vieil homme. Je pousse un cri de surprise avant de disparaître derrière lui en transplanant de peur qu'il me fasse quelque chose. Je recule de quelques pas alors qu'il se retourne vers moi, les yeux ronds comme des assiettes.

- Comment t'as fait ça la mioche?!

- Je l'ai fait, foutez moi la paix !

Je serre les poings et le fusille du regard. Il s'approche et je me mets en position d'attaque en grognant fortement comme un animal.

- Ne. M'approchez. Pas ! Qu'est-ce que vous ne comprenez pas ma langue ou quoi ?!

Il me fixe sans comprendre la raison de mon énervement et s'approche à nouveau de moi sans me prendre au sérieux visiblement. Je grogne plus fortement tandis que la porte derrière moi s'ouvre brusquement sur l'amiral en chef Sengoku, et la fameuse fille… Domitille je crois. Je tourne la tête, cherchant un soutien quelconque mais je n'obtiens que deux paires d'yeux ronds cherchant à comprendre la situation devant eux.

Profitant que je regarde les autres protagonistes, Garp s'approche furtivement de moi pour mieux m'observer et je ressens à nouveau une violente douleur provoquée par une sorte de gifle invisible. Je me retourne en un quart de seconde et écarquille les yeux en le voyant si près. Je n'ose plus bouger, trop terrifiée par cet étrange individu et par la douleur qui continue de me traverser le crâne.

- Garp ! Eloigne-toi d'elle immédiatement ! Je crois t'avoir demandé de te mêler de tes affaires maintenant !

Garp relève les yeux vers son collègue, le visage sérieux cette fois-ci. Ces yeux font des allers et retours entre moi et Sengoku, puis finalement il se redresse en croisant les bras sans bouger de sa position.

- Sengoku… En quoi une gamine aussi normale et banale pourrait nous être utile ? Tu l'as kidnappé où ?!

Il est devenu sérieux en si peu de temps ? C'est quoi ce monde ?

- Cela ne te concerne pas, Garp. Retourne à tes occupations et va finir tes fichus dossiers que j'attends depuis plusieurs semaines !

Le ton est cassant, mais son collègue ne cède pas pour autant. Le fameux Garp soupire avant de poser une main sur ma main et de me tourner de force vers l'amiral en chef et sa petite secrétaire, je crois. Je grogne fortement, n'appréciant pas être manipulée comme une vulgaire poupée de chiffon. Je vais finir par le mordre comme un animal. D'ailleurs, je remarque un lèger mouvement de recul chez l'amiral en chef lorsque je grogne, soulevant mes lèvres pour faire apparaître des dents blanches, et mes canines de vampire.

- Lâchez-moi.

- Sengoku … Crois-moi, je suis prêt à parier ma carrière que cette gamine est déjà venue ici…

HEIN ?! Je me calme aussitôt et regarde avec effarement le vieux fou.

- Elle est déjà venue ici Sengoku, je te l'assure, continue Garp. Seulement… Je ne me souviens pas quand exactement… Ou si c'était vraiment elle…. Son nom… Mais elle n'avait pas ces yeux rouges et la peau aussi pâle ! Elle était bien vivante quoi !

Je l'observe sans comprendre. Il perd la raison ?


Du côté de la Marine,

Sengoku hausse un sourcil d'incompréhension.

-Es-tu sûr de ce que tu dis?

-Ouais! Elle est déjà venue!

Domitille observe la scène sans ciller. Garp, tenant toujours fermement Emily hausse le ton et répète toujours la même chose.

-Je t'assure Sengoku! Crois-moi!

L'amiral en chef soupire et regarde dans les yeux Garp.

-... Bien... Allons en parler dans mon bureau Garp.

-Pas besoin! Je suis pas fou!

Le vice-amiral resserre sa prise sur la sorcière qui grimace. Sengoku, le remarquant, attrape le bras de Garp et le force à la lâcher.

- Viens.

Garp peste bruyamment mais finit par obtempérer et se laisse tirer par Sengoku. Ce dernier se tourne vers Emily et la fixe un instant.

- Quant à toi jeune fille, je voudrais qu'à l'avenir tu évites de sortir te promener seule même à l'intérieur de cette base.

Il se tourne ensuite vers Domitille et continue:

- Prends ton tour maintenant.

Domitille hoche légèrement la tête.

- Bien.

Les deux gradés sortent ensuite de la salle, suivie par Domitille qui ferme la porte avant de réveiller de nouveau Aokiji d'un coup de pied et de l'envoyer à son bureau afin de prendre sa place. Pendant ce temps, dans toute une aile de la base, on peut entendre Garp grommeler et crier. Tout le monde s'y étant habitué rapidement, les soldats relèvent leur tête de leur travail en remarquant que les cris se sont stoppés.

Domitille, toujours près de la porte, se redresse également et soupire.

- On dirait qu'il s'est enfin calmé...

Elle ferme les yeux un instant puis les rouvre et regarde de nouveau autour d'elle afin de trouver quelque chose de plus stimulant à faire mais comme depuis une bonne trentaine de minutes, elle ne peut que se contenter d'attendre que son tour de garde passe.

Des soldats curieux, remarquant que ce n'est plus un amiral qui surveille cette porte, s'approchent en chuchotant entre eux. La contre-amirale tend l'oreille et entend quelques brides des conversations.

-Tu crois qu'il s'agit de quoi?

- Je sais pas mais c'est sûrement important.

- T'es sûr? Il me semblait qu'il y avait une fille.

- Bah...

Domitille lève les yeux au ciel puis les regarde froidement, sans ciller, faisant fuir quelques soldats. Cependant, les plus téméraires ne bougent pas d'un pouce et la regardent avec des airs hautains.

- T'as un problème?!

Gardant son calme, elle remonte ses lunettes et s'adresse de sa voix monotone au soldat.

- Pourrais-tu me parler moins familièrement? Il ne me semble pas t'avoir autorisé à me tutoyer et encore moins à me dévisager.

Le soldat se met à ricaner, rapidement accompagné.

- Tu crois qu'j'ai peur d'une femme?! Tu vas faire quoi?! Pleurer et appeler l'amiral en Chef à l'aide?

Domitille soupire.

- Voilà donc la seule répartie dont sont capables les soldats de Marineford...

Cette réplique semble énerver le soldat qui s'empourpre.

- Tu t'crois mieux peut-être?! Te pense pas au dessus de tout le monde sous prétexte que t'es la chienne du bouddha et que Akainu t'a pas encore cramé!

La femme marine fixe sans émotion le soldat. Elle retire ensuite ses lunettes et son expression change du tout au tout. Un sourire mauvais apparaît sur son visage et ses yeux semble le sonder avec froideur alors qu'elle penche légèrement la tête sur le côté. Elle s'adresse ensuite à lui d'une voix doucereuse.

- Qu'avons-nous là? Ne serait-ce pas le soldat qui a été rétrogradé et qui a failli être renvoyé de la marine? Heureusement que tu as pensé à soudoyer ton ancien supérieur pour pouvoir atterrir à Marineford.

- Qu... Quoi?! Comment...

- Je sais beaucoup de choses. Plus que tu ne le penses. Les différentes organisations du Gouvernement font tout pour tenter de m'avoir. Je pourrais faire tomber n'importe qui d'un claquement de doigt. Tu ne voudrais pas tomber petit soldat ?

Sa dernière phrase sonne comme un murmure pourtant parfaitement audible, faisant frissonner le soldat concerné. Elle se redresse soudainement puis remet ses lunettes et, comme si de rien n'était, s'adresse de nouveau à tous les soldats de sa voix monotone.

- Pourriez-vous traîner dans un autre couloir?

Ils ne se font pas prier et disparaissent rapidement, laissant seule Domitille dans ce couloir. Elle se replace près de la porte, droite et attendant que le temps passe.