Je veux une licorne.

June frottait comme une forcenée l'immense boite de verre dans laquelle elle se trouvait. Le front humide et légèrement essoufflée, notre héroïne favorite ne semblait jamais avoir tant souffert de sa situation de toute son existence. A nouveau et comme bien des fois depuis quelques jours, elle songea nostalgiquement à ses cours d'activité sportives pendant lesquels elle n'avait jamais été trop présente. Comme elle regrettait désormais de ne pas avoir été plus attentive à ses professeur en joggings et baskets. Avec une légère exclamation de satisfaction, elle se redressa et sorti de l'immense terrarium pour s'étirer et profiter des quelques rayons du soleil qui parvenaient à percer les nuages brumeux et vaporeux. Le printemps ne tarderait pas à arriver et même s'il fallait encore se couvrir pour supporter la pluie et le froid, l'astre solaire pointait pourtant régulièrement le bout de son nez pour manifester son retour. Cette nouvelle ravissait au plus haut point la jeune brune qui songeait déjà à ses vacances d'été en France. Paris faisait rêver ses parents depuis un bon moment et comme il était hors de question qu'ils ne l'emmènent pas avec elle -puisqu'elle détestait tout bonnement l'idée qu'ils fassent quoi que ce soit sans son accord à elle- pour profiter des boutiques de luxe, de la Tour Eiffel et des Champs Elysée. Ravie de sa fin d'après-midi, elle attrapa le tuyau d'eau et commença à rincer la mousse et le produit qu'elle avait abondamment appliqué sur les vitres de verre. Une brise fraîche épousant son visage, elle avait, la jeune femme, l'impression de flotter sur un petit nuage de bonheur dont rien ne viendrait à bout. Pas même un Voldemort morose et grognon qui ne cessait de s'enquérir du moment où elle allait enfin déguerpir. Et pour cause, voilà trois jour désormais que June, après les cours, se rendait chez le Seigneur des Ténèbres pour nettoyer les terrariums plein à craquer des serpents de ce dernier. Elle avait d'abord rusé en faisant en sorte de traîner et de s'attarder sur des tâches inexistantes, mais lui, futé et impatient qu'elle ne revienne plus dans ses pattes, avait très vite compris son manège. Depuis, elle avait une date limite pour finir les tâches qu'elle avait si généreusement accepté de remplir, après quoi, elle devrait partir de la demeure sans demander son reste. Et aujourd'hui était d'ailleurs la date buttoir, alors, la mort dans l'âme, la jeune brune se résigna. Elle souleva le bloc de verre tant bien que mal et le hissa sur un chariot bas qu'elle avait confectionné de son propre chef pour faciliter les déplacements. Car les terrariums, gros et imposants, étaient très lourd et trop gros pour qu'elle se permette de les porter seule et, comme la seule fois où elle avait demandé de l'aide au propriétaire des lieux, ce dernier c'était exclamé qu'elle n'avait qu'à utiliser la magie, elle avait préféré ne pas insister et ne pas revenir sur le sujet le lendemain. Faisant rouler son engin de malheurs jusqu'à la pièce qui servait de refuge aux reptiles de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, June entreprit de remplir ce dernier de gravier et de plantes aquatiques avant d'humifier l'endroit. Puis, comme elle ne craignait pas les serpents, elle plaça les pensionnaires dans leur maison toute propre. Avec le sentiment d'un devoir bien accomplit, elle se dirigea vers le hall d'entrée, satisfaite. Bien sûr elle n'y trouva personne, son altesse royale devant probablement être en train de faire des choses étrange mais sans la moindre magie. Elle soupira, ne pouvant décemment pas quitter les lieux sans prévenir.

« - Bon, eh bien j'y vais ! Au revoir ! »

Sa voix douce porta loin, dans les couloirs et les dédales dont Voldemort était le seul à en connaître la sortie. Pourtant, elle n'eut aucune réponse et, un peu vexée, elle partit donc sans demander son reste. Ce n'était pas la première fois qu'il était impoli à son égard. En fait, le contraire l'aurait fortement étonnée, cependant, elle estimait qu'il était de son droit de recevoir une dernière salutation. C'était pour elle la moindre des choses. Et puis, en tant que fille d'un couple important, sans doute devrait-elle recevoir aussi quelques remerciements pour ses bonnes actions accomplie depuis trois jours. Même si c'était elle qui, dans un premier temps, avait voulu le faire pour se racheter de son mauvais comportement.

« - Moldue. »

Elle se retourna tellement vite qu'elle manqua de se tordre le cou et tomba sur un Voldemort préoccupé mais bien présent, en chair et en os. Indécise, elle ne sut quoi faire ou quoi répondre. Etais-ce là un au revoir ou l'interpellait-elle pour lui demander d'exécuter une dernière tâche avant son départ ? Rien dans l'intonation de la voix de l'homme ne laissait à présager quoi que ce soit sur la suite des événements, elle se contenta donc de rester là, à quelques mètres de lui, à le fixer avec un regard perdu. Partir ou rester ?

« - J'espère que mes serpents seront à l'aise chez eux. Sinon, je vous ferais regretter ce mauvais traitement. »

Elle sourit doucement. Si c'étaient des menaces claires, cela sonnait pourtant dans sa tête comme des remerciements. Surtout qu'elle avait remarqué avec fascination qu'il la vouvoyait depuis qu'elle prenait la peine de s'occuper de ses serpents et à ses yeux, ça sonnait comme une marque de respect. Elle hocha donc doucement la tête, avec politesse, puis s'éloigna de l'immense bâtisse sans ce léger pincement qui l'avait pourtant habité quelques minutes plus tôt. Elle repartait d'ici avec le même sentiment que lorsqu'elle avait foulé les lieux trois jours plus tôt celui d'être chez elle ici plus qu'ailleurs. June se souvenait encore très bien du moment où, se glissant entre l'entrebâillure des portes grillagées elle avait pu voir le manoir dans son ensemble. Comme s'il avait été taillé dans un bloc de pierres blanches et grises, il s'imposait en maître des lieux, entouré de jardins légèrement fleuri et de quelques arbres fruitiers. Puis elle était arrivée devant cette immense double porte noire et avait frappé avec timidité. Le Lord lui avait alors ouvert pour l'emmener dans son étrange monde fait de marbrures et de broderies. Elle se souvenait encore du hall, ou contrastaient nuances sombres et pierres blanches. Puis son regard était tombé sur cette immense peinture, datant d'au moins deux siècles sur laquelle un couple était représenté avec leur fille. Des créatures divines probablement, tant elles étaient belles. La femme resplendissante et drapée de vert, l'homme, blond et le regard sévère. Le tableau, bien que parfait, avait tôt fait de la mettre mal à l'aise et elle s'en était détournée pour apercevoir, par la fente d'une porte ouverte, un salon ou trônait une cheminée allumée. Si elle n'eut pas l'occasion de visiter beaucoup plus de pièces, elle s'était très vite contentée de la magie qui semblait vouloir flotter dans l'air.

« - Que fais donc votre famille Vendredi soir ? »

Cette voix masculine la sollicitant à nouveau elle s'arrêta et se tourna de nouveau vers lui, méfiante. Il se tenait dans son dos, sur la pas de la porte, comme s'il venait de la suivre. En voilà une drôle de question, venant de la part d'un sorcier qui voulait anéantir les moldus.

« - Rien, pourquoi ?

- Vous êtes donc invités à dîner, tous les trois. Et même avec votre chien si vous en avez un. »

June releva un sourcil, soupçonneuse. Invités ? Toute la famille ? Voilà une chose à laquelle elle ne s'attendait absolument pas. Elle fit abstraction du chien, et, alors que son cerveau songeait à comment se dépatouiller de cette situation, elle balbutia

« - En quel honneur ?

- Eh bien, vous serez bientôt mes futurs voisins, je dois donc apprendre à vous connaître. »

Elle avala sa salive, fébrile. Il préparait forcément un sale coup. Venant de lui, ce genre d'invitation ne pouvait être anodine et normale. De ses yeux noisette, elle capta le regard poli et courtois de l'autre. En fin manipulateur, il devait probablement camoufler ses émotions mais, elle devinait qu'il devait curieusement se retenir de jubiler devant elle. Pourquoi ?

« - D'accord. »

Elle avait accepté comme s'il s'agissait là d'un défis l'opposant à Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Comme si elle se sentait acculée, mais, il n'en était absolument rien. Elle était simplement curieuse de voir la suite des événements, de voir ce qu'il allait se passer et surtout, de voir ce qu'il allait faire. Car il n'y avait que cela qui la fascinait réellement, ce que ferait le Mage Noir. Elle hocha donc la tête face au sourire ravis du sorcier et lentement, elle quitta la propriété.