Chapitre 36
Voilà maintenant un jour que j'ai découvert ce qui m'attendait suite à la conversation avec l'amiral en chef. J'ai tenté de rejeter la triste réalité. Mais en vain, malheureusement. Une fois la nouvelle rentrée dans ma tête j'ai revu toute mon enfance... Et ce jour où tout a basculé.. Mais c'est grâce à cette tragédie que je suis devenue sorcière après tout. Je me suis renfermé sur moi-même, le regard perdu réfléchissant à ce foutu mariage et le démon qui m'attend comme mari. Brrr. J'ai essayé maladroitement de tirer plus d'informations, mais en vain. Sengoku, ce vieux m'a ignoré... Les amiraux et la contre-amirale ont visiblement eu la même consigne : m'ignorer et me garder au chaud ici en attendant le jour J de ce fichu mariage ! J'ai néanmoins ressenti une tentative d'intrusion de la part de l'un d'entre eux, mais il a été vite ramené à la raison par un collègue. Tch..
Soupirant une nouvelle fois, je regarde avec insistance sur le mur en direction du bureau de l'amiral en chef.
- Etait-ce vraiment la volonté de Dumbledore, ce mariage ? Je veux l'entendre de votre bouche... Excusez mes propos insultants après votre départ... Je ne pensais pas vraiment mes mots.. Enfoirée.. Enflure... Et.. Je ne voulais pas votre mort comme je l'ai si bien dit mais... j'étais tellement hors de moi... Vous voulez quoi ...? De l'argent ? Je peux m'arranger... Mais ne me laissez pas dans les mains de ce type... !
Silence... J'entends encore la plume qui gratte sans arrêt, sur le papier. Il ne bronche pas plus.
- Vous l'avez pensé vous-même. Il est dangereux, et ne semble pas être quelqu'un de sensé et proche de vous, je me trompe ?
Encore le silence. Et il ne cesse de penser à tout et n'importe quoi pour éviter que je n'intercepte ces véritables pensées. Très malin.
- J'ai longuement réfléchi à tout ce qui était arrivé depuis que je suis ici... J'ai déjà dû tous vous rencontrer. Ou juste vous voir de loin, sans connaitre vos noms... J'étais... (rire nerveux) une gamine dans son monde, cachée de toute réalité... Vous ne pouvez pas me reprocher d'être de là-bas. On ne choisit pas sa famille, n'est-ce pas ?
La plume s'arrête de bouger mais le silence me répond encore.
- J'ai toujours été sous l'emprise de quelqu'un.. D'abord mes parents.. Dont je n'ai aucun vrai souvenir si ce n'est que leurs morts bien entendu. Puis des bonnes femmes à l'orphelinat où je suis resté jusqu'à mes 11 ans. Et puis bientôt 7 ans dans un vieux château à travailler pour apprendre la magie... Et maintenant, c'est vous qui vous vous amusez à faire ça. Le Gouvernement ne vous remerciera jamais pour ça, vous en êtes conscient ?
Encore un long silence.
- Les grands corsaires sont là !
Je tourne la tête et m'approche lentement de la fenêtre. J'aperçois les amiraux qui sortent de la base pour aller à la rencontre d'étranges personnages. Un premier homme s'avance lentement, habillé de manière sombre, et quelque chose ressemblant à une immense épée dans son dos. Je plisse les yeux et le détaille rapidement. Si je n'entendais pas son corps battre, je pourrais le prendre pour un mort vivant lui aussi. Ce n'est pas naturel d'avoir une peau si pâle, ces yeux jaunes perçants. Et un corps aussi maigre et musclé à la fois. Il est parfaitement à mon goût celui-là dis donc... Qu'est-ce que je viens de penser ? Je secoue la tête en soupirant. Mon humeur ne fait penser des choses débiles parfois... Après quelques minutes, un deuxième homme arrive. Beaucoup plus imposant. Habillé d'un magnifique manteau de plume rose, un haut blanc et rouge et un pantacourt orange. Encore un fou des vêtements bizarres. Je préfère largement porter des robes noires à longueur de journée plutôt que de porter des horreurs pareilles... Mais, j'admets que le manteau doit être assez doux et confortable... Je plisse les yeux, et regarde le visage de ce corsaire. Des lunettes parfaitement assorties sont sur le nez de ce type, qui a un sourire mauvais sur le visage. Un blondinet en plus... C'est bien le premier que je vois ici.. Etrange...
Les deux hommes échangent quelques mots avec les amiraux, puis sont pris en charge par ces derniers, qui rentrent dans la base, avec l'amiral Aokiji en tête. Mon poil me hérisse légèrement, et un mauvais pressentiment me prend soudainement. Je me frotte les bras, et grogne légèrement.
- C'est quoi cette impression encore.
Je marche en rond en essayant de chasser cet étrange sentiment... Quand j'entends des pas qui s'avancent et s'arrêtent devant ma chambre. Je recule de quelques pas, et la porte s'ouvre malheureusement sur cet imbécile d'amiral.. Qui cligne des yeux en me regardant, puis qui se gratte la tête, embêté.
- Ce n'était pas cette porte... ? Zut...
Un silence pesant s'installe. Trois paires de yeux se posent sur moi, et inspecte la pièce, très bien rangée comme à son habitude. Et puis, un sourire s'agrandit sur le visage de l'homme au manteau rose qui contourne l'amiral Aokiji et il s'avance d'une démarche étrange et spéciale à souhait. Tandis que celui à l'épée me regarde sans grand intérêt. Brr.. Son regard est d'une froideur... Ca me plait presque... ! Je tente de lui ordonner de reculer, mais ma bouche s'ouvre mais aucun bruit n'en sort, comme si j'étais incapable de produire un son. Il continue de s'avance et s'arrête devant moi, le sourire tordu sur le visage. Il se penche légèrement pour me regarder.
- J'ignorais que vous aviez une fille, amiral, fufufu… Elle est plutôt mignonne. On dirait presque que c'est ta fille, Mihawk, roucoule-t-il. Tu ne me cacherais pas quelque chose… ?
Je vois mon reflet terrifié et immobile dans les verres teintés du corsaire et une seule pensée me vient en tête sur le moment et en direction d'une personne…
(Amiral en chef Sengoku… A l'aide… Je vous en supplie… )
Du côté de la Marine,
Dans son bureau, Sengoku relève soudainement la tête de ses papiers et regarde autour.
- Qu'est-ce que...
Il se lève rapidement et sort de son bureau, certain de ne pas avoir halluciné. En arrivant devant la chambre de la sorcière, il voit rapidement le problème et soupire.
- Aokiji! Pourrais-je savoir pourquoi tu les as emmenés ici?!
Nullement impressionné, l'amiral bleu tourne la tête et baille avant de répondre simplement.
- Me suis... trompé.
L'amiral en chef tique alors mais décide de ne pas s'énerver davantage contre le bleu puisqu'il s'en moque éperdument de toute manière. Il entre alors dans la chambre pour voir Emily en face de Doflamingo. Il fronce un peu plus les sourcils et s'exclame.
- Je ne crois pas que quelqu'un t'ait autorisé à entrer dans cette chambre, Doflamingo.
Le corsaire perd un instant son sourire avant de le retrouver aussitôt et de se tourner vers Sengoku.
- Sengoku. Cette jeune fille ne m'a pas interdit de rentrer. Regardez par vous-même.
L'amiral en Chef tourne son regard vers la jeune sorcière et ne la voit toujours pas bouger. Cependant, il peut lire toute la détresse dans son regard et il pourrait presque réentendre la supplique qu'il avait entendu plus tôt et qui l'avait poussé à venir. Il regarde alors de nouveau Doflamingo et prend un ton qui se veut autoritaire.
- Libère-la de ton emprise et sors immédiatement.
- Je n'en ai aucune envie.
- Préfèrerais-tu perdre ton poste de grand corsaire alors ?
Le sourire de Doflamingo se fane de nouveau et le flamant se redresse alors.
- Je plaisantais juste Gensui. Je ne comptais rien faire.
Il regarde ensuite Emily.
- Eh bien, je dois te dire au revoir jeune fille...
- Déguerpis.
Doflamingo met les mains dans ses poches et sort tranquillement. La jeune sorcière semble alors retrouver la possibilité de se déplacer. Sengoku ne s'attarde donc pas plus et sort à son tour rapidement, avant qu'Emily puisse comprendre pleinement ce qu'il vient de se produire et l'interroger. Il soupire et vérifie qu'Aokiji les emmène dans la bonne salle avant de retourner à son bureau. Il espère pouvoir terminer tous les préparatifs en vue de la prochaine guerre mais avec ce retard, le temps risquait de lui manquer. Pendant ce temps, d'autres corsaires arrivent, plus ou moins enthousiastes. L'atmosphère se fait plus lourde tandis que chacun continue à vaquer à ses occupations, non sans une certaine appréhension de ce qu'il se passera dans un futur proche.
