Chapitre 39


J'hausse un sourcil et regarde la contre-amirale qui est trop sérieuse. Lui, comme Voldemort ? C'est vrai qu'ils ont l'air d'avoir des points en commun mais quand même...

- Et il a ressuscité lui ?

- ...

- Voilà. Non, notre ennemi est increvable, et on ignore comment ça se fait. Alors, croyez-moi que celui-là, je me ferais un plaisir à le massacrer...

Elle tique légèrement et m'attrape à nouveau le bras pour me tirer à travers de ce qui reste de la base. Je m'arrête à nouveau, la forçant à se retourner.

- Si on avance davantage, on risque de se faire écraser. Il faut trouver une autre issue...

- Si on fait demi-tour, Doflamingo viendra à notre rencontre, et ce n'est pas ce que vous voulez, n'est-ce pas ? Après votre petit échange musclé, je crains qu'il vous réserve la même chose.

Je grimace et elle repend rapidement sa marche, m'entraînant entre les débris, cherchant l'amiral en chef.

- J'espère qu'il ne lui est rien arrivé, marmonne-t-elle. Il ne manquerait plus que ça...

- Vous semblez attaché à tout le monde ici.. Mais l'inverse est-il vrai au moins ?

Elle m'ignore royalement et accélère une nouvelle fois, nous faisant enfin sortir du bâtiment en ruine, pour arriver devant la grande place. Où git des centaines de corps de soldats comme de pirates. J'écarquille les yeux en voyant la quantité de personnes au sol, ne bougeant plus d'un pouce... Je la laisse me tirer rapidement dans des marches, et nous arrivons enfin non loin de l'amiral en chef, assis sur un rocher visiblement blessé. Pas trop gravement, car il discute à voix basse avec un soldat visiblement nerveux. Elle me lâche le bras et s'approche doucement pour engager une conversation à voix basse. Je les garde du coin de l'œil et regarde la grande place, détruite et couverte de sang. Je plisse le nez et retient immédiatement ma respiration. J'ai beau pouvoir me retenir face à du sang mais je n'ai jamais eu affaire à une quantité comme ça.. Je m'avance légèrement et regarde les soldats encore debout qui tentent malgré tout de retrouver des camarades vivants.

- Bordel... Ca a été un véritable massacre... Je comprends mieux la secousse et l'état de la base maintenant. La Marine a visiblement gagnée. Mais pas sans perte...

- Gaaamine.. Tu devraaais rester à couveert, fait lentement Kizaru en s'approchant.

- Contente de voir que vous allez bien aussi, répliquais-je sans bouger. On pourrait croire que vous n'avez pas bougé le petit doigt contrairement à vos soldats.

- Je faaais des attaaquees à distaaance...

- C'est à cause de vous alors que j'ai manqué de finir au fond d'un trou sous la base ? Trop aimable à vous alors.

- Heeein ? Ah nooon... C'est le vieeeux... Là-baaas.

Il fait d'un léger pas de côté et pointe un géant un peu plus loin, immobile et couvert de sang et de grave blessure.

- C'étaaait nootre ciblee à abattre...

- Vous avez gagné mais au prix de combien de vie ? Regardez autour. Si vos ennemis venaient à revenir, vous seriez les grands perdants au final.

- Oooh...Mais ils soont toujours làà..

Je penche la tête vers la nouvelle direction qu'il me montre. Quelques types tentent de réveiller des corps inanimés au sol, les joues brillantes à cause du flot de larmes.

Je grimace légèrement. Ça ne me plait jamais de voir ce genre de choses... Je ressens la douleur qu'ils ressentent tous... Ils sont tellement impuissants. Je croise les bras et cache mes mains pour cacher les légers tremblements qui me secouent. Allez allez... Ce sont les ennemis de la Marine, je n'ai pas à avoir de compassion pour eux. Et puis, personne n'est le gentil ou le méchant. Chacun a son rôle.. Mon regard se perd sur la foule des soldats, et s'arrête finalement sur un homme à l'allure étrange et très fatigué. J'hausse un sourcil et le détaille du regard, tellement que je suis surprise d'un tel accoutrement. Habillé d'une sorte de veste violette ouverte sur son torse tatoué d'un étrange signe, d'un pantalon bleu et de sandale de même couleur. Il dégage une certaine aura de puissance, mais son état est un peu contradictoire pour un homme comme ça. L'amiral Borsalino suit mon regard et sourit légèrement.

- Marcoo le Phéniix.. C'étaait le braas droit de Barbe Blaaanche... Il est désormaais le capitaaaine, vu que le vieeeux est moort...

- Un peu de respect pour les morts amiral, grognais-je. Ennemi ou pas, on évite d'insulter un mort. Il n'est plus là pour se défendre.

- Pffffff... De quel côtééé es-tu gaaamine ?

- C'est juste une question de respect, pas d'allégeance à la marine ou à la piraterie.

- J'en toucheerais un moot à Sengooku... Tu es à surveeeeiller...

Il s'éloigne vers Sengoku, me laissant de côté, le regard perdu sur les morts et les vivants. Je soupire et commence à reculer pour aller me caler dans un coin tranquille non loin du chef, quand j'aperçois un mouvement brusque quand le coin de mon œil. J'arrête immédiatement mon geste et tourne la tête pour voir une lumière bleue me foncer dessus. Un phénix ?! Je n'ai pas le temps de reculer de quelques pas, et étouffer un cri de surprise qu'il est presque à ma portée, toutes griffes sorties vers moi et lâche dans un grognement humain.

- Ça, c'est pour Oyaji !

J'écarquille les yeux et met par réflexe, les bras devant moi n'ayant pas le temps de réfléchir et de prendre ma baguette enfoncée dans l'une de mes poches. Je ferme les yeux et attend l'impact qui ne vient jamais. Je rouvre doucement les yeux et recule de plusieurs pas, essayant de m'extraire de la situation que je vois devant mes yeux. Le Phénix a bien été stoppé dans son élan. Mais non pas par un amiral comme j'aurais pu me prévoir. Mais par Doflamingo lui-même couvert de sang, le regard dangereux et la gorge du pirate dans sa main, le tenant au-dessus du sol. Il crache hargneusement du sang sur le côté et fusille du regard, l'ancien second de Barbe Blanche.

- Fufufu... Reste loin d'elle, morveux.

- Oi ! Vous... avez tué Oyaji... On tue la fille de votre chef !

- ...

Oula... Y'a méprise là. Moi, fille du fou à la chèvre ? Sans façon franchement... Je me se recule rapidement et les observe. Doflamingo n'a toujours pas lâché prise tandis que le phénix se débat un peu plus. Plusieurs personnes, pirates et marines arrivent alors, prêt à reprendre le combat malgré les nombreuses blessures de chacun. Sengoku s'approche à son tour, passablement irrité.

- La guerre est terminée ! Nous avons choisi de vous laisser récupérer vos blessés alors cessez immédiatement ces coups en traître, pirates !

Des exclamations fusèrent des deux côtés mais Sengoku réussit à faire taire les personnes autour d'un simple regard. Il n'était pas amiral en chef pour rien après tout. Marco réussit soudainement à sortir de la prise du corsaire et tente d'attaquer de nouveau. Il est cependant une nouvelle fois arrêté mais, cette fois-ci, il s'agit de l'amiral jaune.

- Eh bieeen. Il fallait le diiire si tu voulais tellement repreeendre notre combaaat.

La colère déforme un peu plus les traits de Marco et il est sur le point de lancer une nouvelle attaque lorsqu'une main se pose sur son épaule. Elle appartient à un des commandants qui lui demande d'arrêter. Marco hésite un instant puis, une fois calmé et voyant les nombreux blessés, il décide finalement de partir sans un regard pour les marines qui restent tout de même sur leur garde jusqu'à ce que les pirates s'éloignent assez. Doflamingo cesse donc de se concentrer sur eux et regarde autour de lui avant de froncer les sourcils.

La jeune fille avait encore disparu.


Un peu plus tôt, durant l'altercation, Sengoku a fait un léger mouvement de tête avant de prendre la parole. Ce geste est imperceptible pour ceux qui sont autour, trop accaparés par le petit affrontement. Personne ne remarque donc, mis à part la personne à qui est adressé ce signe qui n'est autre que Domitille. Cette dernière part alors rapidement avant de revenir avec Borsalino et Kuzan. L'amiral jaune n'a pas besoin qu'on lui dise quoi que ce soit et se dirige aussitôt vers la foule qui s'est formée autour du corsaire et du phénix. Aokiji, lui, met plus de temps à réagir ce qui arrange Domitille qui attrape son bras avant qu'il ne rejoigne, à son tour, la foule. Il se tourne alors et hausse un sourcil, ses yeux posant une question qu'il ne pourrait sûrement pas formuler correctement, comme d'ordinaire. La contre-amirale le relâche alors et se redresse.

- Il faut que j'amène la sorcière à l'abri mais je doute qu'elle me suive sagement et je n'ai pas la force nécessaire pour l'emmener.

- .. Et?

Domitille soupire et montre Emily qui observe la scène avec attention mais aussi appréhension, restant toutefois à l'écart et semblant prête à partir d'un instant à l'autre.

- Attrapez la et suivez-moi tout en l'empêchant s'enfuir et de crier. Il ne faudrait pas qu'elle attire l'attention de Doflamingo.

- C'est tout?

- Oui.

- C'est... ennuyeux.

- Obéissez juste... Ordre de l'amiral en chef.

L'amiral bleu semble alors se résigner et s'approche de la sorcière par derrière. Elle remarque cependant sa présence et se retourne rapidement avant de froncer les sourcils.

- Qu'est-ce que...

Aokiji plaque alors soudainement une main sur sa bouche et l'attrape avant de faire demi-tour en baillant.

- ... Pour une fois qu'il est efficace...

Domitille souffle et fait demi-tour puis marche rapidement, suivie par Kuzan. Ils arrivent devant un navire et montent avant de rentrer dans une cabine. A ce moment, Aokiji relâche la jeune fille qui descend rapidement et les fusille du regard.

- Je peux savoir ce qui vous a pris?!

- Nous vous avons simplement mis en sécurité contre votre volonté.

- Comment peux-tu dire ça de manière si... euh...

Domitille le regarde et soupire de nouveau. Elle n'allait pas tenir longtemps s'il fallait qu'elle doive tenter de comprendre l'amiral tout en surveillant la sorcière.