Chapitre 40
Je les fusille froidement du regard, et serre les poings, essayant de me calmer. Restons calme. Ils ne font que suivre les ordres, j'imagine... Mais ils m'énervent. Ils sont comme des chiens en laisse, et c'est bien ce que je leur reproche. D'être dépendant d'une autorité supérieure, ce que je refuse personnellement.
- Vous savez très bien ce dont je suis capable, et votre protection ne m'est d'aucune utilité. Vous l'avez si bien dit : il est aussi fort et dangereux que le mage noir dans mon univers.
- Doflamingo n'est pas intervenu par simple compassion pour vous, je vous rappelle, fait sèchement Domitille.
- Non, sans rire ?! répondais-je aussi rapidement. Je crois être mieux concernée et prise par le temps que vous sur ce coup. Ce n'est pas vous que l'on force à marier à un psychopathe, et noble en plus que ça !
- Vous devriez plutôt vous réjouir de posséder le titre le plus prestigieux qu'il existe dans notre monde, continue Domitille.
Là, c'est la fois de trop pour tenter de calmer mon envie de meurtre... Je me retourne vers elle d'un seul coup, les yeux bien sombres reflétant mon état d'esprit plus que dangereux. L'amiral un peu endormi, baille ennuyé mais nous regarde tout de même. Il n'a pas l'air de comprendre la situation, et tant mieux. Vaut mieux que les paroles qui vont suivre restent entre personnes responsables. Je la fixe droit dans les yeux, sans ciller un instant, et elle non plus, ne me lâche pas des yeux.
- On échange nos places quand vous voulez alors. Vous croyez que ça me fait plaisir de passer d'un statut d'étudiante, libre comme l'air à celui d'une jeune femme soi-disant responsable et mariée ?! Et noble en plus ! J'ai peut-être des parents qui ont un statut élevé dans ce monde, mais je n'ai pas grandi avec eux ! J'ai appris les valeurs que m'ont enseignées Albus Dumbledore et Minerva Mcgonagall ! Je leur dois tout ! Et que m'ont apporté mes chers parents ? Une mort absurde au fin fond d'une forêt !
- Malheureusement, vous n'avez pas le choix.
- On a toujours le choix, il faut juste savoir prendre une décision difficile d'accès ou quasiment invisible si on ne risque pas sa vie. Oh, c'est vrai que vous êtes une femme soumise aux hommes ici... Il n'y a que des hommes dans la hiérarchie, et dès qu'il y a un problème, c'est vous qui devez vous en occuper. A la première occasion, vous serez dégagée d'ici, ne vous faîtes pas d'illusion contre-amirale. Alors, si je peux vous donner un conseil, barrez-vous de cette base et changez de métier. Et si vous êtes à ce point désespéré, changez carrément de monde. Une femme forte a plus ces chances chez moi désormais.
- Ne changez pas le sujet. Il s'agit de vous dans cette conversation.
- Conversation ? Vous êtes bien gentille. Je dirais un débat très violent ou une engueulade pour parler plus familièrement.
- Vous allez devoir changer de comportement quand vous serez à Marijoa avec les autres habitants ...
Trop tard, je ne contrôle plus mon corps et en un quart de seconde, j'ai attrapé la contre-amirale par la gorge et la colle au mur, plus que furieuse.
- Bordel, c'est quoi votre problème ?! A quel point, vous êtes soumis aux nobles de Marijoa ?! Je ne veux pas être l'une d'entre eux pour la énième fois !
Je l'empêche de bouger, et resserre un peu plus ma prise sur sa gorge, oubliant même qu'elle a besoin de respirer, contrairement à moi. Un léger signe de la main et je suis attrapé par l'amiral présent et écarté de force. Il me maintient fermement le corps et les bras. Je grogne violemment et tente de me dégager. Une chose est sûre : je pars aujourd'hui. Et très loin d'ici !
- Hey bah...Elle en a de la force...
Je lance des coups de pied violent pour le faire me lâcher, mais rien à faire, il ne lâche absolument pas prise. C'est à ce moment que la porte s'ouvre sur l'amiral en chef Sengoku, les deux autres amiraux visiblement en pleine discussion et Doflamingo juste derrière, encadré par les deux amiraux. La foule se fige en voyant la scène irréaliste devant eux, passant de moi, se débattant comme une furie et la contre-amirale Domitille, contre le mur, une trace de main clairement visible.
- Que s'est-il passé ici ?! tonne Sengoku.
- La gamine a attaqué euh...commence Aokiji.
- Fufufu...Elle en a du caractère cette demoiselle, glousse Doflamingo en passant tranquillement.
- Doflamingo, rappelle-toi de ma menace, commence lentement Sengoku.
- Je m'en souviens très bien, mais vous souvenez-vous que vous n'êtes plus l'amiral en chef... ?
- ...
Je m'arrête légèrement, et regarde le barbu de manière étrange. De quoi il cause le rose ? La contre-amirale se reprend rapidement de l'attaque et s'avance vers Sengoku, qui ne bouge pas, comme pris au piège.
- De quoi parle-t-il ...?
- Fufufu... Ton chef a décidé de prendre sa retraite... Maintenant, j'aimerais bien que l'on m'explique pourquoi ma future femme se trouve ici... Et surtout, j'aimerais qu'elle ne s'échappe pas une autre fois... N'est-ce pas Gensui ? Elle semble avoir des capacités bien spéciales, et cela mérite des explications maintenant...
Je suis relâché par l'amiral Aokiji, qui me force à m'asseoir dans un fauteuil dans la pièce, tandis que les autres personnes se mettent à l'aise et bloquent l'ensemble des issues possibles. Je me crispe un peu plus et soutient le regard féroce de l'amiral en chef qui a visiblement une dent contre moi.
Domitille garde, pendant ce temps, les sourcils froncés et fixe Sengoku.
- Gensui, veuillez m'expliquer...
- Ce n'est pas le sujet de la conversation, Domitille.
La contre-amirale se mord alors la lèvre mais ne dit plus rien. Ce n'est pas son genre d'être curieuse.
- Bien ce que je disais, soumise.
Domitille regarde alors froidement Emily et un bref éclat rouge passe dans ses yeux.
- Domitille ! gronde soudainement Sengoku
L'interpelée tourne alors la tête et la baisse aussitôt, comme prise en faute. La soudaine soumission n'a, évidemment, échappé à personne à part Doflamingo qui reste absorbé par la jeune sorcière. Cette dernière, cependant, a remarqué l'altercation mais aussi cet éclat rouge et c'est sûrement cela qui a alerté l'amiral en chef, ou plutôt, l'ancien amiral en chef de ce qu'elle avait compris.
Doflamingo, qui s'était momentanément calmé, s'approche doucement et s'appuie contre le fauteuil d'Emily. La sorcière se lève alors et s'éloigne en le fusillant du regard.
- Ce n'est pas la peine de fuir comme ça, jeune fille. Tu ne m'as, en plus, pas répondu plus tôt.
- Je n'en ai aucune envie.
Le corsaire ne perd pas son sourire et s'approche de nouveau.
- C'est très cruel. Sengoku refuse de me dire quoi que ce soit. Je n'y peux rien mais toi, tu ne dois rien cacher à ton futur mari.
Une réplique cinglante menace de sortir de la bouche d'Emily mais avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, Sengoku se redresse et devient plus menaçant.
- Je pense avoir été assez patient alors je vous prierai de partir immédiatement, Doflamingo. Vos questions attendront un autre jour.
Doflamingo semble alors réfléchir aux différentes options qui s'offrent à lui avant de sourire un peu plus.
-... Bien. Veuillez me la ramener à l'heure le jour du mariage alors.
Puis il se tourne vers la sorcière et souffle
- J'ai plus que hâte que ce jour arrive. Tiens-toi prête, je suis plus que curieux
Les poings d'Emily se serrent alors et elle veut de nouveau prendre la parole mais est encore une fois devancée par Sengoku.
- Partez.
Le corsaire part alors, les mains dans les poches. Quoi qu'on en dise, il n'est pas fou au point de se mettre complètement à dos Sengoku. Du moins, tant qu'il est encore à la tête de la marine. Dès qu'il est sorti, Emily fusille du regard l'amiral en chef.
- Vous avez fait exprès de me couper à chaque fois.
- Tu t'es déjà bien assez rebellée je pense. Les marques qui commencent à apparaitre sur Domitille nous le prouve bien.
- ... Je n'ai pas serré si fort.
Sengoku soupire alors.
- Peu importe... Nous allons à Marijoa le temps des réparations alors tu as intérêt à te tenir tranquille jusqu'à l'arrivée. Aokiji restera avec toi durant le trajet.
Il se tourne ensuite vers Domitille et prend une voix encore plus dure, si cela est possible.
- Quant à toi, une fois à Marijoa, tu reprendras tes anciennes fonctions jusqu'à la nomination du nouvel amiral en chef.
- Mais...
- Ne dis rien. Tu as utilisé ton fruit du démon sans autorisation. Je t'interdis donc, à partir de maintenant, de te mêler de nouveau de tout ce qui concerne la sorcière. Tu ne t'en approcheras plus, est-ce clair?
- ... Oui.
- Bien... Et remets ces satanées lunettes !
- ... Elles sont sous les décombres.
Sengoku semble alors un peu plus agacé mais laisse Domitille partir rapidement avant de soupirer. Emily, qui n'a rien perdu de la conversation, semble alors intriguée. Tout le monde lui cache beaucoup trop de secrets ici et elle compte bien découvrir de quoi il s'agit... tout en évitant ce mariage qui lui donne la nausée rien que d'y penser.
