Chapitre 46


Je remonte les marches, les poings serrés par la colère sous le regard des autres marines. L'ex amiral en chef soupire, fortement agacé par la tournure des situations, puis regarde Domitille derrière les barreaux, sans pouvoir y faire quelque chose. Les deux marines se regardent, sans échanger un mot, puis la contre-amirale retourne s'asseoir au fond de sa cellule.

- Je crois que ce n'était pas une bonne idée... Elle n'était vraiment pas très... heureuse d'apprendre les manigances du gouvernement.. Et vous savez à quel point elle n'a pas le tact d'un amiral ou d'un quelconque soldat en leur présence...

- Cela n'a plus d'importance, répond calmement Sengoku. Elle va devoir se défendre tout en connaissance de cause. Et elle va devoir apprendre les règles de notre monde, et je compte sur toi Domitille.

La contre amirale Domitille soupire, n'ayant plus rien à redire. Dans ces moments, elle doit juste se contenter d'hocher la tête et de faire ce qu'on lui demande. Encore et encore... Elle retourne dans ces pensées, tandis que Sengoku tourne aussi les talons pour remonter à la surface, et veiller au retour du futur amiral en chef. Après tout, il devait encore former le prochain amiral au poste d'amiral en chef..

Quelques étages plus haut,

Je marche rapidement en direction des bureaux interdits... Le couloir semble durer une éternité, et je finis par arriver devant la porte de la salle du Conseil des 5 Etoiles du Gouvernement Mondial. Je frappe poliment à la porte, et attends une réponse qui ne tarde pas.

- Entrez !

Je serre les dents, à l'intonation de la personne ayant répondu. Toujours une voix masculine puant le dégout et la méprise des autres. Un étrange parfum m'accueille, et je grimace violement et me bouche immédiatement le nez, dégoutée. Mon regard est attiré par la foule déjà présente dans la pièce en plus des 5 anciens du Conseil du Gouvernement. Je m'immobilise instantanément, reconnaissant alors plusieurs de ces visages qui la regardent tous un peu. Attristés ? Déçus ? Parmi eux, Kingsley Shacklebolt grand ami d'Albus Dumbledore de son vivant et membre actif de l'ordre du Phénix. Kingsley soupire et reprend calmement la parole.

- Nous étions justement en train de parler de toi... Si tu veux bien t'avancer...

- Qu'est-ce que... ?! Que se passe-t-il ici encore ?!

Je me retourne et me retrouve nez à nez avec un costard blanc, et une longue tresse que j'identifie aussitôt comme appartenant à Sengoku. Je recule de quelques pas, et hausse les épaules comme pour répondre à l'exclamation du chef de la Marine.

- Monsieur, fait poliment Kingsley. Si vous voulez bien fermer la porte derrière vous. Nous allons tout reprendre depuis le début. La personne que nous attendions est désormais présente...

Disant cela, son regard se porte sur moi. La lourde porte se referme, et je m'avance lentement vers Kingsley.

- Il y a un nouveau problème pour vous revoir aussi tôt... ?

- Un gros problème, soupire Mcgonagall.

Je tourne la tête vers elle, surprise à nouveau de ne pas l'avoir remarquée. Néanmoins, un bruit de toux remplit à nouveau l'étrange silence de la pièce. Je me tends aussitôt, un mauvais pressentiment au ventre. Je tourne lentement la tête de l'autre côté de la pièce et aperçois mon ennemi de toujours : Dolores Ombrage : ex-professeur des Défenses contre les Forces du Mal à Poudlard...

Mon premier réflexe est de reculer face à la dame rose, arrachant un sourire maléfique à cette dernière face à la peur lisible dans les yeux du vampire en face d'elle. Ombrage déplie fièrement un parchemin devant elle et lit à haute voix.

- Le Ministère de la Magie a remarqué une utilisation illégale de sortilèges d'Impardonnables peu avant l'attaque de l'école de Poudlard, à Près-Au-Lard. Suite à une enquête menée avec la brigade des Aurors, nous avons pu identifier la baguette incriminée par cet acte hautement criminel..

Elle relève alors ses yeux maléfiques et perfides sur moi, et elle ne retient pas ce sourire de vainqueur sur son visage rond.

- Et il s'agit de votre baguette, mademoiselle Emily. Connaissant vos antécédents à Poudlard, je n'ai pas été étonnée de savoir qu'il s'agissait de vous ! Avez-vous votre baguette sur vous en ce moment ?

- Non. Elle est rangée au fond d'un tiroir actuellement.

- Je vous attends donc avec votre baguette le 20 septembre prochain pour une audience pour utilisation de sortilèges impardonnables en connaissance de cause ! Sur ce, bonne journée !

Dolores Ombrage laisse flotter la convocation écrite derrière elle, et repart avec ses hommes dans un plop général, laissant un silence de plomb dans la pièce. Je m'avance lentement et attrape le papier pour en relire le contenu. Malheureusement, ce n'est pas une fiction et je suis effectivement convoquée devant le Magenmagot, le tribunal magique localisé dans le Ministère de la Magie. Kingsley et le professeur Mcgonagall croisent simultanément les bras en me regardent sévèrement tandis que je me décompose à la vue de la convocation.

- Peux-tu nous expliquer cela, jeune fille ?! tonne Mcgonagall.

- Ça s'est passé le soir de l'attaque... J'ai quitté en vitesse cet endroit pour rejoindre Pourdlard, mais je suis tombé à Près-Au-Lard. Et quand j'y suis arrivé en transplanant, une alarme s'est déclenchée et j'ai eu affaire à trois mangemorts.

- Ils t'ont trouvé ? continue Kingsley.

- Presque. J'ai foncé tête baissée dans une impasse et quand je me suis retournée, ils étaient tous les trois face à moi, leurs baguettes en main. Je n'avais pas le choix Kingsley... Si je n'avais pas réagi à temps, qui sait ce qui se serait passé ?

- Quel sortilège as-tu utilisé ?

- Imperium, sur les trois à la fois... Une seule fois. Mais j'ai pensé à leur effacer la mémoire pour éviter les ennuis.

- Tu aurais dû nous en avertir le plus rapidement possible ! grogne Kingsley.

- Ombrage m'a depuis longtemps dans son viseur. Tu n'aurais pas eu le temps de réagir aussi vite qu'elle, répliquais-je.

Je froisse la convocation que je range sans grande émotion au fond de ma poche, tandis que Kingsley tend sa main vers moi, l'air imperturbable.

- Ta baguette.

- J'ai déjà dit que je ne l'avais pas sur moi.

- Et moi, je sais que tu mens.

- ...

- Je ne suis pas Auror pour rien, jeune fille. Ta baguette, s'il te plait. Et ne me force pas à te fouiller de force. Je n'aimerai pas transgresser une règle de plus...

Je souffle avant de plonger ma main sous mon haut et d'en retirer ma baguette que je lui tends à regret. Il la prend dans ces deux mains et commence une batterie de test à une vitesse incroyable. J'en profite donc pour regarder les membres du Conseil des 5 Etoiles, droit dans les yeux.

- J'ai entendu dire que la contre amirale Domitille avait haussé le ton concernant certaines affaires.

- Cela ne vous concerne pas ! Mêlez-vous de ce qui vous regarde ! tonne l'ancien le plus proche de moi.

- Je me fiche de votre avis. J'ordonne sa libération sur le champ !

Des regards noirs sont échangés entre eux et moi mais je tiens tête. J'ai le pouvoir de les faire céder, je le sais...

- Bordel... C'est vraiment un Imperium que tu as lancé, s'exclame Kingsley. Bullshit !

- Très élégant ça, Kingsley. Heureusement que nous ne sommes que deux à comprendre ce dernier mot.

- Kingsley. Nous savons comment va se finir cette audience, chuchote Minerva.

- Comment... ? demande Sengoku.

- Avec Dolores Ombrage comme maître de salle... Une condamnation à perpétuité pour moi, soupirais-je. Cette femme a une dent contre moi depuis qu'elle est venue à Poudlard... Y'a pas moyen de l'empêcher d'aller à l'audience ?

- Il vaut mieux éviter... Et il te faut un bon avocat ! grince Kingsley. Et ils sont assez peu à aimer les vampires.

Je soupire en tâchant de trouver un moyen de me faire porter pâle à cette audience...

- Je n'irai pas là-bas. J'ai déjà manqué de vomir rien qu'à la sentir dans la même pièce que moi. Alors si elle commence à prendre les grands airs face à moi, parce que je me suis comporté comme une criminelle alors que nous étions en temps de guerre. Et de toute manière, je serai devenue intouchable avec le mariage, c'est bien ça ?

Sengoku tousse légèrement et s'avance alors pour venir à mes côtés et me regarde très sérieusement, le regard légèrement au-dessus de ces lunettes rondes.

- Dès que tu es arrivée sur cette île, tu es considéré comme unique descendante de la Famille Chanel...

Sa phrase n'est pas encore finie. Mais mon cerveau fait quelque chose d'incroyablement stupide, et superpose automatiquement le visage de l'amiral en chef avec celui de son ami, et de mon ancien mentor... Albus Dumbledore. Cette troublante hallucination me glace immédiatement le peu de sang qu'il me reste. Je serre les poings pour me retenir de déverser ma rage, et tout mon corps se crispe. Sengoku s'arrête de parler sur l'instant, et fronce les sourcils face à mon changement de comportement.

Kingsley et Mcgonagall s'approchent, et m'attrapent chacun par un bras pour me tirer sans un mot en dehors de la pièce. Ils m'entrainent alors dans la chambre qui m'est désormais attribué jusqu'à la date du mariage. Je me détache de leur prise, et m'avance jusqu'à la fenêtre par laquelle je regarde le grand espace vert devant Marijoa. Je prononce alors mes dernières paroles en tant que la jeune Emily, élève de Serpentard, studieuse et qui respectait le corps enseignant.

- Il est temps de se dire adieu désormais. Vous pouvez disposer et détruire les autres affaires qui sont restées à Poudlard.

J'entends un concert de soupirs exaspérés, avant un premier bruit de transplanage, mais pas de deuxième. Je me retiens de me retourner pour hurler sur la personne qui est restée, mais le cœur n'y est pas. Je sais qu'il s'agit du professeur Mcgonagall... Elle a toujours fait preuve de patience envers moi, et voilà comment je la remercie... Je la renvoie sans merci, déjà prête à jouer mon nouveau rôle de princesse hautaine. J'entends néanmoins, qu'elle tourne les talons, ouvre la porte et referme brusquement la porte faisant trembler les murs autour de moi. Je ferme les yeux et m'appuie nonchalamment contre le mur, déjà fatiguée de cet endroit, de mon rôle...


Au même moment, derrière la porte,

Le professeur Mcgonagall trouve sans grande surprise, l'ex-amiral en chef Sengoku, accompagné de la contre-amirale Domitille, le regard toujours aussi neutre, le corps droit comme un i. Elle les regarde à travers ses vieilles lunettes, qu'elle remet sur le bout de son nez.

- Sachez que cela vous plaise ou non, cette jeune demoiselle a été élevé par mes soins et ceux de Dumbledore.. Severus Rogue a aussi participé à son éducation en lui apprenant les bases du combat. Il est donc normal que je garde un œil sur elle, qu'elle le veuille ou non. Et sachez que si elle devient réellement dangereuse, vous n'aurez pas autant de pouvoirs que moi sur elle..

Sengoku semble réfléchir un instant. Il regarde Domitille et soupire.

- Je ne pense pas que vous devriez continuer à la surveiller. Il y a déjà bien assez de personnes pour le faire ici...

Mcgonagall veut répliquer mais Sengoku enchaîne alors aussitôt

- Cependant, aucun de nous n'est sorcier alors personne ne pourra vous en empêcher.

La directrice de Poudlard le regarde alors et hoche la tête.

- Je vous remer...
- Ne le faites pas. Je vous l'ai dit. Je ne suis pas pour.

Puis Sengoku fait demi-tour et part rapidement. Domitille fait un léger hochement de tête et s'empresse de le suivre. Le bouddha rentre dans son bureau et soupire.

- ... As-tu des nouvelles du combat entre Sakazuki et Kuzan?
- J'ai pu entendre quelques rumeurs. Ils se battent toujours sur Punk Hazard et ils sont déjà, tous deux, gravement blessé.
- Je vois...

La contre-amirale serre alors les poings.

- Ne pouvez-vous rien faire...?

Sengoku hausse un sourcil.

- Pour quoi?
- Ce combat. Ils vont s'entretuer.

Sengoku soupire alors et part s'asseoir.

- Il n'y a rien à faire. Nous avons besoin d'un nouvel amiral en chef et c'est ce qui a été décidé pour le choisir... Tu dois simplement te tenir au courant sans intervenir. Me suis-je bien fait comprendre?

Domitille se mord un instant l'intérieur de la joue et hoche doucement la tête.

- Très...
-Bien. Je ne sais pas ce qu'il te prend ces derniers temps mais cela ne sert à rien de te poser ce genre de questions. Tu te comportes de façon étrange depuis que les sorciers sont apparus. Tâche de rester tranquille.

Domitille se remet droite et fait un bref salut.

- Bien Gensui.

Elle quitte ensuite rapidement le bureau. Sengoku se décrispe alors et se masse les tempes.

- J'espère qu'Aokiji saura se débrouiller... Sakazuki sera bien trop sévère pour eux tous...

Il se relève et commence à ranger ses affaires tout en marmonnant.

- Et puis avec cette jeune fille qui se met dans des situations impossibles... Il faudrait qu'elle soit mariée avant que le nouvel amiral en chef ne soit décidé... il ne faut pas qu'elle reste sous la direction de la marine plus longtemps. Ce n'est pas comme si nous avions la moindre autorité sur elle de toute façon. À quoi pensait Albus et le Conseil... la marier à Doflamingo...

Sengoku grommelle encore un moment tout en continuant de ranger et soupire.


Quelques jours s'écoulent sans graves incidents.

Emily ne sort plus de sa chambre, du moins, personne ne la voit sortir. D'après certaines rumeurs, un chat se baladerait tranquillement à Marijoa. Bien qu'en en entendant parler, Sengoku décide de ne pas intervenir. Elle était libre d'aller où bon lui semblait dans Marijoa et le mariage aurait lieu dans très peu de temps. De plus, le bouddha ne serait bientôt plus amiral en chef. Il pouvait donc se permettre de se relâcher un peu.
Alors qu'il pensait cela, des coups sont frappés à sa porte.

- Entrez.

La porte s'ouvre et Domitille entre puis reste près de l'entrée. En la voyant, Sengoku hausse les sourcils et se redresse.

- Domitille?... Où avais-tu disparu ces derniers jours?

Elle avait l'air plus pâle et plus fatiguée que d'ordinaire. Néanmoins, sa façon de parler reste la même et elle répond d'un ton neutre:

- Je faisais de mon mieux pour me tenir au courant.
- De quoi parles-tu?
- ... Il fallait que je sois assez près pour connaître le déroulement du combat.

Sengoku fronce les sourcils, se lève et s'approche.

- Qu'as-tu fait?
-... Le Conseil m'a ordonné de me rendre à Punk Hazard afin d'assister au combat...

Le bouddha l'observe alors plus longuement et fronce un peu plus les sourcils en remarquant des traces de brûlures sur le peu de peau visible.

- Pourquoi?
- Pour rajouter le combat dans ma base de données.
- ... et la vraie raison?
- Sans doute... pour me montrer que je ne suis pas si indispensable et que je peux être envoyée à la mort à tout moment si je me montre encore une fois aussi arrogante.

Sengoku se recule alors et soupire.

- Et comment t'es-tu fait ces blessures?

- ... Punk Hazard est devenue une île recouverte, d'un côté, de lave et de l'autre, de glace... Aokiji et Akainu ne faisait attention qu'à eux et ne remarquaient rien d'autre.
- Je vois... et...
- Le vainqueur est Akainu.

Sengoku se crispe. Il redoutait de poser cette question tout en voulant le faire et la contre-amirale semble l'avoir facilement remarqué. Il reprend toutefois contenance et regarde une dernière fois son bureau.

- ... Il est temps pour moi de partir alors.

Il soupire et regarde Domitille.

- J'ai un dernier ordre à te donner. Enfin... plutôt une demande.
- Je vous écoute.
- ... Excuse-moi de ne pas avoir pu faire quelque chose pour toi à l'époque... et excuse-moi de te laisser à Sakazuki.

Domitille écarquille légèrement les yeux. Elle secoue alors la tête.

- Ne vous excusez pas. Vous ne pouviez rien faire. Ça me va d'être...
- Ca ne devrait pas.

La contre-amirale sursaute face au ton ferme employé par Sengoku. Ce dernier soupire une dernière fois.

- Tu as été trop bien manipulée pour te rendre compte de ce qu'ils t'ont fait.

Il sort ensuite, laissant Domitille seule et confuse...


Oulala... Ca chauffe !

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Chesca-Shan