Chapitre 48


~ Le Lendemain, 7h, port de Marijoa ~


Dans la plus grande discrétion et silence, moi et mes domestiques quittons mes appartements luxueux en direction du port de Mariajoa pour ma future demeure. Nous sommes bien entourés avec des vice-amiraux les plus puissants pour nous accompagner jusqu'aux navires d'embarquement. Couverte de la tête par de larges vêtements, je garde la tête baissée, épuisée par les émotions qui m'ont subjuguées ces dernières heures. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, pleurant sans arrêt à la mémoire de mon défunt fiancé que je n'aurais jamais l'occasion de revoir. En revanche, je vais voir son meurtrier. Et je ne vais pas le rater, c'est certain.

A mes côtés marchent également Minerva Mcgonagall et Kingsley qui ont fait tous deux pressions sur les Anciens pour m'accompagner jusqu'au bout. Ne voyant pas d'inconvénients, leur demande a été accepté à condition qu'ils n'assistent pas au mariage. Après des grincements de dents, ils ont fini par abdiquer et ils s'en iront dès que le convoi sera bien en sécurité à Dressrosa. Mon angoisse est de plus en plus forte au fur et à mesure que nous nous approchons des navires. Les domestiques marchent joyeusement autour de moi sans prendre conscience de mon état de détresse intérieure. Je sens une main délicate et chaude venir se glisser dans la mienne et d'un coup d'œil, je croise le regard rassurant de Minerva qui se veut détendue. Mais depuis que je me suis levée ce matin, un mauvais pressentiment m'a pris aux tripes et ne me quitte pas. Je l'ai aussitôt partagé avec elle et elle a simplement acquiescé la tête. Mon instinct est en alerte… Le danger est quelque part à me guetter.

- Miss Chanel, vous voilà enfin, résonne une voix forte.

Je relève la tête remarquant que nous avons enfin traversé les jardins de Mariajoa pour arriver au port souterrain. Devant nous, le nouvel amiral en chef Akainu en personne me fait face, accompagné de l'amiral Kizaru, de l'ex-amiral en chef Sengoku et de Garp et quelques vice-amiraux. Je prends mon air le plus impassible avant de répondre d'une voix calme et monotone.

- Nous sommes à l'heure, Amiral en chef alors cessez de vouloir me descendre avec vos yeux.

Je le vois serrer les dents, furieux que j'ose lui répondre mais je n'y prête pas attention et je monte sur le navire avec mes domestiques avant d'aller vers mes appartements au fond du navire. Du coin de l'œil, j'aperçois une fine silhouette cachée entre l'ex-amiral en chef Sengoku et Garp. Une silhouette qui me semble appartenir à Domitille, ma cousine ! Je me pince la lèvre en réfléchissant à une solution pour l'approcher sans attirer l'attention de ceux qui ne sont pas au courant de notre lien de parenté. Le Gouvernement Mondial n'apprécierait pas si je dévoilais au grand jour leur machination diabolique avec les bâtards des Nobles Mondiaux. Je dois faire vite avant que je ne sois loin d'elle emprisonnée dans une prison dorée. J'attendrais la nuit avant de me glisser jusqu'à elle. C'est la solution la plus appropriée.

J'arrive tranquillement dans le luxueux appartement mis à ma disposition dans le navire, une cabine réservée aux amiraux j'imagine. Je laisse les domestiques déposer mes bagages avant que je ne les congédie d'un geste de la main, faisant mine de vouloir du repos et de l'espace. Elles sont trop bavardes pour que je ne les mette au courant de mes plans. Elles feraient tout capoter. Bref.

J'ai appris la patience depuis que je suis ici… Après tout, je vais devoir vivre pour l'éternité… alors que signifie quelques heures dans une vie sans fin ? Je m'écroule sur mon lit et ferme les yeux, me laissant porter par la douceur de la couverture et les bruits de la mer qui résonne derrière le hublot. Je finis par m'endormir après quelques minutes, épuisée par les derniers jours.


~ Quelques heures plus tard, dans la soirée ~

Voilà plusieurs heures que nous sommes partis en mer pour rejoindre ma future demeure. J'entends des gradés de la Marine se relayer autour de mes appartements pour garantir ma protection. Mes domestiques sont parties dans les appartements à l'autre bout du couloir, me laissant seule. J'enfile un petit gilet en laine et je jette un coup d'œil à travers le hublot pour observer l'ex-vice-amiral Garp s'éloigner avec Sengoku pour leur tour de garde en cette soirée. J'en profite pour déverrouiller discrètement ma porte et me faufile à l'extérieur rapide comme l'éclair jusqu'à la chambre de Domitille. J'arrive rapidement devant sa porte et toque à plusieurs reprises sur la porte de bois devant moi avant de patienter calmement. J'entends quelqu'un marmonner derrière la porte avant que la porte ne s'entrouvre légèrement pour laisser apercevoir un visage fatigué avec des cheveux décoiffé. Je souris amusée par la scène et me penche pour parler à voix basse.

- Bonsoir Domitille, je crois que je dérange … ?

- …. Emily, chuchote Domitille. On m'a interdit de te parler…

- Personne ne saura au courant, c'est l'histoire de 2 minutes, tu me permets ?

- Entre vite.

Elle ouvre complètement sa porte et je me glisse aussi vite la laissant refermer derrière moi. J'observe l'environnement dans lequel elle vit le temps du trajet. C'est un minuscule lieu de vie avec des lits superposés avec des matelas très maigres, une table de chevet et un évier rouillé dans un coin. Je prends sur moi-même pour ne pas crier à l'injustice quand je vois ces conditions… Je dois être rapide et discrète. Pas besoin de la mettre plus dans l'embarras.

- Que veux-tu à cette heure-ci ? chuchote Domitille en s'asseyant sur le lit du bas, les yeux baissés.

- Faire nos adieux, Domitille. Je pars dans un endroit où je ne pourrais plus m'en sortir. J'ai pris la réalité en pleine face. Je ne suis qu'un pantin aux yeux du Gouvernement. A ta gouverne, sache que ce mariage était une manipulation du Conseil des 5 Etoiles. L'idée du mariage était mon idée, certes mais mon futur marié n'était pas Doflamingo mais son frère cadet décédé. J'ai appris que Sengoku l'a élevé comme son fils… Alors j'aimerais que tu continues à veiller sur lui comme il a veillé sur toi.

- …. Moi veiller sur Sengoku ? s'étouffe-t-elle. Pourquoi faire ? Il n'est ni idiot, ni faible. Il serait vexé d'entendre cela !

- Mais cette guerre l'a épuisé et il a besoin de garder un contact avec la Marine. Et je peux t'assurer qu'il est profondément affecté par ton sort.

- Il n'a pas besoin de l'être. J'ai accepté ma place qu'ils m'ont attribué, rétorque Domitille piquée au vif.

- Et comme lui te l'a dit, ce n'est pas normal que tu t'y sois accoutumé ! Ils te prennent comme un pion et leur bibliothèque sur pattes. Ce n'est pas comme ça que l'on traite un humain !

Domitille, elle si calme d'habitude sent une pointe d'agacement lui montrer à la gorge. Elle se pince les lèvres pour garder ses répliques cinglantes pour elle et garde le silence, priant que je m'en aille. Mais je n'en ai pas fini avec elle, ce n'est que le début des hostilités.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu es tendue. C'est parce que désormais, je suis une Noble Mondiale que tu n'oses plus relever la tête ? Nous sommes de sang noble toutes deux, je ne suis pas comme les Autres. Je veux que tu parles avec franchise, Domitille !

- Je n'ai rien à dire à ce sujet, siffle-t-elle en serrant les poings. J'aimerai finir ma nuit si vous me le permettez.

- Alors non, je ne te le permettrais pas. J'ai encore plusieurs points à voir avec toi, et ton entêtement à rester un pion m'agace. Alors je vais te donner deux cartes de sortie que tu pourras utiliser en cas de danger, compris ?

- ….

Je soupire alors qu'elle reste immobile attendant que je continue. Je sors deux parchemins de mes poches que j'ai trafiquées à l'aide de ma magie et m'agenouille devant elle pour les lui déposer dans ses mains. Nos mains se frôlent légèrement et je le vois aussitôt se reculer, tendue comme un arc. Je soupire et me recule également.

- Désolé, j'avais oublié tes capacités à voir à travers les gens.

- ….

- Bon, puisque tu n'es plus très bavarde, je t'explique leur contenu rapidement. Le parchemin fermé avec le sceau rouge est un porteloin qui te transportera à Poudlard si tu détruis le sceau. Et le deuxième est une simple lettre avec une ordonnance pour la transmission d'un titre de Noble Mondiale sur ta personne quand tu le désires.

- …. Quoi ?!

Elle relève les yeux vers moi, son visage transpirant l'incompréhension et la peur. Je souris en voyant qu'elle a soudainement pris de l'intérêt pour moi.

- Tu es la seule famille qui me reste aujourd'hui. Sengoku m'a dit l'autre jour « Parle avec Domitille. Elle risque de bientôt être ta seule alliée ici ! ». Je ne veux pas de toi comme alliée. Mais je te veux comme membre de ma famille et que tu puisses jouir des mêmes droits que moi. Tu as ces deux possibilités. Mais puisque tu n'es pas décidé à quitter ta place, je te les laisse… Mais sache que tes collègues et tes supérieurs chercheront à te retenir dans ce monde sans prendre en compte tes désirs et tes besoins. Tu es leur chose comme je suis la chose de Doflamingo. Souviens-toi en. Bonne soirée, Domitile.

Sans m'attarder davantage, je me relève, ouvre la porte et disparais à la vitesse de la lumière à travers les couloirs pour rejoindre mon luxueux appartement. J'évite de justesse le retour de l'ex-vice-amiral Garp et de Sengoku en passant derrière eux et me glisse sous ma couette, l'esprit plus serein. Demain, une page se tourne. Celle de ma vie de sorcière !