Chère Aubergine,
Plus Roy Mustang progressait le long de la jetée jusqu'à la petite plage, hautement touristique, qui était leur point d'arrivée, plus il se demandait s'il n'y avait pas anguille sous roche. C'était vrai, quoi... des conspirateurs à la mer ? C'était absurde. On n'avait jamais vu ça. Alors, non pas qu'il remettait la parole de ses hommes en doute, mais... Si, en fait, remarqua-t-il en s'arrêtant brusquement sur les marches en pierre qui conduisaient à la large étendue de sable. Si, si, il remettait totalement la parole de ses hommes en doute. Surtout celle du lieutenant Havoc.
"Dites-moi, Lieutenant, vous ne vous moquez pas un peu de moi, des fois ? gronda-t-il, excédé.
-Hein ? marmonna Havoc sans cesser de mâchonner sa cigarette. Pourquoi dites-vous ça, Colonel ?
-Des conspirateurs à la plage... vraiment, Lieutenant ?
-Eh bien, oui. Qu'est-ce qui vous semble si bizarre ?
-Le fait que vos ennemis de l'État soient une bande de jeunes femmes en maillot de bain !"
Remonté, Roy Mustang désigna d'un doigt accusateur la vingtaine de filles qui se prélassait en bikini sur des serviettes de plage multicolores, laissant entrapercevoir ça et là un ventre bronzé, une jambe ferme, une épaule dénudée.
"Comment ça, vous doutez de moi ! feignit de s'indigner Havoc sans pouvoir s'empêcher de jeter un coup d'oeil enchanté aux baigneuses. Je vous assure que ce sont de dangereuses criminelles !
-Le seul à être dangereux ici, c'est vous, Lieutenant ! Vous vous rendez compte de tout le temps que vous nous avez fait perdre avec vos bêtises ?"
Tout à leur querelle, les deux hommes n'entendirent pas deux ou trois des jeunes femmes s'approcher d'eux.
"Dites, je ne sais pas pour quelle raison vous êtes là à hurler, mais c'est un endroit pour se détendre ici, intervint l'une d'elles.
-Quoi ? Je peux savoir de quoi vous vous mêlez, Mademoiselle ? grogna Mustang, agacé.
-De la quiétude et de la tranquillité de tous les baigneurs, lui répliqua la jeune femme. Alors, si vous avez envie de vous défouler..."
Elle exhiba de nulle part, sans doute de son volumineux sac de plage, un énorme pistolet à eau en plastique rose et orange.
"... utilisez plutôt ceci !
-Wouah, un pistolet à eau pour doucher un peu l'arrogance du Colonel ! s'extasia Havoc, enchanté.
-Mon arrogance ? s'indigna l'intéressé en manquant de réduire son subordonné à l'état d'allumette avec son alchimie.
-Mais oui, Colonel ! Tout le monde sait que toutes ces missions vous montent un peu à la tête... Tenez, prenez ce pistolet à eau ! Montrez-moi de quoi vous êtes capable !
-Ah, vous voulez voir de quoi je suis capable, Havoc ? Très bien ! Vous l'aurez voulu !"
Et le Colonel Mustang s'empara d'un autre pistolet à eau, bleu et vert fluo, et se retrouva à poursuivre Havoc le long de la plage. Nul ne sait exactement qui gagna. Toujours est-il que cette plage devint, étrangement, encore plus touristique par la suite.
Bisous,
Daisy.
