Chapitre 54


~ 2 jours plus tard, Dressrosa, 12h25~

Nous y sommes. Nous sommes retournés sur l'île de Dressrosa après l'incident avec Ombrage et ses subordonnés. Je n'ai aucune nouvelle de ce qu'il est advenu d'eux et je m'en fiche. Maintenant, je fixe mon terrible avenir qui s'annonce sombre et solitaire. Je n'ai pas recroisé mon futur mari depuis notre dernière conversation houleuse. Il ne m'a plus adressé la parole et j'ai été aussitôt prise en charge par les membres de la Marine pour me remettre sur un navire direction ma prison dorée. Et j'y suis. La cérémonie officielle pour le mariage est à 13 heures piles. J'attends seulement qu'on vienne me chercher et m'accompagner jusqu'à l'autel et mon mari. Ça ne devrait pas tarder…

Toc toc toc.

Quand on parle des loups, voilà la meute.

- Entrez, soupirais-je.

La porte s'ouvre sur le cortège qui doit m'accompagner jusqu'à la salle de réception avec l'autel du mariage. L'amiral en chef Akainu ouvre la marche, suivi de près par Sengoku, Garp, Kizaru et enfin Domitille qui se fait minuscule derrière les géants. Tous sont tendus comme des arcs et seul l'amiral en chef Akainu s'avance pour s'adresser à moi d'une voix forte.

- En accord avec les procédures, nous allons vous accompagner jusqu'au lieu de cérémonie. Veuillez n'opposer aucune résistance et respecter le personnel mis à votre disposition.

J'entends Garp grincer des dents à l'entente de la phrase sortie mécaniquement et je me contente de soupirer.

- Je ne vois pas pourquoi j'opposerais une quelconque résistance, mon sort est tracé et m'enfuir maintenant n'a plus aucun intérêt. Je vous suis, messieurs et mesdames.

D'un dernier coup d'œil dans le miroir de ma chambre, j'abaisse le voile de la mariée devant mes yeux et vérifie qu'aucun pli ne vienne troubler la beauté de la robe qu'on m'a obligé à enfiler. Je porte une longue robe de mariée moulante sur ma poitrine et les hanches avant de devenir plus large et de trainer sur le sol avec une longue trainée derrière moi. Mes bras sont entièrement nus et je ne dois le maintien de la robe qu'au corset qui m'étouffe à chaque fois que j'essaie de bouger. Mais je dois supporter ça jusque le temps de la cérémonie et ensuite, j'ai le droit d'enfiler quelque chose de plus pratique et confortable. Faisons ce qu'ils veulent ensuite viendra ma vengeance. Je m'avance au milieu du cortège et tous se mettent en position autour de moi et nous partons vers la salle de cérémonie.

Un étrange sentiment d'impuissance et de tristesse m'envahissent quand les sorciers ont été chassés par la Marine. Minerva a essayé de négocier pour rester jusqu'à la cérémonie avec les aurors pour sécuriser les lieux et me saluer une ultime fois. Mais Akainu a refusé. Il a considéré que les dernières menaces avaient provoqué par la présence des sorciers et que désormais il s'occupait personnellement de ma protection. Pf. Il n'en a rien à faire de moi. Il veut juste boucler ce dossier pourri qu'est ce mariage avec le grand corsaire Doflamingo et me voir disparaitre de sa liste de ses préoccupations.

Me voilà donc en direction du lieu de cérémonie où mon sort va se sceller définitivement. Je n'aurais plus de lien avec le monde des sorciers à partir de l'instant où on va se dire oui. Cet instant me répugne plus que le sang humain. Je suis condamnée à être femme d'un criminel… D'un homme monstrueux qui tué sans vergogne pour assouvir son pouvoir sur les autres. Bref. Je dois vivre comme un paria de la noblesse pour faire plaisir à tout le monde…

Notre groupe marche en silence à travers des rues silencieuses et vides. Toute la population s'est rassemblée autour du palais de Dressrosa où des écrans ont été placés pour nous célébrer. Heureusement, un accès à l'arrière du palais a été dégagé pour nous permettre une arrivée tranquille et en discrétion. Les Marines surveillent chaque coin des rues que nous traversons sur le qui-vive. Chaque bruit suspect est signal pour s'arrêter et rapprocher les rangs pour me protéger.

- Meeow…

Les yeux se lèvent au bout d'une ruelle et nous apercevons un chat qui fait sa toilette sur un toit, profitant de l'air frais de la journée. Akainu peste contre le chat.

- Foutez le camp, sorcière ! Je vous ai déjà dit que je ne vous voulais plus dans mes pattes !

- Ce n'est pas Minerva Mcgonagall si c'est ce que vous pensez, tiquais-je. Elle est un chat tigré et non un simple chat noir. Apprenez vos couleurs.

Son teint vire au rouge et il pivote la tête pour le fusiller du regard, agacé du ton supérieur que je lui adresse. Je ne lui réponds pas et maintiens un regard glacial.

- Pouvons-nous continuer la route ? Il ne nous reste pas grand-chose à faire et je n'aime pas perdre du temps pour des âneries et de la paranoïa.

Akainu ne tique pas davantage et il lève la main pour ordonner au groupe de se positionner normalement et nous marchons à nous vers l'entrée secrète du palais. J'entends le bruit de la foule qui se rapproche augmentant mon angoisse. Je prends une grande inspiration pour essayer de me calmer alors que nous arrivons près du palais royal. Notre groupe se resserre autour de moi et nous nous faufilons à l'arrière du palais et nous sommes exfiltrés par les commandants de mon futur mari à l'intérieur du palais. Dès notre entrée, nous sommes tous tour à tour fouiller par mesure de sécurité avant d'être emmené vers la salle de réunion, redécorés en salle de cérémonie pour l'occasion. Les couloirs du château sont décorés avec de magnifiques fleurs aux couleurs du roi de Dressrosa et de roses lanches comme ma peau. L'attention est belle certes mais sa prétention à vouloir me conquérir, beaucoup moins.

Arrivés devant la porte, les commandants invitent gentiment les Marines à entrer et vont les positionner stratégiquement aux coins des pièces afin qu'ils soient invisibles des caméras, juste pour la sécurité de l'événement. Je reste seule derrière la lourde porte de bois, à fixer mon destin. J'entends des brides de conversation mais n'étant pas concentré, je me désintéresse et je ferme les yeux un instant pour un peu de répit.

- Hum hum, résonne une voix me sortant de ma rêverie.

Je relève les yeux pour apercevoir l'ex-amiral en chef Sengoku devant moi, l'air sérieux. Je le regarde sans comprendre son retour devant moi et j'attends qu'il m'adresse la parole.

- La tradition veut que la mariée soit accompagnée par son père jusqu'à l'autel. Sachant qu'on ne peut pas ramener les morts à la vie, je me suis proposé, si cela ne te dérange pas, annonce-t-il en douceur.

- Vous n'êtes pas obligé. Vous allez vous afficher avec un monstre devant les caméras.

- Mon image n'a plus d'importance. Je suis un retraité qui va profiter de la vie qui me reste. Alors, à moi, d'honorer mes devoirs de grand-père.

Une boule d'émotions se forme dans ma gorge tandis qu'il me tend son bras gauche que j'empoigne passant ma main derrière son coude et viens serrer son bras. Nous patientons quelques instants avant que la marche nuptiale se mette en route et que les portes s'ouvrent enfin. Nous commençons à nous avancer et je découvre la pièce qui s'ouvre devant mes yeux ébahis. L'entièrement de la pièce a été camouflé par une tente en voile blanche, et des fleurs roses et blanches décorent le tapis blanc jusqu'à l'autel. Un orchestre joue la musique sur notre droite et les rares invités que sont les Marines et les plus proches commandants sont à gauche, nous observant nous avancer. Leurs regards sont dérangeants, empreints de curiosité et d'amusement surtout pour les pirates de Doflamingo.

Je marche aussi calmement que possible et au rythme de la marche nuptiale jusqu'au pingouin qu'est devenu mon futur mari. Il a troqué ses vêtements ordinaires pour un costard noir rayé de blanc, une rose dans une poche à l'avance et son immense manteau rose qui continue de trainer dans son dos comme un chiffon. Sans ça, il serait peut-être potable. Ses cheveux blonds sont coiffés comme à leur habitude en pic vers le haut et je ne peux pas apercevoir ses yeux, cachés derrière ses lunettes difformes roses. Je verrais son vrai visage lors de notre première nuit de noce… Brrr…

Nous arrivons jusqu'à l'autel et je dois lâcher mon père de substitution pour m'avancer devant mon mari et l'homme qui va mener la cérémonie. L'homme a un regard malsain à la manière des hommes de Doflamingo. Je dois bien avouer que tout le monde est de mèche ici. Même en refusant de dire nos vœux, il n'abandonnera pas la cérémonie. Encore un faux espoir pour moi. Nos témoins s'avancent derrière nous. Domitille est mon témoin et une autre jeune femme est celle de Doflamingo. Toutes les deux ont un petit coffret avec nos bagues respectives. Mais d'abord, le discours tant attendu.

- Bienvenue à tous ! Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui dans notre Royaume de Dressrosa afin de célébrer l'union de Monsieur Don Quichotte Doflamingo avec Mademoiselle Emily Channel. Ce mariage est la symbolique d'un siècle nouveau qui s'ouvre devant vous et nous vous espérons beaucoup de bonheur. Cet engagement signifie respect, amour et accompagnement de son époux pour le meilleur et le pire.

Une petite voix siffle dans ma tête : Justement. C'est pour le pire que nous sommes ici.

- Malgré les conditions qui nous amenés ici, nous vous espérons une vie commune remplie de surprise et de complicité. Mais nous savons tous qu'il y aura des jours forts en épreuves, et qu'il faudra combattre ensemble avec les outils à votre disposition. L'amour, la présence, la communication et la bienveillance seront les mots-clés d'une relation épanouie. Vous en verrez l'importance au fil du temps, je n'en doute pas.

Long silence dans la pièce, je continue de fixer cet énergumène que j'ai envie de descendre avec son discours parfait et répété que ça en devient absurde.

- Je suis heureux de vous unir et je vous félicite sincèrement. Je vous souhaite une longue et agréable existence côté à côté et les meilleurs choses. Puisque que tout est dit, nous allons procéder à l'échange des vieux de mariage entre mademoiselle Channel et Monsieur Don Quichotte. Monsieur, Madame, veuillez procéder à l'échange des vœux !

Les deux témoins s'avancent et nous donnent les coffrets détenant le Graal. Je prends maladroitement la boîte et je l'ouvre pour découvrir un magnifique bijou d'une valeur inestimable. La bague est entièrement dorée et deux diamants sont incrustés dans la bague qui émet une légère lumière sur mon visage hébété. Ma bouche s'assèche brusquement quand je comprends trop tard qu'il fallait préparer un discours pour l'échange des vœux. Doflamingo se racle la gorge pour prendre la parole. Il retire la bague de l'écrin de velours et la prend entre ses doigts avant de me fixer avec son sourire de prédateur.

- Moi, Don Donquichotte Doflamingo, j'accepte de prendre devant témoins aujourd'hui, pour épouse Miss Emily Channel, de supporter ses crises de nerfs, ses ronflements, sa passion irraisonnée le sang et la magie, son obsession à me tuer, son impulsivité, son agressivité et son côté chaton. J'accepte de supporter ma future femme comme elle est jusqu'à ce que la mort nous sépare héhé.

Quelques ricanements se font entendre du côté des commandants alors que je vire au rouge de honte. Ce petit ingrat ! Il veut jouer à ça ?! Bien, la guerre est déclarée. Il prend délicatement ma main gauche et il me met mon alliance à mon annuaire tandis que je réfléchis très vite à mes vœux. Je sens que tous les regards de l'assistance sont posés sur moi et qu'elle attend que j'explose de colère. Je prends sur moi et prends à mon tour l'alliance que je lève avant de prononcer mes vœux d'une voix forte et sereine comme si c'était naturel.

- Moi, Emily Channel, je promets de te garder en vie sans pour autant t'aimer et apprécier ta compagnie car il faut dire que tu chlingues un maximum. Je promets de supporter tes goûts douteux concernant la nourriture et les vêtements et de me pas me plaindre quand notre couple battra de l'aile parce que tu iras voir ailleurs. J'apprécierais grandement les moments loin de toi comme si c'était la seule chose qu'il me donnait envie dans ce mariage et je dégusterais chaque seconde loin de toi. J'espère que notre vie sera entrecoupée de crises de nerfs que je puisse me défouler comme il se doit si tu n'y vois pas d'inconvénients. ~

Une veine d'agacement apparait sur le front de Doflamingo mais disparait aussitôt comme s'il tenait à garder la tête froide aujourd'hui. Je prends sa main et lui met l'alliance à mon tour. Le contact avec sa main me donne des frissons mais je tâche de rester calme. Il te touchera après aussi… tu seras sa femme d'ici quelques instants…

- Bien… ! Maintenant que les vœux ont été échangés par les époux, je vais me tourner vers les proches et l'assistance de ce mariage ! reprend le commandant. Si quelqu'un s'oppose à ce mariage, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais en rejoignant sa tombe !

Seul le silence répond à l'appel du commandant à faire foirer ce mariage. Je sens mes derniers espoirs s'envoler…

- JE M'OPPOSE A CE MARIAGE ! hurle une voix nous faisant tous sursauter.