Chère Nantha-senpai,


Steve et Bucky avaient décidé de partir, un jour, dans un endroit où le SHIELD aurait du mal à les surveiller. Ça faisait plusieurs années qu'on gardait un œil – voire plusieurs ! – sur eux en permanence, encore plus pour Bucky qui, lui, ne s'était pas payé quelques décennies de congés dans la glace (à chaque fois qu'il disait ça, Steve lui jetait dans la tête le premier gobelet de café vide ou marqueur pour tableau blanc qui lui passait sous la main) !

Cette occasion assez rapidement, début août. Leurs supérieurs les autorisèrent à prendre trois jours de congé et leur demandèrent où ils voulaient partir en vacances "pour se détendre". Steve répondit par le premier nom de ville qui lui traversa l'esprit :

« Mulhouse ! ».

Bucky le regarda comme s'il parlait suédois. Un mélange de « Quoi ? », de « C'est une ville, ça ? » et de « Êtes-vous vraiment Steve ? » se peignit sur son visage.

« Mulhouse ! insista son ami en le regardant d'un air concerné, comme s'il était censé savoir de quoi il s'agissait. »

En fait, il avait lui-même oublié d'où venait ce nom mais, heureusement, la mémoire lui revint assez vite :

« Mulhouse, tu sais bien ! On nous a parlé des locomotives qui y étaient fabriquées et qui pouvaient presque concurrencer les nôtres !

-Heu, non, répondit Bucky, toujours sidéré. »

Au moins, à Mulhouse, il ne devait pas y avoir de caméras du SHIELD.

Les deux amis s'y rendirent donc et passèrent par la Cité du Train, qui recherchait des figurants pour un film. Ils purent grimper dans des matériels célèbres dont ils avaient entendu parler, comme l'autorail Bugatti ou l'Orient-Express, et faire comme si, pour eux, les trains avaient déjà été quelque chose d'exaltant et non pas un souvenir douloureux à base de mort supposée et de longue séparation.

Après quoi, au cas où il y aurait tout de même des micros du SHIELD à Mulhouse, les deux amis filèrent au nord, jusqu'à la mer la plus froide d'Europe.

« Fais attention à ne pas te congeler une nouvelle fois, ricana Bucky quand ils s'arrêtèrent sur la plage, devant les eaux noires et froides.

-Et toi, fais attention à ce que je te fasse pas tomber à la flotte par erreur, rétorqua Steve en faisant mine de le pousser.

-Tu ne ferais pas ça, tu aurais trop peur d'une hydrocution !

-Je peux commencer par te plonger la tête dedans, ce n'est pas un problème ! »

Les deux amis se chamaillèrent un moment dans les vagues froides avant de se décider à aller nager un peu. Puis, ils sortirent de l'eau et s'enroulèrent dans des serviettes épaisses. Ils passèrent une partie de la soirée à observer le ciel immense aux milles couleurs, qui devint ensuite noir piqueté d'étoiles, et les vagues en mangeant du poisson grillé et en buvant de la bière. Parce que, pour une fois, personne ne les attendait nulle part.


Bisous,

Daisy.