Chapitre 60


- Kingsley, j'ai des hallucinations, lâche Miverna d'une voix blanche. Regarde là-bas… !

La voix de Minerva porte suffisamment pour que Kingsley, Fudge, les autres aurors et l'ensemble des moldus se retournent tous pour se tourner vers la source de sa surprise. Domitille plisse les yeux pour apercevoir des silhouettes s'avancer vers eux. Kingsley et les aurors se mettent aussitôt en formation militaire pour protéger les moldus. Un silence troublant s'installe alors que les ombres se rapprochent et s'arrêtent devant Kingsley, Minerva et Fudge. Les silhouettes se tracent petit à petit, prenant forme devant les yeux méfiants des sorciers. C'est Minerva qui reconnait la première silhouette et elle pousse un cri de surprise étonnant les autres.

- A-A-Albus ?! C'est vous ?

Un rire cristallin répond doucement à Minerva et tout le monde recule de plusieurs pas. C'est ensuite la fine silhouette de Severus Rogue qui apparaît à sa gauche, puis la mienne sous les yeux ébahis de l'assistance. Domitille pousse un gémissement de peine à notre vue. Les marines derrière elle, n'en mènent pas large également, tous pris d'un malaise et d'une incompréhension pesante.

- Albus, Severus et enfin, vous Miss Channel ?! s'outre Fudge.

- C'est bien nous trois, répond Albus en se caressant la barbe. Nous sommes ravis que constater qu'aucune perte n'a été à déclarer mais je ne suis pas le mieux placé pour parler.

Tous les regards se tournent vers moi et ma silhouette fantomatique. Sans un mot, je m'avance jusqu'à Domitille et m'accroupis pour venir caresser le haut de son crâne. Je sens que ma main ne peut pas la toucher réellement, je suis morte après tout. Je relève la tête vers Minerva dont les yeux se sont humidifiés. Elle est rapidement rejointe par Sengoku, dont le visage est décomposé à la vision que je lui offre. Il ouvre la bouche puis la referme sans savoir que dire. Avant qu'il ait le temps de formuler des excuses, je lève un doigt pour lui signifier le silence.

- Ne dîtes rien. Si vous avez des remords, sachez que je ne regrette rien pour ma part. J'ai agi de mon propre gré pour vous sauver. Ce sortilège était mortel pour quiconque. Vous serez plus utile que moi, vivant. Moi, j'ai rétabli ce qui devait être fait. J'aurais dû mourir dans cette forêt… Si j'avais été plus sage et disciplinée.

J'entends un rire acre dans mon dos et pas besoin de me retourner pour savoir qu'il s'agit de Severus Rogue, qui est heureux de me l'entendre dire. Dumbledore ne dit rien et surveille les réactions en face de nous.

- Domitille, je crois qu'il est temps de choisir un camp désormais. Je sens que tu les as sur toi, mes précieux cadeaux.

Tout le monde me regarde d'un œil curieux et c'est Sengoku qui reprend la parole avant tous les autres pour s'adresser à Domitille.

- Domitille, de quoi parle-t-elle ?

- Vous souvenez-vous de la discussion houleuse que vous avons eue, vous et moi quand Domitille avait été faite prisonnière par le Gouvernement lui-même ?

- Vaguement, répond Sengoku songeur.

- Vous m'avez dit : « Je voulais aussi te montrer que n'importe qui peut se relever ! Parle avec Domitille. Elle risque de bientôt être ta seule alliée ici ! ». Encore aujourd'hui, j'ignore ce qu'elle a enduré pour en arriver à être si obéissante et droite, mais une chose est sûre : il n'y avait rien de plaisait et éducatif dans cela. Alors j'ai décidé d'écouter votre conseil. Domitille est un membre de ma famille et désormais mon alliée dès lors que je l'ai appris.

Une vague de murmures résonne parmi les marins alors que le lien de parenté avec Domitille reste encore flou pour tous.

- Elle est une cousine éloignée qui a été rejeté par le Gouvernement mais les histoires de familles sont parties du passé. Domitille, je veux ta réponse maintenant. Que choisis-tu de faire ?

Domitille fouille ses poches et elle sort les deux parchemins qu'elle fixe intensément. Albus laisse échapper un petit rire et je me redresse alors que les marines se rapprochent de Domitille. Je jette un regard à Dumbledore et Rogue qui comprennent le message et chaque marine est repoussé par une brise magique les affectant eux seulement. Les sorciers viennent nous rejoindre de notre côté et tous fixent les marines qui tentent désespérément de se battre contre le champ de force surpuissant.

- Domitille, qu'importe les propositions que ce monstre t'a fait, refuse-les ! beugue Akainu. Ta place est ici !

Domitille pivote lentement sa tête en direction de l'homme qui a tué Portgas D. Ace et a tenté de tuer Luffy. Son regard est rempli de colère et d'une haine profonde. Depuis ce terrible jour, elle ne cauchemarde que de cela, revoyant les visages remplis de larmes des pirates venus pour secourir le pirate. Ses doigts se resserrent sur les parchemins alors qu'elle tente de contrôler sa colère.

- Vous… Je ne veux plus rien entendre de vous ! Je n'ai aucun compte à vous rendre ! Le seul homme qui m'a aidé parmi vous est l'ex-amiral Sengoku ! Depuis que j'ai appris que je serais sous vos ordres, je me retiens tous les jours de passer à l'acte en versant un poisson dans votre café le matin. Vous m'êtes insupportable avec votre air arrogeant et supérieur !

Le visage d'Akainu prend un air grave alors que nous voyons tous que son corps se réchauffe à la vitesse de la lumière. Les sorciers lèvent leur baguette pour lui lancer des sortilèges à base d'eau pour empêcher une attaque. Néanmoins, personne n'interrompt Domitille qui en a gros sur le cœur.

- Pendant toutes ces années, je me suis contentée d'être la bibliothèque et la base de données du Gouvernement Mondial parce que c'est la seule raison qui m'a permis de vivre. Mais depuis que notre monde s'est allié à celui des sorciers, une personne m'a continuellement provoqué. Oui, je parle de toi Emily. Dès notre première rencontre, j'ai su que quelque chose nous liait. Tu n'en avais pas encore conscience vue qu'on t'a maintenue dans le secret sur ton identité et les objectifs qui t'ont amené ici. Je ne présenterais pas d'excuse de la part du Gouvernement ou de la Marine, ce n'est pas à moi de le faire. Et puis désormais, je n'en fais plus partie.

En disant ces derniers mots, Domitille prend un des parchemins et casse le sceau magique l'entourant. Aussitôt brisé, Domitille disparait, téléporté à Poudlard grâce à la magie que j'y ai apposé. Akainu pousse un beuglement de colère et il réussit à briser les barrières d'eau des sorciers pour se jeter à l'endroit où se tenait Domitille. Ses mains tâtent le sol à la recherche d'une trappe ou une sortie quelconque. Mais à son grand désespoir, il n'y a rien. Alors ses yeux écarquillés de colère se relèvent et me fixent en essayant de me réduire en charpie.

- Où est-elle passée ?! Choisis bien tes mots sorcière avant que je ne réduise tes précieux collègues en cendre !

- Comme si un moldu dans votre genre pouvait réussir à mettre à mal, des aurors du ministère. Finalement, mon premier instinct ne m'a pas trompé à votre égard : vous êtes prétentieux et trop sûr de vous. Ça vous mènera à votre perte. Mais pour être sympathique une ultime fois, je vais vous répondre. Domitille est partie dans un monde où elle sera respectée et considérée comme un être exceptionnel qu'il faut chouchouter si on ne veut pas qu'elle franchise les limites de la Magie Noire. Severus Rogue pourrait vous en dire beaucoup sur ce sujet.

Severus grogne mécontent d'être pris en exemple sur un tel sujet et il me lance un regard plein d'agacement et de sous-entendus sur ce qui va m'arriver si je parle trop. Je ne lui tiens pas rigueur et je retourne dans les rangs auprès d'Albus et de Severus. Tous les moldus semblent avoir pris un coup au moral, sauf Sengoku dont les yeux mouillants me fixent avec une lumière au fond des iris. Je me concentre légèrement et crée un léger lien télépathique pour parler avec lui en silence.

- Vous voulez me dire quelque chose, Monsieur ?

- Oui. Je voulais te dire merci. Merci pour Domitille. Elle n'a jamais eu la vie facile à cause de son sang de batarde. Alors je compte sur tes toi et tes collègues pour prendre soin d'elle !

- Moi, je n'ai fait que lui rendre sa liberté. Une liberté qu'on lui a retiré sous pretexté d'être née grâce à l'amour de deux personnes différentes.

Malgré la gravité de la situation, j'aperçois un léger sourire amusé au coin des lèvres du Bouddha. Il est discret et rapide mais je l'entends presque rire.

- Je crois que je commence à saisir pourquoi je ne pouvais pas t'encadrer. Tu as la mentalité d'une pirate qui prône la liberté pour justifier son comportement et ses manières. Mais à la manière de Garp, tu sais où sont les limites pour ne pas tomber dans le crime gratuit. Tu as hérité de l'intelligence et de la ruse d'Albus mais aussi des défauts de l'autre guignol de Rogue.

- Aaah, vraiment ? Qu'ais-je pu prendre de lui ? Dîtes-moi en plus.

- Lui comme toi, vous restez insensible, dans le sens blasé et illisible en termes d'émotions. Ce sont des choses qui ne sont pas normales dans le commun des mortels. J'ai appris avec le temps à garder pour moi, mes sentiments et mes émotions en mon fort intérieur. Tu es très impulsive et rebelle. Autant de défauts qui font de toi, une personne qui nous a mené la vie dure pendant ton séjour ici.

- Mais au moins, vous gardez une trace dans votre esprit de moi. Et ça, c'est ce que je retiens !

Je souris sans le cacher, étonnant le reste des moldus et des sorciers autour de nous. Je tourne la tête vers Albus et Severus.

- J'ai fini ce que je voulais faire. On peut y aller.

- C'est un peu abrupt comme salutation d'adieu, jeune fille, remarque Albus en se caressant la barbe.

- Ce ne sont pas des adieux, juste des salutations avant que nous nous revoyions dans l'au-delà. Car personne n'est immortel, n'est-ce pas ?

Je fais une référence polie en m'inclinant vers l'avant à la manière des nobles avant de sentir Albus me prendre par le bras pour nous faire disparaître dans l'autre monde. Je ferme mes yeux alors que sa voix me traverse une dernière fois.

- Nos chemins se séparent donc ici, Miss Channel. Je vous souhaite trouver la paix éternelle, et sûrement à bientôt.

- Merci, Albus…. Albus-kun… !

J'entends un ricanement sinistre de Rogue alors que la prise du concerné se relâche et que mon enveloppe fantomatique s'en va dans l'au-delà pour être libérée de mes chakras. La liberté que c'est bon !