Merci pour vos reviews ! Bah, personne n'a deviné, tant mieux, cela n'en rend ma surprise que plus, euh, surprenante ! Biz à toutes !
oOo
Laura POV
Nous sommes plantés devant Jumper One.
Littéralement.
Carson se trouve juste à côté de moi, ainsi que deux infirmiers. Nous attendons que la décompression soit terminée et je peux entendre Carson égrener mentalement les minutes, puis les secondes qui nous séparent du moment où la porte du Jumper va s'ouvrir. Je ne suis même pas sûre qu'il attendra qu'elle soit complètement ouverte avant de se précipiter. Je vais devoir le retenir, je ne voudrais pas qu'il finisse avec une superbe bosse sur le front, quoique l'idée de devoir y déposer un petit bisou histoire de le soigner, n'est pas … Breeeef, nous attendons, plantés devant un Jumper fermé.
Aha, nope, plus maintenant, la porte s'entrouvre … je me tourne immédiatement vers Carson et agrippe sa manche. Il était déjà prêt à s'élancer.
« Huhu, Carson, je crois qu'ils peuvent attendre encore quelques secondes, juste histoire que la porte soit complètement ouverte, ça peut aider pour passer la civière. »
Il me regarde, ouvre la bouche pour dire quelque chose, y repense à deux fois, soupire et acquiesce d'un petit mouvement de tête. Vraiment, il est mignonnichou lorsqu'il est inquiet. Parce que pour être inquiet, il est inquiet, croyez moi, je connais ces petites lignes autour de ses yeux et cette petite moue, elles hurlent à la Carsoninquietude.
Carson est inquiet pour Rodney.
C'est à mon tour de soupirer. C'est incroyable cette propension qu'à Rodney de se retrouver dans des situations impossibles, situations le conduisant quasi invariablement à l'infirmerie. Je crois même que Carson envisage de lui réserver un des lits, ou d'en baptiser un de son nom, enfin, un truc de ce genre là, à moins que cela ne soit de faire venir un autre matelas orthopédique et de l'installer sur l'un des lits.
Ne vous méprenez pas, j'aime bien Rodney. Vraiment, je l'aime bien, derrière ses dehors asocial, arrogant, désagréable et pénible à l'extrême, je l'aime bien. Je ne peux pas vraiment dire que c'est son corps qui m'attire, j'y ai vécu pendant 24 heures, alors non merci ! Il m'a fallu presque trente minutes pour faire un malheureux mille mètres. C'est juste, et bien, il y a des aspects très attachants chez lui. Ok, je ne peux pas vraiment les pointer, là maintenant, mais cela ne veut pas dire qu'ils n'existent pas. Il y a une dose de naïveté chez Rodney qui le rend presque vulnérable. J'ai bien dit presque. Quoiqu'il en soit, je l'aime bi- … Ouch !
Carson vient de s'arracher à mon étreinte. Diable, c'est qu'il y a des muscles sous cette blouse blanche, il m'a presque déboité le bras !
Je le suis dans le Jumper.
Re-Ouch, ou plutôt, beurk. Une odeur de vomi flotte dans le vaisseau mais Carson ne semble même pas enregistrer les effluves émanant de l'un des bancs, il est déjà assis près de son occupant et donne des ordres aux infirmiers.
Le docteur Zelenka est debout près des consoles et le Colonel est toujours derrière les commandes. Ils ont l'air épuisé et tendu, leur regard fixé sur Rodney. Un Rodney silencieux. Trop silencieux.
Je m'approche prise soudain d'un affreux pressentiment et je relâche un soupir de soulagement lorsque j'aperçois deux yeux bleus. Rodney a manifestement du mal à rester éveillé parce que ses paupières papillotent, à moins que, je tends l'oreille … oooooh, c'est donc ça : il communique. Carson lui pose des questions, un battement de paupière pour oui, deux pour non. Le docteur Rodney McKay réduit à jouer au morse oculaire, ça en dit long sur son état.
Avec l'aide des deux infirmiers, Carson installe Rodney sur la civière. Il a un masque à oxygène sur le visage, une perfusion dans le bras et son visage est si pâle qu'on pourrait le croire mort. Son regard se fixe sur moi, je lui prends la main et il la serre brièvement. Je lui dis que tout va bien, que ça va aller maintenant, les banalités habituelles, sauf que je voudrais vraiment que pour une fois, juste pour une fois, ce soit vrai, j'aimerais pouvoir lui promettre que l'univers sera, à son réveil, un monde paisible, sans douleur et sans mort. Je parle, je parle et c'est la main de Carson sur mon épaule qui me fait prendre conscience que Rodney ne m'écoute plus. Ses yeux sont fermés, sa main ne serre plus la mienne.
Je me tourne vers Carson, et avant que j'aie pu lui demander quoique ce soit, il me rassure avec un large sourire. Il hoche la tête et disparaît avec son patient nous laissant seul, le Colonel, le docteur Zelenka et moi, dans le Jumper.
Je me sens comme eux maintenant. Epuisée et tendue. L'amitié est une chose étrange. Je veux dire pas d'une manière générale, non, mais l'amitié envers Rodney McKay est une aventure particulière. Une aventure souvent pleine de surprise, parfois de colère mais aussi de douleur. Même ça, McKay ne sait pas le faire comme tout le monde, non, Monsieur, pas question qu'il soit un ami ordinaire !
Nous nous regardons tous les trois puis le Colonel se lève, congratule Zelenka d'une petite tape dans le dos puis se dirige vers la sortie du vaisseau. Juste avant de sortir, il se tourne vers nous, un petit sourire sur les lèvres.
« Alors, vous venez ? »
Je hoche la tête et le suis dehors. Le docteur Zelenka quant à lui fixe les commandes du Jumper et reste silencieux un moment, perdu dans ses pensées. Sheppard, fronce les sourcils.
« Radek ? »
Ce dernier se retourne mais son regard évite celui du Colonel.
« Je … je ne crois pas que ce soit une bonne idée … Je veux dire, c'est de ma faute si … »
Sheppard l'interrompt brusquement.
« Et c'est aussi grâce à vous s'il est en vie, alors pas de « si, si, si … » : vous venez. »
La voix est autoritaire mais le bon Docteur hésite encore. Sheppard lui assène alors le coup de grâce.
« Radek … il va avoir besoin de vous, de nous, de tous ses amis. »
Et nous nous retrouvons tous les trois dans un transporteur, en route pour l'infirmerie.
J'ignore comment McKay fait ça. Réunir des gens si dissemblables. Les contraires s'attirent dit le proverbe, peut-être … avec Rodney, les choses sont un peu plus compliquées que cela. Avec lui, tout est toujours un peu plus compliqué.
Mais cela fait partie de son charme, non ?
TBC (huhuhuhu, et pour la suite (et fin) vous voyez qui ? Ou quoi ?)
