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Encore un très très gros morceau aujourd'hui... Désolé-e...
34 – Des leçons au Temple Jedi
Cycle I – Tome 3 : Dessel (#23)
Rattachée au chapitre n°113 : Le second point de vue
Coruscant ne ressemblait à rien de ce que Serra avait déjà vu. Enfant, elle n'avait connu que l'isolement du campement qu'elle partageait avec son père. Après qu'il l'avait envoyée au loin, elle avait visité des dizaines d'autres mondes avant de s'installer sur Doan, mais toutes ces planètes comptaient parmi les moins peuplées de la Bordure Extérieure. Sa vie entière s'était passée à la lisière de la civilisation. Ici, dans cette métropole vaste comme un monde qui était la capitale de la République, elle se retrouvait projetée dans la folie du cœur de la galaxie.
Caleb avait tout fait pour que l'éducation de sa fille soit aussi complète que possible. Elle avait lu des descriptions de Coruscant, et mémorisé tous les faits marquant s'y rattachant – mais entre savoir qu'une planète avait une population avoisinant les mille milliards d'individus, et le constater de visu, il y avait une grosse différence.
Les yeux écarquillés et sans voix, Serra regardait par la fenêtre de l'airspeeder, tandis que celui-ci louvoyait et plongeait pour se frayer un chemin dans la circulation dense. Sous eux, un océan sans fin de duracier et de permabéton s'étendait dans toutes les directions jusqu'à l'horizon, éclairé par le scintillement permanent d'un million de lumières. L'effet était stupéfiant : les foules, les véhicules, la cacophonie sourde qu'on percevait malgré le bourdonnement des moteurs – tout ce gigantisme échappait presque à sa compréhension. Elle avait l'impression d'être minuscule, insignifiante.
- C'est là, dit Lucia en désignant quelque chose à l'extérieur.
Au loin, Serra discerna une structure massive qui dominait le reste du paysage citadin. Le Temple Jedi. Le speeder les rapprochait rapidement de leur destination, et elle ne tarda pas à être en mesure de contempler l'édifice dans tous ses détails.
Sur sa base pyramidale s'élevaient des degrés en une succession décroissante, ce qui lui donnait des allures de ziggourat. Au centre du dernier niveau s'élevait une haute flèche centrale, imitée à chaque coin de ce sommet par une flèche plus petite. Entre elles, étaient disséminées de vastes places, des promenades spacieuses, de vastes jardins naturels et un grand nombre de bâtiments de taille plus modeste, qui abritaient les résidences et les centres administratifs.
À mesure que le speeder quittait l'axe central de circulation aérienne pour descendre, la taille véritable de la structure devint enfin apparente. Sur Coruscant, tout était gigantesque et magnifique, mais le Temple dominait tout le reste de la ville. Serra se souvint qu'il avait été construit sur une montagne. Non, pas sur, mais par-dessus une montagne, que la pyramide à degrés englobait si totalement qu'elle n'en était plus visible.
Le speeder s'inclina pour décrire une longue courbe autour de la Flèche de la Tranquillité, la haute tour centrale, avant de se poser sur une aire d'atterrissage à l'ombre de la tour au coin nord-ouest.
- Finissons-en, murmura Lucia.
Elle se leva vivement et offrit sa main à Serra pour l'aider à en faire de même.
La princesse se rendit alors compte que son amie était aussi mal à l'aise qu'elle, même si elle soupçonnait la tension de sa garde du corps due moins au décor titanesque qui les entourait qu'à son passé de soldat ayant combattu l'Armée de la Lumière. Même vingt ans plus tard, Lucia gardait un ressentiment certain envers les Jedi et la République.
Sans parler du fait qu'elle se culpabilisait probablement d'avoir engagé l'assassin de l'émissaire Jedi. À l'inverse, Serra n'éprouvait que gratitude pour ce que son amie avait fait, et elle n'avait pas l'intention de laisser qui que ce soit – pas plus que le roi que les Jedi – découvrir de quoi Lucia était responsable.
- N'oublie pas ce que je t'ai dit, déclara-t-elle en posant la main sur l'épaule de la garde du corps. J'ai déjà eu affaire aux Jedi. Je sais comment procéder avec eux. Je connais leurs points faibles. Nous nous en sortirons très bien.
Lucia inspira profondément et acquiesça. Serra fit la même chose et se prépara à la confrontation imminente.
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Lucia était stupéfaite du calme et de l'assurance que la princesse affichait, alors qu'elles s'apprêtaient à débarquer de la navette.
Sa maîtresse s'était toujours comportée ainsi, avec une détermination tranquille. Cela la parait d'une force et d'une autorité qui attiraient les gens vers elle. Lorsqu'elle parlait, on écoutait ses propos avec attention, même le roi de Doan, mais la situation présente était différente. Elles allaient rencontrer un Maître Jedi, et Serra avait l'intention de lui mentir en le regardant en face.
Quant à elle, Lucia n'envisageait nullement de laisser son amie se mettre en fâcheuse posture. Au premier indice que le Jedi sentait la malhonnêteté de sa royale visiteuse, l'ancienne chasseuse de primes avouerait tout, quelles qu'en soient les conséquences.
Raffermie par cette décision, elle sut conserver une attitude sereine tandis qu'elles débarquaient. À l'extérieur de la navette, une escorte de trois Jedi les attendait. Deux étaient humains, une femme et un homme. La troisième était une Twi'lek. Tous portaient une bure marron, avec le capuchon ôté pour découvrir leurs traits. La sobriété de leur mise offrait un contraste violent avec les tenues plus officielles de Serra et Lucia.
La princesse avait choisi une robe longue et ample en soie, sans manches et de couleur bleue. Un châle finement tressé de fils d'or couvrait ses épaules et le haut de ses bras. Sa longue chevelure noire coulait librement sous la tiare à son front, et l'élégante chaîne en or à son cou, avec le pendentif en saphir, rappelait sa position dans la famille royale de Doan.
Lucia était elle aussi vêtue de bleu et d'or – les couleurs royales –, mais c'étaient ceux de la tenue de cérémonie qui était de rigueur au sein des forces armées de Doan : pantalon bleu marine avec un galon doré le long de la jambe, chemise bleu clair sous une veste courte bleue avec garniture dorée et boutonnage jusqu'au col. Comme les trois Jedi, toutefois, elle était tête nue.
La Twi'lek s'avança et s'inclina.
- Salutations, Votre Altesse. Mon nom est Ma'ya, et voici Pendo et Winnoa.
Serra rendit le salut d'un simple hochement de tête.
- Je vous présente Lucia, ma conseillère, dit-elle.
Le regard de Ma'ya glissa furtivement vers le blaster à la hanche de Lucia, mais c'est du même ton policé qu'elle ajouta :
- Suivez-nous, je vous prie. Maître Obba vous attend.
D'après les renseignements qu'elle avait passés en revue pendant le trajet jusqu'à Coruscant, Lucia savait qu'Obba était membre du Conseil de la Première Connaissance. En tant que gardiens du savoir Jedi ancien, lui et ses pairs faisaient souvent profiter le Haut Conseil Jedi de leurs recommandations et leur sagesse. Il avait également été le Maître de Medd Tandar, le Jedi mort sur Doan.
Suivant le trio d'accompagnateurs, les deux arrivantes quittèrent l'aire d'atterrissage et traversèrent des jardins bien entretenus, que ponctuaient un grand nombre de mémoriaux et de statues. Une petite troupe de gamins joyeux passa en courant devant elles.
- Les enfants venus des résidences d'apprentis, expliqua Ma'ya. L'après-midi, on leur permet d'interrompre leurs études pour venir jouer dans les jardins.
Serra ne fit aucun commentaire, mais Lucia vit la lueur de tristesse dans son regard. La garde du corps savait que le jeune couple princier avait décidé d'avoir un enfant, quelques semaines avant la mort de Gerran, et la vue de ces gamins ne pouvait que ranimer de douloureux souvenirs chez sa maîtresse.
Ils continuèrent en silence, les Jedi toujours devant, et arrivèrent au pied de la tour nord-ouest, dans laquelle ils pénétrèrent. Ils gravirent plusieurs étages d'un escalier en colimaçon. Vers la fin de cette ascension, Lucia remarqua que Serra commençait à s'essouffler, contrairement à elle ou aux Jedi.
Ils devaient environ être arrivés au quart de la hauteur de la tour, lorsqu'ils firent halte devant une large porte. Ma'ya frappa, et à l'intérieur, une voix de basse leur dit d'entrer.
La Twi'lek ouvrit la porte, puis s'effaça en s'inclinant. Serra franchit le seuil de la pièce, Lucia juste derrière elle. Leur escorte resta à l'extérieur et referma la porte.
Au premier regard, on aurait pu se croire dans une serre. Une fenêtre unique, mais très grande, sur le mur d'en face laissait la lumière du soleil se déverser abondamment à l'intérieur, baignant les lieux d'une luminosité et d'une chaleur au-dessus de la normale. Des plantes d'au moins une douzaine d'espèces différentes étaient alignées contre les murs, d'autres occupaient des jardinières disposées devant la fenêtre, et d'autres encore étaient suspendues au plafond. Il n'y avait ni siège, ni table, ni bureau. Ce fut seulement en remarquant le fin matelas roulé dans un coin que Lucia comprit où elles se trouvaient : dans la chambre du Maître Jedi.
- Salutations, Votre Altesse. Votre visite nous honore.
Maître Obba, un Ithorien, se tenait debout devant la fenêtre. Dans les longs doigts d'une de ses mains, il tenait un arrosoir. Il le posa sur le sol, puis se retourna.
Comme tous les Ithoriens, il était nettement plus grand qu'un humain – il mesurait plus de deux mètres. Sa peau brune et épaisse ressemblait presque à de l'écorce, et son long cou s'inclinait en avant pour ensuite se redresser, ce qui donnait l'impression qu'il se penchait vers elles. À voir ses yeux saillants, de chaque côté de sa face haute et aplatie, on comprenait aisément pourquoi les représentants de cette espèce étaient souvent surnommés « têtes de marteau ».
- Voici ma conseillère, Lucia, lui dit Serra en s'en tenant à ce qu'elles avaient convenu. Merci d'avoir accepté de nous recevoir, Maître Obba.
- C'était bien le moins que je pouvais faire, étant donné les circonstances, répondit l'Ithorien d'une voix grave et vibrante. Mes condoléances pour votre mari. Sa mort a été une terrible tragédie.
Lucia n'était pas experte dans le domaine des subtilités diplomatiques, et elle n'aurait pu dire si, en mentionnant Gerran, Obba exprimait simplement sa compassion et sa sympathie, ou si, en politique expérimenté, il essayait de déstabiliser émotionnellement la princesse. Mais la réponse mesurée de Serra montra que celle-ci n'était pas novice dans l'art diplomatique :
- Ma tragédie personnelle trouve hélas son reflet dans celle qui vous frappe. Permettez-moi de présenter des excuses, au nom de la famille royale, pour le décès infortuné de Medd Tandar.
La tête de l'Ithorien s'abaissa en signe d'approbation.
- Sa mort est pour moi source d'une très grande tristesse, et il est d'une importance capitale que nous apprenions l'identité de la ou des personnes responsables.
Le cœur de Lucia se serra, mais elle ne laissa rien transparaître de son trouble.
- Je comprends, affirma Serra. Les autorités de mon monde mettent tout en œuvre pour traîner les coupables devant la justice.
- Je veux vous croire, répondit Obba, mais vous comprendrez que je conserve quelques réserves. Medd a été tué durant une attaque contre vos ennemis. Certains imaginent que votre beau-père aurait été derrière cette attaque.
- Ce qui n'a aucun sens, objecta Serra. Le roi souhaite consolider nos relations avec votre Ordre vénéré. C'est d'ailleurs pourquoi il avait autorisé Medd à venir sur notre planète.
- Certains imaginent que le roi s'est servi de Medd pour localiser ses ennemis, contra Obba. Ils imaginent même que c'était son plan depuis le début.
- La mort de Medd est due à un tragique concours de circonstances, mais c'est une coïncidence, et non le résultat de quelque plan sournois visant à utiliser les Jedi, insista la princesse. Il s'est simplement trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Quant au roi, il ignorait tout de cet assassinat. Je vous en donne ma parole.
- Hélas, votre parole ne constituera pas une preuve suffisante pour apaiser les craintes de certains au sein de mon Ordre.
- Alors, qu'ils recourent au raisonnement logique, répliqua Serra. Mon beau-père n'est pas un imbécile. S'il avait voulu se servir des Jedi pour assouvir une vengeance, il aurait été assez malin pour couvrir ses traces. Il aurait attendu que Medd soit parti avant d'ordonner l'assaut contre les rebelles.
- Il arrive que le chagrin nous aveugle, et que nous ne puissions voir au-delà de nos désirs immédiats...
- Est-ce réellement ce que vous pensez, Maître Obba ? Ou cherchez-vous seulement quelqu'un à accuser pour la mort de votre ancien Padawan ?
L'Ithorien soupira.
- J'admets que mon jugement dans cette affaire puisse être quelque peu obscurci par mes sentiments personnels. C'est pourquoi je dois avoir confiance en la Force et la laisser guider mes pensées et mes actes.
- Il n'y a pas d'émotion, il n'y a que la paix, cita la princesse.
- Vous avez étudié notre Code...
- Officieusement, c'est tout.
- J'aurais dû m'en douter, répondit le Jedi. Je sens que la Force est puissante en vous.
De surprise, Lucia ouvrit de grands yeux, mais sa maîtresse accueillit l'observation sans ciller.
- Je crains d'être trop âgée pour être recrutée dans votre Ordre, Maître Obba, dit-elle avec l'ombre d'un sourire.
- Même ainsi, les termes de notre mantra peuvent vous être très utiles, répondit-il d'un ton sévère. Vous devez toujours vous méfier des tentations du Côté Obscur.
- Comme ces talismans que Medd avait pour mission de trouver et de ramener ? riposta la princesse. C'est là le cœur de l'affaire, n'est-ce pas ?
L'Ithorien acquiesça avec gravité.
- Aussi forte que soit la peine que j'éprouve de sa mort, je dois mettre mes sentiments de côté et me concentrer sur l'objectif premier de sa mission.
Lucia était impressionnée. Jusqu'ici, l'entretien se déroulait presque exactement comme Serra l'avait prédit. Lors de leurs préparatifs pour cette rencontre, la princesse lui avait révélé que les Jedi se souciaient d'idéologie et du combat entre la Lumière et les Ténèbres, bien plus que des gens vivants. Elle avait donc prévu d'exploiter cette particularité pour détourner la conversation du commanditaire de l'assassin – avec un peu d'aide de la part de Lucia.
- Les Jedi aiment se sentir supérieurs, avait-elle expliqué alors qu'elles se trouvaient seules dans la navette. Ils estiment de leur devoir d'éduquer et d'informer les masses ignorantes. Si tu poses une question à l'un d'eux, il ne peut s'empêcher d'y répondre. Nous pouvons tirer avantage de ce penchant durant l'entretien.
- Pardonnez-moi cette interruption, Maître Obba, fit Lucia en saisissant l'occasion qu'il leur donnait, mais ces talismans ont réellement une si grande importance ?
- Je le crois, oui, répondit l'Ithorien.
- Mais... comment pouvez-vous en être aussi sûr ?
- Je suis membre du Conseil de la Première Connaissance, expliqua-t-il pour aussitôt se lancer dans un petit exposé comme Serra l'avait prédit. Nous sommes les gardiens de la sagesse des Jedi. Nous entretenons la Grande Bibliothèque, nous supervisons les enseignements donnés aux jeunes élèves, et nous recherchons les histoires anciennes et les Holocrons qui nous apporteront une plus grande connaissance du Côté Lumineux de la Force. Nous sommes des gardiens, dans tous les sens du terme. Des défenseurs, également. Tout savoir n'est pas obligatoirement pur. Une partie est souillée par le Mal. Il est des secrets qui doivent rester cachés, des enseignements confidentiels qui devraient demeurer enterrés à tout jamais. Il existe un Côté Obscur dans la Force. S'il n'est pas maîtrisé, il est porteur de mort et de destruction.
Lucia hochait la tête, comme si elle buvait religieusement chacune de ses paroles, mais en son for intérieur, elle ne ressentait rien d'autre que du mépris. L'arrogance des Jedi ne connaissait aucune limite. En tant que soldat servant dans la Confrérie des Ténèbres de Kaan, elle avait développé une vision assez différente du Côté Obscur. Les Sith professaient que l'émotion – peur, colère, et même haine – devait être pleinement acceptée. Elle avait appris à tirer de la force du prétendu Mal dans lequel baignait le Côté Obscur, et cet atout lui avait permis de survivre à la guerre et à des années très difficiles.
Une chose que les Jedi ne comprendraient jamais. Ils vivaient isolés du reste de l'univers, passant leur temps à méditer dans leurs grandes tours, au centre de la galaxie. Ils n'avaient pas la moindre idée de ce qu'enduraient les bannis, ceux qui étaient déchus de leurs droits civiques, et toutes ces catégories oubliées de gens qui vivaient aux marges, sinon en-dehors, de la société.
- Le Conseil de la Première Connaissance s'est juré d'empêcher le déchaînement de ce terrible pouvoir, continuait de pérorer Maître Obba, inconscient de ce qu'elle pensait vraiment. Mais l'influence du Côté Obscur est disséminée dans toute la galaxie, tout comme les ustensiles dont il se sert pour propager : des textes anciens sur la sorcellerie Sith, des amulettes imprégnées d'une énergie malfaisante, des cristaux souillés, qui peuvent corrompre l'esprit innocent. Parfois, ces objets magiques sont découverts accidentellement, et ils peuvent tomber entre les mains de victimes qui ne se doutent de rien. Celles-ci deviennent alors les agents du Côté Obscur, et elles déchaînent le chaos à travers la galaxie, à moins que nous les stoppions à temps. Nous sommes formés à maîtriser les objets magiques du Côté Obscur. Certains peuvent être détruits, mais d'autres sont investis d'une puissance trop grande et doivent être mis en lieu sûr, pour ne jamais devenir actifs.
- Comment de tels objets ont-ils pu se retrouver sur une planète aussi reculée que Doan ? demanda Lucia, qui jouait son rôle à fond.
- Les humains ont colonisé votre monde et y vivent depuis au moins dix mille ans, se fit un plaisir d'expliquer Obba. Quand les campagnes minières ont débuté, il y a de cela plusieurs siècles, on a mis au jour d'anciens tertres funéraires, des cryptes et des cimetières, tout comme les restes de villages primitifs abandonnés dans un lointain passé. En de rares occasions, on a même découvert des cités entières, ensevelies des millénaires plus tôt sous des coulées de boue ou des éruptions volcaniques. Certaines de ces civilisations premières vénéraient les Sith, et suivaient la voie du Côté Obscur. Si les gens ont disparu, les objets de leur culte ont souvent subsisté.
- Mais comment avez-vous appris l'existence de ces objets ? demanda soudain la princesse, car elle venait d'avoir une idée.
- Ce n'était rien de plus qu'une rumeur, reconnut Obba. Nous avons entendu dire qu'une équipe de mineurs avait découvert une cache remplie d'objets magiques, et qu'elle les proposait au plus offrant des collectionneurs venus d'autres planètes. D'après leur description, nous avons pensé que ces objets pouvaient être des talismans Sith. J'ai donc envoyé Medd sur Doan pour enquêter.
- Si vous avez entendu parler de ces objets, vous n'avez peut-être pas été le seul, spécula Serra. Et l'assassin de Medd n'était donc pas obligatoirement un tueur mandaté pour venger la mort de mon mari. Ce pouvait très bien être quelqu'un désirant mettre la main sur les talismans.
- J'ai envisagé cette possibilité, admit le Maître Jedi, même si j'ai espéré qu'elle n'était pas la bonne explication.
Manifestement troublé, l'Ithorien leur tourna le dos et se mit à faire lentement les cent pas devant ses alignements de plantes, comme s'il attendait de se calmer avant de reprendre la parole. Une fois de plus, Lucia admira l'aisance avec laquelle la princesse contrôlait et orientait l'entretien.
Obba avait souligné l'intensité de la Force qu'il sentait en Serra. Cela pouvait expliquer l'autorité qu'elle semblait imposer sans difficulté. Mais était-il possible que la princesse soit suffisamment puissante pour manipuler un Maître Jedi ?
- À ceux qui sont formés à la voie du Jedi, on apprend à vivre suivant les règles et les principes de notre Ordre, dit enfin Obba. Nous croyons au sacrifice de soi, et nous estimons que le pouvoir de la Force ne doit être utilisé que pour servir le Bien. Malheureusement, en dépit de tous nos efforts, certains tournent le dos à nos enseignements. Ils cèdent à la faiblesse. Ils succombent à l'ambition et à la cupidité. Ils puisent alors dans la Force pour satisfaire leurs propres désirs. Ils rejettent notre philosophie, et ils s'abandonnent au Côté Obscur.
- Vous faites allusion aux Sith, dit Serra dans un murmure.
Lucia crut percevoir de la peur dans ces quelques mots, mais il lui était impossible de déterminer si c'était réel, ou seulement un élément du rôle qu'elle jouait face à leur hôte.
- Pas les Sith, non, corrigea-t-il. Je parle des Jedi Noirs.
- Quelle est la différence entre un Sith et un Jedi Noir ? demanda Lucia.
L'Ithorien cessa de marcher de long en large, et se tourna vers elles, dans l'attitude instinctive d'un professeur qui s'adresse à ses élèves.
- Les Sith étaient les ennemis jurés des Jedi et de la République. Ils n'avaient qu'un but, nous anéantir et régner sur la galaxie. Ils ont uni leurs forces au sein de la Confrérie des Ténèbres, puis ils ont attiré à eux d'innombrables disciples en leur faisant de fausses promesses. Ils ont ainsi constitué une armée d'individus assez sots et désespérés pour croire à leurs mensonges, puis ils ont jeté la galaxie dans une guerre qui menaçait de nous détruire tous.
Lucia garda le silence, mais tout son corps s'était raidi en entendant la description qu'il faisait d'elle et de ses camarades de combat.
- Un Jedi Noir, lui, est motivé par une ambition bien moindre. Il ou elle ne pense qu'à sa propre personne. Il agit seul. Son but ultime n'est pas la conquête de la galaxie, mais l'acquisition pour lui-même de la richesse et l'accession à une position importante. À l'instar d'un criminel ou d'un bandit ordinaire, il se complaît dans la cruauté et l'égoïsme. Il choisit ses proies parmi les plus faibles, les plus vulnérables, et il propage le malheur partout où il passe.
- Et vous pensez qu'un tel individu pourrait être impliqué dans cette affaire ? dit Serra. Vous avez une personne particulier à l'esprit ?
Obba baissa la tête d'un air presque honteux.
- Set Harth. Il n'était encore qu'un Padawan lorsqu'il a perdu son Maître dans l'explosion de la bombe psychique sur Ruusan. Je l'ai ensuite pris sous mon aile, et j'ai fini par le recommander aux autres membres du Conseil de la Première Connaissance. Comme Medd, il est devenu l'un de nos agents qui parcourent la galaxie à la recherche d'objets et d'écrits liés au Côté Obscur, mais l'attrait exercé par celui-ci s'est révélé trop puissant pour Set. Il a rejeté les enseignements Jedi afin d'obtenir richesse et gains personnels, au détriment d'autrui. Nous avons appris trop tard qu'il gardait pour lui-même un grand nombre d'objets qu'il avait découverts. Quand j'ai compris qui il était devenu, il s'était déjà enfui et avait disparu dans cette sous-galaxie où l'on trouve des mercenaires sans foi ni loi, des chasseurs de primes et des esclavagistes.
- Donc, vous craignez que ce soit Set Harth, ce Jedi Noir, qui a assassiné Medd Tandar sur la planète Doan ?
- Si le tueur n'a pas été engagé par quelqu'un sur Doan, il me semble que c'est l'explication la plus plausible. Si Set, d'une façon ou d'une autre, a eu connaissance de la découverte des objets dans la cache trouvée sur Doan, il aura voulu se les approprier, et il n'aura pas hésité à tuer quiconque susceptible de s'opposer à la réalisation de son projet.
- Il a l'air d'être quelqu'un de dangereux, commenta Serra.
- Maintenant que les Sith n'existent plus, Set Harth pourrait bien être l'individu le plus dangereux de la galaxie, ajouta Obba.
Serra le regardait fixement. Elle pensait à cet homme en armure noire, qui hantait ses nuits depuis maintenant vingt ans, et elle se remémorait les paroles de son père.
- Jedi et Sith seront toujours en guerre. Les uns comme les autres n'acceptent aucun compromis, leurs philosophies respectives sont rigides et ne laissent aucune place à l'existence de l'autre. Mais ce qu'ils ne comprennent pas, c'est qu'ils constituent les deux faces d'une même pièce : Lumière et Ténèbres. On ne peut avoir l'une sans l'autre.
- Comment pouvez-vous avoir la certitude que les Sith ne sont plus ? demanda-t-elle. N'y a-t-il pas des rumeurs selon lesquelles des Seigneurs Sith auraient survécu à la bombe psychique qui a décimé la Confrérie des Ténèbres ?
- C'est vrai, dit Obba. Il en est un qui a survécu, mais aujourd'hui, lui aussi est déchu, quoiqu'il ait payé sa défaite à un prix terrible.
- Je ne comprends pas.
L'Ithorien soupira, et c'était un son aussi triste qu'apeuré.
- Venez, je vais vous montrer.
À pas pesants, il traversa la pièce jusqu'à la porte donnant sur le couloir. Les trois Jedi qui avaient escorté les visiteuses attendaient là, assis jambes croisées, en méditation silencieuse. Ils se levèrent précipitamment à l'apparition de Maître Obba.
- Vous pouvez retourner à vos occupations habituelles, leur dit-il.
- Bien, Maître, répondirent-ils à l'unisson, avec une inclinaison du buste parfaitement synchrone.
Le trio de Jedi se dirigea vers l'escalier et gravit les marches pour assumer les tâches qui leur incombaient dans les étages supérieurs de la tour.
Se déplaçant d'un pas si lent et indolent qu'il y avait de quoi devenir fou, Obba conduisit ses deux visiteuses dans une descente interminable, qui les mena au rez-de-chaussée de la flèche, puis dans les jardins où, enfin, il fit halte.
Tous trois se tenaient désormais devant l'une des nombreuses stèles dressées sur les vastes pelouses. Celle-ci était taillée dans une pierre blanche et mesurait un mètre de hauteur pour deux de largeur. Les poignées de cinq sabres-lasers étaient incrustées dans la partie supérieure du petit monument. Sous chacune était gravé un petit portrait – certainement celui du possesseur de l'arme. Et sous l'ensemble, en lettres épaisses, on pouvait lire :
En l'honneur de ceux qui sont tombés sous la lame du dernier Seigneur Noir des Sith
Que leur souvenir perdure, afin de nous rappeler ce que nous avons perdu
Il n'y a pas d'émotion, il n'y a que la paix
Il n'y a pas de mort, il n'y a que la Force
Maître Jedi Valenthyne Farfalla
Maître Jedi Raskta Lsu
Maître Jedi Worror Dowmat
Chevalier Jedi Johun Othone
Chevalier Jedi Sarro Xaj
Caleb d'Ambria
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Lorsque son regard tomba sur le dernier nom, Serra sentit ses jambes se dérober sous elle. Sans voix, elle ne put que contempler le monument un long moment. Son esprit était incapable de comprendre ce que ses yeux lisaient.
- Qu'est-ce que c'est ? dit Lucia en écho au trouble manifeste de sa maîtresse. Pourquoi nous avoir amenées ici ?
- Il y a dix ans, Maître Valenthyne Farfalla a appris qu'un Seigneur Noir des Sith avait réussi à survivre à l'explosion de la bombe psychique sur Ruusan. Sur la foi d'un renseignement, il a en hâte rassemblé l'équipe de Jedi que vous voyez honorée sur cette stèle, dans le but d'appréhender le Seigneur Noir. Ils l'ont suivi dans le Noyau Profond et l'ont affronté sur Tython. Aucun des Jedi n'a survécu.
Suivant les instructions de Serra, Lucia exprima à voix haute la question qui lui venait :
- Vous les connaissiez bien ?
- J'ai fait la connaissance des Maîtres Worror et Valenthyne à l'époque où nous n'étions encore tous que des Padawans. Ensemble, nous avons servi dans l'Armée de la Lumière, sous les ordres du Seigneur Hoth.
Un silence pesant s'ensuivit, qui dura un long moment. Obba était perdu dans ses souvenirs, Serra encore trop choquée pour parler. Ce fut Lucia qui brisa le mutisme général avec une autre question :
- Ce dernier nom, Caleb d'Ambria. Je me souviens l'avoir entendu pendant la guerre. C'était un guérisseur, non ?
- En effet. Pendant le combat contre les Jedi sur Tython, le Seigneur Noir a été gravement blessé. Il s'est rendu sur Ambria pour trouver le seul homme ayant les connaissances pour le remettre sur pied, mais Caleb a refusé de l'aider.
D'un coup, tout devint clair pour Serra. Comme son père l'avait prédit, l'homme à l'armure noire était revenue. Comme auparavant, le Sith avait eu l'intention d'obliger Caleb à exercer sur lui ses talents de guérisseur, et comme la première fois, Caleb avait résisté. Mais c'était Caleb qui avait eu le dessus lors de ce deuxième affrontement, parce qu'il avait envoyé sa fille aux confins de la galaxie, et que de ce fait, le Sith n'avait plus aucun moyen de l'obliger à obéir.
- Que s'est-il passé lorsque le guérisseur a refusé ? murmura-t-elle, les yeux rivés sur le nom de son père au bas de la stèle.
- Nul ne le sait avec exactitude. Ce dont nous sommes sûrs, c'est que peu après l'arrivée du Seigneur Noir, Caleb a envoyé un message pour prévenir le Conseil Jedi. Il leur a dit que le dernier des Sith se trouvait à son campement, sur Ambria, blessé et pratiquement sans défense. Il voulait que les Jedi viennent le capturer.
- Pourquoi aurait-il fait cela ? s'étonna Lucia. Il me semble me souvenir avoir entendu dire que Caleb refusait de prendre parti pour l'un ou l'autre côté pendant la guerre. Apparemment, il ne s'intéressait pas plus aux Jedi qu'aux Sith.
- Il n'a pas toujours été d'accord avec certains aspects philosophiques de notre Ordre, concéda Obba, mais ce n'en était pas moins un homme bon, d'une haute moralité. La guerre était fini depuis longtemps, à l'époque, et sa conscience ne pouvait supporter que le Mal continue de sévir dans qu'il ne réagisse. Il savait que s'il laissait les Sith repartir, tôt ou tard, des innocents en paieraient le prix. Dès la réception du message, le Conseil a envoyé une équipe, menée par Maître Tho'natu, sur Ambria. J'étais l'un des Jedi choisis pour l'accompagner. Malheureusement, quand nous sommes arrivés à son campement, Caleb était déjà mort.
- Comment ? dit Serra d'une voix basse dénuée de toute émotion.
- Le Seigneur Noir avait eu connaissance de l'envoi du message. Rendu fou furieux par la trahison de Caleb, par ses propres blessures et par la corruption du Côté Obscur, il a massacré le guérisseur en le démembrant. Lorsque nous sommes arrivés, le Seigneur Noir était devenu complètement fou. Il rôdait autour du camp, et il s'est précipité sur nous, un seul homme contre une armée de Jedi. Maître Tho'natu a été contraint de l'abattre pour protéger sa propre vie.
Le père de Serra avait vu juste. Il avait su que l'homme à l'armure noire reviendrait. Sentant le danger, il avait envoyé sa fille à l'autre bout de la galaxie. Il lui avait ainsi sauvé la vie, au prix de la sienne, et en agissant de la sorte, il avait aidé à détruire l'homme que Serra craignait plus que tout autre.
Un torrent d'émotions déferla en elle. Soulagement, culpabilité, chagrin, honte. Mais celles-ci étaient éclipsées par une colère féroce, primaire. Plus que toute autre chose, elle voulait la vengeance. Elle voulait frapper le monstre qui l'avait terrorisée enfant et qui, des années plus tard, avait tué son père. Mais c'était impossible, car un Maître Jedi lui avait volé cette satisfaction.
- À quoi ressemblait-il ? demanda Lucia. Le dernier Sith ?
- C'était un être pathétique, répondit Obba. Maigre, frêle. Nous avons senti la folie qui l'habitait quand il s'est rué sur nous. Ses yeux étaient aussi noirs que ses cheveux.
Non, songea Serra. C'est faux. L'homme à l'armure noire avait le crâne rasé.
- Il avait des cheveux ? demanda-t-elle.
- Oui. Comme la crinière d'un animal. Longs, emmêlés et tachés de sang.
Un soupçon impensable faisait son chemin dans l'esprit de la princesse.
- Était-ce un homme imposant ? dit-elle encore, en s'efforçant de parler avec calme. Était-il grand ?
L'Ithorien secoua sa lourde tête.
- Non, pas spécialement. Pas pour un humain, en tout cas.
L'homme à l'armure noire était un colosse, au moins aussi grand que vous, Maître Obba.
Sans rien remarquer de l'émoi qui avait envahi son interlocutrice, l'Ithorien poursuivit son récit :
- Les sabres-lasers des Jedi tombés ont été retrouvés dans le campement de Caleb. Le Seigneur Noir les avait conservés en guise de trophées. Maître Tho'natu les a rapportés, ainsi que les restes du guérisseur, afin qu'ils puissent reposer en un lieu où ils seraient honorés. Ce monument symbolise l'un des plus grands triomphes de l'Ordre Jedi, mais aussi l'un des chapitres les plus sombres de son histoire. Les Sith ne sont plus, mais au prix de la vie de nombreux Jedi qui nous manquent amèrement. Telle a été la contrepartie pour débarrasser à jamais la galaxie des Sith.
L'esprit en ébullition, Serra essayait d'assembler les pièces du puzzle. Elle avait besoin de temps pour réfléchir, pour comprendre, mais ce n'était ni le lieu ni l'heure, pas avec le nom de son père gravé devant elle dans la pierre. Il fallait qu'elle parte, avant de dire ou de faire quelque chose qui révélerait son secret et sa véritable identité.
- Vous nous avez donné matière à réflexion, Maître Obba, dit-elle d'un ton un peu sec. Croyez bien que je rapporterai toutes ces informations au roi.
Le Jedi se racla la gorge d'un air embarrassé.
- Je suis sûr que vous le ferez. Cependant, j'aimerais quand même envoyer un des miens enquêter et voir si les talismans sont toujours là.
Serra hésita sur la réponse à donner, et Lucia vint à son secours :
- À quoi cela servirait-il ? Je veux dire, si vous avez raison et que Set Harth est le tueur, n'a-t-il pas quitté les lieux depuis longtemps ? Une fois les talismans en sa possession, il n'a certainement pas traîné sur la planète, non ?
- Vous avez probablement raison, admit le Jedi après quelques secondes.
- Alors, je ne vois aucune raison que les Jedi perdent encore du temps avec cette affaire, enchaîna Serra qui s'était suffisamment reprise pour saisir la perche que Lucia lui tendait. Au vu de la situation délicate qui règne sur Doan, il serait sans doute plus approprié pour toutes les parties concernées que l'enquête soit dévolue aux autorités locales.
Elle voyait bien que cette proposition ne plaisait guère à l'Ithorien, mais il était acculé. Pris dans le filet de la politique galactique, il ne pouvait plus insister sans transformer cette affaire en incident diplomatique officiel. Or, le Sénat n'apprécierait pas du tout que les événements prennent cette tournure.
- Si nous apprenons quoi que ce soit de nouveau concernant les talismans, ajouta la princesse, nous vous en informerons aussitôt, je vous le promets.
- Merci, Votre Altesse.
L'Ithorien salua avec raideur. Il venait seulement de comprendre qu'on s'était joué de lui.
Serra s'inclina devant lui, puis tourna les talons pour s'en aller au plus vite, Lucia dans son sillage. Elles étaient impatientes de retrouver l'intimité de la navette, et n'échangèrent pas un mot durant la traversée des jardins jusqu'à l'airspeeder. Ce mutisme perdura tandis que l'appareil décollait et fonçait dans les airs. Les foules et les bâtiments de Coruscant ne furent bientôt plus qu'un souvenir. Serra pensait toujours à l'homme en armure noire de ses cauchemars. Elle savait que ses rêves étaient plus que de simples souvenirs ou l'expression de peurs subconscientes. Caleb n'avait été ni Sith ni Jedi, pourtant il avait cru dans le pouvoir naturel de la vie et de l'univers, et il avait appris à sa fille comment écouter ce pouvoir en elle, comment y puiser quand elle avait besoin de sagesse, de courage ou de force d'âme. Mais plus important encore, il lui avait enseigné à faire confiance à son instinct.
De la même façon que le guérisseur était certain du retour du Sith, Serra savait que celui-ci était toujours en vie, et qu'il était d'une façon ou d'une autre impliqué dans la mort de son père. Les Jedi débarqués sur Ambria avaient été trompés. Elle en avait l'intime conviction. La chose n'avait pas dû être difficile, puisqu'ils voulaient croire à l'extinction des Sith. Les gens acceptaient toujours plus aisément un mensonge lorsque celui-ci correspondait à leurs souhaits et à leurs espoirs.
Un plan prenait forme dans l'esprit de Serra. Durant trop d'années, elle avait été terrifiée par ce personnage sinistre issu de son enfance. Désormais, avec la mort de Caleb comme catalyseur, elle allait régler ce problème. Elle vengerait son père. Elle retrouverait l'homme à l'armure noire, puis elle le tuerait.
Ici, dans la navette, tout ce qui pourrait être dit resterait entre les deux femmes. Même ainsi, Serra n'était pas prête à tout révéler à sa garde du corps. Elle décida de garder pour elle, quelques temps encore, les secrets de son passé. Lorsqu'elle parla enfin, tout ce qu'elle dit fut :
- La tueuse que tu as engagée. Je veux que tu la recontactes. J'ai un autre travail pour elle.
