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On s'approche du dénouement...


42 – Emprisonnés dans leur propre égoïsme

Cycle I – Tome 3 : Dessel (#31)
Rattachée au chapitre n°129 : Sur sa piste


Set savait qu'il approchait du but. Il avait laissé derrière lui les tunnels enténébrés, et il s'enfonçait de plus en plus dans les entrailles de la Prison de Pierre, attiré par l'appel de l'Holocron de Darth Andeddu.

La partie du complexe carcéral qu'il traversait maintenant était éclairée, mais elle semblait aussi déserte que le reste. Il s'était attendu à tombez nez-à-nez avec une patrouille, ou un garde en train de parcourir ces couloirs. Jusqu'à maintenant, il n'avait vu personne. La personne qui avait enlevé le Maître de Zannah avait dû agir avec une équipe restreinte – vingt personnes, trente tout au plus.

Malgré tout, il se préparait à une rencontre imminente. Il avait atteint un long couloir qui se terminait par une porte en bois close. Il avait la conviction que l'Holocron se trouvait dans la pièce au-delà, et il ne doutait pas que l'objet serait sous la protection d'au moins une demi-douzaine de soldats armés.

Il dégaina son sabre-laser, et fonça dans le couloir. Il termina sa course par un bond. Ses deux pieds percutèrent la porte, qui s'ouvrit à la volée, puis il roula à l'intérieur.

À sa grande surprise, aucun garde ne se précipita sur lui. Les seuls témoins de son entrée fracassante dans la petite pièce furent un vieux bureau en bois et une chaise. Il eut une seconde de panique en ne voyant nulle part l'Holocron, puis il remarqua le coffre-fort encastré dans le mur.

Il y avait un pavé numérique pour composer la combinaison permettant l'ouverture du coffre, mais il ne s'en soucia pas. Avec son sabre-laser, il se contenta de découper un carré dans l'épaisseur du métal. La pièce se détacha et tomba au sol.

L'Holocron était le seul objet que contenait le coffre. Set plongea la main à l'intérieur, et ses doigts, qui tremblaient légèrement, se refermèrent sur la petite pyramide noire. Il la sortit du coffre dans un mouvement presque révérencieux.

Il faillit lâcher son trophée lorsque la sirène entra en action.

Il fit volte-face et fendit l'air avec son arme, l'Holocron toujours dans sa main gauche. Personne. Alors, il se mit en position de combat et se prépara à affronter les ennemis qui allaient inévitablement s'engouffrer dans la pièce.

Durant plusieurs secondes, il conserva une immobilité parfaite, tendant l'oreille pour saisir un bruit de course ou les cris des soldats. Il n'entendit rien. Il se servit de la Force pour sonder les alentours, et il découvrit qu'il était seul.

La sirène hurlait toujours, et Set mit une minute à comprendre que ce n'était pas à cause de lui.

Ils ont repéré Zannah, ou bien son Maître s'est échappé.

Il éteignit son sabre-laser et le glissa à sa ceinture.

Personne ne va se soucier de toi, pas alors que deux Sith sèment le chaos dans les autres ailes de cette prison.

Il avait ce qu'il était venu chercher. Il était temps de quitter Doan. Avec un peu de chance, il n'aurait jamais à revenir sur cette planète.

Set avait toujours l'intention de s'en tirer à son plan initial, qui consistait à voler l'un des autres appareils plutôt que de courir le risque de croiser le chemin de Zannah en retournant à leur navette. Il lui suffirait de trouver le hangar où les autres vaisseaux étaient garés.

Ce qui ne devrait pas être trop difficile. N'emprunte que des couloirs éclairés, et évite de te faire repérer. Laisse-les s'entre-tuer pendant que tu t'éclipses avec ce qui a vraiment de la valeur.

Par chance, il était très doué pour ce genre de choses.

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~oOo~

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L'écho de la sirène poursuivait Serra, alors qu'elle courait dans le long couloir menant à la salle de contrôle de la Prison de Pierre. Elle composa nerveusement le code d'accès sur le pavé numérique et ne put s'empêcher de regarder par-dessus son épaule. Elle redoutait que son ennemi n'apparaisse à l'autre bout du couloir.

Le système de verrouillage émit un bip aigu, et « ACCES REFUSÉ » apparut sur le petit écran.

- Non, murmura-t-elle pour elle-même. Non...

Lorsqu'elle avait épousé Gerran, il lui avait communiqué son code personnel. En tant que prince héritier, son code était supposé ouvrir tous les systèmes de sécurité électroniques présents dans le domaine royal.

Peut-être que le roi ne t'a pas fait confiance. Peut-être qu'il l'a désactivé après la mort de Gerran.

Non, c'était impossible. Le code avait ouvert toutes les autres portes sécurisées de la Prison de Pierre depuis leur arrivée. Sans lui, elle n'aurait jamais pu remettre en marche les générateurs qui alimentaient cette section du complexe carcéral.

Elle fit une nouvelle tentative. Ses doigts tremblaient violemment, et les sirènes omniprésentes lui rappelaient que chaque seconde perdue rendait plus probable l'évasion de son prisonnier.

Une nouvelle fois, un bip précéda la mention « ACCES REFUSÉ ».

Il est possible que le code de Gerran n'opère pas sur cette porte, et que seul le roi soit autorisé à déclencher le système d'autodestruction.

De frustration, Serra frappa la porte du plat de la main, et elle ne put retenir ses larmes plus longtemps. Accablée, elle glissa lentement à genoux et pressa son front contre le panneau de métal.

Durant de longues secondes, son corps fut secoué par des sanglots violents. Tout était perdu. Lucia l'avait trahie. L'homme sombre de ses cauchemars allait s'échapper. Ce qu'elle avait voulu accomplir se soldait par un échec complet.

Cela ne te ressemble pas.

Bien qu'elle ne l'ait pas entendue depuis plus de dix ans, elle reconnut instantanément la voix.

- Père ?

Mais, bien sûr, Caleb n'était nulle part ailleurs que dans son propre esprit.

Tu es plus forte que cela.

Elle acquiesça, sans se demander si la voix n'était qu'une simple création de son imagination. Elle s'efforça d'oublier la sirène, inspira calmement et entreprit d'analyser en détail la situation.

Il était impensable que le roi soit le seul à détenir le code d'accès à cette salle. S'il y avait une évasion ou une émeute ici, le souverain en personne ne se déplacerait pas, car ce serait courir un trop grand risque. Le directeur du complexe aurait connaissance du code. Le capitaine des gardes aussi, très certainement. Et si le roi avait suffisamment confiance en des serviteurs pour partager avec eux ce secret, il aurait évidemment fait de même avec son fils.

Tu vas trop vite. Tu commets des erreurs. Essaie encore, sans hâte.

Elle se releva et tapa le code. Cette fois, lorsqu'elle sentit la panique envahir ses doigts, elle la combattit en invoquant l'image de son père, avec son visage calme et déterminé. Tout en respirant lentement et profondément, elle prit soin d'appuyer sur les touches selon l'ordre requis. Durant une seconde, rien ne se produisit, puis il y eut un léger tintement, et la porte s'ouvrit en douceur.

Le soulagement submergea Serra, et elle essaya de rire de sa propre sottise. Deux erreurs avant de composer le bon code ! Elle poussa une sorte de croassement étranglé, presque hystérique, puis ferma aussitôt la bouche.

La pièce était de dimensions réduites, avec un seul panneau de contrôle et une autre porte face à la première, qui ouvrait sur un petit module de secours, ce qui permettait à la personne déclenchant l'autodestruction de quitter la prison avant que celle-ci ne s'effondre.

Elle s'approcha de la console et l'examina. L'ensemble était très simple. Il y avait un bouton pour initier la séquence, un pavé numérique pour entrer le code d'accès et un autre bouton pour confirmer l'ordre. Elle nota aussi la touche marquée « CORRECTION » pour effacer un éventuel code erroné, mais ne vit aucune touche « ANNULATION ». Une fois l'autodestruction confirmée, il était impossible de stopper le processus. Ensuite, toutes les personnes présentes dans la prison disposeraient de cinq minutes pour quitter les lieux, avant que les charges placées aux plafonds, aux murs et aux planchers se mettent à exploser dans une succession rapide qui provoquerait l'effondrement du complexe sur lui-même.

C'était là sa dernière chance de stopper définitivement l'homme qui l'avait terrorisée lorsqu'elle n'était qu'une enfant. Sa dernière chance de débarrasser la galaxie d'un Seigneur Noir des Sith. Elle enfonça le bouton d'initiation, et en réponse, l'éclairage de la console s'alluma. Puis, elle tapa le code d'accès très lentement, pour être sûre de ne pas faire d'erreur – mais lorsque l'écran afficha « CODE ACCEPTÉ : CONFIRMER SÉQUENCE D'AUTODESTRUCTION », Serra hésita.

Si elle confirmait l'ordre, sa vie sur Doan était terminée. Le roi ignorait qu'elle utilisait la Prison de Pierre pour assouvir une vengeance personnelle, et si elle détruisait le complexe carcéral, son secret serait fatalement révélé. Les explosions créeraient des secousses dans la roche, qui atteindraient la Résidence Royale, des milliers de mètres plus haut, et tout le monde saurait ce qu'il se passait.

Le souverain comprendrait qu'elle avait placé ses désirs personnels au-dessus de ceux de la famille royale. Ses actes seraient certainement considérés comme relevant de la haute trahison. Le mieux qu'elle pourrait alors espérer serait un bannissement définitif de la planète.

Et Lucia ? Elle périrait probablement dans les explosions. Bien que sa garde du corps l'ait trahie en aidant le prisonnier à s'enfuir, Serra était-elle prête à condamner à mort son amie, sans lui laisser la moindre chance de s'expliquer ?

Incapable de prendre une décision, la princesse restait pétrifiée, le doigt immobile au-dessus de la touche « CONFIRMATION », alors que la sirène continuait de hurler.