N/A : Nope j'ai pas oublié que je devais poster un chapitre aujourd'hui. Nope. Absolument pas. D'ailleurs la preuve il est là.
Résumé du chapitre précédent :
Tout le monde se met d'accord pour livrer Pettigrew aux Aurors. Remus part pour gérer la pleine lune de son côté. Ron est réveillé et reçoit une version courte des explications par Hermione. Pendant qu'ils retraversent le passage secret, Sirius propose à Harry de venir vivre avec lui. En sortant, Remus sous forme de loup-garou essaie d'attaquer Pettigrew, qui parvient à s'enfuir. Tout le monde (sauf Ron) le suit dans la Forêt Interdite. Harry, Hermione, Neville et Rogue font face à des acromentules, que Harry disperse en parlant fourchelangue et en invoquant son lien de familier avec Artémis. Puis ils arrivent au lac, où Sirius est attaqué par les Détraqueurs. Harry parvient à créer un Patronus extrêmement puissant pour les repousser et s'évanouit après. Ils rejoignent tous Sirius, qui accepte de se cacher ailleurs, et part à dos d'hypogriffe pour Londres. Rogue ramène les trois Griffondors au château et n'est clairement pas assez payé pour ces conneries x)
Harry se réveilla le lendemain matin, avec un souvenir très vague des derniers évènements près du lac. Il cligna des yeux plusieurs fois avant de les ouvrir complètement, puis les referma en grimaçant face à la luminosité de l'infirmerie.
- Enfin réveillé, Potter.
Le Griffondor tourna la tête pour voir Rogue, assis à son chevet avec l'air de s'ennuyer à mourir.
- Professeur ? demanda Harry en enfilant ses lunettes. Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Vous avez utilisé trop de magie pour produire votre Patronus, l'informa Rogue, ce qui était remarquablement stupide et aurait dû vous tuer.
- Et Sirius ? Il va bien ? Où est-ce qu-
- Du calme Potter, l'interrompit le professeur.
Le directeur de Serpentard fixa Harry d'un regard intense, puis attendit un instant avant de poursuivre.
- Black n'est pas en danger, annonça Rogue. Mais il serait plus prudent que cette conversation ait lieu dans mon bureau. Je suis venu vous informer de la version officielle des faits pour éviter tout dérapage en face de... certaines personnes.
Le sous-entendu était assez clair pour qu'Harry comprenne de qui il s'agissait, et le Griffondor hocha lentement la tête avant de se redresser sur le lit. Toute sa fatigue avait disparu, et le garçon à la cicatrice se sentait prêt à affronter une nouvelle journée à Poudlard.
- Qu'est-ce qui s'est passé, officiellement ? demanda Harry.
- Officiellement, vous et vos amis avez été assez idiots pour vous dire qu'entrer dans la Forêt Interdite était une bonne idée pour fêter la fin de l'année, expliqua Rogue avec un petit sourire satisfait. Vous êtes tombés sur des créatures dangereuses et Weasley a été blessé. Heureusement pour vous quatre, je patrouillais à ce moment-là et j'ai pu intervenir à temps pour vous sauver des Détraqueurs, devant lesquels vous vous étiez évanoui.
Le héros de Griffondor grimaça. Cette version ressemblait un peu trop à quelque chose qu'ils auraient pu faire. Au moins, Harry n'avait pas le moindre doute que ce genre d'explication serait crue par toute l'école, professeurs inclus. Il répéta une fois toutes les informations pour être certain qu'il pourrait les ressortir le moment venu, puis posa une question qui lui paraissait importante.
- Qui est au courant de ce qui s'est vraiment passé ?
Pendant une fraction de seconde, le Griffondor crut voir une étincelle d'approbation briller dans les yeux de l'enseignant.
- Vous, moi, Lupin, Granger et Londubat. Weasley aussi, même s'il lui en manque une partie. Il est sorti de l'infirmerie un quart d'heure avant votre réveil, indiqua Rogue.
Harry hocha la tête. Il espérait que Ron pourrait tenir sa langue pour une fois. Avec un peu de chance, Hermione et Neville resteraient avec lui pour l'empêcher de faire ou dire quoi que ce soit de trop stupide pendant les deux jours qui restaient avant le départ. Harry répéta mentalement une dernière fois les étapes de la version officielle, et réalisa tout à coup que Rogue avait dû passer un certain temps à tout mettre en place.
- Professeur, pourquoi vous nous avez aidé ? demanda le Griffondor.
Le directeur de Serpentard pinça les lèvres, et n'eut pas le temps de répondre avant que la porte s'ouvre sur Dumbledore. Le directeur avait opté ce jour-là pour des robes bleu ciel à motifs étoilés jaune citron particulièrement immondes.
- Ah, Harry, de nouveau parmi nous ! fit Dumbledore avec une joie que Harry jugea assez déplacée.
- Professeur Dumbledore, le salua Harry.
- Albus, grinça Rogue.
- Severus, soupira le directeur, je comprends votre agacement à l'encontre de ce jeune homme. Mais ne croyez-vous pas qu'il a davantage besoin de repos plutôt que d'un sermon à cette heure matinale ?
Sans un mot, le professeur de Potions se leva, fusilla Dumbledore du regard, et s'adressa sèchement au jeune Griffondor.
- Je vous attends dans mon bureau après le déjeuner, Potter. Soyez certain que vous n'échapperez pas à cette discussion.
- Oui professeur, répondit Harry en baissant la tête.
Lorsque Rogue fut sorti, Harry se mordit la lèvre en voyant le directeur de Poudlard se rapprocher de lui, nerveux à l'idée que le vieux sorcier allait peut-être encore essayer d'entrer dans son esprit.
- Harry, mon garçon, pas la peine d'être aussi inquiet, déclara gentiment Dumbledore. Je me doute que la réalité est bien différente de la version que m'a donné Severus. Allons, tu peux me dire la vérité sans crainte, que s'est-il vraiment passé ?
Le Golden Boy réfléchit à toute vitesse. S'il racontait exactement la même chose que le professeur de Potions, Dumbledore ne le croirait pas. Mais il ne pouvait pas trop s'en éloigner non plus, au risque de dévoiler tout le reste de la soirée. Après quelques secondes de réflexion, le Griffondor se décida pour des demi-vérités en espérant qu'elles suffiraient à convaincre le vieux manipulateur.
- Hermione, Neville, Ron et moi, on est sortis pour profiter du parc après le diner, commença-t-il. Le temps a filé, et avant qu'on rentre, Ron a cru voir son rat, Croûtard, et il est parti à sa poursuite. Un animal l'a attrapé, je crois que c'était un gros chien, mais vu qu'il faisait sombre, ça aurait pu être un loup. Et Ron s'est retrouvé entrainé contre son gré.
À côté du lit, Albus l'écoutait en silence, et hocha la tête. Lorsqu'il avait parlé aux trois amis de son célèbre élève, ceux-ci avaient si parfaitement repris la version du professeur de Potions que le directeur s'était aussitôt douté qu'il y avait anguille sous roche. Toutefois, plutôt que d'utiliser la Légilimancie pour fouiller leurs souvenirs, Albus avait décidé de rendre visite au Griffondor qui en saurait le plus.
Le récit d'Harry lui parut plus crédible, et Albus était raisonnablement certain que le garçon ne lui mentait pas. Une chance qu'il soit arrivé juste à temps pour empêcher Severus de lui imposer le silence... encore que, au vu de l'inimité qui existait entre les deux, son élève préféré n'aurait probablement pas suivi les consignes du directeur de Serpentard. Feignant un air inquiet à l'idée de ce qui était arrivé au meilleur ami de Harry, le directeur l'encouragea gentiment à poursuivre.
- Je présume que vous avez tous les trois suivi ce pauvre Ronald dans la forêt ? demanda Albus.
Plutôt qu'une réponse verbale, Harry hocha la tête. En trichant avec les pronoms, il pouvait laisser croire au directeur qu'il s'agissait des mêmes personnes sans être ouvertement en train de mentir.
- Oui, mais on a réagi un peu trop tard et on a perdu leur trace. Je ne sais pas trop par où on est passés, mais on s'est retrouvés près d'un lac, et puis il y a eu les Détraqueurs, et... je ne me souviens plus de grand-chose après ça, acheva-t-il d'un air contrit.
- Le professeur Rogue patrouillait dans cette zone, compléta Dumbledore. Il vous a vu entrer dans la forêt et fort heureusement, il est arrivé à temps pour vous en sortir.
Le héros de Griffondor soupira de soulagement, et hocha la tête. Au moins, leurs versions étaient assez proches pour que le directeur ne semble pas le soupçonner. Il faudrait juste qu'il trouve le temps d'informer ses amis des quelques changements pour éviter des faux-pas malencontreux.
- Toutefois, reprit Dumbledore, je dois admettre qu'il en a donné une version très différente. Selon lui, vous seriez tous les quatre entrés dans la forêt pour vous amuser avant la fin de l'année.
Le Golden Boy leva la tête d'un air sincèrement indigné et érigea ses barrières mentales avant de croiser le regard du directeur, dont les yeux bleus se mirent à pétiller derrière ses lunettes.
- Professeur, je vous jure que ce n'est pas ce qui s'est passé ! s'exclama Harry. Après ce qui nous est arrivé les dernières fois, aucun de nous ne retournerait dans la Forêt Interdite, surtout de nuit !
- Calme-toi Harry, l'apaisa gentiment le vieux mage, je te crois. Tes amis et toi avez été plus que raisonnables cette année, et j'avais moi-même du mal à croire que vous ayez pu faire une telle chose. Aucun point ne sera enlevé à Griffondor pour cette histoire, tu as ma parole.
- Merci professeur, fit Harry.
- Cependant, j'ai bien peur de ne pas pouvoir te soustraire au sermon de Severus cet après-midi, soupira Dumbledore. Je crains qu'il ne se soit quelque peu... persuadé de votre culpabilité dans cette affaire.
Harry soupira de façon exagérée et baissa la tête en signe de défaite, mais afficha un petit sourire résigné pour montrer qu'il ne s'y soustrairait pas.
- Je comprends, professeur. Merci de me croire.
- Allons, c'est normal, mon garçon, l'assura le directeur. Tu pourras toujours compter sur moi pour une oreille attentive. Je m'efforce d'être aussi impartial que faire se peut en ce qui concerne mes élèves, et je serai toujours là pour te conseiller. Tu le sais, n'est-ce pas ?
- Oui professeur, sourit Harry.
Le directeur sembla vouloir ajouter quelque chose, mais fut interrompu par l'arrivée fracassante de l'infirmière.
- Ah Potter, vous êtes réveillé ! Albus, laissez mon patient tranquille, voulez-vous ?
La question était plus proche d'un ordre que d'une demande, et aucune des trois personnes présentes ne s'y trompa. Avec un sourire de façade, le directeur salua Harry et sortit de l'infirmerie.
Une fois dans le couloir, Albus fronça les sourcils et laissa sa frustration prendre le dessus après un nouvel échec à fouiller les souvenirs du garçon. Personne ne pouvait lui avoir enseigné l'Occlumancie à un tel niveau en si peu de temps sans que le directeur ne s'en rende compte. Par conséquent, Albus ne voyait plus qu'une seule explication possible. D'une façon ou d'une autre, quelqu'un avait bloqué l'accès à la mémoire de Harry, ce qui ne n'arrangeait pas du tout le directeur et lui posait plusieurs problèmes.
Qui était ce sorcier, et quel était son but ? Comment Albus allait-il pouvoir s'assurer de la loyauté totale du garçon s'il n'avait plus accès à son esprit ?
Le directeur se dirigea vers son bureau, plongé dans ses pensées. Peut-être devrait-il se pencher davantage sur les effets du sort de Voldemort lorsque Harry avait un an... Après tout, le garçon avait survécu à un Avada Kedavra. La présence d'effets secondaires dus au sortilège de la Mort était une théorie plausible, et puisque la cicatrice était sur le front du garçon, il n'était pas impossible d'envisager que son esprit ait également été impacté.
Encore que dans ce cas, Albus peinait à trouver une explication au temps que ces effets secondaires auraient mis à se manifester. Agacé de ne pas trouver de réponse satisfaisante, le directeur s'enferma dans son bureau avec la ferme intention de trouver une solution plausible à ces multiples problèmes.
Une fois le temps venu, Harry Potter devrait être capable de se sacrifier pour le plus grand bien du monde sorcier. Albus était prêt à prendre toutes les mesures nécessaires pour guider le garçon vers sa destinée, quitte à agir dans l'ombre. Il en allait de l'avenir de leur monde, après tout.
-o-oOo-o-
Dans l'infirmerie, Harry laissa Pomfrey lui lancer quelques sorts de diagnostic sans rechigner. Pendant qu'elle lisait les résultats, le Griffondor lui adressa un grand sourire, en espérant qu'elle le laisserait sortir immédiatement.
- Je me sens vraiment en pleine forme, madame Pomfrey.
- Je n'en doute pas, répliqua-t-elle avec un sourire en coin. Mais vous seriez capable de vous sentir en pleine forme avec les deux jambes cassées, Potter. Vous m'excuserez donc de ne pas vous croire sur parole et de me fier à mon examen.
Le garçon à la cicatrice ronchonna pour la forme, ce qui n'eut pas le moindre effet sur l'infirmière. Elle acheva de lire le parchemin, et le fit disparaître d'un mouvement de baguette.
- Votre niveau de magie est revenu à la normale, et vous semblez en bon état. Je vous laisse sortir, mais faites en sorte de ne pas avoir besoin de revenir avant le départ du train, d'accord ?
- Je ferai de mon mieux ! répondit Harry en riant.
Pomfrey leva les yeux au ciel, mais laissa son propre sourire étirer ses lèvres tandis que le jeune Griffondor sautait du lit. La Guérisseuse adressa un regard affectueux à son patient le plus régulier pendant que celui-ci s'échappait de son domaine. Potter avait l'air plus heureux et plus optimiste que la dernière fois qu'elle l'avait vu, et comme souvent dans ces cas-là, sa bonne humeur irradiait autour de lui. Elle secoua la tête, puis retourna s'occuper de son inventaire de fin d'année.
-o-oOo-o-
Après avoir fait un détour par les cuisines pour récupérer de quoi faire un petit-déjeuner tardif, Harry se dirigea vers la salle commune de Griffondor. Toutefois, une rumeur chuchotée dans les couloirs le fit s'arrêter.
- Tu as entendu ?
- Un loup-garou, vraiment ?
- Et ils l'ont laissé être professeur toute l'année ?
- Lupin est un loup-garou ?
En réalisant que tout Poudlard était au courant du secret du professeur de Défense, Harry sentit sa bonne humeur s'évanouir. Le Griffondor changea de direction, et fonça vers le bureau de l'enseignant. Il entra dès qu'il reçut la permission depuis l'intérieur.
- Professeur, vous-
Il s'interrompit en voyant la pièce vidée de la plupart de ses objets, et les livres empilés qui attendaient d'être rangés dans une malle ouverte. L'enseignant se tenait face à lui, et lui adressa un sourire fatigué qui dissimulait mal son mélange de résignation et de tristesse.
- Vous... partez ? demanda Harry.
- J'ai démissionné, corrigea Remus.
- Mais pourquoi ?
- Quelqu'un a appris pour ma condition, et la rumeur court déjà dans tout Poudlard. Dès demain, les lettres de parents indignés et effrayés commenceront à arriver pour exiger mon renvoi. J'ai l'habitude, ajouta-t-il avec un sourire triste.
- Mais vous n'avez rien fait de mal ! s'obstina Harry. Vous n'êtes pas dangereux !
Remus le regarda intensément, et la conviction sincère qui brillait dans les yeux verts lui réchauffa le coeur, bien plus que tous les mots d'excuse de Dumbledore. Remus s'était fait à l'idée que ce monde ne l'accepterait jamais, pas avec sa condition. Trouver ne serait-ce qu'une personne prête à se battre pour lui, quelqu'un qui ne le voyait pas comme un monstre... c'était comme un rayon de soleil au coeur de l'hiver. C'est ce que Lily avait été pour lui. Ce que les Maraudeurs avaient été.
- Malheureusement, tout le monde ne pense pas comme ça, rappela Remus.
- Mais...
Le garçon à la cicatrice s'interrompit, et Remus pouvait presque lire ses pensées et sa frustration sur son visage face aux préjugés du monde sorcier. L'enseignant observa Harry pendant quelques secondes, puis soupira. Une étincelle de malice s'alluma dans son regard et il sortit un bout de parchemin vierge d'un tiroir de son bureau, avant de le tendre à Harry.
- Ceci dit, puisque je ne suis plus professeur, je n'ai aucun scrupule à remettre ceci à une personne qui en fera bon... ou plutôt mauvais usage, rectifia-t-il avec un clin d'oeil.
- La carte du Maraudeur ? reconnut Harry en prenant le parchemin.
- Sa place est à Poudlard dans les mains d'un élève, confirma l'ancien Griffondor. Pas dans une étagère à prendre la poussière. Et Harry ?
- Professeur ?
- Appelle-moi Remus, offrit-il. Et tu peux me tutoyer.
Le sourire qui illumina le visage de son désormais ancien élève suffit à rendre sa matinée nettement plus belle qu'elle ne l'avait été jusque-là. Remus laissa l'affection évidente et sincère lui réchauffer le cœur aussi longtemps que possible.
- D'accord... Remus, tenta timidement le jeune Griffondor. Et merci. Pour tout. On se reverra ?
- Si tu le souhaites, ce sera avec plaisir, répondit le Maraudeur. De toute façon, soupira-t-il, je vais devoir garder un oeil sur Sirius pour l'empêcher de faire quoi que ce soit de stupide et risqué tant qu'il ne sera pas réhabilité.
Le héros de Griffondor ne chercha même pas à retenir un petit rire. Ça avait l'air de bien ressembler au caractère de son parrain. Et il visualisait bien son ex-professeur de Défense vivre avec Sirius et lui. Les deux avaient l'air très proches, et après autant d'années de séparation, Harry se doutait qu'ils auraient envie de passer du temps ensemble. Il ferait pareil s'il était séparé de ses amis aussi longtemps.
- Tu devrais y aller, l'encouragea Remus. Je pense que tu es attendu à la tour de Griffondor.
Harry hocha la tête. Il regrettait vraiment que Remus ne puisse pas rester à Poudlard, mais comprenait – sans l'accepter pour autant – que s'énerver davantage ne servirait à rien tant que l'opinion publique serait aussi bouchée. Mieux valait pour lui de se concentrer sur le fait qu'il avait retrouvé son parrain et un ami de ses parents, et que les deux étaient prêts à l'accepter dans leur vie.
- À bientôt Remus ! sourit-il en sortant.
Resté dans son bureau, le Maraudeur laissa son propre sourire étirer son visage quelques instants, puis retourna à ses bagages. Même s'il devait une fois de plus renoncer à un travail, les derniers jours passés à Poudlard l'avaient rendu plus heureux que tout ce qu'il avait pu vivre pendant les dix dernières années combinées.
-o-oOo-o-
De son côté, Harry monta droit jusqu'à sa salle commune, où il fut accueilli par une série d'exclamations joyeuses. Lorsqu'il eut fini de rassurer tout le monde sur le fait qu'il allait bien, il informa discrètement ses amis de sa nouvelle version de ce qui s'était passé la veille. Convaincre Hermione et Ron de ne pas dire toute la vérité au directeur fut compliqué, mais le garçon à la cicatrice finit par leur arracher une promesse à chacun. Il n'eurent toutefois pas le temps de parler d'autre chose, car les autres Griffondors se mirent à s'activer dans la salle commune.
Au déjeuner, il se rappela en regardant à la table des professeurs que Rogue lui avait donné rendez-vous dans son bureau, et il sentit son estomac se nouer. Il ne savait pas exactement ce qu'il pouvait révéler au professeur de Potions, jusqu'où il pouvait lui faire confiance, ou même quelle était son opinion concernant Dumbledore.
Lorsque Neville remarqua qu'il n'avait presque pas touché à son assiette, Harry lui expliqua ce qui l'attendait pour le reste de l'après-midi. Les yeux bleus s'agrandirent et se remplirent de peur, mais Neville encouragea tout de même son ami et lui souhaita bonne chance.
-o-oOo-o-
Après le repas, Harry se dirigea vers les donjons, en espérant de toutes ses forces ne pas croiser Malfoy en chemin. Même s'il souhaitait récupérer le journal de Tom avant le début des vacances, il n'avait pas vraiment le temps pour leurs altercations habituelles dans l'immédiat. Juste au cas où, Harry fit en sorte de raser les murs et de se cacher dans l'ombre au moindre bruit de pas.
Finalement, il arriva devant la porte du bureau de Rogue, et prit une grande inspiration pour se donner du courage. Tout allait bien se passer. Harry toqua deux coups à la porte, et celle-ci s'ouvrit aussitôt sur la silhouette du redouté professeur de Potions.
- Potter. Entrez.
Sans un mot, le Golden Boy referma la porte et alla s'asseoir sur le fauteuil que le professeur lui désigna. Harry était un peu surpris par le confort de la pièce, même si elle était un peu trop dans les tons noir, argent et vert à son goût. Un peu trop sombre aussi. Et les étagères remplies de livres et de bocaux ne lui inspiraient pas particulièrement confiance. Malgré tout, Harry s'installa en silence et resta immobile lorsque l'enseignant s'assit en face de lui.
- Avant toute chose, commença Rogue, vous devez savoir que ce bureau est protégé par des barrières magiques extrêmement puissantes, qui empêchent quiconque d'écouter ce qui s'y dit. Cette conversation restera privée.
Harry s'efforça de rester impassible, mais il savait que le directeur de Serpentard avait trop d'expérience dans la lecture des comportements pour être convaincu. Et le fait qu'il signale ce genre de détails avant même qu'il commence à l'interroger ne faisait rien pour rassurer le Griffondor.
L'enseignant reprit toutefois sans attendre de réponse, en utilisant une voix neutre qui contenait malgré tout une pointe de ton accusateur.
- J'ai remarqué un certain nombre de choses étonnantes à propos de vous tout au long de l'année, Potter.
- Si vous faites référence à mes progrès en Potions, tenta Harry, j'ai juste passé du temps à la bibliothèque avec Hermione.
- Cessez immédiatement de me prendre pour un imbécile, répliqua sèchement Rogue. Vous savez aussi bien que moi que ce n'est pas à ça que je faisais référence.
Le garçon à la cicatrice se mordit les lèvres, et détourna le regard pour fixer une des pierres de la cheminée. Il songea qu'il ferait mieux de se contenter d'attendre les questions et de réfléchir à la réponse appropriée au fur et à mesure. Néanmoins, il s'efforça de continuer sur un ton poli.
- Et qu'est-ce que vous avez remarqué qui me vaut l'honneur d'être interrogé, professeur ?
- Pour commencer, quelqu'un vous a formé à l'Occlumancie et vous a informé que le directeur et moi-même étions des Legilimens.
- Je ne vois pas de quoi vous-
- Et puisque vous êtes conscient de ce fait, vous savez parfaitement que je peux dire quand vous êtes en train de me mentir, le coupa Rogue.
Harry serra la mâchoire. Il n'aimait pas la façon dont leur entrevue se déroulait, et préféra ne pas répondre du tout.
Après plus d'une minute de silence, le professeur de Potions s'appuya un peu plus sur le dossier de son fauteuil et croisa les mains sur ses jambes, en fixant le Griffondor.
- Est-ce que vous savez ce que j'ai remarqué d'autre, Potter ?
- Non, professeur.
- Vous semblez désormais avoir un contrôle parfait de votre capacité à parler fourchelangue. Vous vous méfiez de Dumbledore, au point de ne pas lui dire la vérité sur ce qui s'est passé hier soir. Vous étiez un peu trop sûr de vous au milieu des acromentules. Vous maitrisez étonnamment bien la magie informulée et sans baguette pour quelqu'un qui s'est entrainé seul. Et il y a beaucoup de sujets auxquels vous refusez de répondre directement.
À la fin de sa tirade, le Griffondor avait perdu quelques couleurs, et refusait toujours obstinément de regarder dans la direction du directeur de Serpentard. Harry n'avait pas idée que l'enseignant avait remarqué tous ces détails. Il chercha désespérément une réponse qui lui permettrait de s'en sortir, et n'en trouva qu'une, incomplète, qui ne serait pas un mensonge.
- Le professeur Lupin m'a donné des cours particuliers.
- Exact, répliqua Rogue. Pour maîtriser le sortilège du Patronus, et rien d'autre. J'ai eu une petite discussion avec lui ce matin avant de venir vous voir à l'infirmerie.
À court d'excuses, Harry se mordit les lèvres et sentit qu'il commençait vraiment à paniquer. Si Rogue avait pu repérer tout ça, et qu'il en parlait à Dumbledore, il n'aurait aucune chance de s'en tirer face au directeur.
Rogue observa le Griffondor devenir une boule de stress devant lui, et sortit sa carte maîtresse. En théorie, elle devrait lui permettre de faire craquer le jeune sorcier en face de lui. Contrairement à Dumbledore, Severus n'était pas dépourvu de moralité au point de forcer son chemin dans la tête d'un élève avec la Légilimancie. Mais face à un Potter buté, il n'était pas contre le fait d'employer des méthodes légèrement déloyales.
- Vous savez Potter, Lucius Malfoy est un ami de longue date. La dernière fois que je suis allé le voir, j'ai appris que vous aviez été en correspondance avec lui à quelques reprises au cours des derniers mois. Entre autres.
Sa déclaration eut l'effet escompté.
Harry releva la tête d'un coup avec un air abasourdi. Il se reprit juste à temps pour éviter de révéler quoi que ce soit et tourner sa question de façon à ne rien laisser paraitre.
- Vous savez que- Qu'est-ce qu'il vous a dit !?
- Je pense que vous en avez une assez bonne idée, Potter. Alors ?
La formulation rappela d'un coup au Griffondor les conseils de Tom et les pièges qu'il lui tendait dans leurs conversations de façon régulière. Harry se sentit automatiquement revenir en terrain connu et reprit de l'assurance.
Si Rogue choisissait ces mots-là au lieu de le confronter aux faits, c'est qu'il n'avait pas autant de preuves et de certitudes qu'il voulait bien le faire croire. Harry se redressa dans son fauteuil, et tourna son regard dans la direction générale de son interlocuteur, tout en continuant à éviter ses yeux.
- Alors si vous en savez autant, professeur, je ne vois pas ce qu'il me reste à vous apprendre.
Le professeur de Potions fronça les sourcils. Le fils de Lily avait trouvé une parade un peu trop efficace, et Severus s'en trouva conforté dans son idée que quelqu'un avait entrainé le garçon à la rhétorique en plus de l'Occlumancie. Une combinaison dangereuse chez un élève comme celui qu'il avait en face de lui.
Si ce qu'il avait appris à Noël en allant voir Lucius était correct, Severus avait une assez bonne idée de l'identité de cette personne. Cependant, si cette théorie était avérée, Severus sentait qu'il allait avoir besoin de l'aide de Salazar lui-même pour supporter les années à venir. Revenant à la conversation, le Serpentard adressa un regard désapprobateur au Griffondor.
- Dois-je comprendre que vous refusez de répondre à mes questions ?
Un léger sourire effleura les lèvres de Harry, et il répondit honnêtement.
- Pour l'instant, oui. Vos questions m'obligeraient à dévoiler des secrets qui ne sont pas les miens, vous voyez.
- Je vois, en effet, murmura le Serpentard. Je présume que si votre fameux ami commun avec Lucius acceptait de partager ces informations, négocia Rogue, vous ne verriez plus d'inconvénient à répondre ?
- C'est probable, répondit prudemment Harry.
Un silence régna quelques instants, chacun des sorciers évaluant ce qui s'était dit et le semblant d'accord qu'ils venaient de trouver. Finalement, le directeur de Serpentard afficha un petit sourire en coin.
- Vous êtes plus surprenant qu'il n'y parait, Potter.
- Merci, sourit Harry.
L'enseignant leva les yeux au ciel et son ébauche de sourire disparut en un éclair. Comptez sur un Griffondor pour tourner une remarque neutre en compliment.
- Vous pouvez y aller, déclara-t-il. J'ai suffisamment perdu mon temps avec cette conversation.
Le Golden Boy salua le professeur d'un geste de tête, et sortit du bureau en le laissant à ses réflexions.
Une fois dehors, Harry soupira de soulagement avant de grimacer. Il avait été tellement inquiet à l'idée que Rogue découvre ses secrets à propos de Tom ou d'Artémis qu'il en avait oublié de lui demander des nouvelles de son parrain ! Le garçon à la cicatrice se mordit la lèvre, hésitant à retourner à l'intérieur, mais fut interrompu par Neville qui s'approcha de lui.
- Nev' ! Qu'est-ce que tu fais là ? s'étonna Harry.
- Je suis venu t'attendre, expliqua le Griffondor avec un petit sourire. Je me suis dit que tu en aurais besoin après avoir été interrogé par Rogue.
- C'est gentil, répondit Harry. Mais ça va, je m'en suis plutôt bien tiré. C'est juste que...
Neville pencha sa tête sur le côté, curieux de la raison pour laquelle son ami s'était interrompu et semblait aussi frustré. Le héros de Griffondor passa une main dans ses cheveux et soupira.
- J'étais tellement nerveux que j'ai oublié de lui demander ce qui est arrivé à Sirius, avoua-t-il.
- Oh, si c'est ça, je peux te répondre, fit Neville avec un sourire.
Le visage d'Harry s'éclaira, et il sourit à son ami. Celui-ci ouvrit la bouche pour lui expliquer ce qui s'était passé, lorsqu'il se rappela où ils étaient et fit une grimace d'excuse gênée.
- Est-ce qu'on pourrait juste en parler ailleurs ?
Le garçon à la cicatrice jeta un coup d'oeil à la porte du bureau de Rogue et s'empressa d'accepter. Les deux Griffondors sortirent des donjons, et entrèrent dans la première salle de classe vide qu'ils trouvèrent. Neville attendit qu'Harry ait lancé ses sorts habituels pour assurer la discrétion de leur discussion avant de parler.
- On devrait être tranquilles, déclara le Golden Boy. Alors, comment va Sirius ? J'ai oublié ce qui s'est passé après avoir lancé le sortilège du Patronus, fit-il d'un air coupable.
- Ton parrain va bien, le rassura Neville. Buck a atterri à côté de vous deux après que tu aies fait fuir les Détraqueurs, et il a laissé Sirius monter sur son dos pour l'emmener. Il a dit qu'il irait s'installer à Londres, dans la demeure familiale des Black.
- La demeure familiale des Black ? répéta Harry.
Neville hocha la tête.
- Je n'ai aucune idée de l'endroit où elle est située, s'excusa-t-il. Mais je suis sûr qu'il trouvera un moyen pour que vous restiez en contact.
- J'espère, murmura le Golden Boy.
- Harry, il nous a demandé mot pour mot de te dire qu'il ne t'abandonnerait pas, et qu'il tiendrait sa promesse, le rassura Neville. Je suis certain qu'il fera tout son possible pour que tu puisses rapidement le rejoindre.
Le message et la certitude dans la voix de Neville lui mirent un peu de baume au coeur, et Harry laissa un petit sourire revenir sur son visage. Même sans Pettigrew, si Sirius pouvait obtenir un vrai procès, le héros de Griffondor était certain que son parrain retrouverait sa liberté.
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N/A ter : Le prochain chapitre sera le dernier du tome 3 ! Wouhou !
