27/11/22 NDA : Bonsoir ! Je sais que ça fait des plombes que je n'avais pas publié. Mais voici un nouveau chapitre, un peu plus intense que le précédent, j'espère qu'il vous plaira.

Bonne lecture !

Chapitre 9 : La nuit tous les chats sont gris.

Zelda lui avait bien fait comprendre qu'elle ne croyait pas en son histoire. Que jamais, elle ne cèderait la triforce de la sagesse, à celle qui portait l'armure du désert, comme le malin. La princesse ne lui avait pas dit en ces termes, bien sûr, mais le fait de la dévisager de haut en bas, comme si son apparence était écœurante, voulait tout dire.

Mais Auryn devait essayer.

Il n'existait que deux moyens pour s'emparer des fragments de la triforce. Le porteur devait le céder de bon cœur… Ou mourir. Elle avait essayé de raisonner la princesse de la lumière, parce que tuer cette dernière n'aurait pas arrangé les choses. Mais elle ne l'avait pas écouté. Elle n'avait même pas daigné croire à ses mots.

Alors, il fallait ruser. Ecoutant à la porte, elle avait fini par comprendre qui était la petite chose rousse sur le loup, l'héritière du crépuscule. Mais si elle ne possédait aucun fragment, la demoiselle avait très bien compris ce qui animait la twili. La rage de combattre son ennemi.

Et pour Auryn, il s'agissait de son propre père.

En revanche, elle ignorait l'identité réelle du loup. Ce n'était clairement pas un animal sauvage, sinon il ne se serait pas privé de l'ouvrir en sentant sa présence, que ce soit pour se plaindre, ou demander ce qu'elle était, comme le faisaient les autres bêtes. Mais s'il n'était pas un loup, qu'était-il ? Un guerrier changé en bête féroce ? Peut-être. Dans tous les cas, en constatant sa présence, la métisse s'était sentie obligée de faire semblant de partir.

Perchée sur la porte après avoir anéanti les gardes d'un lancer de poudre de pavots, elle avait tout entendu. Et à présent, elle attendait que le loup s'éloigne le long des escaliers pour descendre à son tour et les suivre.

C'était étrange. Le château était à mi-chemin. Il y avait des zones dans la lumière, et les gens voyaient normalement, sauf le loup et sa passagère, et d'autres, où le crépuscule mangeait les lieux. Et hormis les monstres, on ne voyait plus que des âmes fragmentées. Cette découverte était douloureuse pour Auryn.

Ce qui arrivait là, cette rencontre entre deux mondes qui se chevauchent l'un et l'autre sans fin, c'était de sa faute. Parce qu'elle avait passé plusieurs mois à Toal, parce qu'au lieu de partir, comme elle l'avait décidé au début, elle était restée. L'épée dans son dos lui parut bien plus lourde et glaciale que lorsqu'elle l'avait arraché. Elle repensait à Link. Encore. A ses baisers, à sa volonté de toujours aider tout le monde.

Le timbre de sa voix la hantait.

Le loup était désormais assez loin pour qu'elle s'élance à leur suite. Faisant très attention à ne pas être vue, ni entendue, se fondant derrière des murs, des meubles défoncés… Ce ne fut qu'une fois dehors, sur les remparts, qu'elle se rendit compte du carnage qu'elle avait réellement provoqué, en restant aux côtés de son amant.

Le ciel, rouge, se morcelaient, et des bouts de tours, d'escaliers, de portes, flottaient dans les airs, lentement aspirés de l'autre côté d'un trou noir. De nombreux monstres volants tournoyaient au-dessus de leurs têtes, et les cris aigus qu'ils poussaient lui donnèrent mal aux oreilles.

L'un d'eux repéra le loup, sur une tour en contre-bas, et fonça droit dessus. Auryn laissa faire, observant le combat entre le fauve et la créature infernale. Elle en profita même pour se rapprocher des deux. Accrochée à ce qui restait d'un échafaudage, juste à côté d'une âme informe, elle souffla.

Le loup poursuivi sa route, bondissant sur des girouettes entre deux tours, manquant de finir dans le vide à plusieurs reprises. Si Auryn était habituée à ce genre d'acrobaties, pour avoir vécue toute son adolescence à la forteresse gerudo, aucun animal normal ne pouvait se targuer de le faire. Ça confirmait son hypothèse sur le lupin.

Après quelques minutes à l'observer poursuivre sa descente en bondissant, la jeune femme réalisa qu'elle ne pouvait pas l'imiter pour aller en contrebas.

« Et merde. »

Au loin, elle aperçut la formation d'un nouveau portail des ténèbres, probablement pas très loin de l'endroit où était la princesse du crépuscule. Il fallait qu'elle se bouge, qu'elle file. Mais comment ? Elle ne pouvait pas voler. Un cri aigu l'obligea à bondir pour s'écarter de la trajectoire d'un monstre, et ce fut l'épiphanie. Attendant que la bête repasse, prête à la bouffer, Auryn se jeta dessus, manquant de basculer dans le vide. Elle serra les plumes écharpées entre ses doigts, et grimaça. L'animal puait, et semblait vouloir l'éjecter.

Mais elle referma les cuisses sur son corps, et se laissa entraîner dans la descente. Ce ne fut pas très dur d'obliger l'animal à voler jusqu'au portail du crépuscule, mais une fois encore, il allait falloir être précis. Et alors qu'il passait pile au-dessus, et que le trou noir se refermait, Auryn se laissa glisser dans le vide. Elle eut le temps d'apercevoir le lac de Firone à travers le voile obscur.

Puis réalisa qu'il était trop tard.

Ecarquillant les yeux d'effrois en comprenant que le vide se rapprochait à vitesse incroyable d'elle. Ou l'inverse ? La princesse de l'entre deux fouilla dans son esprit une solution pour éviter de finir en crêpe.

Elle voilà son regard et se concentra un instant sur sa magie. Il fallait un brin de magie, là, sinon c'était foutu. Un chant, vite. Le requiem de l'esprit allait l'aider. Oui, voilà. Nabooru le lui avait enseigné. Une tempête la ramènerait en lieu sûr. Concentrant toute ses forces sur la magie qui courait dans ses veines, et malgré le vent qui fouettait son visage avec violence, la voix de la princesse s'éleva. Splendide tout en étant malheureuse à souhait.

Une nouvelle bourrasque se leva, violente et pleine de sable. Elle s'engouffra dans ses vêtements, ses cheveux, la fit se contorsionner toute entière dans les airs, avant de la faire tout simplement disparaître.

Un oiseau ténébreux fondit à l'emplacement où elle s'était trouvée plus tôt, lui aussi, trop tardivement, pour obtenir l'objet de ses désirs.

oOoOoOo

La mini tornade de sable éjecta avec violence sa prisonnière sur le sol légèrement brûlé d'une forêt. Inerte, couverte de bleus et de griffures sur les zones nues de sa peau, c'est-à-dire le cou, le visage, et les mains, Auryn grogna, face contre terre. Il fallait vraiment qu'elle apprenne à se téléporter, parce que ça, ce n'était pas un bon moyen de transport. D'autant qu'il l'avait mené dans le désert, obligatoirement.

La princesse grimaça, gardant les yeux clos pour éviter les bourrasques de sable, et força sur ses mains pour essayer de se redresser… Avant de réaliser que ce n'était pas du sable sous la pulpe de ses doigts.

Ses yeux s'ouvrirent en grand.

C'était de l'herbe, jaunie par endroit, et il y avait même des zones où ce n'était que de la terre. Des traces de sabots, incrustées dans une boue ancienne, se démarquaient, un peu plus loin, et il y avait des arbres tout autour. Son cœur commença à battre un peu plus vite. Pourquoi n'était-elle pas en sécurité dans le désert ? que s'était-il passé ? Son sort n'avait-il pas fonctionné ? Était-ce… ?

Et tandis qu'elle cherchait le pourquoi du comment, Auryn releva la tête, et ses fesses retombèrent sur ses genoux, alors qu'elle fixait la triste cabane en bois qui se tenait sur la cime d'un arbre, juste devant elle.

La maison de Link.

Soudain, le poids du monde pesa lourd sur ses épaules, et une boule remonta dans sa gorge. L'envie de pleurer la submergea, chargée d'amertume et de regrets. En sécurité… Le sort ne la ramenait pas dans le désert… Non… Le requiem de l'esprit ramenait la personne là où elle se sentait en sécurité… Le constat était douloureux. Parce qu'il n'y avait plus de Link pour lui donner ce sentiment. Il n'était plus, elle avait failli. Elle l'avait perdu.

Un troll jaillit brusquement des bois, son gourdin prêt à s'abattre sur elle. Auryn n'eut pas le temps de tourner la tête dans sa direction, qu'une bête sombre se jetait dessus et l'égorgeait avec violence.

La jeune femme observa avec stupéfaction le loup qu'elle avait voulu suivre s'acharner sur le monstre jusqu'à ce qu'il n'en reste rien. Non, cet animal n'en était vraiment pas un. Lorsque le loup se tourna vers elle, cependant, elle avait déjà disparue. L'animal sembla la chercher un moment, avant de s'ébrouer, prêt à partir, lorsqu'une petite bête l'arrêta.

Auryn, toujours là, bien qu'à l'abris des regards, observa l'échange avec attention, n'en perdant pas une miette.

« Merci de les avoir punis. » C'était un minuscule petit écureuil, hissé sur le haut de l'échelle, prêt de la porte de la cabane, et surtout, tout près d'elle. « Ces monstres ont ravagés la forêt. Ils ont même attaque le village des deux pattes. »

« Ils ont attaqué le village, tu dis ? » La voix du loup était… Profonde et basse, ce qui était très étrange. Elle avait l'impression fugace de l'avoir déjà entendue.

« Oui, oui. Même qu'ils ont pris les enfants. Mais toi t'es pas comme eux. Tu sens pas pareil. Tu sens les arbres de cette forêt, comme nous.» se permit d'ajouter le rongeur.

« Les enfants… Il faut que j'aille voir… Mais… Est-ce que… ? » Le loup hésitait visiblement à dire quelque chose.

« Oui ? »

« Non, rien… J'avais cru voir quelqu'un en arrivant, je me suis trompé. »

« Quelqu'un ? Il y a bien la princesse mais… Elle est partie en même temps que les monstres. »

Auryn se couvrit la bouche brusquement. Merde. Elle avait oublié ce détail. Naboo avait bien discuté avec les autres animaux de la forêt ces derniers mois, et il passait son temps à la rabrouer en public. Bien sûr que les animaux savaient qui elle était. Et ce loup, ainsi que Midona, allaient savoir à leur tour.

« La… Princesse ? » Le loup sembla plus que surprit, hésitant.

« Oui, oui, la princesse, celle qui nous parle et raconte des histoires. C'est une princesse, on le sait parce qu'elle nous parle. Il n'y a que les vraies princesses qui en sont capables. »

« Elle vous… parle ? » Le loup paraissait vraiment abasourdi, et Auryn souhaitait plus que tout, faire taire le rongeur.

« Oui. » L'animal secoua la tête, comme chassant des pensées obscures, avant d'écouter une dernière fois le petit rongeur, et il s'éloigna en direction du village.

Auryn resta un moment au-dessus du toit de la cabane, la tête en bas, accrochée à sa branche. Les yeux turquoise fixaient avec tristesse la direction que le loup avait prise. L'animal risquait d'être très mal accueilli si les monstres avaient capturé les enfants. Mais pour le moment, à part le suivre, elle ne pouvait pas faire grand-chose. Son père était porteur de la triforce de la force, et elle n'aurait aucun accès à ce dernier avant un moment. Zelda avait refusé…

Et elle n'avait aucune idée d'où se trouvait la triforce du courage. Poussant un soupir, elle se laissa descendre lentement. D'abord les jambes, qui se retrouvèrent directement sur le toit, puis elle lâcha la branche, s'époussetant et s'étirant un peu.

« Princesse ? Vous étiez là ! » L'écureuil la fit sursauter.

« Euh. Oui ? Oui. Désolée. » Répondit Auryn, un peu perdue.

« Mais alors, les monstres ne vous ont pas eu ! C'est une bonne nouvelle ! » Et l'animal semblait sincèrement content de ce fait.

« Non. Ils ne m'ont pas eu… Mais ils ont eu… mon compagnon. » Le petit écureuil fixa la jeune femme de ses grands yeux ronds, et commença à verser de grosses larmes.

« Oh, on ne savait pas. C'était un deux-pattes très gentil, il me donnait toujours des restes de fruits secs… Je suis désolé pour votre perte… »

Auryn parut réaliser une nouvelle fois qu'elle avait perdu l'homme de sa vie, lorsqu'une unique larme roula sur sa joue sale. Mais sa mission devait passer en premier, désormais.

« Merci… Est-ce que tu pourrais faire quelque chose, pour moi, petit… ? » Le rongeur parut d'abord perplexe, avant de hocher vigoureusement la tête, agitant sa queue touffue et jouant avec.

« Bien sûr ! je serais ravi de vous aider ! »

oOoOoOo

Link n'était pas certain de ce qu'il s'était passé. Il aurait juré l'avoir vu, Auryn, à genou devant la cabane, le cœur brisé. Et en danger. Il n'avait pas réfléchi, c'était comme si son instinct animal avait pris le pas sur sa conscience, il avait attaqué le troll sans même réfléchir, tant pis pour le sang infame dans sa bouche.

Sauf qu'après, elle n'était de nouveau plus là. Mais elle ne pouvait pas l'être dès le début, n'est-ce pas ? Elle ne pouvait pas avoir pris un portail, elle aussi, et apparaître juste à côté… ? Après tout, Hyrule était à plusieurs jours de marche, et… Elle y était…

Il avait encore du mal à réaliser, pourtant, la silhouette qu'il apercevait dans son ombre était la preuve de tous les faits récents. Il avait bel et bien été changé en loup, capturé puis mené au château d'Hyrule, où il avait fait la rencontre de la princesse Zelda qui lui avait révélé tout ce qu'il s'était produit… Il ignorait de quoi cette dernière avait discuté avec son aimée, mais il était certain que ce ne pouvait être une ennemie, même si la princesse semblait penser le contraire, vu le regard qu'elle avait jeté à la blonde.

Et tandis qu'il se dirigeait vers le village de Toal, son village, Link se questionnait. Il avait déjà vu Auryn discuter avec les chevaux, parfois les chèvres et les poules, mais jamais il n'avait réalisé que ces derniers lui répondaient…Il l'avait trouvé touchante, ça, sa façon de soupirer lorsque certaines des histoires contées parlaient d'amour, ou encore son regard quand elle pensait qu'il ne la voyait pas.

Mais en parallèle de cette douceur, il y avait ses si nombreux talents… Chasse, équitation, soins, les arts… Elle s'était présentée comme une nomade, mais il y avait des habitudes de bonnes manières ancrées en elle. Quand elle mangeait, son port altier, aussi, sa démarche. Elle était armée. Il l'avait vu, son cimeterre, même si elle avait sorti l'excuse de devoir dissuader les brigands, lorsqu'elle voyageait.

Puis l'histoire avec son père, cette cicatrice qu'il lui aurait infligé dans le dos. Link savait quand elle mentait, ou déformait la vérité, désormais. Et en se remémorant la conversation qu'il avait eu avec elle, il s'était rendue compte qu'elle ne disait pas tout. Mais par pudeur, il avait décidé de lui laisser son jardin secret.

La voir dans cette étrange armure, avec ces deux lames bien ficelées, et cette rune gravée directement dans sa peau avait été un choc. Plus encore, c'était le ton qu'elle avait employé pour parler à la princesse Zelda, qui l'avait perturbé. Auryn cachait quelque chose, mais ça allait bien plus loin qu'une simple querelle familiale. Elle savait ce qu'était le mur qu'il avait traversé, elle avait su avant lui, qu'il était en danger. Et elle avait essayé de le rattraper de toutes ses forces.

Était-elle quelqu'un de vraiment important ? Elle était métisse, ça, il le savait, même si elle n'avait pas vraiment précisé non plus d'où. A ses yeux, il était normal qu'il existe d'autres peuples autour d'Hyrule, alors un groupe dans le désert, c'était parfaitement plausible.

Mais, et si… ? Et si ce n'était pas juste un peuple dans le désert ?

Il était vraiment persuadé de l'avoir vu devant leur cabane en arrivant. Elle n'avait pas pu disparaître, il sentait encore son parfum dans les airs… Mais peut-être était-ce juste parce qu'elle vivait avec lui ici, que son parfum trainait encore… ?

« Oh, tu rêvasses ? Fais attention ! » Le somma Midona.

Sortant brusquement de ses réflexions, Link eu juste le temps d'esquiver le bec du faucon de Hanch d'une roulade, et cligna des yeux.

« Rends-moi ma fille, monstre ! » gronda Hanch, qui tremblait malgré lui, sur son perchoir.

Link se sentait désolé… Il ne pouvait pas expliquer qui il était, ni ramener les enfants pour le moment. Et Midona ne lui avait pas vraiment laissé le choix non plus. Mais il se sentait coupable tant de faire peur à ses amis, que d'être impuissant devant leur malheur.

« Il va falloir que tu le dégages, si tu veux passer. »

« Je ne vais pas lui faire de mal, c'est un ami ! »

L'ombre au sol parut hausser les épaules.

« Débrouilles toi. Je veux ce bouclier, et il est sur le passage. »

Link gronda. Cet esprit, quel que soit sa provenance, était exigeant. Il savait qu'elle voulait du matériel pour se défendre, mais elle ne lui avait pas dit précisément contre qui. A part les monstres. Ils avaient bien un chef, non ?

« Ensuite, on ira chercher l'épée dont les deux idiots parlaient tout à l'heure. Chez Rusl. »

« Ce ne sont pas des idiots ! Et je n'irais pas voler mon père adoptif !» Il eut la vague impression que l'ombre se moquait de lui.

« Arrête tes simagrées, tu veux aider les enfants, non ? Bah c'est ce qu'il faut. A moins que tu préfères voler le matos de cette fille ? »

« Le matos de… ? »

« Auryn, attention, il y a un monstre tout près de toi ! » Hurla Hanch en faisant de grands gestes.

La voix de sa compagne échappa un juron, et il entendit le sifflement du métal. Link, obligé de faire une nouvelle roulade de côté pour esquiver le faucon qu'on venait de lui envoyer dessus, eu tout le loisir de croiser les yeux d'Auryn. Et de voir qu'elle semblait particulièrement affable. Bien qu'en position de combats, ses babouches bien positionnées au sol, et son cimeterre à la main, la blonde avait l'air ailleurs.

« Je t'en prie… Je ne peux pas me battre contre toi… » Supplia le loup, les yeux brillants. La réponse qu'il reçut le laissa écrasé de stupeur.

« Nous n'avons pas le choix, guerrier. »

Venait-elle de lui répondre ? Dans la même langue ? La lame fonça sur lui, à hauteur de sa tête, et frôla la pointe de ses oreilles alors qu'il se couchait à terre pour esquiver. Elle lui fonça alors dessus à nouveau, prête à abattre sa lame sur son flanc. S'il n'était pas couvert de poils, il aurait perdu toute couleur.

Obligé de répliquer, de se défendre, tandis que les villageois se rapprochaient de la scène. Link sentait son cœur se déchirer. La fille qu'il aimait était une vraie combattante, elle dansait avec son cimeterre, et il sentait déjà les morsures du fer dans sa chaire. Elle l'avait touché. Plusieurs fois, légèrement. Comme si elle savait.

Et tout bascula soudainement.

Alors qu'il se jetait sur elle, comme cette danse l'exigeait, le faucon lui tapa dans l'épaule et dévia sa trajectoire. Il manqua de s'empaler sur le cimeterre. Auryn dévia sa lame au dernier moment, et la gueule de Link, grande ouverte pour un grognement, s'écrasa sur l'épaule de la guerrière, tandis que les deux roulaient au sol dans un pèle mêle.

Peut-être perdit il conscience une seconde, mais lorsqu'il ouvrit les yeux, il croisa le regard perdu d'Auryn. La bête qu'il était pouvait sentir, malgré les poils, que le corps sous le sien était fragile, plus mince, et avait du mal à respirer. Elle était gelée. Sa poitrine le soulevait avec difficulté.

Et puis, son flair capta le sang, en belle quantité. Sa langue le goûta. Et Link comprit qu'il venait de lui ouvrir l'épaule. Il se mit à paniquer, et couiner, comme un véritable loup. Il ne voulait pas lui faire de mal, il ne supportait pas ça. Il détestait son regard lorsqu'elle avait mal, ou peur. Il ne voulait pas en être responsable !

« Tu… ? » Une main toute tremblante se leva, frôlant la fourrure au niveau de son oreille, et les anneaux qui y étaient encore. Auryn paraissait avoir vu un fantôme.

« Lève-toi, c'est le moment, elle vient de t'offrir une échappatoire ! La gâche pas ! » Lui hurla Midona.

Et Link fut obligé de s'éjecter de là, fonçant au milieu de la foule qui se rapprochait désormais de sa victime pour l'aider. Ils s'écartèrent, sans le suivre, pour rejoindre la blessée. Elle lui avait offert une diversion parfaite. Il bondit sur le terreplein, puis sur la roue à eau, et grimpa dans le grenier. Le bouclier était là, pourtant, il ne pouvait s'empêcher de vouloir regarder par la lucarne, de savoir comment allait Auryn.

Le loup rendit le contenu de son estomac dans un coin du grenier, réalisant qu'il avait avalé le sang de celle qu'il aimait.