Les rideaux de la chambre semblaient doués de vie. La nuit éclairait le monde de sa beauté. Minuit sonna et je me réveillai. Une ombre flottait dans la pièce. Non, plutôt la rumeur d'une présence. J'étais épiée. Mon observateur ne m'inquiétait pas. J'étais juste curieuse de savoir qui avait réussi à percer le secret de ma retraite. Je me levai sans bruit et glissai sur le sol.

C'est alors que je le vis. Il venait à moi. Ses pieds frôlaient à peine le sol. Sa démarche était à la fois aérienne et terriblement humaine. Son corps dégageait une puissance étonnante. Elle vivait par elle-même. Ses yeux gris bleu me surprirent. Ils ne cadraient pas avec l'impression générale que donnait mon étrange visiteur. Ils étaient morts ou presque, aucune étincelle ne brillait en eux. Il y avait juste ce vide insupportable. Je reconnus péniblement un être qui m'était cher. Quelqu'un que j'avais beaucoup aimé…

Mais mon histoire ne débute pas ici. Je vais accomplir pour vous le plus long voyage que j'aie entrepris jusqu'à aujourd'hui. Un voyage au bout de moi-même, vers la délivrance ou ma destruction qui peut le dire ? Je veux juste comprendre, ce qui s'est passé et où je me suis perdue.

J'avais seize ans. L'âge de toutes les folies dit-on. J'étais différente. Plus pensive, mélancolique souvent, plus mature surtout et je ne comprenais pas comment les adultes pouvaient cesser de se questionner. Je voulais des réponses à tout. La philosophie me passionnait et je recherchais une vérité qui m'effrayait et m'attirait à la fois. La mort me passionnait comme une flamme. Je ne voulais pas mourir. Certes non. Cependant tout ce qui en était le symbole, représentait pour moi une forme de beauté que j'aurais été bien en peine d'expliquer.

Puis cet été-là, alors que le soleil ne s'était pas encore couché, je me promenais en pleine forêt. Mon ange gardien, Falco, un chien d'une douceur étonnante, se dressa soudain et m'obligea à le suivre. L'endroit était tranquille. Une odeur âcre me surprit. Un parfum de sang et de feu. J'aurais dû fuir, appeler quelqu'un, je ne le fis pas. Je continuai à m'approcher. Je n'avais même pas peur. Je me sentais sereine et la douceur du soir glissait en moi.

Mon chien franchissait sans effort les obstacles et je finis par le perdre de vue. J'écartai un fourré et découvrit un spectacle désolant. Un homme gisait au sol. Sa gorge était déchirée, lacérée par des griffes et il m'intima d'une voix douce et pourtant pleine d'autorité de rester à distance, de fuir. Je ne le pus pas.

Je pressai ma main sur sa gorge pour comprimer l'artère touchée, combien de temps restai-je là ? Je ne saurais le dire. Je sais juste qu'à ce moment-là ma vie a basculée. Il aurait dû mourir depuis longtemps. La flaque de sang autour de lui le prouvait. Il semblait juste fatigué. Le jour approchait.

Folle, inconsciente, je l'ai porté jusque chez moi. Il regardait le soleil avec horreur et je ne comprenais pas. J'avais peur pour lui et je ne le connaissais pas. Arrivée chez moi, je le posai doucement sur mon lit et lui partit lui chercher un verre d'eau et de quoi le soigner. J'avais tout trouvé, non sans mal et me tenais devant la porte.

J'entre, j'entre pas ? J'entre. Il dormait déjà. Il a l'air si vulnérable si doux. Ses longs cheveux blonds me fascinaient, ils avaient l'air doux et à la fois très froids. Quant à ses yeux, mince, je ne savais même pas de quelle couleur ils étaient…Bref, cet homme dans mon lit, dans ma chambre me perturbait énormément et je commençais à avoir très chaud. Je me glissais dans le lit à ses cotés et m'endormis aussi.

Au matin il n'était plus là. Il ne restait de lui qu'une odeur de sang et d'homme, âcre et douce à la fois comme le soleil beau et dangereux. Une lettre voilà ce qu'il me restait physiquement de ce rêve étrange et réel.

Je la lus

« Mademoiselle,

Je ne saurais jamais assez vous remercier de m'avoir accueilli chez vous et soigné (soigné, tu parles, il a tout fait seul !) je conçois que certaines aspects de cette nuit aie pu vous surprendre et j'aimerais vous en entretenir ce soir à la clairière de notre rencontre.

Au plaisir de vous revoir

L.K.M »

Grrrrrrrrrrrr. Juste des initiales, il a le chic pour entretenir le mystère ce type. Bon voyons, vais-je ou ne vais-je pas me rendre seule dans une clairière en pleine nuit avec un mec super sexy…..combien de temps dois-je réfléchir ? minute, je réfléchis même pas ! bon alors que vais-je me mettre….

Au bout d'heures et d'heures à retourner ma chambre, je trouvai la tenue parfaite et je me rendis à mon rendez-vous et me retrouvez nez à nez avec des yeux gris bleu remplis de fureur et une chose en bois à deux centimètres de mon joli museau de pucelle échauffée…….Ça c'est ce qu'on appelle une surprise………OUPS !