Première fanfiction, l'indulgence est réclamée :')

Aussi : Le bâtiment principal de La Sorbonne (celui qui est super beau là) n'est accessible que pour les troisièmes années. Dans un souci de style, on va imaginer que les premières années y vont également. ;)

Chapitre 1 : Ennui.

Levi soupira nerveusement pour la centième fois depuis son réveil. Coincé dans les transports depuis une demi heure, il se voyait déjà arriver en retard le jour de la rentrée universitaire. Malheureusement, son statut de professeur ne lui permettait plus de tels écarts.

Il détestait être en retard. Il détestait le RER B.

Il était déjà huit heure quarante-cinq, et ses nouveaux élèves devaient gentiment commencer à s'impatienter.

Année de merde,- songea Levi, empoignant sa mallette pour sortir du train.

Il se dirigea machinalement vers la sortie de la gare, ignorant superbement les trois migrants venus lui réclamer des pièces.

Levi était le parfait cliché de l'insupportable parisien ; arrogant, méprisant, pressé.

Après tout, l'odeur d'urine et le vomis ne l'intimaient pas vraiment à traîner.

C'est donc comme à son habitude qu'il bouscula quelques inconnus pour se faufiler dans les escalators, se préparant à affronter les rues de la capitale.

L'arrêt Luxembourg n'était qu'à quelques minutes de marche du monument de La Sorbonne, mais le professeur y trouva assez de temps pour griller une cigarette, qu'il écrasa sur le sol une fois arrivé.

Il nota juste devant l'entrée la présence d'un jeune, la vingtaine, carte étudiante en main, attendant que son joint finisse de se consumer pour rentrer. Ce sentait le cannabis à dix mètres. Levi tiqua.

Il y avait une différence entre arriver en retard et patienter comme un imbécile devant la faculté.

Il se tourna naturellement vers le jeune homme avec un incroyable dédain, lui jetant un regard que peu osent défier.

« Je ne sais pas si tu es dans ma filière, à savoir Histoire de l'Art, tonna Levi, mais si c'est le cas, je te conseille de ne pas avoir le culot d'arriver après moi. »

Il vit l'étudiant en question se redresser comme un soldat, surprit de sa présence. Il cacha misérablement sa cigarette derrière son dos, se pressant ensuite pour ramasser son sac. Levi en conclut qu'effectivement, cette cloche devait être l'un de ses élèves.

Ça commence merveilleusement bien, soupira t-il, si bas que ce fut inaudible.

S'en suivit un long moment de gêne intense, qui ne dura pourtant qu'une ou deux minutes, durant lequel Levi marchait silencieusement vers sa salle, suivit de près par l'individu rencontré auparavant. Le son de leurs pas au contact du parquet grinçant, le malaise flottant dans l'atmosphère des couloirs vides ; le professeur maudissait déjà sa journée.

Ils entrèrent tous deux dans la pièce presque discrètement, noyés dans la cacophonie de l'amphithéâtre.

Levi fit taire la salle rien qu'en posant ses affaires sur le bureau, laissant planer un silence glacial. Il scruta ses élèves, lança quelques regards acides aux derniers bavards, et entreprit directement de faire l'appel. Il ne s'embarrasserait pas de futilités telles que « Bonjour », « Bienvenue », « Oups pour les quarante-cinq minutes de retard ». Son doctorat et son agrégation avaient endormis sa politesse.

« Si vous n'entendez pas votre nom, attendez la fin du cours pour venir me me le dire, je ne veux voir aucune main se lever inutilement, invoqua simplement l'enseignant. On va y passer des plombes mais il paraît que c'est obligatoire, alors faites moi le plaisir d'alléger mes souffrances et taisez vous. »

La plupart des étudiants grimaçaient, sentant qu'ils passeraient une rude année avec un tel personnage. Certains avaient son âge - soit la trentaine -, et se demandaient de quel droit il leur parlait de la sorte, du haut de son mètre soixante.

Mais Levi avait un charisme inné que personne ne contestait, alors, sans balayer la moindre contradiction, il sortit sa fiche d'appel.

« Bon, soupira-t-il, Armin Arlet ? »

Il leva les yeux, et tomba rapidement sur un petit blondinet levant timidement la main. Le visage complètement abattu, il tremblait de tout son corps.

Pathétique, admit Levi dans un coin de sa tête, haussant un sourcil devant cette scène ridicule.

Il continua l'appel, se moquant intérieurement de chaque prénom, détaillant l'attitude déplorable de tous les individus qu'il épiait.

« Jean Kirschtein.. »

Ça sonnait comme un éternuement. Rien que ce nom - affreusement angoissant - parvenait à titiller Levi, qui ne s'attarda pas bien longtemps sur l'allure de l'étudiant, lequel avait un air bizarrement fier collé sur le visage. C'était le genre de couillon à faire le malin devant les filles alors qu'il est complètement paniqué. Risible, peu surprenant.

« Eren Jager ? »

Il le reconnu instantanément, avant même que l'élève n'ait le temps de finir de lever la main. Le fumeur de joint avait eu l'audace de s'asseoir au deuxième rang ? Celui consacré aux bons élèves ? Levi sourcilla un instant. Il avait automatiquement intégré que le gosse irait s'asseoir au fond de la salle, airpods dans les oreilles.

Eren. C'est Turc. Le teint hâlé, les cheveux bruns, et de merveilleux yeux bleus qui ne détournaient pas le regard.

Il n'y avait là pas matière à le charrier, au grand damne du professeur. Si Levi ne l'avait pas vu se droguer vingts minutes auparavant, il aurait presque eu bonne impression.

« Oui, je t'avais remarqué, lança Levi, accompagné de son éternel sarcasme, le mépris au bord des lèvres.

… Présent. », répliqua Eren, à peine impressionné.

Un blanc de quelques secondes à peine se fit subir, brisé par le professeur qui préféra se re-concentrer sur l'interminable liste de prénoms affreux à énumérer uns à uns.

La suite du cours se passa, après quelques brèves explications sur le programme de l'année, l'implication attendue, les dates de partiels..

Tout cela ennuyait Levi. Il pensait que ça ennuyait tout le monde, mais la plupart des élèves prenaient des notes. L'hypocrisie de la rentrée, pensa t-il. Dans deux mois, ils viendraient tous en tongs avec pour seul cahier leur téléphone portable. L'étudiant assis au deuxième rang, Eren, n'avait pas l'air de vouloir faire semblant non plus. Le trentenaire le voyait, avachit à compter les carreaux du plafond de l'amphithéâtre.

Levi savait qu'il y en avait 429. Des carreaux. Oui, ça lui était déjà arrivé de tomber dans ce genre d'ennui mortel.

Midi. L'heure de la libération. Heureusement que les jours de rentrée ne duraient que quelques heures. Levi rangea beaucoup trop vite ses affaires et s'apprêtai à sortir en trombes de la pièce quand il eut un mouvement de recul ;

Hanji. Dès le matin.

Il la vit au loin… lentement, sûrement, sournoisement s'approcher de lui.

Il souffla. Un long soupir, perceptible, du moins il l'espérait.

Levi appréciait sa collègue. C'était même l'une des rares personnes qu'il considérait comme une amie. Elle était juste.. envahissante.

« Levi ! Te voilà !, cria-t-elle, tout sourire, comme une collégienne qui retrouve sa meilleure copine le matin. Alors, tu viens manger ? »

« Laisse, quatre'yeux. Matinée de merde. N'en rajoute pas. Je mange chez moi et je pionce. Bye. »

Il ne l'avait même pas regardée. Il tourna les talons, décidé à imposer sa volonté.

« Je te paye ? »

Trois mots, simples mais tellement puissants, résonnèrent quelques seconde dans le couloir. Vaincu, il se retourna vers son amie, l'insultant du regard, indiquant à quel point il détestait ses fréquentes manipulations. Ce qui valut un large sourire à Hanji, satisfaite.

Elle passa les dix minutes de trajet qui les séparaient du restaurant Chinois à déblatérer sur au moins cinq sujets différent. Levi se demandait continuellement, et à chaque fois qu'il la voyait depuis dix ans, comment c'était possible. Sous ses allures de femme sérieuse, avec ses lunettes et sa queue de cheval tirée, elle débordait toujours de vie et de gaieté. Ça contrastait parfaitement avec le ton éternellement las et impassible de son acolyte.

La jeune femme s'en était accommodée. Elle le connaissait suffisamment pour ne plus s'en méfier.

Levi l'a rencontrée au cours de sa licence, elle était dans son groupe. Aujourd'hui, ils enseignaient dans la même université. Ça avait quelque chose de poétique dont il se foutait royalement. Malgré tout, l'amitié d'Hanji et celle de se son mari Moblit était chères au misanthrope qui attachait trop d'importance à sa routine, son train train. Il fréquentait peu de monde, par choix, et appréciait la stabilité relationnelle.

Il n'avait pas de copine, quelques amis fidèles, et c'était exactement ce qu'il appréciait dans sa vie.

« Et tes élèves sont comment ? », plaça Hanji, entre deux bouchées de nem.

« Méprisables, inintéressants. Comme tous les ans. »

C'est ce qu'il pensait. Levi connaissait son métier, et il savait que cette année, aucune perle n'avait passé le seuil de sa classe.

« Levi, tu as déjà réfléchis au fait que, peut être hein, qui sait… tu étais un peu dur ? », chantonna son amie, préférant regarder partout sauf en face d'elle.

À raison. Évidemment, Levi fronça un sourcil. Puis l'autre. Trop dur ? Il enchaîna.

« Vous aimez être bercés par l'échec, souligna l'enseignant, c'est absolument désespérant mais c'est votre problème. En revanche, me dire que je suis trop dur simplement parce que je suis affligée de voir une équipe de bras cassés peupler une des meilleures fac du pays, je trouve ça limite, est ce que tu as vu la pa- »

« C'est bon, c'est bon ! », coupa Hanji, les paumes levées. « Je viens en paix ».

Un sourire moqueur traversa le visage pâle de Levi, et il finirent de manger, tranquillement. Il remercia son amie à la sortie, et se pressa pour choper le train à temps. RER B, direction Châtelet-Les-Halles. Rien que de prononcer le trajet dans sa tête, Levi déglutit.

Il allait devoir se boucher le nez et les oreilles, une fois encore.

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