Chapitre 18
Deuxième semaine de décembre
Ces derniers jours avaient été assez intenses ; je n'avais même pas réellement eu le temps de digérer la soirée que nous avions passé avec Lilith et de faire sens de tout ce qu'elle avait dit – ou plutôt sous-entendu, ou même de sa passion surprenante pour l'astronomie que nous avions abordé à un moment donné dans la soirée, qu'Alice était revenue dans le tableau. Ma crise de nerf dans les escaliers m'avait tout autant fatiguée que reposée ; mon corps avait très peu récupéré de la soirée et suivre les cours le lendemain avait été une tâche des plus difficile, mais ma tête me semblait plus apaisée. Un poids dont je n'avais même pas réellement eu conscience s'était évaporé. Peut-être aurais-je du autoriser mon corps à agir de la sorte bien plus tôt.
Avec le recul, j'avais à la fois l'impression que la réaction d'Alice ne me concernait en réalité pas tant que cela – elle semblait surtout avoir ses propres problématiques à régler, et, qu'en même temps, elle avait décrété que quelque chose avait changé chez moi – comme si il y avait un avant Lilith et un après Lilith. Ce n'était pas du tout le sentiment que j'avais ; Alice possédait maintenant une information à mon égard qu'elle n'avait pas plus tôt, mais rien n'avait réellement changé chez moi.
Pour autant, pouvoir discuter un peu plus ouvertement avec les filles – aussi pénible fut-ce de répondre aux innombrables et toujours plus imaginatives questions d'Alice, m'avait fait réaliser à quel point je m'étais moi-même renfermée. Nous avions l'habitude de parler de tout et, ces dernières semaines, nous avions échangé sans réellement échanger ; de manière générale, j'avais eu tendance à garder beaucoup de choses pour moi. Je m'en rendais à présent compte. En ce sens, Alice n'avait peut-être pas tout à fait tort lorsqu'elle m'avait dite distante. Entre les cours auxquels j'avais fini par assister de manière assez fantomatique, les activités de préfets, tout ce qu'il se passait dans le château, le quidditch et les filles ; je crois même n'avoir pas envoyé de nouvelles à mon père depuis presque trois semaines, les choses avaient dû me peser un peu plus ce que j'avais bien voulu croire et la situation m'avait peut-être un peu échappée. Peut-être était-ce même simplement le retour à Poudlard après l'année que nous venions de passer qui m'avait pesé bien plus que ce que j'avais imaginé ; ou l'année passée qui avait laissé des traces plus subtiles que prévu. Notre conversation, bien qu'elle n'était que le début de la résolution de nos problèmes, avait au moins eu l'avantage de me libérer d'un certain poids.
Nous avions connu quelques difficultés passagères avec les préfets ; l'absence de Griffin avait créé un léger désaccord sur la façon de nous adresser aux professeurs. Stewart avait d'abord proposé qu'un seul préfet représente chaque maison, de sorte à ce que l'absence du Gryffondor ne fasse pas brouillon et qu'on ne se retrouve pas à devoir s'en justifier. Nast s'y était opposé en arguant que Griffin avait fait son choix ; Peter l'avait soutenu en soulignant qu'il ne servait pas à grand-chose de prétendre que nous ne connaissions pas de désaccords. Les professeurs s'en rendraient compte. Nous avions ainsi décidé de simplement dire la vérité si jamais la question venait à être posée, mais qu'il n'était pour autant pas nécessaire d'expliquer de nous-mêmes l'absence de Griffin aux professeurs.
Nous avions tous été d'accord pour nous partager le temps de parole – ce qui risquait cependant de faire quelque peu scolaire. Pour ne pas arranger les choses, Taylor avait préféré que nous rédigions au moins vaguement ce que nous dirions – ce que Harper avait secondé, de sorte à s'assurer que nous véhiculions bien le message que nous voulions véhiculer. Au début, j'avais trouvé cela un peu extrême – nous n'allions tout de même pas lire un parchemin à tour de rôle, mais, d'un autre côté, mettre le problème par écrit fut quelque peu thérapeutique pour tout le monde. D'une certaine façon, nous l'avions un peu officialisé. L'avantage en fonctionnant ainsi était que nous étions tous d'accord sur ce qui serait dit et ce n'était probablement pas quelque chose d'anodin dans ce genre de situation ; plusieurs fois, nous avions eu des désaccords sur les mots exacts à utiliser soit trop forts, soit trop nuancés, soit trop faibles, ou un discours trop long où nous nous perdions dans des détails inutiles… Mine de rien, nous y avions presque passé deux heures pleines.
Nous avions rendez-vous dans le bureau de la Directrice. Nous retrouver face à l'ensemble de nos Directeurs de Maison eut quelque chose d'intimidant. S'ils semblaient avoir pris soin de ne pas se tenir entièrement face à nous tel un jury – Flitwick et Chourave étaient légèrement de biais, sur la gauche du bureau de la Directrice, tandis que Shadlakorn et O'Connell se tenaient à quelques mètres derrière le bureau, nous formions cependant deux groupes distincts. Les professeurs avaient l'air soit inquiet soit curieux – notamment Shadlakorn qui semblait presque trouver la situation amusante.
- Eh bien, jeunes gens, commença McGonagall, peut-être pourrions-nous enfin savoir ce qui nécessite à vos yeux cette réunion pour le moins inhabituelle ? J'ai cru comprendre qu'il y avait une certaine urgence et je pense que nous aimerions tous ici pouvoir avoir une idée du problème en question.
- Nous avons depuis quelques temps remarqué certains comportements étranges chez certains élèves, commença Miller. Ces comportements étranges se retrouvent dans toutes les maisons et semblent avoir la même origine, nous avons donc pensé qu'il serait nécessaire que nous en discutions tous ensemble.
- Si cela vous convient, continua Harper, nous pouvons peut-être vous exposer le problème avant d'en discuter.
Nos professeurs semblèrent surpris, même Shadlakorn perdit son air amusé ; peut-être était-ce la relative structure – ou le sérieux de notre intervention, et McGonagall se retourna vers ses collègues. Ils acquiescèrent tous.
- Très bien, reprit notre Directrice, vous avez toute notre attention.
- Vous n'êtes pas sans savoir qu'entre la Guerre et les agissements des Carrow l'année passée, commença Peter, les élèves ont étés soumis, comme vous l'avez également été pour la majorité d'entre vous, à des évènements potentiellement traumatisants.
- Si nous n'avons pas grande connaissance des conséquences de ce genre d'évènement traumatisant sur les sorciers, continua Nast, les Moldus ont passé des années à les étudier sur leurs propres populations confrontées à des guerres ou des dérives telles que celles entreprises par les Carrow.
- Nous pensons que certains élèves souffrent de ces conséquences, terminai-je.
- Parmi ces conséquences, reprit Taylor, une certaine maladie peut se déclencher. Les Moldus la connaissent sous le nom de « trouble du stress post-traumatique ». Vous avez peut-être remarqué que certains élèves étaient distraits, avaient des difficultés à se focaliser sur une activité lorsque vous leur demandez de faire quelque chose, ou avaient une humeur assez changeante et s'énervaient pour pas grand-chose. Ce sont des manifestations de la maladie en question.
- Nous avons ici un résumé de nos recherches, continua Stewart en montrant le parchemin qu'elle tenait en main, mais ces manifestations ne concernent pas que le domaine scolaire ou l'attention. Ce sont des élèves qui peuvent avoir des reviviscences assez marquées, des souvenirs qui remontent et qui les projettent à nouveau dans la Guerre ou l'événement traumatique qu'ils ont vécu. Pour eux, c'est assez incontrôlable et ils peuvent être terrifiés à l'idée de les revivre à nouveau car tout est très réaliste. Cette crainte a comme conséquence de les renfermer sur eux-mêmes. Ils peuvent avoir très peur de ne serait-ce que mentionner les évènements en question de peur que cela déclenche un autre souvenir.
- Cela peut influencer leur sommeil et donc empirer plus encore les conséquences sur leur scolarité, continuai-je. Aussi, ce genre de maladie peut avoir un grand impact sur leur vie sociale et les interactions sociales de manière générale, notamment à cause des troubles de l'humeur. Les Moldus ont identifié en partie les causes de la maladie, bien qu'ils ne semblent pas totalement sûrs. Dans la plupart des cas, cette maladie est temporaire. Cependant, cela dépend beaucoup de ce qui a été mis en place pour aider les victimes après l'évènement traumatique.
- Chez les Moldus, reprit Miller, une partie des malades développent une version chronique. La maladie reste dans le temps. Le seuil moldu est de trois mois. Nous l'avons dépassé depuis longtemps et, pourtant, il semblerait que certains élèves éprouvent toujours des manifestations très cohérentes avec ce que les Moldus décrivent. Nous pensons donc que des élèves ont développé cette version longue.
- Nous pensons donc qu'il faudrait intervenir de manière collective sur l'ensemble des élèves pour pouvoir identifier de potentiels malades de cette maladie, intervint Harper. Les Moldus utilisent des médicomages spéciaux pour pouvoir identifier la maladie et tenter de réparer ce qui n'a pas pu se faire correctement. Il s'agit notamment d'un problème de mémoire. A notre connaissance, il n'existe pas de remèdes sorciers. Nous pensons cependant que le traitement moldu consistant au recours à la parole pourrait être bénéfique pour le bien-être des élèves concernés. Pour cela, il faudrait d'abord pouvoir identifier clairement les élèves qui sont concernés. Et c'est pour cela que nous souhaitions vous parler, conclut-elle.
Contrairement à ce à quoi je m'étais attendue, le silence qui ponctua la fin de notre intervention fut relativement court. Je n'eus même pas le temps de réaliser que nous avions véritablement fini notre exposé.
- Delilah ? fit notre Directrice en se retournant.
- Je n'ai jamais entendu parler de cette maladie, répondit Shadlakorn. Mais il serait faux de dire que nous ne voyons pas ces manifestations en classe. J'ai l'habitude de donner cours à des adultes intéressés, j'ai mis les problèmes d'attention et de comportement des élèves sur le compte de leur jeune âge et de leur désintérêt général pour les potions.
- Vous avez réalisé ces recherches moldues de quelle manière ? demanda O'Connell. J'imagine que nous n'avons rien sur le sujet dans notre bibliothèque...
- Jonsson a eu des documents moldus via sa famille, répondit Nast.
- Et c'est ce que vous avez résumé ? reprit le professeur de métamorphose.
Stewart acquiesça en lui tendant le parchemin. Il le récupéra et le déroula rapidement ; il faisait 60 centimètres.
- C'est un sacré travail, enchérit Chourave. Pourquoi ne pas être venus nous en parler plus tôt ?
- Nous avions juste entendu vaguement parler de cette maladie sans vraiment savoir ce qu'elle faisait, répondis-je. Il semblait prématuré d'en faire tout de suite une histoire alors que nous ne comprenions pas ce dont il était réellement question.
Elle hocha la tête tandis qu'O'Connell passa le parchemin à notre professeure de potions.
- Je peux toujours voir avec mes anciens collègues à Sainte-Mangouste, reprit Shadlakorn. En fonction des... causes identifiées par les Moldus, nous pourrions envisager de développer un remède. Après tout, ils me doivent toujours quelques faveurs et n'auront certainement pas de mal à me laisser quelques apprentis pour que nous travaillons sur le développement d'une potion adaptée.
La réaction de notre professeure de potion fut si spontanée que cela me fit un peu bizarre ; la facilité avec laquelle nous utilisions la magie pour tout régler était impressionnante. Moi-même, lorsque mon corps s'était senti menacé par Griffin et son langage grossier, j'avais automatiquement cherché ma baguette. Il nous était visiblement difficile d'admettre qu'il y ait un problème que la magie ne puisse résoudre.
- Si nous pouvons nous permettre d'entrer dans la discussion, dit soudainement Harper, nous n'avons aucun moyen, à notre niveau, de pouvoir diagnostiquer correctement cette maladie. Nous devrions tout de même envisager une solution plus pragmatique pour identifier les potentiels élèves concernés.
- Aussi, ajoutai-je, si nous avons raison de penser que certains élèves sont touchés, alors ces derniers sont actuellement dans une situation dramatique. Même si les sorciers développaient un remède aux problèmes de mémoire qui causent la maladie, ces élèves seront toujours en situation de souffrance pendant le temps nécessaire à l'élaboration de la potion-remède.
- Bien que nous ne doutons aucunement de vos capacités à développer relativement rapidement ce remède, ajouta aussitôt Harper.
Shadlakorn étira un fin sourire avant d'acquiescer, le parchemin déplié face à elle. Notre professeure disparut soudainement dans une lecture très attentive. Constater que nos professeurs n'émettaient aucune résistance à notre intervention – voire même qu'ils nous prenaient au sérieux sans que nous ne devions trop nous battre, avait quelque chose de libérateur ; c'était comme si le poids de cette maladie moldue se diluait entre nos deux équipes.
- Que l'on soit bien clairs, jeunes gens, reprit notre Directrice, ce que vous nous demandez aujourd'hui, c'est de faire intervenir des médicomages moldus dans l'école ?
- Oui, répondit Miller.
- De toute évidence, dit O'Connell, vous avez beaucoup réfléchi à cette question et votre demande me semble être le fruit d'un travail collectif somme toute impressionnant. Cependant, quelque chose m'interpelle. Où est Mr. Griffin ?
- Il n'a pas souhaité prendre part à notre démarche, répondit simplement Taylor.
- Pour quelle raison ? demanda Flitwick, visiblement plus perturbé par la situation que le directeur de Gryffondor.
- Probablement encore ces histoires de Gryffondor et Serpentard, soupira O'Connell manifestement agacé.
- Effectivement, répondit Taylor, Griffin ne pense pas que toutes les maisons sont touchées par cette maladie. D'après lui, il serait donc déplacé de considérer les élèves des deux maisons aussi... victimes les uns que les autres. Ce n'est pas un avis que nous partageons.
- Je croyais que ces histoires étaient réglées, enchérit Chourave en direction du professeur de métamorphose.
- Ah mais non, répondit O'Connell, puisqu'il n'a pas eu ce qu'il voulait chez moi, il est allé chez Aldrich. Il ne manquerait plus qu'il finisse par tomber sur quelqu'un pour l'écouter.
Notre Directrice se racla la gorge et le professeur de métamorphose sembla soudain se rappeler de notre présence. Il vira - étrangement, au rouge avant de se racler à son tour la gorge. Nous nous regardions tous, particulièrement surpris par tant de spontanéité et l'agacement manifeste que Griffin provoquait chez O'Connell. Je ne savais pas ce que le préfet avait fait, mais il était clair qu'il avait dépassé certaines limites ; enfin quoique, probablement s'était-il plaint de la présence des Serpentards à Poudlard, après tout c'était sur ce point qu'O'Connell avait réagi. Si mêmes certains professeurs avaient entendu de sa bouche des « histoires de Gryffondor et Serpentard », c'est que Griffin n'y allait pas de main morte. Il nous faudrait définitivement nous occuper de ce problème ; peut-être Taylor serait-elle tout à fait disposée à nous expliciter ce qu'il se passait dans la tour de Gryffondor depuis notre dernière réunion particulière avec son collègue. Après ce que nous avions connu tous ensemble, nous étions très certainement devenus capables de discuter de ce genre de choses.
- Je suis assez d'accord avec nos jeunes, dit finalement Shadlakorn comme si elle débarquait juste dans la conversation.
Elle releva les yeux du parchemin et le replia sur lui-même d'un coup de baguette.
- Je peux voir comment partir d'une Aiguise-Méninges ou quelque chose pour gagner du temps, continua-t-elle, mais vu la spécificité des problèmes de mémoire que les Moldus ont identifié, je ne sais pas pour combien de temps nous en aurons. Nous aurons vraiment beaucoup de tests à faire. De plus, la maladie ne se manifestant pas physiquement, il serait effectivement nécessaire de pouvoir avoir l'aide de médicomages moldus. Est-il nécessaire de les avoir avec nous pour autant, je ne sais pas, mais il serait nécessaire de discuter avec certains d'entre eux, en tout cas. Toucher à la mémoire quand nous n'avons pas de problèmes est toujours un jeu dangereux, il vaudrait mieux s'assurer que les élèves ont bien développé cette maladie. Peut-être des élèves pourraient m'assister dans cette tâche, en plus des apprentis de Sainte-Mangouste. Il nous faudra de la main d'oeuvre pour aller plus vite.
- Des sixièmes années, Delilah, répondit McGonagall. Ou des septièmes années qui n'ont pas participé à la Guerre, celles et ceux qui y ont participé me semblent particulièrement enclins à être victimes de cette maladie.
- Miss Jonsson et Miss Parker, dans ce cas. La première saura faire preuve d'inventivité et la seconde aura la rigueur nécessaire à la réplication des tests. Et elles sont extrêmement efficaces en binôme lorsqu'elles sont... de bonne humeur toutes les deux, ajouta-t-elle avec un sourire.
Je rougis subitement et cela eut l'air de grandement amuser notre professeure de potions. Par Merlin. J'avais envie de disparaitre sous ma cape. Peter me lança un regard entendu et je soupirai ; ne me dites pas qu'Alice lui en avait parlé. Dire qu'elle avait eu le culot de me dire qu'ils n'avaient fait que discuter tous les deux - comme si elle riait comme ça avec n'importe qui.
- Si cela te convient, Filius ? vérifia Shadlakorn en se tournant vers lui.
- Peut-être Mr. Miller pourrait-il envisager de réduire la cadence des rondes de Miss Jonsson ? demanda notre directeur de maison au préfet-en-chef. J'ai bien peur qu'entre ses devoirs de préfète et ces heures... supplémentaires en potions, cela ne fasse un peu beaucoup. Et nous avons des matchs à gagner, je ne voudrais pas que Miss Jonsson soit trop fatiguée, ajouta-t-il alors que McGonagall secoua la tête avec un sourire.
- Oh, Filius, s'amusa-t-elle, vous êtes bien optimiste.
- Aucun soucis professeur, répondit Miller sur un ton tout à fait sérieux, nous pouvons nous arranger pour que Jonsson n'ait pas de rondes à faire les jours où elle sera prise avec le professeur Shadlakorn.
Bien évidemment, personne ne nous demandait réellement notre avis. Cela dit, ce n'était définitivement pas moi qui allait me plaindre d'échanger des rondes ennuyantes avec un presque tête-à-tête avec « Miss Parker » ; Lilith, en revanche, venait de gagner le droit de faire des heures supplémentaires tout à fait gratuitement.
- Donc si je comprends bien, reprit notre Directrice plus sérieuse à son tour, les médicomages moldus seraient tant nécessaires pour l'élaboration de la potion que pour l'identification des élèves porteurs de la maladie et leur prise en charge le temps que la potion soit élaborée. Ceci dépasse largement le cadre de mes compétences. Même si nous avons avec nous une ancienne médicomage, dit-elle en jetant un oeil à Shadlakorn, il nous faudra tout de même inviter Mme Pomfresh à ce propos. Nous allons avoir besoin de prendre connaissance de vos recherches, reprit-elle en se tournant vers nous, de vérifier certaines choses de notre côté, et de nous concerter sur ce sujet pendant les vacances avant d'en avertir le Ministère et les familles. Je pense que nous pouvons cependant convenir de mettre ces jeunes gens au courant de l'avancée de la démarche et des solutions que nous aurons sélectionnées, ajouta-t-elle en direction de ses collègues, après tout ils viennent de nous montrer qu'ils sont des relais de confiance au sein du château et que nous pouvons travailler main dans la main avec eux.
Les professeurs semblèrent partager l'avis de notre Directrice ; leur reconnaissance fut à ce sujet particulièrement agréable, et cette dernière continua :
- Je ne pense pas trop m'avancer non plus lorsque je dis que nous vous remercions tous de votre confiance, de votre travail, et de votre implication très sérieuse dans ce... nouveau rôle de préfet. Je conçois que la réorganisation du rôle que nous attribuons généralement aux préfets ne soit pas de tout repos et que, au vu des circonstances, être préfet peut être quelque peu difficile. Du moins, d'une difficulté différente de celle dont nous avons l'habitude. Votre démarche collective est particulièrement agréable et je ne risque pas trop de me tromper lorsque je dis que nous sommes tous rassurés de constater que vous avez su travailler ensemble. En ce sens, je pense que nous pouvons octroyer 50 points à chaque préfet ici présent.
Même dans une situation qui portait une certaine gravité comme l'était celle que nous vivions, le fonctionnement ancestral de Poudlard et de siècles de traditions ne pouvait s'empêcher de nous donner des points et, ainsi, de contribuer indirectement à la compétitivité intermaisons ; c'était assez incroyable. Non seulement le message était contradictoire - on nous félicitait d'avoir su travailler ensemble en nous donnant de quoi gagner des points dans une compétition qui nous opposait les uns aux autres, mais il s'agissait, de plus, d'une façon très indirecte de punir Griffin - ce qui ne risquait pas d'améliorer les relations que nous entretenions avec lui.
- Pour être tout à fait honnête avec vous professeure, enchérit Miller, c'est surtout Jonsson et Peter qui ont travaillé sur la maladie moldue. Ils nous avaient déjà fait leur compte-rendu, enfin le parchemin que vous avez en votre possession, avant que nous parlions réellement du problème tous ensemble.
- Et Harper nous a beaucoup aiguillés concernant la meilleure façon de gérer les choses, ajouta aussitôt Taylor. Sans elle, nous aurions fait quelques… bêtises.
- Si nous n'en avions pas parlé tous ensemble, rétorquai-je, nous n'aurions jamais pu arriver à voir les choses aussi clairement. Il ne me semble pas nécessaire de s'attarder sur des contributions individuelles de toute évidence impossibles à estimer.
Harper et Peter acquiescèrent. Alors que Chourave et Flitwick nous offrirent leur plus beau sourire, Shadlakorn éclata soudainement de rire. Nous nous retournions tous vers elle - y compris ses collègues, et la professeure de potions s'arrêta net avant de s'éclaircir la gorge.
- Pardon, mais ils sont vraiment mignons. Moi, j'aurai pris les points supplémentaires, ajouta-t-elle tout aussi spontanément.
