On approche de la fin de la première partie (il est temps...).

Bonne lecture,

L.

"Qui veut la guerre est en guerre avec soi."

Alain


Une tempête faisait rage en moi. Je devais contenir ma frustration et ma colère. Alors que jusqu'à présent je n'avais jamais eu à ressentir quoi que ce soit, voilà que depuis mon arrivée à Pré-au-Lard, je subissais une éducation accélérée à ce sujet. Je devais respect à mon maître et je devais lui obéir. C'était naturel pour moi. Pourtant, tant de questions entravaient la marche naturelle de mes pensées.

Heureusement, Drago parvenait enfin à des résultats probants pour sa mission. Les choses sérieuses allaient commencer.

Je fis plus attention encore aux aurors présents. Les mêmes gardes étaient préposés à la surveillance du village et de l'école depuis le début de l'année scolaire. Je connaissais leurs habitudes et leurs roulements. J'avais découvert certains des enchantements qu'ils utilisaient pour sécuriser le périmètre et être prévenu de tout danger. Il me serait facile de les contourner. Mais il n'en fallait oublier aucun. Je me concentrais pleinement sur ma mission. J'étouffais les doutes. Pas les doutes sur ce à quoi je participais. Mais les doutes sur ce que je ressentais pour Hermione. Elle découvrirait que les autres avaient eu raison de se méfier de moi. Que ressentirait-elle alors ? Que ferais-je si je me retrouvais face à elle ?

Les habitants de Pré-au-Lard étaient habitués à me voir, je faisais partie du paysage maintenant. Je pouvais donc me promener sans crainte d'être surveillée autrement que par les aurors et particulièrement cette Tonks. La fille de la sœur honnie et reniée de Bellatrix et Narcissa. Elle leur ressemblait. Malgré ses capacités de métamorphomage, qui avaient failli me révéler, Tonks gardait des traits similaires à ses tantes. Ses yeux marrons n'étaient pas aussi profonds que ceux de Bellatrix mais portaient une intensité similaire.

Elle était intelligente et savait filer quelqu'un mais je ressens la magie des gens et j'avais fait attention d'apprendre à reconnaître la sienne. Elle me regardait toujours avec colère et méfiance. Quoi qu'Hermione lui avait dit, elle n'était pas d'accord avec son amie. Si je me fiais à ce que j'avais appris avec Hermione, j'aurais presque dit qu'elle était jalouse. Elle paraissait trop en colère pour ne pas être triste lorsqu'elle me parlait.

C'était étrange comme je cherchais davantage à comprendre et à analyser ce genre de chose alors que je n'y prêtais aucun intérêt avant et que je n'avais que peu d'utilité à tirer de ces informations à propos de Tonks. Du moins, pour le moment.

Chaque information, aussi minime soit-elle pouvait devenir redoutable si elle était bien utilisée. Si j'avais vu juste, Tonks pouvait être déstabilisée et perdre l'avantage dans un combat. D'après les propos de Severus, les membres de l'Ordre affichent fièrement leurs sentiments et pensées comme une force, un bouclier. Je vois cela comme une ouverture à faire souffrir. Hermione m'a beaucoup appris. Chaque rencontre avec elle a été une leçon. Et j'ai su m'en servir.

Il me fallait à présent travailler sur mon complice. Il me fallait quelqu'un que je pourrais manipuler aisément, avec lequel je pourrais m'entretenir sans que cela ne soulève de question et surtout quelqu'un proche de Dumbledore. J'avais tout cela avec Rosmerta. Bien sûr, elle ne m'aiderait pas volontairement mais rien que la magie ne puisse pas changer.

Quasiment chaque jour, je la retrouvais dans son bar. Elle m'avait prise en affection et cela me permettait de me faire accepter plus facilement de la population. Je n'avais pas imaginé alors qu'elle me serait si utile. Toutefois, j'avais remarqué les arrêts fréquents de Dumbledore dans son établissement les soirs où il quittait l'école. Je pense qu'il faisait cela pour prétexte à ses sorties nocturnes mais il était trop intelligent pour lui confier quoi que ce soit d'important. Elle avait un rôle à ses yeux et il s'en servait. J'allais retourner la situation.

Nous étions fin juin quand je pus mettre à exécution mon plan. J'avais envoyé des lettres à mon maître à propos de mes progrès et de ceux de Drago, à propos des sorties de plus en plus fréquentes de Dumbledore et du fait qu'elle durait presque toute la nuit. Il revenait peu avant l'aube exténué et chancelant. Il n'avait pas fier allure le plus grand sorcier de l'époque. Je voulais le tuer, débarrasser le monde de sa présence, permettre à mon maître d'asseoir enfin son pouvoir. Mais je ne pouvais pas. Ma magie crépitait. J'avais du mal à la contenir. Je n'utilisais plus autant mes capacités qu'avant et mes rencontres avec Hermione alimentait cette sensation. J'étais toujours déchirée par ce que je devais ressentir avec elle mais je n'imaginais pas ne plus la voir. Pourtant, c'était ce qui était censé se passer. Je savais que j'irais au bout de ma tâche, c'était mon rôle.

-Kid, tu sembles distraite. Est-ce que ça va ? Demanda Hermione alors que nous nous baladions.

-Pardon, Hermione. Désolée, je pensais au travail.

-Qu'est-ce qui ne va pas ?

-J'ai quasiment fini mais un problème avec un fournisseur retarde les finitions.

Drago n'avait toujours pas fini de réparer cette fichue armoire et le maître s'impatientait. Il avait une deuxième possibilité pour entrer à Poudlard grâce à Hermione mais il était plus difficile de s'infiltrer sans être repéré de cette manière. Drago, et Severus qui était censé le surveiller, allaient tous deux payer ce retard même si la mission était menée à bien. J'avais hâte pour réduire la pression de ma magie.

-Rien de trop grave, j'espère.

-Je n'espère pas non plus. Je voudrais que les villages alentours soient protégés rapidement. Les enchantements ne sont pas infaillibles. Il faut parfois plus surtout vu ce qui se prépare.

-Alors, tu cherches vraiment à nous protéger ?

-Bien sûr.

Je cherchais à protéger le monde sorcier. Je cherchais à protéger ceux à qui je devais obéissance. Je cherchais à protéger mon maître et Bellatrix avant tout.

-Hermione, je…

-Oui ? Demanda-t-elle en levant ses yeux doux, confiants et plein d'espoir.

-Je te protégerai.

Elle me regarda sans bouger puis un grand sourire illumina son visage. Elle entoura mon cou de ses bras et rit. Je souris à mon tour, incapable de résister à sa bonne humeur. Je ne savais pas moi-même si je croyais ou non à cette promesse.

J'avais préparé l'assaut un jour où les Trois balais était particulièrement bondé. Il y avait tellement de monde en ce premier beau jour depuis des semaines qu'il était facile d'agir sans se faire repérer.

-Alors, Kid, la fin des cours approche, avez-vous prévu quelque chose avec Hermione ? Vous allez continuer à vous voir, n'est-ce pas ? Vous êtes si mignonnes ensemble ?

-Nous n'en avons pas encore discuté. Mais oui, nous sommes toujours ensemble. Il me semblait que c'était assez clair la semaine dernière.

En effet, une semaine plus tôt, la dernière sortie à Pré-au-Lard des élèves avaient eu lieu. Nous avions passé la journée ensemble et retrouver Ginny et Ron à leur grand dam, et au mien. Ils m'apprirent, bien que j'avais été mise au courant, que Harry était privé de sortie au moins jusqu'à la fin de sa vie, selon leurs estimations, à cause de Rogue. Il avait failli tuer Drago mais si on écoutait Ron et sa sœur seul Drago était responsable. Leur fidélité à Harry m'étonnait. En quoi était-il meilleur que nous ? La conversation s'envenima parce que Hermione leur rappelait qu'Harry avait agi de manière irréfléchie. Evidemment, une nouvelle dispute avec les Weasley éclata. Ginny finit par être d'accord avec l'argumentation d'Hermione mais défendait tout de même son petit ami. Ron l'accusait presque d'être une traître à la cause et de soutenir un mangemort. A cette sortie, j'avalai de travers. L'image d'un Drago secouru par une sang-de-bourbe m'avait traversé l'esprit. Il me prit alors immédiatement à parti.

-Je ne connais ni l'un ni l'autre mais si votre Harry a effectivement lancé un sort inconnu qui s'est révélé aussi dangereux, ne devrait-il pas avoir plus qu'une simple retenue ? Décidément, votre école me paraît de plus en plus étrange.

-Evidemment, tu prends le parti d'Hermione.

-Non. Hermione peut se débrouiller sans moi. Je n'ai pas à la défendre.

Elle me regarda alors avec étonnement et m'embrassa. Notre dispute ayant attiré l'attention, notre baiser ne passa pas inaperçu. Et si certains n'étaient pas encore au courant de notre relation, ce n'était plus le cas maintenant.

-Oui, tu as raison, reprit Rosmerta.

Alors qu'elle me servait, je l'ensorcelai avec l'imperium. Personne ne fit attention à l'arrêt qu'elle marqua un instant.

-Continue de servir, Rosmerta. Quand je te le dirai, tu feras ce que je t'ordonnerai.

Je sortis peu après. Ma complice était prête à me servir.

Je continuais à collecter les informations, particulièrement à la Tête de Sanglier. Il était très facile de faire parler les quelques habitués et d'y aller sans être reconnu. Bien qu'il a fallu du temps pour y aller sans faire l'objet de la méfiance du tenancier. Boire, jouer, parier, se disputer. On aurait dit un cérémonial pour se faire accepter parmi la lie de la société. Mais c'était le meilleur lieu pour apprendre les renseignements les plus utiles.

Enfin, je reçus le message de Drago. Il avait réussi à réparer l'armoire. Il ne restait plus qu'à trouver le meilleur moment. Nous ne pouvions pas débarquer à Poudlard comme ça. Avec Dumbledore dans le château, il y avait trop de risques. Les enchantements et les protections étaient plus forts avec le directeur dans les murs. Les portraits auraient trop vite fait de le prévenir. Non, il fallait frapper quand Dumbledore serait parti. L'effet de surprise nous serait bénéfique. Il sortait assez fréquemment, nous n'aurions pas longtemps à attendre. Mon impatience augmentait de jour en jour. Je ressentais l'anticipation du combat. J'allais reprendre ma place. J'allais agir pour faire ce pour quoi on m'avait élevée. J'allais reprendre ma baguette pour me battre.

Je la pris dans ma main ce soir-là et l'excitation fit éclater des étincelles. J'avais retrouvé un sens à ma vie deux ans auparavant. Deux ans durant lesquelles j'avais prouvé à mon maître que j'étais meilleure que ce qu'il espérait, que je n'avais pas attendu passivement, que j'étais toujours à ses ordres et cela faisait presque dix moi que j'attendais dans ce village, que je jouais le rôle d'une sorcière lambda, que je jouais avec ma naïveté et celle des autres pour les tromper, que je m'étais rapprochée dangereusement d'Hermione, que j'étais éloignée de Bellatrix.

Je sortis. Il faisait noir. C'était l'heure à laquelle Dumbledore partait du château. Je sortais chaque nuit depuis la lettre de Drago. J'observais, attendant le moment propice. Dès qu'il partirait, je préviendrais mon maître. Evidemment, Rosmerta m'aidait à surveiller. Les aurors changeaient d'équipe à dix heures. Les deux équipes échangeaient quelques minutes. Ces minutes seraient précieuses. Elle me permettrait d'agir à ma guise pour abaisser les protections du village et permettre aux mangemorts d'entrer dans le château.

J'étais persuadée que ce soir serait le soir attendu et je ne fus pas déçue. Rosmerta me prévint de l'arrivée de Dumbledore et de son envie d'aller boire un verre à la Tête de Sanglier. Je savais très bien qu'il n'y allait pas. Je l'y avais suivi plusieurs fois, le voyant transplaner à l'approche de l'établissement.

Peu avant vingt-deux heures, j'envoyai un message à Drago et aux mangemorts. Tout devait se faire à cette heure-ci. J'abaissai les barrières de protection. Il fallait pouvoir transplaner sans se faire prendre après avoir quitté le château.

Deux heures plus tard, je vis Dumbledore revenir mais il n'était pas seul. Harry Potter était avec lui. Peu importe. Harry le soutenait mais il se reprit en voyant la marque des ténèbres au-dessus du château. Rosmerta lui laissa utiliser ses balais pour retourner au château. J'avais prévu ce retour. Il serait obligé de baisser les protections du château à son tour. Il atterrirait au niveau de la tour d'astronomie où les attendrait Drago, Severus et quelques autres.