changement de point de vue: Harry

6ème chapitre.

" ENTREZ!"

J'ouvris la porte sur un Snape légèrement échevelé et un Sirius en train de se rhabiller.

Je souris et entra. Décidément j'aurais toujours un peu de mal à imaginer les deux anciens ennemis roucoulant dans une pièce sombre des cachots. Enfin, si mon parrain pouvait être heureux et puis Snape n'était pas si terrible que ça quand on le connaissait un peu...

" Que me vaut l'honneur de votre visite? me demanda l'ancien professeur de potion de son ton le plus mordant, s'attirant un regard noir de son amant.

- J'ai besoin de vos lumière sur les serpents professeur.

- Sur les serpents? me dit Sirius surpris.

- Oui, sur les serpents, enfin un en particulier. Vous vous souvenez de ce que je vous ai raconté en début d'année, dis-je en me tournant de nouveau vers Sévérus.

- Oui, en ce qui concerne les origines de Voldemort. D'ailleurs vous ne m'avez pas dit si vous aviez trouvé quoique ce soit.

- En fait c'est pour cela que je suis là. Ma mère a confirmé ce que Voldemort m'a dit avant de mourir.

- Eh bien! Je dois dire que la vie ne vous a pas vraiment gâté.

Sirius se trémoussait sur son siège, attendant qu'on lui explique ce qu'il se passait. Son impatience ne passa pas inaperçu aux yeux de Snape et lui fit un large sourire avant de satisfaire sa curiosité.

- En fait Siri, ton neveu vient de me dire qu'il était bien le petit-fils de Voldemort.

La réction de Paddy ne se fit pas attendre:

- QUOI? C'est impossible...

- Si, le coupai-je en m'affalant peu élégamment sur le fauteuil qui grinça sous mon poids, maman a confirmé.

Et il tourna de l'oeil. Snape soupira face au professeur de métamorphose, le prit dans ses bras et le mena dans leur chambre avant de revenir vers moi.

- Je comprends que cela puisse être choquant mais en quoi puis-je vous aider. Vous êtes son petit fils, point! Il n'y a pas à épiloguer dessus pendant des jours.

- Là n'est pas précisément le problème. Je pense que vous devriez lire le passage que j'ai marqué, lui dis-je en lui tendant le livre que j'avais emprunté à la bibliothèque quelques semaines plutôt.

Il lut en silence le chapitre qui me tracassait puis ferma le livre d'un geste brusque.

- Je comprends que ce soit déstabilisant, mais ce n'est qu'une légende. Vous ne devriez pas y apporter trop de crédit Harry.

- Je le sais bien, mais j'ai eu la preuve de la véracité de cette légende pas plus tard que tout à l'heure.

Un des sourcils de Snape s'arqua mais il ne dit rien, attendant patiemment que je me décide à lui raconter la suite.

- Vous devez savoir que Zabini parle aussi le Fourchelangue et qu'il en a fait une remarquable démonstration en cours de métamorphose en début de semaine.

Il me fit signe que oui et m'invita à continuer.

- Et cela fait une semaine environ que j'ai des réactions plus qu'excessives et j'ai voulu en parler avec lui. Je voulus donc le prendre à part pour en discuter calmement mais j'ai complètement perdu le contrôle de mon corps. Comment dire? Je voulais juste le prendre à part dans une salle pour pouvoir en parler au calme mais dès que j'ai posé ma main sur lui je suis devenu quelqu'un d'autre. Comme si on avait pris possession de mon corps. Je me suis souvenu d'une petite scène qui avait eu lieu au petit déjeuner, une petite pimbêche qui avait pris Blaise par le bras et je suis devenu violent. Par Merlin, rien que d'y penser, j'ai envie de l'étrangler.

- Qui? me demanda Snape, surpris d'une telle réaction de ma part.

- La fille, tiens, pas Blaise! m'emportai-je. Me rendant compte à qui je parlais, je me rassis aussitôt. Vous voyez ce que je veux dire, seulement sur le coup c'est Blaise qui fit les frais de cette montée incontrôlable de jalousie. Je l'ai jeté violemment à travers la pièce. Je me pris la tête dans les mains. Rien que de me souvenir de sa position, complètement offerte à mes moindres caprices fit monter en moi la même vague de désir que cet après-midi, mais je me forçais à me calmer et je continuais mon histoire. Autant des poussés de fureur, j'en ai déjà eu, ce n'était malgré tout pas la première fois, mais à ce moment là, je ne fus plus que le spectateur impuissant d'une scène pour le moins étrange. Je me suis approché de lui, l'ai attrapé par le col comme pour garder un semblant de domination sur lui et... Mon corps se tendit de nouveau. Cette odeur de cannelle m'emplit de nouveau les narines comme s'il était dans la pièce. Je me secouais la tête pour faire disparaître ce mirage. Et je lui ai murmuré, en Fourchelangue des paroles que je n'avais même pas conscience de prononcer. Mais il ne me répondit pas et l'étrange entité qui avait pris possession de mon corps reflua dans les profondeurs de mon âme me laissant une profonde tristesse. Pourquoi? Je n'en ai aucune idée. Et quand il m'injuria en Fourchelangue, j'ai senti mon coeur sombrer. J'eus le sentiment qu'il se brisait, la sensation d'un froid immense qui ne me quitterait plus.

Je me tus. Les larmes embuaient doucement mes yeux. Je les laissai couler, comme pour chercher un exutoire à ma peine.

J'entendis plus que je ne vis Snape se lever:

- Que lui avez vous dit exactement? me demanda-t-il.

- "Si tu comprends ces mots, tu es perdu. Si tu comprends mes mots alors tu seras mien. Si tu comprends la douce mélodie de ce pur langage, c'est que tu es mon compagnon". Voilà ce que je lui ai dit mot pour mot en Fourchelangue.

- Je vois... Ecoutez Potter, je pense que vous avez raison. Il est fort probable que cette légende ne soit pas totalement infondée, je dois vérifier certains points mais si vous voulez mon avis, vous devriez vous excuser auprès de Mr Zabini pour votre attitude.

- Je voudrais bien. J'y ai bien pensé mais si je perds encore le contrôle, je fais quoi? Vous n'auriez pas une potion, je ne sais pas, quelque chose pour brider cette instinct qui semble devenir fou en sa présence.

- Vous auriez été un Veela, j'aurai pu vous donner une potion mais ce n'est pas le cas et pour la majeur partie des sorciers, les Serpents Animorphes restent des animaux légendaires. Jusqu'à aujourd'hui, je ne pensais pas que ce pût être autre chose que des contes pour enfants.

Je me levais pour partir quand une dernière question me vint à l'esprit:

- Juste une dernière question.

- Oui?

- Pourquoi juste maintenant? Nous avons passé tout l'été ensemble et il ne s'est passé absolument rien d'anormal entre Blaise et moi durant tout ce temps.

- Je ne suis pas d'accord avec vous. Si vous avez raison et que Mr Zabini est bien votre compagnon, ce n'est pas un pur hasard, vous deviez déjà avoir des sentiments pour lui..."

Sur ces bonnes paroles, je sortis de la pièce encore plus embrouillé qu'en y rentrant...

Résolu à découvrir les tenants et les aboutissants de cette incroyable histoire, Hermione se dirigea d'un pied ferme à la bibliothèque. En tant que Préfète-En-Chef, elle avait un accès illimité à la Réserve et elle esperait bien trouver le même exemplaire du livre qu'elle avait trouvé dans la bibliothèque des Malfoys.

Toute à ses intenses réflexions, elle ne vit pas l'ombre qui s'avançait vers elle et qui la percuta sans ménagement.

" Mais vous pourriez pas faire attention! râla-t-elle.

- Mione? Excuses moi! J'ai la tête ailleurs, lui répondit le jeune homme nonchalamment affalé sur elle.

- HARRY! Oh toi! Tu as intérêt d'avoir une sacrée explication à me fournir! dit-elle en se relevant.

Le dit Harry fut pris de court par une telle virulence dans le ton de la jeune fille à cause d'une simple chute.

- Je suis désolé, je ne faisais pas attention.

- Je ne te parles pas de ça. Viens avec moi, lui ordonna-t-elle en lui prenant le bras.

- Euh Mione, il faut que j'aille à la bibliothèque, j'ai...

- Je m'en fiche, je dois te parler et maintenant.

Harry la suivit docilement. L'étrange lueur qui animait les prunelle de son amie ne lui disait rien de bon. Elle le poussa à l'intérieur d'une salle vide et se tourna vers lui apparemment furieuse:

- Bon Dieu, Harry, en rentrant de Pré-Au-Lard, on a trouvé Blaise, prostré dans la bibliothèque, le visage baigné de larmes. Que s'est-il passé pour qu'il soit dans cet état là?

- Je suppose qu'il vous a raconté sinon tu ne te serais pas jetée sur moi comme ça.

- Oui, mais je veux ta version avant de te torturer et de te mettre à mort!

Harry leva les mains en signe de soumission et une étrange tristesse envahit ses yeux émeraudes.

- J'ai perdu le contrôle Herm', ça peut se résumer à ça mais je suppose que ça ne te suffira pas.

Elle confirma d'un signe de tête.

Alors il lui raconta tout! Des derniers mots de Voldemort aux paroles de Blaise en passant par ses sentiments exacerbés par la présence du jeune Serpentard, aux étranges mots qu'il lui avait dit en Fourchelangue. Tout! Jusqu'au parfum de cannelle qu'il ne cessait de respirer depuis son "corps à corps" avec Blaise.

- Je voudrais tant m'excuser et m'expliquer mais si je perds de nouveau le contrôle...

- Tu as parfaitement raison, il est évident que vous allez devoir vous éviter quelques temps, si vous en êtes capables, ajouta-t-elle mentalement.

- Herm', je dois te laisser, il faut que j'aille à la bibliothèque...

- Inutile, je vais y aller et je te tiendrais au courant si je trouve quelque chose d'autre. Si ça te dis, Pansy est parti quelques jours voir sa mère avant de revenir pour Noël, Ron doit être dans notre salle commune.

- Ok, merci..." Et il sortit.

Il n'avait pas eu besoin de parler de son entrevue avec Snape à la jeune fille, elle en avait tiré les mêmes conclusion. Il semblerait que cet espèce de serpent fonctionnait plus ou moins comme les Veelas, ce qui d'un côté était une chance...

" Si je comprends bien, le fait de parler le Fourchelangue déclenche l'Héritage. Donc s'ils ne se voient pas pendant au moins 3 jours, à la prochaine rencontre, ils se jetteront l'un sur l'autre, se dit-elle, à voix basse, si on se débrouille bien, j'en connais 2 qui vont avoir un Noël dont ils vont se souvenir".