Dans la famille Paumée, je demande...

Résumé du chapitre précédent :

Carolyn, une moldue craquante et curieuse, s'est approchée trop près du manoir des Potter par pur jalousie envers Sirius. Quand une potion magique se présente devant elle, elle n'hésite pas, mais une mauvaise manipulation de la potion fait qu'elle se transforme en chat. Malgré ses tentatives, elle n'arrive pas à communiquer avec James et Sirius, et se retrouve embarquée sans trop le savoir pour Poudlard. D'autre part, James et Sirius reçoivent une lettre inattendue de Remus, qui malgré les dires de James n'est pas du genre à s'inviter, surtout à deux jours de la rentrée.

Mot de l'auteur :

Avant tout un gros remerciement à ma première revieweuse : louknaille. Ca m'a fait énormément plaisir !

Voici une petite parenthèse avant de vraiment retrouver les maraudeurs, car nous faisons la connaissance d'une nouvelle personne... Encore !

Je ne suis jamais allée en Inde, mais après tout je ne suis jamais allée à Londres non plus. Donc j'ai vraiment essayé de me renseigner sur la vie là-bas, mais après tout ce n'est qu'une petite histoire... Le style est un peu différent car c'est la vie d'une jeune adulte que nous voyons ici, j'espère que ça vous plaira tout de même.

BisouxXx et bonnes vacances.. )

Titre du prochain chapitre : Remus Lupin, loup-garou de son état.


Abandon. Anesthésie du refus.
(Marianne Van Hirtum)

-o-

Chapitre 3 – L'embauche d'Ann Slitown

Encore un trafic de fausses amulettes. Ca devenait lassant.

Ann s'essuya le front du revers de la main. L'air était chaud et humide, comme il pouvait l'être par la fin d'un mois d'août en Inde. Elle regrettait de ne pas avoir emmener d'élastiques aujourd'hui pour attacher ses cheveux et libérer sa nuque moite.

Elle compta le nombre de dossier qui lui restait à lire et à classer. Commerces illégaux, contrefaçons, fugues, vols. La Brigade Sorcière (qu'elle soit en Inde ou ailleurs) n'avait pas le loisir de traiter des dossiers aussi intéressants que les Kaaval, l'équivalent des Aurores en Angleterre.

L'Angleterre ? Cela faisait seulement deux mois qu'elle l'avait quittée. Mais grâce à la potion de Babel, qui permettais d'apprendre rapidement une langue étrangère, elle s'y était vite habituée finalement. L'anglais et le tamoul étaient les deux principales langues à connaître, et elle était devenue bilingue en deux semaines à peine.

Deux mois déjà, et pourtant elle ne connaissait pas vraiment l'Inde. Elle n'avait pas joué les touristes, pas visiter le Taj Mahal et tout ça, mais elle avait toutefois eut le temps d'apprécier une petite facette de l'Inde : la facette sorcière de Tamil Nadu, un monde qui mêlait avec délice la magie, la tradition hindoue et le moderne.

Ann, pas très enthousiasmée par ce travail de bureau, regarda par la fenêtre. Des roses grimpaient sur le rebord, et à travers les feuilles de jacarandas, elle aperçut plus loin un grand manguier qui élevait ses branches vers un ciel, lourd de nuages qui ne voulaient pas crever. La mousson avait été très en retard, mais elle n'allait pas tarder à rafraîchir cette journée interminable. Elle ouvrit la fenêtre dans l'espoir d'attirer une brise fraîche, et un profond parfum emplit son bureau : les odeurs de jasmins, d'hibiscus, de roses et de d'autres fleurs exotiques dont elle ne connaissait pas le nom.

- Alors Ann, tu rêves ? dit une voix masculine en tamoul.

Narayan, un des trois autres collègues qui travaillaient dans la même salle, quitta son bureau et vint s'assoire à côté d'elle. Elle sut à ses vêtements qu'il ne comptait pas faire d'opération avec les moldus aujourd'hui, car il portait le vêtement traditionnel du sorcier : une kurta de couleur crème, longue chemise qui descendait jusqu'au genou, un pantalon, et par dessus une robe de sorcier. Il se pencha vers elle et regarda où elle en était.

- Gopal t'a encore donné du travail de bureau, remarqua-t-il sévèrement.

- Il est déjà gentil de m'avoir accepté ici. Tu sais bien que je n'ai pas de diplôme, et que normalement il ne devrait même pas...

La potion de Babel n'arrivait pas à effacer un accent anglais digne de la BBC, qui fendit le visage Narayan en un grand sourire blanc. Il lui coupa la parole :

- Ce n'est pas une raison pour travailler plus que ta part. Tu n'es même pas allé manger ce midi, c'est pour ça que tu fatigues. Tient, je suis allé t'acheter des mitthai.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Goûte et tu verras.

Ann accepta avec méfiance le présent de Narayan, un sac remplit de mitthai. Mais tout doute s'évanouit quand elle en croqua un. C'était une sorte de petit pain sucré frit, croustillant et délicieux.

- Un mois et demi que tu travailles ici, et je me demandais si tu savais sourire, commenta Narayan avec humour. Dans les cours de déguisement chez les Kaaval on aurait pu vous apprendre à sourire comme les sorciers normaux.

Ann regarda Narayan avec reconnaissance.

- Je n'ai fais qu'une année à l'école des aurors.

- Si on t'y a accepté, tu devais déjà avoir un bon niveau. Tu veux aller te promener ?

Ann désigna de la main les dossiers étalés autour d'elle. Les collègues du bureau les regardaient avec curiosité. Le garçon insista :

- Juste un quart d'heure, j'aimerais te parler de quelque chose d'important.

Ann accepta alors. Ils sortirent du petit local encombré, qui n'était pas le bureau principal de la Brigade Sorcière de Chennai. Ils arrivèrent directement dans un parc somptueux, trésor de Chennai - ou Madras de son ancien nom. Les arbres fruitiers, les fleures immenses, et autres plantes cachaient généreusement le local et les transplaneurs. Le parc lui-même était encerclé par des grands murs et un portail. Les murs étaient truffés de sortilèges anti-moldus qui étouffaient par la même occasion la circulation très dense qui n'était qu'à quelques mètres d'eux.

La sorcière ne s'intéressait pas aux fleurs pour le moment. Elle se demandait ce que lui voulait Narayan, et ce qu'elle répondrait si jamais il lui proposait un rendez-vous. Honnêtement elle ne voulait vraiment pas s'engager, mais n'osait pas le dire directement, au cas où elle se tromperait. Elle opta alors pour une banalité.

- Qu'est-ce qu'il fait chaud ! Vivement la moisson.

Narayan eut un sourire un peu moqueur et n'approfondit pas cette remarque. Il sortit sa baguette et murmura un sort. Elle sentit un changement dans l'air.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Ann pour la deuxième fois.

- Un sort pour ne pas être écouté.

Pour le romantisme tu repasseras...

- J'ai un message à vous transmettre, mais on m'a dit de ne pas vous le dire dans le bureau. Dumbledore craint les oreilles indiscrètes.

Ann s'étouffa avec le dernier mitthai.

- Vous connaissez Dumbledore ?

- C'est un ami de longue date et j'ai l'honneur d'avoir sa confiance en effet.

Comment par Merlin Dumbledore avait-il pu la retrouver si vite ?

- Il vous demande courtoisement si vous pourriez le joindre pour prendre un thé à cinq heures au Chaudron Baveur. La tradition anglaise, je suppose.

Ann en resta sans voix. Narayan, sans cesser de sourire, regarda sa montre.

- Vous devriez partir maintenant si vous souhaitez trouver une ayah pour votre fille. Enfin, chez vous on dit plutôt une baby-sitter, non ?

Il lui tendait un sac de poudre de Cheminette.

-o-

Ann alla chercher Helen à l'école. Elle avait encore une heure avant le rendez-vous avec Dumbledore, ce qui lui laissait le temps de la ramener à la maison et de lui expliquer qu'elle ne serait pas absente longtemps.

- Ann-ma !

Une petite fille en châle et jupe colorés, tâche de couleur parmi d'autres, courut vers sa mère. Elle était très jolie. La mère et la fille étaient toutes les deux typées indiennes, car la mère d'Ann y trouvaient ses origines, mais la peau d'Helen avait plutôt la couleur du miel, plus claire que celle de ses camarades. Helen, dont le jeune âge acceptait plus facilement les changements, commençait déjà à perdre son accent britannique.

Comme à chaque fois que les yeux d'Ann, noirs comme deux morceaux de charbons brillants, rencontraient les yeux d'Helen, deux yeux comme du chocolat fondu, deux yeux lumineux, ceux de son frère, son coeur se serra.

Ann prit Helen par la main. Elle pensait à l'Angleterre.

- Je suis pressée aujourd'hui, on va transplaner. Sers très fort ma main.

- Tu as peur, Ann-ma.

-o-

- C'était bien l'école aujourd'hui ?

- Oui.

- Tu as appris des choses ?

- Oui.

C'était parfois difficile de faire parler Helen, mais Ann ne s'en offusquait pas. Pendant ce temps Ann regardait le courrier. Factures, relevés de compte, lettre d' Andromeda. Tout alla à la corbeille.

Laissez-moi, ou je me cacherais plus loin encore.

- Tu as appris quoi ?

- A écrire mon prénom.

- C'est intéressant ça.

- C'est pas mon prénom à moi, Helen, hein Ann-ma ?

- Si, c'est le tient maintenant. Tu en as changé, ça arrive parfois.

Helen sirotait un chay avec application, car il était brûlant.

- Je ne me souviens plus de celui que j'avais avant.

- C'est normal Helen.

- Tu es triste, Ann-ma.

Cette simple phrase eut le don d'énerver Ann.

- Arrête de dire mes humeurs à tout bout de champs, comme ça ! Et c'est quoi ce nouveau nom que tu me donnes ?

- « An-neuh-ma », articula Helen. Parce que tu es Ann et que tu es ma Amma.

- ...

- Tu es en colère, Ann-ma.

Là, « Ann-ma » explosa.

- Ne m'appelle plus comme ça ! gronda Ann. Je suis que ta mère en publique d'accord ? En vrai, je suis ta tante ! C'est un jeu ! Rien qu'un jeu !

Elle tenta de reprendre son calme.

- Ta vraie mère, elle s'appelle Jeanne, et elle est morte. Comme ton père.

- Je sais que ma maman s'appelle Jeanne, mais j'ai oublié ton vrai prénom à toi.

- On a déjà eu cette conversation ! Je t'ai dit de m'appeler Ann maintenant !

- Ann-ma est un vrai nom.

- CA SUFFIT !

Ann se leva comme si elle était assise sur un ressort.

- Ne joue pas comme ça avec mes nerfs !

Helen la regarda le plus innocemment du monde de ses grands yeux chocolat, qui s'emplissaient de larmes.

- Tu t'en vas tout de suite dans ta chambre ! LAISSE MOI LA PAIX !

Helen détala, plus rapide qu'un lièvre, dans une avalanche de couleur.

Ann tomba de sa chaise, et se recroquevilla dans un coin de la cuisine, le regard perdu. C'était toujours ainsi, elle n'arrivait pas à l'aimer et pourtant c'était son seul trésor. Car à chaque fois qu'elle la voyait, c'était la mort de tous ceux qu'elle aimait, de son frère qu'elle voyait.

« Ann-ma, tu es triste. »

Oui, à chaque fois que je te vois je suis triste.

Et chaque fois, je te fais pleurer, Helen.

Et chaque fois, les yeux de mon frère pleurent avec toi.

Etait-ce elle, ou la température avait chuté d'un seul coup ?

Ann prit sur elle et se leva, en essuyant les larmes de ses joues. Une larme, non une goutte de pluie, glissait le long de la vitre. Non ce n'était pas elle, c'était juste la mousson qui arrivait.

-o-

Ann épousseta sa tenue moldue européenne, et émergea de la cheminée du Chaudron Baveur. Tom vint tout de suite à sa rencontre.

- Dumbledore t'attend déjà dans un salon privé. Tu veux boire quelque chose ?

- Un thé s'il-te-plait.

Tom la conduit jusqu'à une porte dans un étage supérieur, mais juste avant d'entrer il s'arrêta, perplexe, car il avait une bonne mémoire des noms, mais il avait oublié celui de la demoiselle.

- On s'est déjà vu, non ? Tu n'es pas en formation d'Aurore ?

- Non, vous devez vous tromper. Moi c'est Ann Slitown.

Et elle entra.

-o-

Dumbledore était là. Pareil à son souvenir, meilleur directeur qu'elle avait eu. Pendant ses deux premières années, il était simplement son professeur de métamorphose, et comme c'avait été sa matière favorite après la défense contre les forces du mal, ils s'étaient bien entendus. Ensuite, il était devenu directeur, et elle l'avait beaucoup moins vu.

Elle entendit la porte claquer dans son dos. Tom s'en allait.

- Ton bronzage est magnifique. Et bien, assis-toi ... jeune fille. Tu as bien fais ton travail, je suis incapable de prononcer ton nom maintenant. Je suppose que tu es la gardienne du secret, pour ton nom et celui de ta nièce ?

- Comment m'avez-vous retrouvé ?

- Ca a été assez compliqué. Ne veux-tu pas t'assoire ? Nous avons le temps.

Ann, lasse, s'assit. Elle s'avait qu'on n'obtenait rien à lutter contre lui.

- Je crois que tu t'es rebaptisée Ann, Ann Slitown, c'est cela ?

- Et ma nièce, qui passe pour ma fille, Helen.

- Pourquoi t'être caché en Inde ?

- Vous le savez très bien ! Les mangemorts... Ils ont tués mon frère. Jeanne aussi. Il y a deux mois, vous le savez, non ? Et il y a trois ans, ils avaient déjà eu mes parents. Je n'aimerais pas qu'Helen suive le même chemin.

- Je suis heureux de te rencontrer maintenant. Je t'ai acheté des bonbons au citron, je ne sais pas si tu as eu le temps d'en acheter pendant tes deux mois de cachette. J'allais vous proposer protection à Poudlard lorsque vous êtes partit.

Dumbledore lui tendait une boîte de bonbons au citron, tout souriant. Ann le regarda avec dédain.

- A Poudlard ? Bravo ! Le premier lieu où les mangemorts me chercheraient !

- Certes, tu as raison, admit poliment Dumbledore. Mais jusqu'ici Voldemort n'a jamais osé y entrer.

- Justement, je n'aimerais pas l'y encourager.

- Je suis capable d'une protection plus efficace que tu ne le crois. Moi aussi je connais le sort du gardien du secret, et je le maîtrise bien mieux que toi.

- D'ailleurs, vous ne m'avez toujours pas dit comment vous m'avez trouvé.

Dumbledore lui sourit, mais Tom apporta le thé qu'elle avait commandé à ce moment là. Le directeur ne reprit la parole que lorsque Tom eut fermé la porte.

- Tu n'aurais pas du négliger ta correspondance avec ton amie Andromeda. Elle s'est inquiétée, et m'a dit où tu étais. Ton moral était si bas, que ta magie a baissée et qu'elle a même réussit à prononcer ton nom. Tu crois que tu te serais ainsi cachée des mangemorts ?

Je ferais d' Andromeda de la chaire à hypogryphe, jura intérieurement Anna.

- Je comprends, reprit Dumbledore d'une voix douce, que tu ais fuis l'Angleterre. Pas pour la sécurité d'Helen, mais plutôt pour fuir les souvenirs de ton frère. Je sais que vous étiez très complice, et j'ai été désolé d'apprendre sa mort. Toutefois tu ne peux pas fuir les problème comme ça, si ça n'avait été moi ç'aurait été Voldemort qui vous trouvait.

Ann frémit au Nom. Dumbledore devint plus sévère.

- Tu ne peux pas t'occuper dans ton état d'Helen, tu la détruis à petit feu, et tu le sais. Elle est empathe. Elle ressent toute ta douleur, alors qu'elle doit déjà faire face à sa nouvelle situation d'orpheline. Laisse la venir à Poudlard, elle y sera tellement plus heureuse.

Le visage d'Ann se décomposa.

- Mais il n'en va pas seulement d'Helen, mais de toi, continua Dumbledore, le visage grave.

- De moi ?

- Pourquoi as-tu renoncé à votre formation d'Aurore ?

- Je devais m'occuper d'Helen, protesta faiblement Ann.

- Ce n'est pas la vraie raison, tu le sais bien.

- ... Je n'y crois plus, ils sont tous morts, tous sauf Helen.

Dumbledore lui sourit.

- Laisse-moi te proposer une sorte de ... contrat.

- Un contrat ?

- Un pacte si tu veux. Je te prends un an. Un an pour faire ton deuil, pendant lequel tu seras professeur de défense contre les forces du mal. Laisse-moi un an pour te convaincre que se battre pour une cause juste n'est pas vain.

- Moi ? Professeur ? Je n'ai aucun diplôme.

- Tu as fais une année de formation d'Aurore, ce n'est pas si mal. Je sais que tu es de nature à aider les gens.

- Vous dîtes n'importe quoi.

- Et entre nous, tu ne peux pas être pire que le dernier.

- Il était comment ?

- Paranoïaque, le pauvre. Il avait peur des élèves et des professeurs. Il sursautait à chaque fantôme. A la fin de l'année, il a même cru que je préparais un complot contre lui pour vendre son corps en morceaux dans l'Allée des Embrumes. Et a prit la fuite. Il parait qu'il se cache dans la forêt de Brocéliande en France.

Ann trouvait qu'ils s'éloignaient du sujet.

- Et qu'est-ce que je fais d'Helen ?

- A Poudlard elle y sera très bien. Elle aura un appartement avec toi.

- Mais... Elle est sensée entrer en primaire cette année et apprendre à lire... A compter, et tout ce genre de chose.

- Mes professeurs seront ravis de s'occuper de temps à temps d'elle. Ou les élèves de gagner un peu d'argent. Je te laisserais le vendredi de libre, comme cela tu pourras passer trois jours pas semaines avec elle. C'est plus qu'aujourd'hui.

- Je vois que vous êtes bien renseigné.

- Tu peux aussi la confier à un elfe de maison si tu as peur de la laisser seule, le temps qu'elle arrive à se repérer dans Poudlard.

Ann soupira.

- Vous saviez que je la destinais à une vie moldue, professeur.

- Ce n'est pas sa nature. Laisse la vivre, je n'aimerais pas que tu la laisses enfermée un mois de plus, et toi non plus tu ne le veux pas, j'en suis certain.

- ...

- Alors c'est d'accord ?

Ann ne trouva rien d'autre à répondre que :

- Mais, vous n'avez pas vraiment fais de complot contre l'ancien professeur, n'est-ce pas ?

-o-

Ann serra la main du professeur Dumbledore - son patron désormais - avec un sourire forcé et le regarda sortir du Chaudron Baveur pour transplaner probablement. Elle préférait repartir comme elle était venue, par la poudre de cheminette, car Merlin ! elle détestait transplaner.

Elle regarda sa montre. Bientôt il serait l'heure du dîner. Elle ne voulait pas tout de suite rentrer. Prise d'un élan soudain de nostalgie, elle sortit et s'assit sur un banc face au Chaudron Baveur. La dernière fois que j'y étais, j'étais quelqu'un d'autre...

Elle regardait les moldus autours d'elle, et elle se demandait s'ils sentaient eux aussi la menace de Voldemort, toujours plus forte. Si eux aussi avaient perdus des membres de leur famille.

Deux adolescentes discutaient, pas très loin d'elle.

- Je crois que j'ai une chance avec lui, mais je ne sais pas si je dois lui téléphoner. Est-ce qu'il ne va pas penser que je suis trop facile ? Parce qu'il a dit qu'il me rappellerait, donc il doit avoir envie de me voir, non ?

- Tu devrais le téléphoner. Tu sais, les mecs ils sont comme ça : ils attendent de voir si tu es le genre de fille à prendre des initiatives.

- Tu crois ?

- Sûr.

- Bon, d'accord. Mais si je lui téléphone, je dis quoi ?

Ann n'écouta pas la suite, morte de rire intérieurement. Elle regarda un instant des mères donner des nouvelles de leurs enfants. Elle s'intéressa ensuite de plus près à un moldu, près de l'entrée du Chaudron Baveur (même s'il ne pouvait s'en rendre compte), avec une veste de cuire et une moto. Il téléphonait sur son portable, l'air grave.

- Hey Ben ? Je suis passé chez toutes ses copines de Londres. Aucune trace d'elle. Et toi, toujours pas d'indice du côté de son lycée ? Ouais, ouais, je sais que les flics sont déjà d'çu, mais tu sais, j'trouve pas ça normal. Ma soeur, partir sans ses vêtements ni fric ni rien... C'est le mal, ça.

Un cadavre porterait-il la trace des mangemorts ? Etait-ce la guerre ou une simple fugue ?

- Là j'ai vraiment plus d'idée où chercher et... Merde, voilà ce salaud !

Il raccrocha aussi sec. Ann regarda avec curiosité le garçon en question foncé droit sur un autre jeune homme, plus jeune et plus chétif, qui marchait ... vers le Chaudron Baveur ! Un sorcier ? Maintenant qu'elle y pensait, il avait une tête qui lui disait quelque chose. Ce ne serait pas Black, tout de même ? Si, si, si. Elle en était presque sûre. Sirius Black. Il était en cinquième année lorsqu'elle avait quitté Poudlard. Quoiqu'il en soit, il se retourna et annonça tout sourire :

- Tient ! Ca va ? Comment va Carolyn ?

- ESPECE DE...

- Jack ?

- Qu'est-ce que t'as fais de ma soeur ?

- Quoi ta...

- Je vais te dé-FON-CER LA GUEULE !

- Quoi, mais, arrête... Au-secours !

Ann se leva d'un bond, car ce 'Jack' avait plaqué Black contre un mur. Maintenant tout le monde les regardait, et les deux adolescentes en avaient même oublié leurs affaires de coeur.

- Ecoute, vieux, calme-toi. Je t'assure que je ne sais pas où elle est ta soeur. J'ai plus eu de nouvelle depuis que je suis passé chez toi...

La sorcière vérifia que personne ne la regardait, alors qu'elle se faufilait dans un coin sombre en sortant sa baguette. Elle métamorphosa ses vêtements (loués soient les cours de déguisement dans l'école d'Aurores !) et revint rapidement. Jack tenait Sirius par le col et murmurait furieusement :

- T'es la dernière personne qui la vu, alors tu dois forcément savoir quelque chose...

- Vous avez un problème jeune homme ?

Jack se retourna et se refroidit un peu en constatant les habits de policiers moldus que portait Ann.

- Non madame, excusez-moi. Je partais.

- J'espère bien, dit-elle froidement.

Jack murmura quelque chose à l'oreille de Black, qui n'en menait pas large, monta sa moto et disparut des lieux rapidement. Black, le regard momentanément absent en regardant la moto, soupira d'un air soulagé.

- Merci madame.

Ann sourit. Il la regarda, et un air indécis passa sur son visage.

- On ne se saurait pas déjà croiser par hasard ?

- Non, je ne crois pas. Filez vite, maintenant.

- Oui madame. Encore merci. J'ai vraiment cru que personne n'allait intervenir.

Il s'écarta dans une rue parallèle, probablement pour attendre qu'elle s'en aille et qu'il puisse rejoindre le Chaudron Baveur en paix. Elle retourna dans le petit coin à l'écart, pour reprendre sa tenue moldue.

Elle entra dans le Chaudron Baveur à son tour, et faillit entrer dans un sorcier plus grand qu'elle (« Pardon ! »). Elle reconnut Dumbledore qui n'était apparemment toujours pas partit et qui arborait un petit sourire en coin.

« Je sais que tu es de nature à aider les gens. »

En espérant sans trop savoir pourquoi qu'il ne l'ait pas vu, elle le salua d'un signe de tête nerveux et le contourna. Elle tomba alors sur Black qui la regarda, étonné, et qui lui décocha un sourire charmeur. Mais n'ayant vraiment pas envie de lui parler (elle espérait toujours ne pas s'être fait griller par Dumbledore), elle le contourna pour tomber droit sur... Meadows un élève de sa classe, mais à Gryffondor. Il parut étonné.

- Bonjour ! On ne se serait pas déjà croisé ?

Si, on était sortit ensemble, en sixième année.

- N-non, on ne se connaît pas. Désolée, mais je suis pressée.

Elle le bouscula d'un coup d'épaule et arriva enfin à la cheminée, dans laquelle elle jeta sans attendre une bonne poignée de poudre.

- 4, Grama Street.

L'Angleterre disparut dans une gerbe de flemmes émeraude. Ann ferma de toutes ses forces ses yeux.

Dumbledore a raison, je ne protège pas Helen. C'est juste que je fuie mon ancienne vie. Si j'y retourne je devrais faire mon deuil, et je ne veux pas l'accepter.

-o-

- Ma puce, je suis rentrée, fit doucement Ann en poussant la porte de la chambre d'Helen.

La petite fille pleurait doucement encore. Culpabilisant, Ann s'assit à côté d'elle et caressa sa joue.

- Excuse-moi ma chérie, j'étais un peu nerveuse ce soir.

- Dit, s'il-te-plait, je peux t'appeler Ann-ma ? Dit oui !

Ann ne répondit pas. Pourquoi était-ce aussi important pour elle ?

- Allez vient à table maintenant. J'ai acheté des samosas pour le dîner.

- Cool j'adore ça !

S'exclama Helen, un sourire rayonnant au visage, s'envolant vers la cuisine. Mais comment un petit coeur comme ça peut-il supporter de changer d'humeur aussi vite ? Ann attrapa, en souriant doucement, le châle du papillon multicolore qui s'enfuyait.

- Attend une seconde, j'ai quelque chose à te dire.

Elle assit une Helen curieuse sur ses genoux.

- On va déménager.

- Encore ?

- Oui, on retourne en Angleterre.

- Pour de vrai ?

- Mais oui, pour de vrai, rigola Ann. Ca te fait plaisir ?

- Je ne sais pas, répondit Helen, le visage grave. C'est très drôle ici, et il fait toujours beau.

- En Angleterre on habitera dans un grand château.

- Comme les princesses ?

- Un peu. Tu seras ma princesse à moi. Poudlard, tu as du en entendre parler ?

- Oui mais je croyais que c'était une école.

- C'est aussi un château.

- Une école dans un château ? C'est bizarre ça.

- Oui, mais c'est magnifique là-bas. J'y suis allée, et tes parents aussi.

- Oh. Alors c'est d'accord, mais seulement si je peux t'appeler Ann-ma...

- C'est bon, tu as gagné. File te laver les mains maintenant.

Ann se surprit à sourire toute seule dans la chambre d'Helen. C'était un des plus beaux sourires qu'elle avait pu voir sur le visage de sa nièce depuis ces deux mois. Les yeux de son frère avaient pétillé de joie. Alors c'était certain, elle repartirait à Poudlard.