Malefoy appuya sur son badge et le message qu'il portait auparavant s'effaça, remplacé par un autre qui scintillait en lettres vertes : A BAS POTTER

Hurlant de rire, les Serpentard appuyèrent tous sur leurs badges jusqu'à ce que le slogan A BAS POTTER étincelle tout autour de Harry qui sentit une bouffée de chaleur lui montée à la tête. Hermione semblait désemparée et Ron était adossé au mur avec Dean et Seamus. Il ne riait pas mais ne faisait rien non plus pour défendre Harry.

"Tu en veux un, Granger ?" demanda Malefoy en tendant un badge à Hermione. "J'en ai plein. Mais ne me touche pas la main, je viens de la laver et je ne voudrais pas me salir au contact d'une Sang-de-bourbe."

La colère que Harry avait accumulée tous ces derniers jours le submergea soudain comme si un barrage venait de céder dans sa poitrine. Il avait sorti sa baguette magique avant même de se rendre compte de ce qu'il faisait. Les élèves qui l'entouraient reculèrent en désordre vers le fond du couloir.

"Harry !" s'écria Hermione en essayant de le retenir. "Ne fais pas ça !"

"Vas-y Potter", dit tranquillement Malefoy qui avait saisi sa propre baguette. "Fais-le si tu as quelque chose dans le ventre..."

Pendant une fraction de seconde, ils se regardèrent dans les yeux, puis tous deux attaquèrent exactement au même instant.

"Furunculus ! " s'exclama Harry.

"Detensaugmento ! " s'écria Malefoy.

Des traits de lumière jaillirent des deux baguettes. Harry s'écarta vivement de la trajectoire du sort de Malefoy qui atteignit quelqu'un derrière lui, tandis que Malefoy poussait un hurlement en plaquant ses mains sur son visage qui se couvrait d'horribles furoncles.

"Hermione !" entendit-il quelqu'un crier.

Harry se figea en reconnaissant la voix de Ron et, prit d'un mauvais pressentiment, se retourna. Ron tentait vainement d'écarter la main d'Hermione qu'elle serrait sur sa bouche en laissant échapper des gémissements terrifiés. Ses efforts étaient malheureusement inutiles car on apercevait déjà ses dents grandissant à une vitesse alarmante vers son menton.

"Qu'est-ce que c'est que tout ce bruit ?" dit alors une voix doucereuse et menaçante.

Rogue venait d'arriver. Les Serpentard se mirent tous à parler en même temps pour donner leur version de l'incident. Rogue pointa un doigt jaunâtre vers Pansy Parkinson.

"Expliquez-moi", dit-il.

"C'est Potter !" s'écria Parkinson d'une voix aigue en pointant Harry du doigt. "Potter a attaqué Drago, regardez..."

Harry n'avait pas bougé et essayait de comprendre ce qu'il venait de se passer. Avec un frisson d'horreur il réalisa que le sort qu'il lui était destiné avait atteint Hermione parce qu'il s'était écarté. C'était sa faute si Hermione était en train de pleurer en regardant ses dents atteindre le col de sa robe...

Rogue s'approcha de Malefoy qui se cachait le visage derrière son sac, l'examina un instant et lui chuchota quelque chose à l'oreille.

"Miss Parkinson, emmenez Drago à l'infirmerie", dit-il d'un ton très calme.

"Malefoy a frappé Hermione", s'écria Ron. "Regardez !"

Rogue se tourna vers Hermione la jaugea un instant du regard et déclara d'un ton glacial :

"Je ne vois pas où est la différence."

Les larmes aux yeux, Hermione laissa échapper un gémissement puis s'enfuit à toutes jambes dans le couloir qui résonnait des rires des Serpentard.

"Hermione ! Attends !" s'écria Ron avant de se mettre à courir pour la rattraper.

Rogue se tourna alors lentement vers Harry, un rictus au lèvres.

"Voyons," dit-il de sa voix la plus veloutée. "Cinquante points de moins pour Gryffondor pour s'être battu dans les couloirs, vingt points de moins pour le temps perdu sur le cours et trente pour avoir attaqué sans raison et délibérément un élève..."

"Vous n'avez pas le droit de faire ça !" s'exclama Harry. "Nous nous sommes attaqués en même temps et il..."

"Taisez-vous Potter !" l'interrompit Rogue d'un ton glacial. "Deux jours de retenue pour insulte envers un professeur ! Et maintenant rentrez en classe avant que je ne vous donne une semaine entière de retenue", ajouta-t-il en voyant Harry ouvrir la bouche pour protester.

Harry ramassa son sac qui était à terre et rentra dans la classe d'un pas rapide. Il se dirigea rapidement vers la table la plus éloignée du tableau et y jeta ses affaires d'un geste rageur. Deux jours de retenue à cause de Malefoy ! Il marmonna quelques jurons bien sentis et sortit son livre de potion. Il leva les yeux et constata qu'il était seul au fond de la classe et que la plupart des Gryffondor lui jetaient des regards mécontents. Harry fit le compte dans sa tête et se rendit compte qu'il avait fait perdre cents points à Gryffondor. Il baissa aussitôt les yeux et sentit le désespoir l'envahir.

Les élèves le détestaient déjà parce qu'il était le quatrième champion de Poudlard et à la place de se faire discret pour se faire oublier, il n'avait fait qu'empirer l'état actuel de la situation ! Et Hermione... Qu'allait-elle penser de lui ? Il aurait dû l'écouter, suivre son conseil de ne pas envenimer les choses...

"Je vais aller m'excuser", se dit-il tristement. "Je vais lui expliquer que je suis désolé d'avoir fait perdre tous ces points, ça compte beaucoup pour elle..."

Soudain il se rendit compte que le niveau sonore de la classe était disons... inexistant ! Il leva lentement la tête pour se retrouver nez à nez avec Rogue.

"Pouvez-vous répéter ce que je viens de dire Mr Potter ?" murmura-t-il d'une voix glaciale.

Harry baissa les yeux et sentant ses joues s'empourprer bégaya :

"Je...je...Vous avez dit que... que la potion de...de..."

"C'est bien ce qu'il me semblait", déclara Rogue d'une voix forte. "Vous êtes aussi arrogant que votre père Potter. Vous croyez peut-être cette classe indigne de vos capacités ? Je me vois désolé de vous contredire mais v..."

Il fut interrompu par des coups frappés à la porte. C'était Colin Crivey. Il resta à l'embrassure de la porte et dit d'une voix timide :

"Excusez-moi monsieur, mais je dois amener Harry Potter en haut."

"Mr Potter à un cours de potion à suivre - bien qu'il ne s'en croit pas digne - et il doit d'ailleurs tester un antidote", déclara Rogue d'un ton froid et ampli de menaces.

Colin rougit violemment et reprit d'une voix tremblante :

"Je suis désolé professeur, c'est...heu...Mr Verpey. Il veut le voir ; je crois que c'est pour des photos."

Harry aurait donné tout ce qu'il avait de plus cher au monde pour empêcher Colin de prononcer ces derniers mots. "La journée commence vraiment mal", se dit-il. D'abord Malefoy, ensuite Rogue et maintenant Verpey... Il regarda en direction de Rogue et le vit retrousser les lèvres tandis que les Serpentard s'en donnait à cœur joie avec leurs badges étincelants A BAS POTTER.

"Très bien ! Potter, prenez vos affaires et disparaissez de ma vue immédiatement !" aboya Rogue.

Harry fourra rapidement ses affaires dans son sac, se leva d'un bon et courut presque de la salle de classe tant il était soulagé d'échapper à ce cours. Il sentit les regards des autres élèves sur sa nuque avant de fermer la porte. Colin avait maintenant retrouvé son éternel sourire et commença à gambader joyeusement autour de Harry.

"C'est génial, Harry ! Tu es champion de Poudlard ! C'est vraiment cool !"

"Oui, Colin, c'est cool..." répondit Harry d'un ton las.

Ils atteignirent rapidement la salle de classe où devait se trouver Mr Verpey et les autres. Colin salua gaiement Harry puis s'en alla en trottinant. Harry poussa la porte et se retrouva dans une salle de classe dont les fournitures avaient été repoussées au fond de la pièce. Une grande table recouverte d'une nappe argentée se trouvait sur l'estrade du professeur. Derrière elle, cinq chaises étaient alignées, deux d'entre elles déjà occupées par Ludo Verpey et une sorcière que Harry ne connaissait pas. Cédric, Fleur et Viktor Krum étaient assis dans un coin et semblaient en grande conversation.

"Harry !" s'exclama quelqu'un.

Harry se retourna et vit Mr Verpey et la sorcière venir à sa rencontre.

"Comment vas-tu mon garçon ?" demanda Mr Verpey d'une voix forte. "Je te présente Rita Skeeter, célèbre reporter pour la Gazette du sorcier. Elle va écrire un petit article sur le tournoi."

"Peut-être pas si petit que ça Ludo", rétorqua Rita Skeeter. "Est-ce que je peux demander quelques petites choses à Harry avant de commencer ?"

Et sans attendre la réponse, elle empoigna Harry par le bras et l'emmena hors de la pièce. Elle ouvrit la porte d'un placard et poussa Harry à l'intérieur. Il s'affala à moitié dans des chiffons, cartons et serpières. Il se redressa tant bien que mal et regarda Skeeter sortir de son sac une longue plume verte et rose.

"Bien", déclara-t-elle. "On peut commencer. Alors Harry, commença-t-elle en se penchant vers lui, pourquoi as-tu décidé de participer au tournoi des trois sorciers ?"

"Heu..." dit Harry, mais son attention était distraite par la plume qui glissait toute seule sur le parchemin.

Bien qu'il n'eût encore rien dit, il pu lire :

Une horrible cicatrice, souvenir d'un passé tragique, défigure le visage par ailleurs charmant de Harry Potter dont les yeux...

"Ne t'occupe pas de la plume, Harry", ordonna Rita Skeeter. "Alors, qu'est-ce qui t'as décidé à participer ? Comment appréhendes-tu les futures taches ?"

"Ce n'est pas moi qui ai mis mon nom dans la coupe !" s'insurgea Harry.

"Voyons Harry, tu n'as aucune raison de craindre des ennuis... Certains champions sont morts dans le passé, tu y as pensé ?"

"Ecoutez, je n'ai pas envie de répondre à vos questions et..." commença Harry qui commençait à s'énerver. Cette femme ne lui plaisait pas du tout et il avait trop de choses en tête pour pouvoir réfléchir correctement.

"Que penses-tu de la récente activité croissante des mangemorts et des rumeurs qui circulent concernant les évènements à la coupe du monde de Quidditch ? Tu étais présents n'est-ce pas ?" débita-t-elle dans un souffle.

"Heu..." dit Harry. Activité croissante des mangemorts ? pensa-t-il, il faudrait que je lise les journaux un peu plus souvent...

"Ne crains-tu pas une attaque ?"

"Pourquoi craindrais-je une attaque ?" demanda Harry complètement perdu. Il commençait à avoir mal à la tête et à s'énerver.

"Tu es le survivant ! Tu as détruit Tu-sais-qui étant bébé ; c'est un fait qui pourrait avoir comme conséquence des représailles. As-tu peur ? Tu..."

Elle fut interrompue par la porte du placard qui s'ouvrit. Albus Dumbledore se tenait sur le seuil et les regardaient par-dessus ses lunettes en demi-lune.

"Dumbledore !" s'exclama Rita Skeeter d'une voix enchantée. "Comment allez-vous ?"

"Bien, merci", répondit Dumbledore d'un ton neutre. "Harry, pourrais-je te parler quelques instants s'il-te-plait."

Harry se leva d'un bon - très content de se débarrasser de Rita Skeeter - et sortit du placard pour rejoindre Dumbledore qui se tenait dans un coin du couloir.

"Harry", chuchota Dumbledore d'un ton grave, "j'aimerais que tu viennes me voir dans mon bureau ce soir. Le mot de passe est " malabar ", viens directement après dîner."

"Professeur, Rita Skeeter m'a parlé des mangemorts, est-ce vrai qu'ils..."

"Ce soir Harry", répondit Dumbledore. "Maintenant, je crois que tu es attendu à la cérémonie des baguettes", ajouta-t-il avec un sourire. Il se retourna et entra dans la salle de classe, suivit par Harry.

La cérémonie dura deux heures. Le photographe avait eu beaucoup de mal pour la photo de groupe et ne les laissa partir qu'après avoir fait des photos individuelles des quatre champions. Harry descendit manger, mais ne vît ni Hermione, ni Ron. "Il a dû rester avec Hermione à l'infirmerie", pensa Harry tristement. Il s'assit au bout de la longue table des Gryffondor et mangea seul. Dix minutes plus tard, il se leva - ne pouvant presque rien avaler - et retourna dans la salle commune des Gryffondor.

"Scurra sum ", dit-il à la grosse dame.

"Mais certainement mon cher", répondit-elle avec un sourire avant de lui ouvrir le passage.

Lorsqu'il pénétra dans la salle commune, il aperçut Ron et Hermione assis côte à côte près de la cheminée. Harry hésita un moment, puis s'approcha timidement d'eux. Il remarqua que les dents d'Hermione étaient redevenues normales mais qu'elle paraissait plutôt renfrognée. Ron leva la tête et remarqua Harry.

"Quoi ?" aboya-t-il. "T'es venu me jeter un sort à moi aussi ?"

Harry fut un peu prit au dépourvu par cette réaction mais décida de l'ignorer.

"Je...je suis venu m'excuser", répondit Harry d'une voix faible en se tournant vers Hermione.

"T'excuser ?" explosa alors Hermione. "Tu es venu t'excuser ; mais de quoi ? De ne pas me défendre devant Rogue alors que c'est de ta faute si j'ai été ensorcelée ? De ne pas m'avoir soutenue en m'accompagnant à l'infirmerie ? D'avoir fait perdre cents points à Gryffondor simplement parce que tu ne sais pas comment contrôler tes nerfs ?"

La salle commune était devenue subitement silencieuse. Tous les élèves s'étaient tournés vers les trois et les regardaient d'un air surpris. Les disputes entre Ron et Hermione étaient habituellement ignorées mais là, c'était Harry qui se disputait avec les deux autres, fait très inhabituel. Harry se sentit rougir à l'annonce de la dernière phrase ; Hermione avait totalement raison, il en était bien conscient, mais de là à l'accuser de ne pas l'avoir défendue ! "Je dois avoir manquer quelque chose, se dit-il. Hermione ne s'énerve pratiquement jamais..."

"Moi au moins je l'ai accompagnée à l'infirmerie", ajouta Ron d'un ton venimeux.

Harry qui l'avait ignoré jusqu'à présent se tourna brusquement vers lui. Toute la colère et le stress qu'il avait accumulé ces derniers jours explosèrent.

"Tu crois peut-être que j'aurais pu partir l'accompagner alors que Rogue était à un mètre de moi ? Il ne m'aurait pas laissé m'échapper comme ça je crois !" hurla Harry de toute la force de ses poumons.

"Tais-toi Harry !" répliqua Hermione d'une voix forte et suraiguë. "Ron a raison ! Ce tournoi t'arrange plus qu'autre chose ! Tu peux ne plus travailler en cours puisque tu n'as plus d'examens, la vie est belle, hein ?"

"Je ne vois pas de quoi tu parles, Hermione ! Tu dévies le sujet, tu sais très bien que je n'ai aucune envie de participer ! Ron t'as rallié à sa cause, c'est ça ?" s'emporta Harry.

Il avait compris maintenant pourquoi Hermione était en colère. Au fond d'elle-même elle était jalouse de lui pour le tournoi, elle aurait bien voulu montrer ses capacités devant les autres élèves de l'école, mais son amitié avec Harry et son intelligence avaient pris le dessus. Pourquoi se disputer avec Harry alors qu'il n'y était pour rien...? Elle comprenait parfaitement la situation. Cependant la dispute entre Malefoy et Harry, et Ron à ses côtés défendant son opinion lui avait fait changer d'avis.

"C'est de ma faute maintenant ?" s'écria Ron qui s'était levé de sa chaise et s'approcher de lui d'un air menaçant.

"Tout à fait !"

"RETIRE CE QUE TU VIENS DE DIRE !"

"C'EST DE TA FAUTE !"

"CA SUFFIT !" hurla Hermione.

Ron et Harry se turent mais continuaient à se fixer dans les yeux en serrant les poings. La salle commune retenait son souffle. Hermione se tourna vers Ron qui avait les oreilles aussi rouges qu'une tomate et lui fit signe de s'asseoir près d'elle, confirmant ce que Harry pensait. Elle préférait la compagnie de Ron à la sienne.

"Je suis désolée Harry, mais Ron et moi devons faire notre devoir de métamorphose. Si tu pouvais nous laissez...", dit Hermione d'un ton froid.

Harry ne se le fit pas dire deux fois et sortit de la salle commune en prenant bien soin de faire claquer le portrait de la grosse dame qui commença à tempêter contre les élèves de mauvais caractère. Il couru au troisième étage dans une salle de classe vide, ferma la porte d'un colaporta et se laissa glisser contre le mur. Il prit sa tête dans ses mains et éclata en sanglots.

Il n'avait jamais pleurer, ou pratiquement, depuis l'âge de quatre ans. Chez les Dursley, il avait appris très tôt que pleurer était un signe de faiblesse. Quand Harry avait environ trois ans et demi, il était tombé dans les escaliers et s'était entaillé la paume de la main avec le ciseau qu'il tenait dans la main. La blessure saignait abondamment et il commença à pleurer. Oncle Vernon, ameuté par tout ce raffut, découvrit Harry assis au bas des marches pleurant en serrant sa main douloureuse contre son buste. Oncle Vernon avait commencer à tempêter contre Harry qui tachait le tapis avec son sang puis lui avait assené une belle paire de claques avant de le jeter dans son placard. Harry avait pleuré silencieusement toute la nuit, et ce fût bien une des dernière fois qu'il versa des larmes.

Au bout d'un quart d'heure, Harry finit par se calmer et tacha de reprendre ses esprits. Il se leva et alla s'asseoir sur une table. Il essuya ses larmes avec la manche de sa robe de sorcier. Il venait de perdre ses deux seuls meilleurs amis, ses tout premiers amis.

"Ron est vraiment un idiot !" s'écria-t-il à voix haute.

Cette journée avait vraiment été atroce ! Il avait reçu deux jours de retenue - dont il ignorait la date - de la part de Rogue, il avait fait perdre cents points à sa maison et cette stupide journaliste lui avait parlé de mangemorts qui reprenaient apparemment du service. "Dumbledore m'expliquera tout ce soir", pensa Harry.

Tout à coup, il sursauta et regarda sa montre. Dumbledore voulait lui parler après le dîner, qui était terminé depuis une heure environ ! Harry sauta sur ses pieds et couru vers la porte. Il appuya sur la poignée et la porte se révéla bloquée.

"Stupide porte !" siffla Harry en appuyant fortement contre la porte. "Ouvre toi bon sang ! Je suis déjà en retard !"

Soudain, il réalisa qu'il l'avait verrouillé vingt minutes plus tôt avec le sort qu'il avait trouvé ce midi à la bibliothèque. Il l'ouvrit d'un "alohomora " jeté à la hâte et se mit à courir vers le bureau de Dumbledore en priant pour qu'il ne rencontre personne, le couvre-feu étant passé. Il arriva devant la gargouille qui gardait l'entrée du bureau et s'arrêta dans un long dérapage. Il attendit un moment le temps de reprendre son souffle est de se sécher les yeux.

"Malabar !" dit-il à la gargouille qui fit aussitôt un pas sur le côté.

Il gravit la première marche de l'escalier qui se mit à avancer seul pour l'amener devant la porte en bois sculpté du bureau de Dumbledore. Il frappa trois coups et ouvrit la porte après avoir entendu Dumbledore dire "entrez !". Il pénétra dans le gigantesque bureau. Fumseck se tenait sur son perchoir et le fixait de ses yeux d'or.

"Entre Harry, entre !" dit Dumbledore qui se tenait derrière son bureau.

"Désolé monsieur, je n'ai pas vu le temps passé...", s'excusa Harry faiblement en s'asseyant dans un fauteuil. Cette journée l'avait vidé de ces forces, il était exténué.

"Tout va bien, Harry ?" demanda la directeur d'un ton inquiet.

Harry leva les yeux et parut surpris. "Je dois avoir les yeux rouges d'avoir pleuré...", pensa Harry.

"Oui. Je suis simplement fatigué, monsieur, ne vous inquiétez pas."

Le directeur le regarda par-dessus ses lunettes en demi-lune d'un œil critique et d'un air inquiet, mais ne fit aucun commentaire.

"Je t'ai demandé de venir me voir, Harry, parce que j'aimerais te parler de certains évènements qui se sont produits au cours de la semaine dernière", commença Dumbledore. "Comme diraient les moldus : je ne vais pas tourner autour du pot. Te souviens-tu de ce que sont des mangemorts, Harry ?"

"Ce sont les partisans de Voldemort", répondit Harry en se remémorant ce que lui avait dit Bill Weasley lors de la coupe de Quidditch.

"Oui ; plus précisément ce sont ses serviteurs. Ils portent la marque des ténèbres sur leur avant-bras gauche et c'est grâce à elle que Voldemort - avant que tu ne le fasses disparaître - les appelait à lui. Te rappelles-tu de l'attaque le jour de la coupe du monde de Quidditch ? Ce n'était que la première attaque parmis plusieurs qui suivront. Ces dernières semaines, les mangemorts ont attaqué plusieurs familles moldus. Leur technique est simple : ils n'attaquent que la nuit, pénètrent dans les maisons grâce au alohomora ou silencio pour les alarmes, capturent les moldus, les torturent quelques minutes puis les tuent d'un simple sortilège de la mort."

Harry se sentait de plus en plus mal. Il avait étudié les sortilèges impardonnables dans la classe de Maugrey et il en connaissait tous les effets.

"Il se trouve, Harry, que l'une de ses familles portaient le nom de Potter. C'est un nom répandu, je le sais bien, mais je ne crois pas que cela soit une simple coïncidence", déclara Dumbledore d'un ton grave.

Harry sentit ses entrailles se geler. Que lui voulaient-ils ? C'était donc de cela que parlait Rita Skeeter... Il leva les yeux et vit le directeur l'observant attentivement.

"Que fait le ministère ? Vous ne pouvez pas les envoyer à Azkaban ?" demanda Harry avec une lueur d'espoir dans les yeux.

"Je crains que ça ne soit pas si simple que ça, Harry. Le ministre ferme les yeux sur toutes ces attaques, il refuse obstinément de voir la réalité en face. J'aimerais que tu fasses attention, Harry, je sais que tu dois t'occuper de beaucoup de problèmes et ta participation forcée au tournoi ne m'enchante guère moi non plus. Reste sur tes gardes."

"D'accord monsieur."

"Je sais que ce n'est pas facile pour toi en ce moment ; j'ai entendu parler de ta dispute avec Mr Weasley et Miss Granger - déjà ? se dit Harry - mais si tu as besoin de quoi que ce soit, tu peux venir me voir."

"Merci monsieur", murmura Harry qui se leva et se dirigea vers la sortie.

Il allait sortir quand il entendit comme un roucoulement. Il se tourna et vit Fumseck qui le regarda dans les yeux en poussant un chant doux et calmant. Harry sourit et sortit du bureau après avoir souhaité une bonne nuit à Dumbledore.

Quand il arriva dans la salle commune, il remarqua que plusieurs élèves ainsi que Ron et Hermione n'étaient pas encore couchés. Il les ignora avec un pincement au cœur et monta dans son dortoir. Il allait entrer dans la salle de bain quand son regard fut attiré par quelque chose posée sur son oreiller. Il s'approcha et découvrit une lettre qu'il supposa être de Sirius. Il l'ouvrit et la lu rapidement. Sirius, qui avait apparemment bien reçu sa lettre, lui demandait - tout comme Dumbledore - d'être sur ses gardes et lui proposait aussi de le rencontrer devant la cheminée de la tour de Gryffondor durant la nuit du 21 au 22 novembre.

Harry soupira et se mit en pyjama dans la pénombre du dortoir silencieux. Les rayons de la pleine lune filtraient à travers la fenêtre et Harry se surprit à penser au pauvre professeur Lupin qui devait se trouver dans la forêt en ce moment. Il tira les rideaux rouges autour de son lit et se coucha, perdu dans ses pensées. Il songeait à Ron et à Hermione qui ne voulait plus lui parler et à la discussion qu'il avait eue avec le directeur. Il s'endormit rapidement et sombra dans un sommeil lourd, envahi de mangemorts encagoulés, de Malefoy couvert de furoncles et de Rita Skeeter aux dents si longues qu'elle marchait dessus.


Les deux semaines qui suivirent furent un supplice pour Harry. La date de la première tâche approchait de plus en plus vite et Harry sentait son angoisse grandir en lui, l'oppressant un peu plus jour après jour. Ron, Hermione et la plupart des Gryffondor l'évitaient et il devait subir les remarques sarcastiques et cruelles des élèves des autres maisons. L'article de Rita Skeeter avait paru quelques jours après son interview. Cependant, le tournoi n'occupait que le dernier paragraphe de l'article de deux pages. Le reste résumait la vie de Harry. Il avait aussi effectué ses deux jours de retenues avec Rogue qui lui avait fait remplir des pots de queues de lézard du Mexique et de pattes de salamandres réputées pour leur effet de guérison des brûlures.

Il voyait maintenant les jours défiler comme s'ils étaient tous identiques. Il s'était inconsciemment établi une sorte de routine : il se rendait aux repas seul, s'asseyait au bout de la table de Gryffondor et n'avalait presque rien à cause de son manque d'appétit. Puis, il allait en cours et prenait le plus de notes possible. Il passait la plupart de son temps libre à la bibliothèque pour apprendre le plus de sorts possibles et en oubliait parfois d'aller déjeuner. Il restait levé jusque tard dans la nuit pour réviser, ce qui lui valait de grandes cernes sous les yeux.

"Si Hermione me voyait en ce moment, elle n'en croirait pas ses yeux..." pensa tristement Harry, un soir qu'il revenait de la bibliothèque.

Plus le temps passait, plus Harry déprimait. Certains professeurs le regardaient dans air inquiet quand il le croisait revenant de la bibliothèque juste avant le couvre-feu, et le professeur McGonnagal lui conseilla plus d'une fois d'aller voir Mme Pomfrey.

Le samedi précédant la première tâche apporta avec lui le jour de la visite à Pré-au-Lard. Harry, qui ne voulait pas subir les sarcasmes et les railleries de ses camarades, décida de ne pas y aller. Le samedi matin, il attendit donc que les élèves soient tous partis pour aller se promener au bord du lac. Il croisa quelques élèves de première et deuxième année qui discutaient paisiblement assis sur des bancs.

"Eux au moins n'ont pas de problèmes", se dit Harry en passant devant eux.

Il fit une fois le tour du grand lac, puis, exténué et les jambes tremblantes, s'assis sur un rocher à la lisière de la forêt et à l'abri des regards. Il se pencha vers une flaque d'eau et observa son pâle reflet. Le manque de nourriture et de sommeil étaient évident : il avait maigri et de grandes cernes noires soulignées ses yeux. "Je ressemble à un zombi, pensa Harry, pas étonnant que tout le monde m'évite !" Sa cicatrice, plus rouge que jamais, lui faisait de plus en plus mal. Ce n'était pas bon signe ! Harry ferma les yeux et inspira fortement l'air frais en tentant de se relaxer.

"Hermione m'aurait conseillé d'aller voir Dumbledore immédiatement", se dit Harry en esquissant un triste sourire. "Si au moins Ron et elle avaient été là, il aurait pu m'aider !"

Harry resta assis à broyer du noir durant une bonne heure. Perdu dans ses sinistres pensées il n'avait pas remarqué que l'air autour de lui s'assombrissait petit à petit. C'était comme si un voile noir l'entourait. Soudain, Harry sentit une drôle d'odeur qui ressemblait fortement à celle du souffre qu'ils utilisaient en cours de potion. Harry fronça des sourcils et parût sortir de sa rêverie.

Il regarda autour de lui et s'aperçut qu'il faisait nuit. Il consulta sa montre en se demandant s'il s'était endormi - "C'est quoi cette odeur ?" dit-il à voix haute d'un ton surpris - et ses yeux s'agrandirent quand il s'aperçut qu'il n'était que 11h du matin. Une vague de panique le traversa. Ce n'était pas normal du tout qu'il fasse nuit à cette heure-ci !

Il se leva d'un bond, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Il fit un pas hésitant en avant et pénétra dans cet étrange brouillard de ténèbres. L'odeur devint plus forte et Harry, qui avait respiré un grand coup, ressentit tout d'un coup une vive douleur dans sa tête et sa poitrine. Il toussa et, se souvenant de ses connaissances moldues, reconnu ce brouillard comme un gaz volatile.

Il regarda rapidement de tous les côtés en cherchant une issue mais ne vit que du noir. Il avait des larmes qui lui coulaient sur les joues et il commençait à tousser. Une sourde panique le prit et il se mit à courir droit devant lui. Le brouillard semblait le suivre. Il ne savait pas où il allait. Ses jambes tremblaient et il rassembla le peu de forces qui lui restaient pour continuer à courir. Une branche lui érafla la joue. Il courait toujours, complètement englouti dans le brouillard noir. Tout n'était que ténèbres.

Tout d'un coup, son pied droit glissa sur quelque chose, il cria, et il tomba à plat ventre. Et la nuit se fit jour. Harry cligna des yeux à cause de l'abondance de lumière et regarda autour de lui. Il devait se trouver dans la forêt interdite car il était étalé sur un tapis de feuilles sèches et il était entouré d'arbres gigantesques. Aucune trace du brouillard noir. C'était comme si il n'avait jamais existé, tout était calme. Le souffle du vent se faisait entendre en passant à travers les feuillages des arbres et Harry entendait des rires d'élèves au loin.

Il se releva doucement et s'appuya contre un grand pin, le temps de reprendre son souffle et que ses jambes arrêtent de trembler. Il se trouvait dans une petite clairière recouverte de feuilles sèches et de petites touffes d'herbe ci et là. Ses mains le picotaient douloureusement. Il baissa les yeux et vit qu'elles étaient couvertes d'égratignures. Des gouttes de sang perlées sur sa peau et Harry les essuya prestement sur sa robe de sorcier. Ses jambes flageolaient de plus en plus. Il s'assit sur de la mousse et scruta les environs nerveusement.

"C'était quoi ce truc ?" dit-t-il à voix haute et tremblante tout en se demandant s'il avait été sujet d'une hallucination.

Au bout de dix minutes, sentant que ses jambes pouvaient à nouveaux le porter, il se releva. Il soupira, jeta nerveusement un dernier coup d'œil autour de lui et se dirigea vers Poudlard qu'il apercevait à quelques centaines de mètres.


La grande salle résonnait des discussions des élèves et des bruits des couverts tintant sur les assiettes en or. Des bougies flottaient sous le ciel étoilé qui tenait lieu de plafond. Assis à la table des Gryffondor se tenaient Ron et Hermione entourés de leurs camarades de chambres. Ils avaient tous le teint rosé par leur journée à Pré-au-Lard.

"Ron, tu ne trouves pas que Harry est un peu pâle ?" demanda Hermione qui regardait Harry assis seul au bout de la table qui lisait un livre poussiéreux. "Il est peut-être malade, il n'a pratiquement rien mangé cette semaine..."

"Huh ?" répondit Ron qui avait la bouche pleine de patates qu'il avala bruyamment. "Depuis quand tu t'intéresses à sa santé ? Tout ce qu'il veut, c'est qu'on le regarde ; et c'est exactement ce que tu es en train de faire !"

"Ron ! Ne sois pas stupide. Tu vois bien qu'il est déprimé et fatigué !"

"Je me fiche qu'il soit dépressif ! Et c'est son problème s'il ne dort pas !"

"Mais tu vois bien qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond ; regarde ses mains, elles sont toutes écorchées. Ce n'était pas le cas ce matin."

"Il est peut-être tombé dans les escaliers ?" proposa Ron d'un ton sarcastique.

"Et cette entaille qu'il a sur la joue... Tu crois qu'il est allé dans la forêt ?" balbutia Hermione avec un air inquiet inscrit sur le visage.

Ron risqua un coup d'œil vers Harry et ce qu'il vit lui serra le cœur. Hermione avait raison, Harry était tout pâle et avait de grandes cernes qui lui soulignées les yeux. Il avait l'air triste et déprimé, et pianotait nerveusement des doigts sur la table. Ron eu une soudaine envie de se lever, d'aller s'excuser auprès de lui et de lui proposer une partie d'échec. Mais cette envie s'étouffa rapidement quand il pensa à la gloire que Harry recevrait dans deux jours après la première tâche du tournoi. Cette espèce d'idiot allait encore se faire féliciter par tout le monde ! Ron sentit une bouffé de colère monter en lui et se tournant vers Hermione, dit :

"De toutes façons, je ne vois pas pourquoi tu t'inquiètes pour lui. Après ce qu'il t'a fait il y a deux semaines... Tu te rappelles comment il nous a parlé ?"

Hermione ouvrit la bouche pour répliquer quelque chose mais la referma aussitôt en se rappelant ce qui c'était passé. Elle jeta un dernier coup d'œil à Harry avec un pincement au cœur puis se tourna vers Lavande pour lui parler du cours de sortilège.


Harry était assis seul à table et feuilletait un livre "sortilèges à effet nocif, comment les reconnaître " pour tenter de trouver l'origine du sort utilisé sur lui dans la forêt. Il était sûr que ce brouillard noir était de la magie noire. Il avait déjà passé l'après-midi à la bibliothèque mais il n'avait rien trouvé. Sa recherche était d'autant plus difficile qu'il ne connaissait ni le nom du sort, ni ses véritables effets (à part une légère difficulté à respirer et un fâcheux mal de tête).

D'ailleurs, son mal de tête était de pire en pire. Le bruit environnant résonnait dans sa tête et il sentait le sang battre à ses tempes. Il soupira, ferma son livre et but une gorgée de jus de citrouille. Ses derniers temps, c'était tout ce qu'il pouvait avaler sans se sentir mal. Il regarda le long de la table et aperçu Ron et Hermione discuter avec les autres Gryffondor. "Ils ont de la chance...", pensa-t-il.

Il sentit quelque chose se poser sur son épaule et il sursauta violemment. Il se retourna d'un geste brusque et s'aperçut que ce n'était que Hagrid qui avait posé sa main sur son épaule.

"Tout va bien Harry ?" demanda Hagrid en l'observant du haut de ses 3,42 mètres.

"Oui, oui..." répondit Harry le souffle court et le cœur cognant fortement dans sa poitrine.

"Tu peux venir me voir ce soir vers minuit ?" chuchota Hagrid. "J'ai quelque chose de très important à te montrer. Apporte ta cape d'invisibilité, je t'attendrai". Puis il haussa un peu la voix et dit : "c'est gentil, Harry, mais je me débrouillerai. Bonne soirée."

Harry, qui n'avait pas eu le temps de placer un mot, se demanda pourquoi Hagrid voulait le voir à une heure si tardive. Il se leva et sortit de la grande salle en espérant qu'il ne soit pas en retard pour Sirius ce soir.


Ce soir-là, à onze heures et demie, Harry revêtit sa cape et descendit silencieusement les marches qui menaient à la salle commune. Il y avait encore pas mal de monde debout. Fred et George se tenaient dans un coin de la salle et chuchotaient en écrivant quelque chose sur un long parchemin ; Ron finissait ses devoirs à côté de Hermione qui lisait un gros grimoire et les frères Crivey essayaient d'ensorceler des badges VIVE CEDRIC DIGGORY pour leur faire dire VIVE HARRY POTTER à la place.

Harry passa devant eux sans un bruit et attendit devant le portrait de la grosse dame que quelqu'un daigne ouvrir le passage. Au bout de dix minutes, alors que Harry commençait à s'inquiéter d'être en retard, le portrait s'ouvrit. Il se glissa rapidement dehors et faillit écraser la queue de Pattenrond qui lui avait permis de sortir. Le chat le fixa de ses grands yeux jaunes et miaula doucement avant de rentrer dans la salle commune.

Harry resta figé sur place. Il avait bien sa cape d'invisibilité ? Comment faisait donc Pattenrond pour le voir ? Réalisant qu'il allait être en retard, il se mit en marche en pensant que Miss Teigne arrivait elle aussi à le voir malgré la cape.

"Espérons que je ne rencontre pas Mc Gonnagal sous sa forme animagus...", pensa Harry.

Le parc était plongé dans le noir. On ne voyait ni la lune, ni les étoiles. Harry marcha droit vers la lumière qui provenait de la maison de Hagrid. C'était comme un phare au milieu d'un océan sombre et immense. Il frappa trois coups à la porte et attendit.

"C'est toi, Harry ?" murmura Hagrid en jetant un coup d'œil au dehors.

"Oui".

Harry rentra à l'intérieur de la cabane mais n'enleva pas sa cape pour cacher sa pâleur et ses cernes. Hagrid s'inquiéterai sûrement. Harry l'observa et vit avec stupéfaction qu'il portait un costume marron et avait apparemment tenté de se coiffer, vu les restes de peigne coincés dans sa tignasse brune.

"J'ai quelque chose à te montrer. Viens avec moi et ne fais surtout pas de bruit. Tu es là au moins ?" demanda Hagrid en fronçant les sourcils.

"Oui", répondit Harry, peu bavard.

"Parfait, allons-y. Crokdur, reste là !" ordonna-t-il au molosse affalé sur le sofa.

"Hagrid, où allons nous ?" chuchota Harry anxieusement alors qu'ils traversaient le parc.

Mais Hagrid ne semblait pas l'entendre. Il se dirigeait d'un pas rapide vers le carrosse de Beaubâtons et, arrivé devant la porte, frappa doucement deux coups courts et deux coups longs. Madame Maxime lui ouvrit et sourit en l'apercevant.

"Agrid ! Queulle ponctualiteu !"

"Je vous souhaite bien le bonsoir, Madame", déclara Hagrid d'un ton ampoulé.

Il lui fit descendre le marchepied d'or du carrosse et lui offrit son bras. Ils commencèrent à marcher d'un long pas vers le lac. Harry tenta tant bien que mal de les suivre mais au bout de deux minutes, il les perdit de vue. Il était exténué. Il ne pouvait pas appeler Hagrid, ne pouvait pas non plus courir - il était trop fatigué - et voulait savoir où Hagrid voulait l'emmener. Il se remit en marche et se dirigea dans la même direction que Hagrid et Madame Maxime.

Il marchait depuis cinq minutes, baguette à la main, quand il entendit un effroyable rugissement. Il fit un bond monumental dans les airs et leva sa baguette. C'est alors qu'il les vit. Des dragons ! Il y en avait quatre ; ils se tenaient dans un enclos et étaient entourés de sorciers tentant de les contrôler. Soudain, de multiples jets de lumière rouge jaillirent des baguettes des sorciers et touchèrent un des dragons qui s'effondra. Hagrid et la directrice de Beauxbâtons discutaient apparemment avec Charlie Weasley mais Harry n'entendait pas ce qu'ils se disaient.

Il se retourna et commença à se diriger vers Poudlard. Il avait compris à quoi serviraient ces dragons, pas besoin de s'attarder ici... Il allait devoir les combattre! Rien que ça ! Il sentit son angoisse grandir un peu plus et se jura d'aller à la bibliothèque cette nuit après avoir parlé à Sirius. Il entendit soudain quelque chose bouger dans les feuillages. Il s'arrêta un instant - baguette à la main - tendit l'oreille et repartit en hâtant le pas en repensant au brouillard noir.

Il arriva devant le portrait de la Grosse Dame à 23h55, et s'empressa de lui dire le mot de passe. Il pénétra dans la salle commune, heureusement vide, enleva sa cape et s'affala dans un fauteuil. Il se prit la tête dans les mains et prit de grandes respirations pour tenter de se calmer. Il sentit quelque chose sous ses fesses, ramassa l'objet et s'aperçut que c'était un des badges VIVE CEDRIC DIGGORY que les frères Crivey avaient pour l'instant réussi à bloquer sur A BAS L'AFFREUX POTTER. Il soupira et d'un geste rageur, jeta le badge dans la cheminée.

"AIE ! C'est ta façon d'accueillir ton parrain préféré Harry ? Ca fait mal tu sais..."

"Sirius !" s'écria Harry en sursautant. "Tu m'as fait une de ces peurs !"

"Et toi tu m'as fait un de ces bleus avec ce machin que tu m'as lancé!" ironisa Sirius en retour.

"Oh, je suis désolé Sirius, excuse-moi ! Je l'ai pas fait exprès, je te le jure... Pardon...", balbutia Harry en tombant à genoux devant le feu vert pour mieux voir son parrain.

"Harry, calme-toi... Harry, c'était une blague. Je ne t'en veux pas", le rassura Sirius d'un ton inquiet face à la réaction de Harry. "Tu vas bien Harry ? Tu m'as l'air tout pâle", demanda-t-il d'un ton redevenu sérieux.

"Oui, oui", répondit Harry d'une voix faible, un peu honteux de s'être emporté. Il y eu un moment de silence puis Harry se mit à parler d'un coup. Il raconta tout : son nom dans la coupe de feu, sa dispute avec Ron et Hermione, son interview complètement faussée de Rita Skeeter, sa discussion avec Dumbledore sur les mangemorts, sa solitude, les railleries qu'il subissait chaque jour, la jalousie de ses deux meilleurs amis, ses deux meilleurs amis qui ne voulait plus de lui, ses deux meilleurs amis qui l'ignoraient... Il raconta tout sauf sa mésaventure dans la forêt avec le brouillard noir.

"Un dragon, Sirius ! Il ne me manquait plus que ça ! C'est comme si j'étais déjà mort ! Ils sont si énormes..." acheva Harry d'une voix tremblante et d'un ton désespéré.

Sirius qui écoutait depuis le début avec beaucoup d'attention, le fixa de ses yeux gris emplis d'inquiétude. Harry était déprimé, ça se voyait comme le nez au milieu du visage. Il était paniqué et apparemment dans un état d'anxiété quotidien.

"Calme-toi, Harry", dit-il d'un ton apaisant. "Les dragons, on peut les affronter, Harry, mais je veux d'abord que tu m'écoutes attentivement. Je ne peux pas rester très longtemps... Je veux que demain tu ailles voir Madame Pomfrey, tu as l'air au bout du rouleau. Non, écoute !" ordonna-t-il quand Harry ouvrit la bouche pour protester. "Il faut aussi que je te prévienne de certaines choses. Dumbledore a raison, il faut que tu sois sur tes gardes : Karkaroff, Harry. C'était un mangemort."

"Quoi ?" s'exclama Harry qui sentit son moral descendre de plusieurs crans, si c'était encore possible.

"Il était à Azkaban avec moi mais ils l'ont relâché. Il a conclut un pacte avec le ministère de la magie. Il faut que tu fasses attention, Harry. Maugrey est là pour veiller au grain mais on ne sait jamais... Avec toutes ces attaques de mangemorts en ce moments et le ministère qui fait la sourde oreille face aux conseil de Dumbledore... Tu me promet d'être prudent Harry, hein ? Celui qui a mis ton nom dans la coupe de feu veut sûrement te voir te faire tuer... Tu as entendu parler de la sorcière du ministère qui a disparu ?"

"Bertha Jorkins ?"

"C'est ça... Elle s'est volatilisée en Albanie et c'est pr..."

Harry se retourna dans geste vif et son cœur se mit à battre très fort dans sa poitrine. Il avait entendu des bruits de pas dans l'escalier derrière lui.

"Va-t'en", murmura-t-il prestement à Sirius. "Vite !"

Harry se releva le plus vite possible, cachant les flammes. Si quelqu'un voyait Sirius à Poudlard... Il entendit une faible détonation dans la cheminée et sut que Sirius était parti. Il s'assit par terre, le cœur battant encore à tout rompre dans sa poitrine et regarda l'escalier en colimaçon.

C'était Ron. Vêtu de son pyjama violet, il se figea sur place en voyant Harry et jeta un coup d'œil autour de la salle.

"A qui tu parlais ?" demanda-t-il.

"Je ne parlais pas", grogna Harry en retour. "Qu'est-ce que tu fais là à cette heure-ci ?"

"Je me demandais où tu...", commença-t-il. Il haussa les épaules en prenant bien soin de regarder la cheminée et non Harry et ajouta : "je remonte me coucher, je vais te laisser parler tout seul."

"Tu voulais simplement venir fouiner, c'est ça ?"

"Désolé", répliqua Ron d'un ton glacial. "J'aurais dû me douter que tu ne voulais pas être dérangé. Je vais te laisser te préparer en paix pour ta prochaine interview."

Harry sentit la colère l'envahir et, se levant rageusement, attrapa un badge sur le sofa et le jeta de toutes ses forces à travers la pièce. Le badge atteignit Ron au front, rebondit et tomba par terre. Harry le regarda droit dans les yeux, des larmes coulant en abondance le long de ses joues et déclara :

"Voilà ce que tu pourras porter pour la première tâche. T'auras peut-être une cicatrice si tu as de la chance. C'est ça que tu veux, non ? Comme ça, si je meurs, tu prendras le relais..."

Il se retourna, courut vers la sortie et se rua dans les couloirs sombres de l'école.

Ron n'avait pas bougé. Il continuait de fixer la porte d'où Harry venait de sortir. Qu'est-ce qu'il avait fait ? Il n'aurait jamais dû lui faire ces remarques...

"Harry parlait avec quelqu'un avant que j'arrive, c'est sûr. Mais qui ? Il faut que j'en parle à Hermione...", pensa-t-il. "Il faut vraiment que je lui en parle..." murmura-t-il en retournant se coucher, un peu inquiet pour Harry qui se promenait dans les couloirs.


Voilà le premier chapitre. Comment l'avez-vous trouvé? Nul, bien, pas mal, à vomir, très bien? Donnez-moi votre avis, ça permet de s'améliorer...

Comme vous avez pu le remarquer, il n'y a pas de tirets pour les dialogues (originellement il y en avait). C'est parce que j'ai un petit problèmes de chargement avec MS Word... J'ai donc utilisé la méthode anglaise des guillemets.

Cette petite histoire ne fera que 2 ou 3 chapitres que j'ai presque fini d'écrire. La suite est moins basée sur le livre de JKR, vous pouvez considérer ce chapitre comme une sorte d'intro...

J'essayerais de la poster la semaine prochaine mais je ne vous garanti rien (je suis assez occupée en ce moment avec le brevet, les spectacles de fin d'année...). A bientôt!