MA METAMORPHOSE, Yoda-les-grandes-oreilles.
Rating NC-17 : humour corrosif, scènes violentes et sexuelles explicites.
Drago Malefoy aurait-il un cœur ?
Chapitre 9 : Cartomancie.
La trappe de la salle de cours s'ouvrit dans un grincement de bois, et une échelle d'argent reluisante descendit du plafond, se posant au sol sans un bruit. Jude remit son sac sur une épaule.
« Je vais y aller, fit-elle avec un pincement au cœur. »
Elle était la seule Serpentard de sixième année à pratiquer la divination, tous les autres ayant choisi d'étudier l'arithmancie ou les runes, ce qui était le cas de Draco. Naturellement, il n'y avait personne non plus pour le cours d'Etude des moldus.
A quoi bon les étudier s'ils étaient voués à disparaître ?
Malefoy avait un peu d'amertume coincée au fond de la gorge.
Elle serait deux heures dans cette pièce étrange avec toute une flopée de Gryffondors. Cependant il ne fit aucune remarque, se remémorant l'expression de Nott à table tout à l'heure. Et après tout, quand on possédait le don de clairvoyance, c'était normal de se lancer dans la divination. Ca faisait une matière de plus dans laquelle les bonnes notes étaient faciles à obtenir...
Jude avait un pied sur l'échelle quand Malefoy la retint encore pour l'embrasser. Ses lèvres formèrent « je t'aime » à l'ombre du regard de la jeune fille. Il aurait voulu le lui dire, mais déjà des élèves bruyants s'avançaient dans le couloir par petits groupes d'amis et il la laissa s'échapper, un nœud dans l'estomac.
Hernani n'avait encore jamais pénétré dans cette salle de classe, pour le moins singulière. Il y faisait une chaleur oppressante mêlée à des parfums doucereux et sirupeux de fleurs et de sucre. Elle ne savait pas trop où s'asseoir, et comme Potter s'avançait à sa table habituelle en lui faisait un signe, elle s'empressa de le rejoindre.
« Pas un mot à Draco, prévint-elle en guise de salut. »
Potter éclata de rire. Le rouquin Weasley s'installa à son tour, et eut un sourire sarcastique en voyant le pendentif de Jude étinceler à son cou. Celle-ci rougit et déclara qu'elle se fichait de ce que pouvaient en penser les Gryffondors.
Ils étaient sympathiques tous les deux, et Jude devait admettre que Ron imitait le professeur Trelawney avec une telle ressemblance que c'en était hilarant.
Le professeur, un peu sur-maniérée à cause de la présence d'une nouvelle élève dans sa classe, distribua des jeux de cartes sur les tables. Hernani refusa poliment celui que Trelawney lui tendit en lui montrant ses propres cartes, qui appartenaient à son père et qui étaient dans la famille depuis plusieurs générations.
La méduim s'en vexa un peu mais redevint nettement plus aimable en constatant le bel état de conservation du jeu, ainsi que sa qualité.
« Vous savez le manipuler ? demanda-t-elle d'un ton supérieur.
Je crois que ça va aller, merci, répondit Jude en souriant. Qu'est-ce que vous nous demandez de voir ?
Et bien posez donc la question qui vous plaira ! répondit Sybille, pas convaincue qu'aucun de ses élèves ait le niveau d'interpréter les cartes. »
Et le professeur s'éloigna vers Parvati et Lavande, qui s'emprèsserent de bombarder de questions leur prof préférée.
« Tu parles d'une clocharde, pouffa la Serpentard.
Pourquoi ? demanda Harry en souriant.
Elle n'a même pas vu que le jeu était incomplet, ni qu'il recquierait l'utilisation de la magie noire…chuchota-t-elle. » Weasley parut vaguement affolé mais la française le rassura.
« La seule chose qui change, c'est la manière de les lire, promit-elle. Il n'y a aucun danger. Bien…vous avez des idées de questions ? »
Les deux Gryffondors haussèrent les épaules.
Jude se leva et alla chercher du matériel : une coupe d'argent et de la sauge.
Elle disposa ses cartes en tas devant elle, ainsi que la coupe. Puis elle se tourna vers Harry et Ron, déroutés par son évident savoir-faire.
« Quoiqu'il arrive, pendant la transe, ne touchez pas aux cartes.
Heu…d'accord, répondit Potter, vaguement inquiet tout à coup. »
Hernani déposa les feuilles de sauge une à une dans la coupe, l'air très concentré, puis elle détacha le médaillon de Malefoy et l'ajouta au reste. Elle se tourna vers Potter :
« T'aurais pas un couteau ?
Si…Tiens, fit-il en sortant le couteau de Sirius de sa poche. » Il avait remplacé la lame fondue par une lame ordinaire.
La Serpentard prit une inspiration et s'égratigna le bras. Les autres élèves, qui s'étaient retournés, étonnés en entendant le cri horrifié de Weasley, blêmirent. Jude, comme ci de rien n'était, fit tomber quelques gouttes de sang dans la coupe et rendit son couteau à Harry. Elle ne semblait pas se préoccuper des visages effarés tournés vers elle.
L'expression grave, elle chuchota : « Parlons un peu de Malefoy… »
Aussitôt elle tomba en transe, ses yeux se changèrent en deux globes noirs et son visage se figea comme une statue de sel.
Les cartes évoluaient entre ses mains sans qu'elle n'utilisât sa baguette, suspendues dans les airs par un souffle magique presque palpable. L'état d'impassibilité de la Serpentard ne demeura pas immuable et se troubla quelque peu. Les élèves la virent frissonner et froncer les sourcils en chuchotant le nom des cartes qui se pressaient devant elle à toute vitesse, ses mots se chevauchant les uns sur les autres. « Le cœur, le cercle, la vérité, l'inconnue.»
Quatre cartes qui semblaient revenir à maintes reprises.
Trelawney était dépassée par les évènements, et lorsqu'elle tenta de s'emparer des cartes pour faire cesser la transe de Jude, pour le moins effrayante, Weasley hurla : « Ne touchez pas aux cartes ! »
Dès cet instant, Hernani eut un haut le corps et poussa un cri étouffé. Une larme noire roula sur sa joue, suivant la fossette da sa pommette en traçant un sillon sombre sur le visage pâle de la sorcière.
Les images se superposaient dans son esprit en un désordre étourdissant. Elle n'y comprenait rien.
Elle se vit d'abord danser au bal de Noël avec Draco.
…
S'ensuivit l'image d'une haute silhouette qui la frappait.
…
Un corps tombait au sol, des capes sombres autour de son visage.
…
Malefoy lui faisait l'amour.
…
Elle le voyait lui crier dessus, les traits déformés par la fureur.
…
Elle voyait la Marque, partout la Marque : sur la peau et dans les ciel, dans les yeux de Draco…
…
Et un village agressé fut sa dernière vision.
Dans un cri de rage, sa main balaya les cartes, qui se placèrent en une suite ordonnée sur la table, et quitta sa transe.
Le retour à la réalité n'était jamais une étape agréable. Elle s'essuya les yeux, épuisée, et vit de l'encre sur ses doigts.
« Jude ! Ca va ? s'exclama Harry. » Elle se prit la tête dans les mains.
« Ca va, répondit-elle calmement. »
Elle se pencha sur la table, déplia un parchemin, et recopia la suite qui s'étalait sous ses yeux.
Puis elle réfléchit. Les flashs qu'elle avait perçus au cours de la transe étaient indénombrables, et elle ne put se souvenir que de quelques uns d'entre eux. Le souvenir, qui n'en était pas encore un en réalité, de Draco la pénétrant, son visage contre le sien, leurs corps en sueur et leurs souffles se fondant l'un dans l'autre au rythme des va-et-vient du sexe du Serpentard en elle, lui sembla une réalité bien lointaine.
Elle eut quand même un sourire conquit. Il n'y avait pas que de mauvaises choses à l'horizon.
« Qu'avez-vous vu ? s'écria presque Trelawney, surexcitée.
J'ai d'abord besoin d'ordonner mes idées…s'impatienta Jude en regardant le parchemin à bout de bras. »
Tout revenait à la même chose, tournait autour d'une même idée, la carte de la Vérité, au centre des autres, semblait dominer le jeu.
« La Vérité…grimaça-t-elle.
Ce n'est pas un heureux présage ? s'étonna Harry. »
Lui et Ron s'étaient rapprochés de la fille pour regarder aussi le
parchemin.
« Pas pour moi, répondit-elle évasivement. »
Elle revint aux cartes sur la table.
« Le Roi, le Cercle, le Poison…le Cœur. Et la Vérité, murmurait-elle pour elle-même.
Le Cercle et le Roi…le Roi c'est Draco. Le cercle… »
Elle fronça les sourcils en levant les yeux au plafond, se creusant la tête.
« Tu as dit qu'il manquait des cartes, fit Ron. » Le visage de Jude s'éclaira et elle lui sourit.
« Une seule en vérité, l'Inconnue. Le cercle est l'inconnue. Le cœur…le cœur tourne autour de la Vérité et se heurte au Poison, expliquait-elle en prenant les cartes en main. »
Soudain son visage se décomposa en continuant de fixer les cartes peu bavardes.
« La Vérité est Poison pour le Cœur et précipite le Roi dans le Cercle ! lança-t-elle d'un visage horrifié. C'est le résultat qui est inconnu…la carte de la Justice. C'est…c'est la punition.
Qu'est-ce que ça veut dire ? s'exclama Ron, fasciné et impatient.
La punition…le corps qui tombe dans le village…reprit-elle. »
Potter posa la main sur l'épaule de la jeune fille et chuchota, le visage sombre :
« Une attaque à Pré-au-Lard samedi, c'est ce que j'ai vu aussi.
La Vérité doit être révélée avant samedi, gémit-elle. Comment ? »
Jude était épuisée et ses idées n'étaient plus très claires.
« Je ne suis pas sûr d'avoir tout suivi, déclara Ron.
Je…je suis tenue au secret envers certaines choses depuis mon arrivée ici, di Jude. La Vérité…Il faut que je dise la vérité à Draco.
…Et la Vérité est Poison pour le Cœur, continua Harry. Tu…tu vas devoir le perdre…
Je sais, souffla Hernani, les larmes aux yeux. Et la Vérité précipite le Roi dans le Cercle : ça signifie que Malefoy va devenir un…
Un Mangemort, termina Ron, qui semblait mieux saisir le sens des paroles sybillines de la Serpentard. »
Jude ne put réprimer un sanglot.
« Et la punition…poursuivit Harry. Pour nous ou pour les Mangemorts ? »
Elle haussa les épaules. Pas d'indication là-dessus mais il y aurait un blessé, en espérant que ce ne soit pas un mort.
Ils avaient passé le reste du cours à parler du tirage et Potter glissa à l'oreille de la Serpentard :
« Ecoute, on a une réunion ce soir, pour se préparer à contre-attaquer samedi. Si tu veux passer…On sera dans la salle sur demande.
Merci, répondit Hernani en serrant la main de Potter.
Tu es consciente que tu joues à un jeu dangereux ? On va dire que tu es traître à ton camp…prévint Weasley.
On ne le saura pas, se convainquit Jude pour elle-même. Et de toute façon, mon camp, c'est le vôtre ! conclut-elle en se levant car la cloche sonnait. »
