MA METAMORPHOSE, Yoda-les-grandes-oreilles.
Rating NC-17 : humour corrosif, scènes violentes et sexuelles explicites.
Drago Malefoy aurait-il un cœur ?
Chapitre 12 : Vérité venimeuse.
A 6h 30, Jude était déjà assise au pied de la serre n°3, grelottant dans le vent de début d'automne froid et humide. Elle ne semblait pas se rendre compte qu'elle claquait des dents ni que ses cheveux volaient autour de sa tête, si bien que son visage était à demi-caché.
Son regard vide s'apparentait à deux trous béants où le néant et le désespoir trônaient.
Même en réfléchissant à ce qu'elle pourrait dire à Malefoy, et elle était venue en avance pour cela, elle ne trouvait pas les mots justes qui exprimaient à la fois ce qu'elle faisait, ce qu'elle était, tout en insistant sur ses remords et sur l'amour qu'elle portait à Draco. Elle se voyait mal lui dire : « Bon, je t'aime à la folie tu sais, mais j'ai juré de faire enfermer toutes ces saloperies de Mangemorts en cabane parce qu'ils me révulsent… »
Une profonde souffrance la prenait à la george, en la lui serrant comme dans un étau.
Elle manquait d'air…Elle allait étouffer.
Mais qu'est-ce qu'elle faisait là ? Peut-être aurait-elle mieux fait de tout lui dire par écrit.
Et de penser que le lendemain, elle allait être touchée par je-ne-sais-quel-sort probablement assez puissant pour faire naître la culpabilité chez Malefoy, ce n'était guère rassurant.
Ses mains évacuaient son stress tant bien que mal en tournant et retournant la carte du Lutin…Cet ordure de Lutin !
Une larme roula sur sa joue dans un sanglot étouffé…Draco marchait dans l'herbe mouillée du parc en direction de la serre n°3. Il avait l'impression que ses pas se faisaient de plus en plus lents à mesure qu'il approchait, et que ses semelles de chaussures étaient faites de plomb.
Il avait envie de connaître ce que Jude lui avait caché jusque là, mais il avouait son effroi. Ses sentiments étaient déjà bien écartelés depuis la veille entre l'amour qu'il portait à la française, et son devoir de chef de la résistance intra-Poudlard contre les idéaux de son directeur.
S'il avait été le seul à avoir assisté à la scène de la trahison de Hernani, il lui semblait qu'il aurait tout fait pour oublier la mésaventure et qu'il aurait continué à fermer les yeux et à s'attacher à la Serpentard…Mais maintenant que les autres étaient au courant et qu'ils le félicitaient pour son attitude hostile envers la sorcière, il comprenait qu'il avait franchi le point de non-retour.
Il ne pouvait plus l'aimer, cela lui flanquerait ses propres alliés à dos.
« Jude, fit-il en s'approchant d'elle doucement. »
Il s'assit à ses côtés et lui arracha la carte du Lutin pour refermer ses mains sur les siennes.
« Tu trembles ? Tu as froid ? On…On peut rentrer à l'intérieur, si tu veux, dit-il en montrant la porte derrière eux. »
Hernani hocha la tête et le suivit au chaud.
Une cloche hermétique s'était abattue sur eux, on n'entendait plus aucun son…le vent, le chant des oiseaux, tout avait disparu. Il ne restait plus que leurs propres cœurs battant la chamade.
Draco se jeta sur Jude et l'enlaça dans ses bras, le visage ravagé par les larmes.
« Tu me manques…souffla-t-il. Je n'ai jamais été aussi mal…Je crois que…même quand mon père s'est fait arrêté, je n'avais pas cette impression d'étouffer loin de toi… »
La sorcière, ne s'attendant pas à ça, ne sut comment réagir.
« Draco…je t'ai trahi ! rappela-t-elle.
Jude…qu'est-ce qui se passera quand tu m'auras tout dit ? »
La jolie blonde s'éloigna un peu de lui pour le regarder dans les yeux.
Les iris de Malefoy étaient comme deux océans en tempête, où la glace, brisée et malmenée par les flots, peinait à reprendre le dessus.
« Tu vas être furieux contre moi, répondit-elle sur un ton décidé mais relativement calme. »
Il fallait y aller maintenant, et tenir jusqu'au bout. Draco devait tout savoir, c'était le déroulement des choses, la marche de l'avenir.
Le préfet passa les mains dans ses cheveux et se reprit, prêt pour les aveux :
« Qu'est-ce que je dois savoir ? demanda-t-il.
Pose-moi la question, Draco…
Tu es là sous une fausse identité ? Tu ne t'appelles pas Jude Hernani, c'est ça ? »
La jeune fille eut un sourire un peu forcé.
« En effet, les précautions étaient nécessaires.
Tu t'appelles comment ?
Ca, je n'ai pas le droit de te le dire Draco, je suis désolée, répondit-elle en dansant d'un pied sur l'autre. »
Draco hocha la tête, les sourcils froncés, et tourna un peu dans son esprit la question qui le harcelait depuis quelques jours…bien qu'en réalité, ce n'était pas vraiment une question.
« Ton père travaille pour l'Ordre du phénix, lacha-t-il. Mais je ne comprends pas ! Parce que si c'est la cas, pourquoi n'es-tu pas venue t'installer ici dès l'année dernière, quand le Seigneur des Ténèbres est réapparu ?
Mon père est un bien un membre de l'Ordre…Et s'il a attendu pour venir s'installer en Angleterre, c'est… »
Elle se figea et un voile d'horreur passa sur son visage.
« Quoi ? insista Draco.
Je t'expliquerai ça après, lança-t-elle, le regard fuyant. Il faut que tu saches que je suis pré-inscrite à l'Ordre…et je…je suis déjà en mission officieuse.
Qu'est-ce que tu veux dire ! demanda Malefoy, dont les yeux se glaçaient au fur et à mesure que Jude répondait à ses questions.
Je veux dire que je suis en mission pour l'Ordre, ici, à Poudlard. Je… » Elle prit une inspiration et lacha, la voix étranglée :
« J'ai moi-même demandé à être envoyée dans la maison Serpentard.
Quoi ? Tu…tu n'es pas une Serpentard ! s'horrifia Draco. »
Il toussa et déglutit difficilement, avant de crier rageusement.
« Tu es une Gryffondor ! J'en étais sûr !
Non ! se défendit Jude. Je suis une Serdaigle, je t'assure… »
Le blondinet, désappointé, répéta :
« Serdaigle ? Mais…
Laisse-moi finir, bon sang ! cria Jude, en larmes à nouveau. Qu'est-ce qu'un membre de l'Ordre, selon toi, trouverait d'intéressant chez les Serpentards ?
Tu es un mouchard ? s'épouvanta Draco. »
Jude ne répondit pas.
« Tu…tu nous as espionnés ! Tu t'es servie de nous ? Tu…
Je devais mieux connaître les futurs Mangemorts et essayer de les faire changer d'avis.
Mais alors…Nott et moi…tu nous fréquentais pour le compte de l'Ordre ! hurla Malefoy d'une voix brisée. »
Des larmes remplirent ses yeux froids et il murmura :
« Et moi, tu t'es servie de moi ? Tu n'éprouves rien pour moi ? Tu m'as menti !
Draco ! Je vous ai menti, c'est vrai, mais je t'assure je…Je t'aime. »
Un silence criant de couleur creusa une tranchée entre les deux Serpentards. Malefoy, les joues baignées de larmes, regardait la fille qu'il aimait sans la voir.
Je t'aime, je t'aime…Elle avait osé lui dire je t'aime ! Mais c'était une espionne ! Une menteuse ! Une sale traînée ! Une…dévergondée !
Il ferma les yeux quelques secondes en crispant les poings, puis tourna les talons et se dirigea vers la porte.
Il voulait la fuir, fuir son aura si douce et ses grand yeux bleus humides énamourés.
Il avait déjà fait son choix, et c'était le devoir. Le devoir avant tout.
« Attends ! cria-t-elle en courant vers la porte. »
Elle le retint par le bras et poursuivit :
« Il y a encore quelque chose…
Je ne suis pas certain d'avoir envie de l'entendre, lacha Draco, le regard à nouveau dur.
Draco…c'est important, ça change tout entre nous. »
Malefoy retira la main de la sorcière de son bras et se tourna vers elle.
« Mon père a longtemps hésité à nous ramener en Angleterre, ma mère et moi, parce qu'il avait peur pour nous. De même que le choixpeau a longtemps hésité à m'envoyer à Serpentard, parce que je n'en avais pas le droit… »
Malefoy ouvrit la bouche, le visage décomposé.
« Ma mère est moldue… »
Quatre mots qui enflammèrent l'esprit du Serpentard.
Sang-mêlé ! Sang-mêlé ! Jude était une Sang-mêlé !
« Tu ne vaux pas mieux que cette ordure de POTTER ! cracha-t-il en s'avançant vers elle. »
Jude reculait devant l'air menaçant du préfet.
« Ah mon Dieu ! Je n'arrive pas à croire que…Tu m'as caché ça ! hurla-t-il. Je me suis souillé avec toi ! Tu n'es pas digne de porter ces couleurs ! Tu n'es pas digne de m'aimer ! TU ES UN MONSTRE ! »
Draco continuait de s'avancer vers elle, manquant de la faire trébucher, terrifiée et honteuse.
Sa tirade terminée, Malefoy la regarda un moment, le visage dégoûté, et il s'écria : « CHIENNE ! » en la frappant au visage de son poing nerveux et puissant.
Hernani tomba au sol, un peu sonnée, son être brisé. Elle porta la main à son visage, elle avait du sang sur les doigts.
Malefoy disparaissait déjà à l'angle de la serre.
C'était terminé, ou plutôt non, tout commençait…
Théo se demandait où ils étaient passés, tous les deux, quand il vit Malefoy surgir dans la Grande Salle. Le Serpentard lui avait rarement vu l'expression si dangereuse. Ses yeux brillaient d'un éclat métallique, au milieu de son visage pâle portant des traces de larmes.
Draco s'assit à côté de Nott, tremblant de rage.
« Qu'est-ce qui t'arrive ? s'étonna celui-ci. »
Potter vit avec un nœud dans l'estomac le grand trouble de son ennemi, et jura :
« Elle a dû lui dire la vérité… » Hermione fronça les sourcils mais elle n'était guère plus rassurée que Harry.
« Ce serait quand même mieux de comprendre de quelle vérité on parle, souffla Weasley.
Je crois…je crois que Jude n'est pas une Sang-pur, lacha enfin Harry. »
L'idée lui trottait dans la tête depuis la veille mais il n'en avait pas encore fait part aux autres.
« Oh mon Dieu ! s'horrifia Ginny.
Tu l'as dit…acquiesça Potter.
C'est pas ça, regarde ! fit-elle en lui désignant la porte. »
Jude se tenait dans l'embrasure de la porte, le visage tuméfié et les yeux hagards.
Plus aucune larme ne parvenait à couler sur ses joues. C'était comme ça et puis c'est tout. Malefoy la prenait pour un monstre ? Ah ! Il rigolerait mieux le lendemain, lorsqu'elle serait blessée par la faute de ses « alliés ».
En attendant, c'était vrai qu'elle avait l'apparence de quelqu'un qui venait de se faire tabasser, et de nombreux élèves la regardaient, bouche bée, Théo le premier.
Hermione fit signe à Jude de venir s'installer à leur table, ce qu'elle effectua avec un grand soulagement.
« Ca va, je ne suis pas morte ! plaisanta-t-elle devant le silence persistant et les regards inquiets des Gryffondors.
Mais il t'a salement amochée…murmura Potter.
Mais je l'ai mérité, répondit-elle, les mains crispées sur le bord de la table.
Personne ne mérite un châtiment pareil ! objecta Neville. Il est immonde, ce Malefoy.
Ca va je vous dis ! s'écria Hernani presque avec colère. »
A ce moment là, un bruissement d'ailes remplit la Grande Salle et les hiboux postaux parurent avec le courrier.
« Qu'est-ce que c'est que ça ? s'étonna Weasley alors qu'une chouette hulotte de petite taille venait de lui remettre un mouchoir blanc.
C'est pour moi ! s'exclama Jude en retrouvant le sourire. Il est blanc ! Ca signifie que les aurors seront de la partie…murmura-t-elle. »
Ils s'exclamèrent de joie et Potter serra la main de Jude.
« On leur fera regretter de venir à Pré-au-Lard, à ces Mangemorts, déclara le Survivant.
Oui, et à Malefoy surtout…sourit la Serpentard en croisant le regard méfiant des condisciples de sa maison sur la bonne nouvelle apparente qu'on venait de leur annoncer. »
La Grande Salle se vidait peu à peu car il était presque 8h 30 et Jude quitta les Gryffondors pour se rendre à la serre n°3, où ils avaient cours de Botanique avec les Serdaigle.
A mesure qu'elle approchait de l'édifice vitrifié, elle sentait son cœur se serrer. Dans l'herbe, juste devant la porte, quelque chose de sombre attira son attention…C'était la carte du Lutin.
Elle eut un cri de rage et déchira l'item en deux, dans un geste qu'elle savait qu'elle regretterait plus tard…Mais cela lui permit de se défouler un peu avant d'affronter le cours avec les élèves de sa maison.
Le professeur Chourave avait prévu de leur faire faire un TP sur la lynoë, la fleur dans laquelle naissaient les nymphes. Elle annonça qu'elle avait déjà fait les équipes alors que les élèves se rassemblaient par affinités.
Jude déglutit et eut la certitude qu'elle serait avec Malefoy. Elle ne pouvait l'expliquer, elle le ressentait, c'est tout.
En effet, Mrs Chourave énonça les équipes de deux qu'elle avait effetuées, et le nom de Malefoy se vit accompagné de celui de la française. Il tourna un regard révulsé vers Hernani et serra les mâchoires.
En cet instant, Jude, tout aussi froide envers celui qui l'avait cognée une heure plus tôt, pensa qu'il lui faisait pitié. Il fallait qu'il arrête sa comédie, ça devenait agaçant ! Et qu'il comprenne qu'elle n'était pas plus enthousiaste que lui à l'idée de devoir supporter deux heures en sa « magnanime » compagnie.
Ils s'installèrent tous les deux devant leur pied de lynoë et commencèrent l'étude.
Ils n'échangèrent pas une parole, ni un regard.
« C'est excellent, fit Mrs Chourave en lisant leurs compte-rendus. Mais je vous avais demandé de travailler en équipe, les jeunes ! Alors, je fais comment, moi ? Quel TP je note ? »
Draco et Jude échangèrent un regard méprisant.
« Et bien notez donc celui qui vous semble le meilleur, lacha Malefoy d'une voix un peu insolente.
Très bien Mr Malefoy. Dans ce cas, celui de votre camarade me paraît le mieux approprié… »
Jude tendit sa feuille au professeur avec un sourire qui plongea son voisin dans une profonde amertume.
Elle tourna son visage vers lui et ne put s'empêcher d'éclater de rire devant la tête qu'il tirait. Le regard du blond se rétrécit.
« Ris autant que tu peux aujourd'hui, Hernani, parce que je ne donne pas cher de ta peau demain ! siffla-t-il entre ses dents.
Tu ne crois pas si bien dire…répondit-elle en rangeant ses affaires et en rejoignant Théo à la sortie. »
