MA METAMORPHOSE, Yoda-les-grandes-oreilles.
Rating NC-17 : humour corrosif, scènes violentes et sexuelles explicites.
Draco Malefoy aurait-il un cœur ?
Chapitre 15 : Prise de risques.
Chez les Serpentards, l'attitude de Malefoy avait du mal à passer. On l'avait cru tout d'abord dépressif à cause de leur échec à Pré-au-Lard, mais il s'avérait que le problème était lié à Hernani. Ils avaient alors imaginé, ne pouvant concevoir une telle lâcheté de la part de leur leader, que Malefoy s'inquiétait de l'état de santé de la française parce qu'on le suspectait comme coupable.
Mais lorsque la Serpentard sortit du coma et que Draco devint distrait et souriant comme s'il était amoureux, ils ne purent que se rendre à l'évidence : cette petite peste leur avait enlevé leur capitaine, et ils comptaient bien leur faire payer, à tous les deux, ce comportement déplorable.
La majorité des élèves était partante pour casser la gueule à Malefoy, mais quelques élèves résonnés préchèrent pour une réunion au cours de laquelle on laisserait leur chef s'expliquer. Connaissant Draco, peut-être avait-il quelque chose en tête ? D'autant plus que son père avait manifestement besoin de renseignements sur la famille de Hernani.
C'est pourquoi, lorsque le préfet descendit dans la salle commune l'air guilleret ce matin-là, il fut pris d'une nausée étourdissante.
Tous les fidèles l'attendaient, le regard mauvais, rassemblés en un petit comité peu accueillant et se faisant des messes basses. Draco déglutit, qu'est-ce qu'il pourrait bien leur dire ?
Malheureusement il n'eut pas le temps de réfléchir à la question car un certain Douglas l'interpella vivement :
« Hé Malefoy, tu as une minute à nous accorder ? demanda-t-il poliment alors que Draco comprenait que cette question ne souffrait aucune réplique.
Qu'est-ce qui se passe ? répondit celui-ci les yeux glacés, montrant bien l'ascendant qu'il détenait encore.
Tu te comportes plutôt bizarrement, ces derniers temps…claqua le dénommé Douglas. »
Malefoy ne laissa aucune émotion se refléter sur son visage (au moins quelque chose d'utile que lui avait appris son père) et proposa :
« Réunion ce soir dans la salle sur demande. »
Les Serpentards hochèrent la tête, le regard toujours méfiant, et Draco comprit qu'il était temps pour lui de partir.
« Tu vas où comme ça, Malefoy ? l'interpella perfidemment Johnson, un cinquième année.
Tu ne devines donc pas ? répondit le blondinet sans se retourner, le sac sur l'épaule. »
Quelques instants plus tard il entra doucement dans l'infirmerie et le guérisseur de Ste Mangouste le laissa passer, visiblement contrarié.
Jude était assise en tailleur sur son lit, un miroir flottant dans les airs à hauteur de son visage, et se maquillait les yeux en ces gestes habiles typiquement féminins qui impressionnaient Draco.
« Je te dérange, peut-être ? se moqua-t-il. » Elle sursauta.
« Malefoy ! J'ai failli m'empaler l'oeil avec mon tube de mascara ! T'es con ou quoi ! »
Le Serpentard rougit, un peu fautif, mais Jude lui sourit en levant les yeux au ciel.
« Tu fais encore attention à tout ce que je raconte ? Je plaisantais…Attends, juste deux secondes. »
Elle termina de couvrir ses paupières de reflets cuivre et lança un regard prédateur à son reflet dans le miroir, comme si elle tentait de le séduire. Malefoy explosa de rire.
« J'aime ce regard modeste, pouffa-t-il. »
La blonde lui tira la langue et rangea ses affaires, puis se retournant vers lui, elle battit des cils et demanda :
« Je suis comment ?
Bien mieux qu'hier ! ricana Draco devant l'expression offusquée de son amie.
Hé ! »
Ils se regardèrent en souriant et Draco déclara :
« Tu as l'air en pleine forme…
Oui ! fit-elle en levant les yeux au ciel dans une attitude de prière. Malheureusement ils veulent toujours me garder ici ! »
Elle bondit sur ses jambes et se posta près de Draco.
« Tu vois, je me sens bien ! Je marche, je mange…
Tu racontes tu vie…la coupa Malefoy avec un rictus. »
Hernani lui donna un coup dans l'épaule, amusée.« Et surtout je m'ennuie toute la journée sans vous… »
Elle plongea son regard dans celui de Draco et ils se sentirent devenir un peu moites.
« Sans toi…souffla-t-elle. »
Le médecin pointa son affreuse tête à ce moment-là.
« Miss Hernani ! Qu'est-ce que vous faites debout ! se facha-t-il. »
Jude se dépécha de se rasseoir et se mordit l'intérieur de la joue, un peu énèrvée.
« Et vous Malefoy ? Vous ne pouvez pas la faire se tenir tranquille ?
Heu…désolé, répondit maladroitement le blondinet.
Ca va Hugh, je vais pas recommencer…promit Jude. »
Hugh fronça les sourcils et s'éclipsa en levant une dernière fois son index dans un geste autoritaire. Hernani eut un sourire triste.
« Tu ne t'asseois pas avec moi ? demanda-t-elle en montrant la place à côté d'elle.
Tu m'invites déjà à partager ton lit ? se moqua Draco. Tu ne trouves pas ça un peu précoce ? » La blonde éclata de rire et Malefoy s'assit à côté d'elle.
« Au fait, tu préfères Jude ou Judith ? demanda-t-il.
Jude c'est mon surnom, je préfère qu'on m'appelle comme ça, répondit-elle en ne quittant pas ses yeux.
Et Juju alors ? plaisanta Draco.
Ah non ! s'exclama Hernani en faisant une grimace. » Ils éclatèrent de rire.
« Jude…commença Malefoy, le visage un peu sombre. Je…je suis désolé. Je me suis comporté comme une imbécile ! Je t'ai fait souffrir… »
Il prit la main de la jeune fille dans la sienne et poursuivit, une boule dans la gorge :
« Si j'avais pu être à ta place pour…ce qui est arrivé. »
Une larme roula sur sa joue et il s'étrangla.
« J'ai cru que tu ne te réveillerai jamais… »
Jude le prit dans ses bras, une contraction douloureuse dans la poitrine, et le laissa se calmer un peu contre son épaule.
« Moi aussi je t'ai menti, tu sais…Je t'ai fait croire que tu me dégoûtais mais je… » Il s'arrêta, prit une inspiration résignée et lui souffla Je t'aime, à l'oreille.
Le visage de la française s'éclaira. Elle le força à le regarder dans les yeux et ils se sourirent.
« Dis-le moi encore…murmura-t-elle.
Je t'aime, répéta-t-il en l'attirant un peu plus vers lui. »
Elle passa ses bras autour de sa nuque et ils partagèrent leur premier baiser d'amour, et non de passion.
Un amour avoué, sincère, réciproque et tendre.
Ils s'étaient trouvés, enfin.
Nott pointa sa tête derrière le rideau.
« Je dérange ? pouffa-t-il. »
Draco hésita à lui faire signe d'entrer, puis balança un Ouais ! faussement agacé en se jetant sur la fille et en s'allongeant à moitié sur elle. Jude éclata de rire.
« Yeah ! Ca devient chaud ! se moqua Nott en prenant une chaise. »
Ils se sourirent tous les trois, profondément heureux.
« C'est à cette heure là que tu viens t'inquiéter de ma santé ? se vexa Hernani. »
Théo rougit, ce qui ne lui arrivait pas souvent, et balbutia une suite de mots incompréhensibles.
« Quoi ! s'exclamèrent Draco et Jude.
Je disais que j'avais une sorte de…rendez-vous, lacha le brun.
Un rencard ? demanda la blonde, très intéressée.
Ouais…enfin non…euh, je sais pas trop.
C'était avec qui ? s'étonna Malefoy.
C'était sûrement avec Bulstrode…dit Jude à Draco en lançant un regard en coin à Nott.
Ah non ! se défendit Théodore en soupirant. Sois pas gore dès le matin, je t'en prie !
Tu ne veux pas nous dire qui c'était ? insista-t-elle.
Non ! bougonna Nott. »
Les deux amoureux haussèrent les épaules et laissèrent tomber. Malefoy avait le regard un peu lointain et se faisait la réflexion... Si Nott avait eu un rencard avec quelqu'un, c'était logiquement un autre mec ! Mais qui ? Il avait beau chercher, il ne voyait pas…
Il faut dire que l'homosexualité était bel et bien un sujet tabou.
Et qui se vanterait d'en être concerné à leur âge ? Non, personne…
Ils continuèrent à discuter jusqu'à la reprise des cours et Draco n'eut pas l'occasion de retourner voir Jude à l'infirmerie au cours de la journée. De plus, les professeurs commençaient à les préparer aux ASPIC et le travail scolaire s'en ressentait : ils étaient surchargés de boulot.
L'état d'esprit mélancolique et distrait que le préfet conservait depuis sa visite à la Serpentard se dissipait peu à peu à mesure que se prononçait l'imminence de son rendez-vous dans la salle sur demande. Il allait courir de gros risques personnels, il n'en doutait pas, mais ce qui le tracassait peut-être le plus était le fait que ces connards puissent avertir les autorités supérieures de son changement de camp. Moins que la colère du Seigneur des Ténèbres, c'était celle de son père qu'il craignait. Lucius Malefoy était un homme sans pitié et un père exigeant, cependant il avait un certain sens de l'honneur, de l'étique… Par exemple, il n'avait jamais battu son fils étant môme, il utilisait sur lui l'Impero pour le forcer à avaler des yeux de bœufs, ce dont le jeune Draco avait horreur. Des méthodes barbares mais efficaces, jamais Malefoy fils n'avait osé manquer de respect à son patriarche, il s'était même complut à l'admirer.
Alors Draco, troublé, se posa la question : avait-il toujours su la répugnance qu'il éprouvait pour son père malgré l'hypocrisie qui faisait surface ? Ou avait-il vértablement changé ces derniers temps ?
Il était là où il était car c'était la volonté de son père, et il blâmait les Sans impurs parce qu'ils étaient du côté de Potter…Potter !
C'était lui le problème, ce qui l'empêchait de se ranger du côté de Jude. Il était si…avec ses sales cheveux ! Il faisait tout chétif avec son teint hâve et les cannes qui lui servaient de jambes… Malgré tout, tout le monde l'admirait. Ils pensaient que Potter les sauverait…
Ah ! Mais Potter était un stupide Gryffondor ! Bon…c'était quand même grâce à lui que l'infirmier le laissait aller voir Jude…Il n'était peut-être pas si irrécupérable…
Malefoy frappa deux coups à la porte de la salle sur demande et on lui répondit de même de l'autre côté. Il entra, la respiration rapide et hachée, et prit place sur une chaise parmi les autres… Il se sentait nauséeux, encerclé par ces visages blancs et mauvais, aux sourcils froncés et à l'expression farouche, tout autour de lui. Il préféra rester debout finalement, histoire de n'avoir pas à subir leurs regards pénétrants de face, et se mit à arpenter la pièce de long en large.
« Bien, est-ce que tout le monde est là ? demanda-t-il.
Tu peux y aller Malefoy, nous t'écoutons…répondit Douglas. »
Nott était là lui aussi, se rongeant les ongles, des épis dans les cheveux à force de les enrouler autour de son doigt d'un geste nerveux. Il se demandait ce que comptait faire Malefoy et espérait qu'il mesurerait ses mots s'il ne voulait pas se faire refaire le portrait par le bande de harpies ici présente.
Le blond n'en menait pas large, et comme il ne se décidait pas à parler, Douglas lui posa les questions qui les intéressaient.
Il commença par lui demander s'il avait eu des échos de ce qui s'était passé à Pré-au-Lard parmi les initiés. Draco répondit que non. Il n'avait aucune nouvelle, rien ! Son père ne lui avait pas écrit, lui qui parlait de promotion, de marque et d'agent infiltré dans l'école…
Les Serpentards semblaient un peu déboussolés, qu'est-ce qui allait se passer maintenant ? Quel serait leur rôle ? En quoi consisterait le prochain plan des Mangemorts ? Avait-on trouvé un moyen d'attaquer Poudlard ? Quand porteraient-ils la marque à leur tour ?
Autant de questions auxquelles Malefoy ne put répondre et il finit par se facher :
« Puisque je vous dis que personne n'a encore repris contact avec nous ! Que pourrai-je en savoir !
Tu as peut-être une idée, non ? »
Draco se gratta la tête, soucieux. En réalité, le silence de leurs guides était plutôt inquiétant. Ils étaient peut-être sur un gros coup ? Une attaque à Poudlard ? …Impossible, les moyens mis en œuvre pour sa défense par Dumbledore avaient prouvé leur efficacité.
Quand rejoindraient-ils le cercle ? Le moins vite possible serait le mieux…Il n'avait pas encore songé à cela.
Un bref instant de silence suivit ces probabilités fondées sur l'intuition (ils n'avaient aucune piste sérieuse), avant que quelqu'un ne se décide enfin à balancer le sujet brûlant sur le tapis.
« Si tu n'as pas reçu d'ordres de ton père, ce n'est pas pour lui que tu fréquentes Hernani ?
Pour mon père ? Vous voulez dire…
On n'était pas au courant qu'elle avait une fausse identité, et ça les intéresse. C'est plutôt louche…
Ne la mêlez pas à ça, fit Draco. En effet, peut-être que les supérieurs ont besoin de renseignements, mais pas vous. »
Ils se dévisagèrent tous, les yeux rétrécis.
« Tu prends sa défense en quel honneur ?
C'est ma petite amie ! claqua-t-il.
Elle est du côté de Potter ! s'énèrva Douglas.
J'étais là aussi quand on l'a appris, Arold.
Et tu le tolères ?
Je le tolère, je le comprends, je l'accepte et je suis POUR !
…
Qu'est-ce que tu es en train de dire ?
Que je donne ma démission à tout ça ! Je ne veux plus être un Mangemort ! Je ne veux plus vivre la vie que mon père a tracée pour moi ! Je le hais ! Je hais ces conneries qu'on nous raconte ! On nous fait croire que la mort et la destruction sont les clés de l'avenir ! Mais ouvrez les yeux, rien que ces mots : mort et avenir ! Ca n'a pas de sens ! Je veux croire en l'amour, au bonheur, à la liberté que Potter peut nous offrir. Je veux croire qu'il y a une nouvelle vie qui nous attend après cette guerre et qu'elle n'appartient qu'à nous ! JE VEUX CROIRE EN LA DEFAITE DE VOLDEMORT ! »
Ils s'étaient tous levés, encore abasourdis mais déjà la main crispée sur leur baguette, que lui, Malefoy, brandissait déjà farouchement. Nott s'avança vers lui et sentit une bouffée d'orgueil et d'honneur l'envahir.
« Je marche avec toi, déclara-t-il simplement en se postant à ses côtés et en brandissant sa baguette de même. »
…
« Tu es fou Malefoy…s'étrangla Douglas.
Non, il est amoureux, répondit Nott en souriant.
Vraiment ? s'interrogea Douglas.
Ca te pose un problème ? gronda Draco.
Je me disais juste que si tu l'aimais vraiment, tu ne voudrais pas la mettre en danger, n'est-ce pas ? »
Malefoy serra le poing et siffla, tremblant de colère :
« Seraient-ce des menaces ?
Comprends que lorsque ton père sera au courant de la situation, elle sera dans une bien plus mauvaise posture que toi. Tu es son fils, il essaiera de te garder près de lui, mais elle…
LA FERME ! rugit le blond dans un élan de rage terrifiant. »
S'il devait arriver quelque chose à Jude par sa faute, il ne s'en remettrait jamais.
« Je ne doutais pas que vous iriez tout balancer aux Mangemorts… C'est ce qu'on nous a toujours appris à faire : à se tirer dans les pattes même entre frères.
Pas vraiment, répondit Douglas.Tu l'as dit toi-même, tu n'es plus notre frère. Et pire que ça…tu as décidé de devenir notre ennemi ! Soit !ASSUME !
Très bien, je crois qu'on n'a plus rien à se dire, conclut Draco. »
Il fit un pas vers la porte mais les apprentis Mangemorts avancèrent de même, toujours armés.
« J'ai des choses plus intéressantes à faire que de me battre contre vous, fit-il en se retournant.
Tu tiens vraiment à nous trahir toi aussi, Nott ? interpella Johnson.
Ouais, répondit le brun avec un rictus. Et tu sais pourquoi ? J'ai reçu une lettre hier soir m'annonçant que mon père était mort. »
…
Malefoy lui lança un regard étonné, ainsi que tous les autres.
« Oh, Nott…commença une fillette, les larmes aux yeux. »
Il fit un geste de la main comme s'il chassait une mouche.
« Vous savez comment j'ai fêté ça ? Je me suis payé une bouteille de Firewhisky et je me suis branlé toute la nuit…Tout simplement parce que ce n'est pas tous les jours qu'on annonce de si bonnes nouvelles, pas vrai ? »
Il éclata de rire et entraîna Malefoy hors de la pièce avant que les autres n'aient digéré la nouvelle.
Nott et Malefoy se regardèrent, l'adrénaline brûlant leurs veines, et le brun déclara :
« On ferait mieux de se tirer en vitesse. »
Ils sprintèrent jusqu'à leur salle commune et s'étalèrent sur leurs lits respectifs, n'osant débattre de la scène qui venait de se dérouler. Ils avaient pris de très gros risques…non seulement pour eux, mais pour Jude également, c'était vrai.
Mais Draco jura qu'il ne lui arriverait jamais rien.
Il serait toujours là pour veiller sur elle, toujours là…pour la protéger de tout.
