Comme s'il lisait dans son esprit, le jeune homme saisit sa main dans la sienne, et dit :

— Qui que ce soit, Mangemorts ou pas, il faut que l'on s'en aille, tu comprends ?

Elle acquiesça à nouveau, sans dire un mot.

Aussitôt, le jeune homme la rapprocha de lui, entoura sa taille de son bras et dans un Plop, ils disparurent dans la nuit.


Lorsque Hermione ouvrit les paupières, le jour était déjà levé.

Recouverte d'une couverture grise miteuse, elle était allongée à même le sol au beau milieu d'une forêt, près des cendres de ce qui avait dû être un feu, encore peu de temps auparavant. Plissant les yeux, aveuglée par les rayons du soleil, elle se redressa doucement, observant les alentours à la recherche de Regulus, sans succès.

Combien de temps s'était-il écoulé entre leur fuite et son réveil, se demanda-t-elle. Et surtout, pourquoi n'avait-elle aucun souvenir de ce qui s'était passé entre ces deux évènements ? Regulus l'avait-il abandonné au beau milieu de nulle part ? A cette pensée, une boule se forma dans sa gorge. Il n'aurait pas fait cela, tenta-t-elle de se convaincre, bien que pleinement consciente du fait qu'elle ne le connaissait absolument pas, et qu'elle aurait sans doute fait la même chose si elle avait été dans la situation du jeune homme. Machinalement, la jeune femme enroula ses bras autour de ses genoux, et posa sa tete contre ses derniers. Il fallait qu'elle trouve une solution, elle le savait. Elle était coincée dans une époque qui n'était pas la sienne, la personne qu'elle avait voulu aider l'avait très probablement abandonnée au beau milieu de nulle part, elle n'avait pas d'argent, nulle part où aller, et pour couronner le tout, le règne du psychopathe qu'elle avait combattu pendant des années, était à cette époque à son apogée.

Perdue dans ses sombres pensées, la jeune femme n'entendit pas le craquement derrière elle.

— Enfin réveillée ?

Sursautant violemment, Hermione esquissa un geste pour se saisir de sa baguette, qu'elle gardait toujours coincée dans sa ceinture, mais fut déstabilisée lorsque sa main ne rencontra que le vide. Ses instincts de Gryffondor prenant le dessus, elle fit volte face, les poings levés, prête à se battre façon moldue contre le nouvel arrivant s'il le fallait.

— Si j'avais encore un doute quant au fait que tu sois une Sang-de-Bourbe, ce n'est plus le cas, commenta le jeune Black d'une voix moqueuse.

— Rends-moi ma baguette, exigea-t-elle.

Déposant un baluchon sur le sol, il jeta un coup d'oeil vers la jeune femme qui n'avait toujours pas bougé.

— Détends-toi, veux-tu. Si j'avais voulu te faire du mal, j'aurais saisi l'occasion pendant que tu dormais.

Baissant les bras, Hermione l'observa d'un air confus. Ainsi, il ne l'avait pas abandonné, réalisa-t-elle avec soulagement. Gardant les yeux posés sur lui, tandis qu'il sortait une miche de pain du baluchon, une question lui brûla la langue.

— Où est-ce qu'on est ? Et, pourquoi je ne me souviens de rien après notre transplanage ?

Un reniflement moqueur lui répondit. Le Serpentard prit le temps de vider complètement le contenu de son baluchon avant de se redresser, et de se tourner vers elle. Enfonçant ses mains dans les poches de son pantalon, il inclina la tête et la considéra en silence pendant un instant.

— Tu penses que je t'ai fait quelque chose ?

Carrant les épaules, la jeune femme ne répondit pas.

— Je vois…lâcha-t-il dans un soupir. Si tu veux tout savoir, tu t'es évanouie.

— Évanouie ? Demanda Hermione perplexe.

Voilà qui était peu probable, se dit-elle. Jamais encore, elle ne s'était évanouie à cause d'un simple transplanage. Pas même durant la bataille au Departement des Mystères, durant laquelle les transplanages en chaîne avaient pourtant fusés.

— Crois-moi, j'ai été encore plus surpris que toi. Je ne sais pas en quoi tu penses pouvoir m'aider, si un simple transplanage te met dans un état pareil.

— Tu insinues que je suis faible ? S'énerva la jeune femme.

Il secoua la tête.

— Ecoute, si tu penses que je vais ménager ta sensibilité, je vais devoir te décevoir. Je n'ai pas le temps pour cela, j'ai une mission à accomplir, déclara-t-il d'un air las.

Se sentant légèrement honteuse face à sa réaction puérile, Hermione ne répondit pas.

— Et, pour répondre à ta question précédente, reprit le jeune Black. Ta baguette est tombée lors d'un transplanage, j'ai dû retourner dans tous les endroits où je nous avais amené afin de la retrouver.

Sur ces paroles, il sortit la main de sa poche, et lui tendit sa baguette. Dans un geste timide, la jeune femme s'en saisit.

— Ah…merci, souffla-t-elle, mal à l'aise.

Regulus haussa les épaules d'un air désinvolte.

— Je ne pouvais pas la laisser là-bas. Surtout si tu comptes m'aider, tu en auras besoin.

— Alors, tu acceptes mon aide ? Pourtant, tu viens d'insinuer que je suis faible, S'étonna la Gryffondor.

— Maintenant que tu es là, lâcha le Serpentard, ce serait idiot de ma part de t'envoyer petre.

Son expression désuète fit sourire Hermione qui hocha la tête, satisfaite du tour que prenait leur conversation. Considérant leur petit échange terminé, le jeune homme fit un geste en direction du baluchon vide sur lequel il avait déposé des vivres.

— Tu dois avoir faim, dit-il simplement.

A la vue du pain, du fromage, et des raisins, l'estomac de la jeune femme fit un bruit des plus embarassants. Sentant ses joues rosir sous le regard moqueur du jeune Black, elle s'empressa de ranger sa baguette, puis se dirigeant vers les victuailles, elle se saisit d'une grappe de raisins qu'elle dévora en quelques secondes.

— Tu ne manges pas, demanda-t-elle à Regulus tandis que ce dernier s'attelait à rallumer le feu.

— Tu en as plus besoin que moi, répondit-il sans cesser ses mouvements.

— C'est-à-dire, l'invita-t-elle à continuer, d'une voix légèrement boudeuse.

— C'est-à-dire que tu t'es évanouie, et que tu n'as pas l'air bien épaisse. Alors, mange.

Fronçant les sourcils, la Gryffondor balaya son propre corps du regard pendant quelques instants. Il était vrai qu'elle n'était pas des plus pulpeuses, certes, mais elle n'était pas rachitique non plus.

— Tu me trouves si maigre que cela ?

Le jeune homme poussa un soupir exaspéré et, se tournant vers elle, il grommela :

— Que je te trouve maigre ou pas, on s'en fiche. Tout ce dont j'ai besoin, c'est que tu sois suffisamment en forme pour ne pas me ralentir comme tu l'as fait la nuit dernière. J'ai beau avoir brouillé les pistes pour ne pas qu'ils nous trouvent, être dans une forêt en plein milieu de la journée, n'en reste pas moins dangereux. Tu saisis ?

Hermione déglutit, et hocha vivement la tête.

— Bien. Alors maintenant, mange. Et quand tu seras en état, on devra se mettre en quête d'un nouvel endroit où nous cacher.

— Sommes-nous toujours en Irlande, ne put-elle s'empêcher de demander.

Le jeune homme l'observa en silence. Puis, détournant le regard, il répondit :

— Oui, et c'est tout ce que tu as besoin de savoir.

Remarquant l'air frustré qu'elle arborait, il poursuivit d'une voix ferme.

— Mets-toi à ma place. Tu dis venir du futur, et vouloir m'aider à anéantir le Seigneur des Ténèbres, mais tu refuses de me dire de quelle époque précise tu viens. Alors, si tu décides de garder certaines informations secrètes, tu dois accepter que je fasse de même.

Ne trouvant rien à répliquer, car il avait raison, la jeune femme reprit son repas. En silence, elle dévora la moitié du fromage et de la miche de pain, observant le jeune homme qui, sans relâche, plaçait des barrières magiques autour d'eux et de leur campement de fortune. Certaines des formules étaient d'ailleurs inconnues à la Gryffondor, ce qui l'étonna étant donné qu'elle était certaine de connaître tous les sorts de protection possibles. Elle ne put retenir sa curiosité plus longtemps, et se racla la gorge, espérant attirer l'attention de Regulus.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda aussitôt ce dernier.

— Je n'ai jamais entendu ces incantations auparavant, c'est de la magie noire ?

— Si on veut.

— Mais encore ? Insista-t-elle.

— Magie familiale. Ce sont les sorts de protection utilisés par la famille Black.

Hermione ouvrit de grands yeux, un sentiment d'effroi s'emparant aussitôt de son être.

— Mais, cela veut dire que ta famille peut nous localiser s'ils le souhaitent !

— Mes parents, oui.

— Tu es fou ? On est censés se cacher, pas permettre aux Mangemorts de nous retrouver en quelques secondes, si l'envie leur en prenait.

Baissant sa baguette, Regulus fixa la jeune femme d'un air sévère.

— Mes parents ne sont pas des Mangemorts. Et, jamais ils ne me dénoncerait, meme sous la torture.

— Tu es sur ? Dit-elle, l'air peu convaincu.

— Mes parents ont le sens de la famille, Hermione. Ils ne mettraient pas leur fils en danger.

— Ce n'est pas ce que disait Sirius, renifla spontanément la jeune femme.

Au moment où Regulus plissa les yeux, elle se figea, consciente de sa nouvelle erreur. Il s'avança à pas lents vers elle, et s'accroupit à son niveau.

— Tu connais mon frère.

Le ton accusateur qu'il avait utilisé découragea Hermione de nier, et nerveuse, elle se mordit la lèvre inférieure. Le jeune homme prit son silence pour une réponse.

— J'en étais sûr, chuchota-t-il, plus pour lui-même, que pour elle. Puis, croisant les bras sur sa poitrine, il fronça les sourcils et l'air mécontent, prit place sur le sol, juste en face d'elle.

— Maintenant que l'on a établi cela, est-ce que tu comptes me dire la vérité ?

— Je ne peux pas, souffla Hermione.

— Et pourtant, tu voudrais que je te fasse confiance ? Tu voudrais que je te laisse m'aider à détruire Voldemort, que je te laisse m'accompagner. alors que tu ne me dis même pas qui tu es, ni d'où tu viens ?

La jeune femme comprennait la colère du Serpentard, celle-ci était d'ailleurs tout à fait légitime. Mais, elle n'avait pas le droit de révéler le futur à qui que ce soit, c'était contre les règles que le Professeur McGonagall lui avait répété encore et encore, lorsqu'elle lui avait donné un retourneur de temps, durant sa troisième année.

Elle secoua piteusement la tête, n'osant croiser le regard du jeune homme. Ce dernier sembla se tendre subitement et, d'une main ferme, il lui releva le menton afin de planter son regard dans le sien.

— Alors, tu ne me laisses pas le choix, murmura-t-il.

De son autre main, il la menaça du bout de sa baguette, et l'air décidé, il dit d'une voix claire et forte :

— Legilimens