Empêtrés dans un rideau, près de l'entrée, Tép et Wan essayaient de se relever et de se cacher. Voyant arriver les chevaliers et leurs invités, ils stoppèrent tout mouvement, aussi immobiles que des statues.

«- Là, commenta Wan, on est mal. On peut tout expliquer ! lança t-il à la ronde.

- Il va falloir, ça c'est sûr. Camus m'a dit que vous ne deviez pas venir, en résultat de vos exploits cet après-midi. Peut-on savoir ce que vous faites là. demanda Dohko

- Euh … on visite ? tenta Tép. On regarde qui est arrivé. Maria est là ? Li veut savoir quand elle pourra la rencontrer en chair et en os.

- Vous le saurez demain. Je vous rappelle que vous ne deviez pas sortir du temple ce soir. S'impatienta Camus

- Mais c'est plus amusant comme ça. Et regarde, Bas, avec ce rideau, on peut faire un super déguisement : une toge, un fantôme ou un truc comme ça.

- Ne noie pas le poisson, Tép. Où est Li ?

- Au temple … du moins quand on est partis elle y était.

- Ca tient pas ce que tu dis, Wan, parce que Li, elle est là. Maintenant, on va voir ce que valent les chevaliers. A eux de la trouver, sourit Tép.

- Tu m'avais pas dis qu'on jouait à cache-cache !

- Pas nous, eux. Nous on sait.

- Que gagne celui qui la trouve ? demanda Maria via Masque de Mort pour la traduction.

- Un rendez-vous avec Li … commença Tép.» Sa tête fut projetée en avant, comme s'il avait reçu une claque. «Li t'es pas drôle ! Je sais pas pour la récompense, mais on trouvera. Ca dépend de combien de temps vous mettrez à la trouver. La chasse est ouverte !»

Et ils se dispersèrent, cherchant dans tous les coins sombres qu'ils trouvaient. Maria éclata de rire, puis attrapa Angelo par la main et se mit à chercher. Les autres les regardèrent étrangement, mais Tep et Wan venaient les chercher et les incluaient dans le jeu. Ils se retrouvèrent donc tous à ratisser la salle à la recherche du moindre signe de présence. Les deux frères français les regardaient, en parlant avec Maria.

«- Vous avez lancé cette comédie, vous pourriez venir y participer, leur lança Masque de Mort mécontent.

- Nous on sait où elle est, ce serait pas du jeu si on venait avec vous, répondit Tép. Bon courage.» tout ceci dit avec le plus grand sourire possible.

«- J'EN AI MARRE ! hurla Masque de Mort en frappant d'un geste brusque une colonne appuyée contre un mur.

La-dite colonne ne résista pas à la force du chevalier d'or et s'effondra. Un cri se fit entendre et lorsqu'ils levèrent la tête, ils virent Li tomber vers le sol la tête la première. Avant tout le monde, Mu bougea et rattrapa Li juste avant qu'elle touche le sol. Etrangement gêné, il la posa à terre rapidement tout en lui demandant :

«- Vous n'êtes pas blessée ? Avez-vous reçu des fragments de colonne qui auraient pu vous faire sérieusement mal ? Je suis désolé de n'avoir pu arriver avant, mais je dois dire que je ne m'attendais pas à ce que vous soyez agrippée à une colonne …

- Elle va bien, ne vous inquiétez pas.» intervint Wan, pas du tout perturbé par ce qui venait se passer. «Eh bah, t'aurais pu tomber de haut, sœurette. Je veux bien qu'ils auraient mis un bout de temps à te trouver, mais quand même … les colonnes … c'est vicieux. Ils sont pas habitués à regarder dans les hauteurs … ouais, reprit-il en rigolant, t'as peut être raison, il faut s'attendre à tout.

- On ne vous dérange pas trop, j'espère ? demanda Camus d'une voix qui se voulait neutre.

- Ah oui, Li … on a un sérieux problème … on a … légèrement fait tout le contraire de ce qu'on devait faire.»

Li haussa les épaules, genre ça ne me regarde pas et c'est pas important. Elle se dirigea vers Maria, lui sourit et l'étreignit. Maria commença à lui parler italien rapidement et joyeusement. Li écoutait et hochait la tête de temps en temps. Au fur et à mesure, les conversations reprirent, comme si rien ne s'était passé.

POV Dohko

J'observe la salle remplie de rires et de discussions. L'agitation de tout à l'heure semble s'être atténuée. Les seules marques visibles sont le rideau et la colonne. Camus a finalement renoncé à renvoyer les trois français dans son temple.

Une perturbation dans un cosmos proche retient soudain mon attention. Il vient de Mu, qui parle avec Aldébaran et son frère. Son visage ne laisse rien percevoir, pas plus que son attitude, mais son cosmos est troublé. Que peut-il arriver au disciple de mon ami ? Il allait très bien en début de soirée.

Son inquiétude exagérée face à cette jeune Li me revient subitement en mémoire. Il avait l'air aussi inquiet que quand il veillait sur Kiki quand celui-ci était malade. Mais ils n'avaient aucun liens, tous les deux. D'ailleurs, Mu la vouvoyait, c'est bien une preuve, non ?

Un serviteur s'approche discrètement de moi et me remet un mot. Son contenu me glace. Le poids de mon rôle de Grand Pope s'abat lourdement sur mes épaules. Cette soirée avait pourtant si bien commencée. Qu'ont-ils fait pour mériter ça ?

Je m'avance jusqu'à l'estrade sur laquelle se tient le trône du Grand Pope, et me tourne vers l'assemblée. Par mes prédécesseurs, que c'est injuste ! Aidez moi à leur annoncer.

Je n'eus pas besoin de réclamer le silence, car tous avaient remarqué mon mouvement.

«- Je tiens entre mes mains … » Athéna, que c'est dur. « Je tiens entre mes mains une déclaration. Elle informe le Sanctuaire qu'un dieu s'est réveillé et que son enfermement mérite une peine maximum. En bref, chevaliers, nous sommes en guerre. »

Ils se taisent, accusant le choc. Certains chevaliers, tels Aldébaran ou Shun ne demandent visiblement qu'à ce que je réfute ce que j'ai dit. D'autres, comme Masque de Mort ou Milo sont déjà levés pour en finir au plus vite. Les invités se regardent, visiblement perdus. Il leur a sûrement été assuré que les guerres étaient finies. Une voix calme, presque neutre s'élève.

«- Vous parliez d'une peine maximum ? Et est-il possible de connaître le nom du dieu que nous allons combattre ?

- Préparez-vous à rencontrer le dieu Arès, mais il n'y aura pas de combats contre ses armées. Nous nous rendrons directement à son palais, suivant ses instructions.

- Ce n'est qu'une simple épreuve, s'étonne Aiola.

- Ne la prenez pas à la légère, de vos prouesses dépend le sort de la Terre. Et celui d'Athéna.

- Que voulez-vous dire ? se garde Shura.

- Pour être sûr que nous répondrons à l'appel, Arès a enlevé Athéna lors de son séjour au Japon.

- Quelle preuve avez-vous de cela ? insiste Shura.

- La lettre a été écrite de la main de notre déesse. Maintenant, allez chercher vos armures, raccompagnez vos invités dans vos maisons respectives et revenez ici. Nous préparerons cette épreuve du mieux que nous le pouvons.»

Rapidement, les chevaliers concernés évacuent les convives. Ceux-ci n'ont pas besoin de plus d'encouragement. Seuls restent derrière les trois français, Maria et Iana. Ils semblent avoir envie de poser une question. Ce fut Iana qui se lança.

«- Mon frère m'a assuré que vous n'attendiez plus de guerre sainte pour les deux centenaires à venir. Comment se fait-il que vous ayez pu perdre des informations aussi capitales que la fin d'un sceau ? Comment se fait-il que vous ayez pu perdre toutes ces données ? » les quatre autres approuvèrent ses paroles, tandis que tous attendaient ma réponse, sur le seuil de la porte.

- En quoi cette information va t-elle vous aider à faire face à cette guerre ?

- Je veux savoir où vous envoyez mon frère et pourquoi il va se battre jusqu'à la mort sans préavis, alors que vous teniez il n'y a pas plus d'une heure le discours opposé.

- Il a choisi de devenir chevalier.

- Vous esquivez. Oui, ils ont choisi, mais je préfère savoir. Vous envoyez des chevaliers se battre, je peux perdre mon unique frère. Il est hors de question que je le laisse partir sans savoir.

- Et vous espérez une réponse de ma part sur le fonctionnement interne du Sanctuaire ?

- Si vous en avez besoin pour répondre à ma question, oui.

- Alors sachez mademoiselle que ces données que vous nous reprochez de ne pas avoir ont été détruites par Arlès lorsque les chevaliers divins ont gravi la route du zodiaque. Lorsque Seiya arriva au bout des escaliers du jardin, qui donnent sur ce palais, Arlès descendit aux archives et brûla les données relatives aux guerres saintes de cette génération. Voilà pourquoi personne au Sanctuaire ne pouvait prévoir l'urgence d'aujourd'hui. Etes-vous satisfaite ?

- Oui. Vous m'excuserez d'avoir pris votre temps.

Fin du POV Dohko

- Hey ! s'exclama quelqu'un. Vous êtes sûr que vous vous sentez bien ?»

Saga était blanc, le visage désespéré, les yeux remplis de tristesse et de culpabilité.

«- C'est ma faute.

- Ah bon ? s'étonna Luciano. J'avais pas entendu parler de ça !

- Vous n'auriez pas plus été inquiété par les combats. Ce fut le rôle des bronzes de me combattre.»

- C'est étrange de voir tout le monde leur lancer des fleurs maintenant qu'ils ont réussi, s'étonna Maria. Mais c'est amusant de le voir. Bon, je croyais qu'on devait vous laisser ?

- En effet. Mais nous pourrons reprendre cette discussion cette discussion plus tard.

- J'en serai ravie.»

Elle rejoignit le groupe des invités et tous s'apprêtèrent à partir lorsque Tép et Maria s'arrêtèrent, bousculant les derniers. Ils se tournèrent vers Saga.

«- Il n'y a rien à regretter, personne ne peut combattre lorsque l'on est trois, commença Maria. Sa voix était voilée, son regard lointain.

- Il y a des actions qui ne sont pas à s'accaparer, tout comme les torts. En étant trois, vous ne pouvez vous croire seul coupable. Les dieux le savent, qui vous ont accordé leur pardon en vous faisant revenir, continua Tép, dont la voix et le regard étaient aussi voilés..

- Car les dieux peuvent tout pardonner. Et rassurez-vous, certains ont fait pire que vous en matière de trahison, finit Maria.» Elle baissa la tête, et quand elle la releva, ses yeux avaient leur expression habituelle. Elle se tourna vers Li.

«- Décidément, je déteste être ta voix quand tu fais ça. Tu ne pourrais pas simplement leur expliquer toi-même ? … Oui, en utilisant tes cordes vocales. Et oui, je parle grec, tu crois quoi, tu m'a appris cette langue quand tu as commencé à habiter au manoir !»