Mnémosyne frappa deux fois dans ses mains, et quatre jeunes filles arrivèrent, portant un énorme miroir recouvert d'un drap. Elles le déposèrent contre un mur, sur un pied qu'une cinquième portait, tout en jetant des oeillades aux chevaliers. Quatre jeunes filles partirent, laissant la cinquième enlever le drap et se mettre derrière le miroir, à disposition de sa maîtresse.

Mnémosyne leva la main. Le miroir brilla légèrement et se cadra sur une plage, où tous les invités du Sanctuaire. Certains se promenaient, mais la plupart étaient assis et discutaient tranquillement. Tép, Wan et Kiki jouaient un peu plus loin. Maria et Li, en périphérie du groupe, parlaient avec animation en faisant de grands gestes. Elles riaient aux éclats.

«- Il manque presque le son, dit Arès.»

Aussitôt, les voix des conversations emplirent la salle. Parmi le bourdonnement, le champ se rétrécit et se faufila entre la conversation littéraire de Iana et de Luciano pour se centrer sur Li et Maria. Les chevaliers entendirent pour la première fois la voix de Li, légère et douce.

«- Allez, disait Maria, s'il te plait, Li, fais un effort ! tu dois bien trouver l'esprit de Mu, même s'il est loin !

- Je fais ce que je peux ! C'est toi qui as voulu me raconter cette histoire de canards avant que je commence ! Il était une fois, trois petits canards qui vivaient dans une mare …

- Vite ! Je veux savoir ce qui se passe !

- Il faudrait que Mu m'ouvre son esprit.

- Ben demande lui.

- Non ! Une ouverture d'esprit doit se faire de manière volontaire.

- Li, tous te laisseraient entrer dans leur esprit en considérant ça comme un honneur ! Ca ne dérangera pas Mu.

- Pas … Je l'ai !»

Le visage de Li devint lointain. Elle se tourna dans la direction du miroir. Maria avait posé sa main sur l'épaule de Li et parla encore une fois pour elle.

«- C'est déloyal de votre part. Espionner les gens n'est pas recommandé par les bonnes manières.»

Elles s'avancèrent à travers le groupe, qui se tut en les voyant. Li tendit la main vers l'endroit où le miroir aurait du être.

«- Nous ne pardonnons pas.» conclut Maria, les yeux et la voix voilés.

L'image se figea et de chaque côté du miroir, tous purent entendre une fêlure. Le miroir explosa en milliers de cristaux de verre polis très purs.

Les chevaliers eurent juste le temps de se protéger de leurs capes ou en s'éloignant. Leur premier réflexe fut de vérifier l'état d'Athéna, mais celle-ci était trop loin du miroir pour en avoir subi la déflagration.

«- J'accepte la mise à l'épreuve des humains en visite au Sanctuaire. Qu'Athéna envoie un de ses chevaliers pour les ramener.

- Aucun de mes chevaliers ne participera à cette mascarade ! De plus, selon les règles, je ne dois pas intervenir.

- Alors je les ferai venir moi-même, s'agaça Mnémosyne.»

Un des miroirs du mur montra une scène semblable à l'autre, sauf qu'elle avait un point de vue autre. Les conversations avaient reprises. Iana et Maria se disputaient pour savoir quel était le chevalier le plus fort. Li souriait à cette vue. Miho, Shunrei et Seika parlaient avec animation des différences de préparation du thé et de leur préférence en la matière. Luciano était allongé de tout son long et faisait une sieste.

Tép et Wan arrivèrent en courant, suivis par Kiki.

«- Un problème ? … T'es sûre ? eh ! me regarde pas comme ça, je demande c'est tout ! oui, je les préviens. S'il vous plait tout le monde ! Nous tenons à vous prévenir que la déesse Mnémosyne, furieuse du sort du miroir que Li a cassé, nous avait tous inclus dans la guerre sainte en court et donc elle va nous transporter incessamment sous peu dans son temple. Nous nions toute implication dans la manière dont vous atterrirez.»

A peine eut-il fini sa phrase que les occupants de la plage disparurent, laissant la plage aussi vide que si personne n'était venu passer l'après-midi là.