Li, Maria et Luciano marchaient rapidement. Selon Li, ils avaient presque rattrapés le chevalier d'or.
« Prochaine à gauche et deuxième à droite, les informa Li. »
Ils suivirent ses indications et se retrouvèrent nez à nez avec Milo. Celui-ci était en position de défense. Ils se détendirent quand Milo abandonna sa posture de combat.
« Savez-vous où est ma sœur ? demanda t-il
- Aucune idée, répondit Maria. Et Masque de Mort ? Et Angelo ?
- Quoi ? Le gosse aussi ? Je sais pas, vous êtes les premiers que je rencontre, sinon je leur aurais dit de rester avec moi.
- Et on peut savoir ce qui se passe et où on est ?
- Connaissez-vous Mnémosyne ? Elle est la déesse de la Mémoire. Nous sommes dans son temple. Nous gagnerons la guerre quand nous aurons tous affronté notre passé. »
Il n'eut pas le temps d'en dire plus qu'un hurlement retentit à travers tout le labyrinthe. Ils se figèrent. Le visage de Milo se tordit.
« IANA ! »
Il partit en courant devant lui. Il ne fit pas trois pas que Luciano le retenait.
« Il n'y a personne du côté là, nous en venons. Demandez plutôt à Li, elle peut vous indiquer la bonne direction. »
Li ferma les yeux deux secondes et pointa le doigt vers un mur. L'exclamation dédaigneuse de Milo ne la fit pas changer. Elle se rapprocha du mur et appuya sa main dessus. Le mur se fendit en deux. Elle leur fit signe de passer, ce qu'ils firent avec un air étonné. Ils traversèrent ainsi plusieurs murs. Li leur fit signe de se préparer. Le dernier mur qui s'ouvrit laissa voir aux yeux du groupe Iana, recroquevillée par terre, regardant fixement un point devant elle.
Le mur derrière elle était rempli d'images. Ils purent voir une petite fille, effrayée, courir hors d'une maison, accompagnée d'un petit garçon à peine plus vieux qu'elle. Une silhouette leur court après, un bâton à la main. Milo étouffa une exclamation de surprise et courut vers sa sœur. Il la berça tendrement, mais elle ne semblait pas le voir. Elle continuait à fixer le vide.
« Li dit qu'il ne faut pas la réveiller, mais l'aider à combattre, déclara Maria. Vous savez ce qui se passe, c'est à vous de le faire. Sinon vous perdrez, et pas seulement contre Arès. »
Les images sur le mur changèrent alors que Milo resserrait sa prise sur sa sœur.
« Vous croyez qu'on arrivera à la rattraper ? demanda Miho.
- Je n'en ai aucune idée. On ne sait pas de quelle taille est ce … truc et elle a beaucoup d'avance, répondit Tép. »
Il avait pris la tête du groupe, se doutant que Miho n'avait jamais connu ce genre de situation. Malheureusement, Iana était partie dès les premières minutes. Elle avait dit qu'elle avait vu quelqu'un tourner, et elle l'avait suivi, sans prendre en compte les avertissements de Tép. Depuis, ils la cherchaient, mais ce lieu était pire qu'un dédale.
« Vous … Vous n'entendez pas ? demanda timidement Miho. »
Tép s'arrêta et tendit l'oreille. Le son était très faible, mais il le perçut au bout de quelques instants. Un petit filet d'eau qui coule. Sans savoir pourquoi, ce son lui glaça le sang. Inconscient, il fit un pas en arrière, sous le regard étonné de Miho.
« Il ne faut pas aller là-bas, déclara t-il. »
Il partit dans l'autre sens. Miho le suivit. Le son de l'eau qui coula s'arrêta dès qu'ils furent hors de vue.
Aiola marchait en silence côte à côte avec Aphrodite. L'atmosphère, sans être étouffante, était lourde. Un hurlement les fit s'arrêter.
« C'était une voix féminine, s'exclama Aiola.
- Une invitée … ils n'avaient pas à être là. Ils n'auraient pas du être mêlés à tout ça, déclara fermement Aphrodite.
- Li a énervé Mnémosyne. Les dieux sont susceptibles. »
Ils reprirent leur marche. Ils arrivèrent dans un cul de sac. Ils allaient partir quand une image s'afficha. Un garçon aux cheveux bruns et aux yeux bleus. Il se tenait face au grand Pope.
Aiola pâlît. Il connaissait ces personnes. Il s'approcha, et l'image prit vie.
« Vous mentez ! s'exclama le petit Aiola de sept ans. Mon frère n'aurait jamais fait ça !
- Il y a des témoins, répondit le Grand Pope.
- Ils se trompent !
- Je connais bien Aioros, et je l'ai moi-même châtié, répondit Shura.
- Il te disait son ami …
- Il l'était jusqu'à ce qu'il s'attaque à la déesse Athéna.
- Ce n'est pas lui !
- Apprenti, l'interrompit le Grand Pope, je te permets de rester au Sanctuaire et de poursuivre ton entraînement. Ne laisse pas ternir encore l'honneur de ta famille.
- Ne vous inquiétez pas pour ça. »
Aiola s'incline et sort.
Un groupe de gardes s'approche d'Aiola et l'entoure.
« Que voulez-vous ? demande le jeune garçon.
- Ton frère s'en est pris à la Déesse. Il est un traître. Et toi aussi. C'est dans le sang.
- Vous vous trompez. Je ne suis pas un traître. Je protégerai la Déesse.
- Nous ne te croyons pas. Tu dois payer.
- Pour quoi ?
- Pour la trahison de ton frère.
- Je n'ai rien à voir avec mon frère.
- Mais tu es de sa famille. Le grand Pope aurait du te tuer. Au moins te punir. Mais nous allons y remédier. »
Le cercle se resserre. Aiola serre les poings. Les gardes attaquent en même temps. Aiola riposte, mais il ne peut rien faire sous le nombre. Sa force d'apprenti de neuf ans ne suffit pas.
Les coups s'arrêtent. Aiola, à terre, en sang, voit vaguement une silhouette s'interposer entre lui et les gardes.
Shaka avançait doucement. Il sentait des présences non loin de lui. Etrangement, elles ne semblaient pas belliqueuses. Il s'approcha et se trouva face à face avec Hilda, Shunrei et Seïka. Les jeunes filles essayaient apparemment –et vainement- de se comprendre. Les gestes, les mots en grec/japonais/chinois, les grimaces, tout y passait.
Shaka soupira et leur dévoila sa présence. Elles se retournèrent vivement et eurent un soupir de satisfaction et de soulagement en voyant que ce n'était que lui. Elles se précipitèrent vers lui et se mirent à parler toutes en même temps, dans leurs langues respectives. Il sentit un mal de tête poindre.
Il les interrompit d'un geste de main.
« Nous sommes dans le temple de Mnémosyne, séparés les uns des autres. Nous devons rester groupés, nous arriverons bien à retrouver les autres. En attendant, essayez de parler en grec, s'il vous plait. »
Il répéta cette phrase dans la langue des jeunes filles. Elles hochèrent la tête l'une après l'autre. Il leur fit signe de les suivre. Il ne remarqua pas les fresques des murs qui changeaient.
