Bonjour ou Bonsoir à tous !

Je tenais à vous remercier pour vos reviews, vous êtes adorables ! Je n'ai pas l'habitude d'être complimenté à vrai dire. N'hésitez pas à dire s'il y a des fautes d'orthographes ou des choses qui vous semble incohérente !

J'arrête de vous embêter et vous laisse lire ce deuxième chapitre ;-)

Beaucoup de bisous !

PS : Je vous recommande de vous installer devant votre écran avec une bonne bière.

Chapitre 2

"– Avril, qu'est-ce que vous foutez là Bon Dieu !"

Laurence ouvrit la porte devant une Avril, le poing levé, prête à tocquer et la bouche ouverte.

"– Bah, bah, c'est-à-dire que…" balbutia la journaliste.

"– Vous n'avez personne d'autre à venir emmerder ? Je suis la seule personne que vous connaissez dans votre misérable existence ?

– Euhh…

– Ah bah non ! Vous avez Marlène mais comme actuellement, elle est à l'Opéra avec notre cher médecin légiste, vous aurez du mal à aller papoter entre amies, hein, c'est ça ?

– Qu..Qu..QUOI ?

– Vous ne savez pas formuler des phrases, Avril ? Vous ne parlez qu'en onomatopée depuis tout à l'heure ! En même temps, votre cerveau a souvent du mal à comprendre, alors pour répondre en faisant une phrase construite, il y a du travail !

– Oh ça va Laurence ! Arrêtez de prendre vos grands airs ! C'est quoi cette histoire ? Marlène ...avec Tim ?

– Entrez."

Laurence regardait noir dans la direction d'Avril depuis l'ouverture de la porte. S'énerver contre elle ne servait à rien, mais cela n'avait en aucun cas perturbé la jeune fille. Elle avait l'habitude de ses pics de colère surjoués. Il avait donc fait un pas de côté pour la laisser s'introduire dans l'arène en espérant qu'elle pourrait calmer sa rage.

Quand Alice était arrivé à sa piaule, tout à l'heure, en sortant des bureaux de la Voix du Nord, elle ne savait pas quoi faire. Aller traîner au bistrot en face du journal, rencontrer un charmant jeune homme, le baratiner, coucher avec et le jeter dehors au petit matin avec la promesse de le revoir, promesse qui n'était jamais tenue : elle l'avait déjà souvent fait mais elle se lassait de ce petit jeu.

Le jeu qu'elle préférait était celui du chien et du chat entre le Commissaire vieille France, son acolyte et elle, la fille libérée et féministe qui avait le don d'agacer et d'exaspérer le gentleman en costume cravate. Elle était trop fière pour avouer que cette distraction était son passe-temps favori, point commun qu'elle partageait avec notre cher Commissaire.

Elle eu donc l'idée de prendre sa Lambretta et de filer au 12 Rue des Petits Champs. Cela lui permettrait peut-être de glaner quelques informations supplémentaires pour l'article qu'elle devait rendre demain à Jourdeuil.

Le Commissaire, après avoir refermé la porte, se décida à enjamber les quelques pas qui le séparait de sa salle d'eau.

Il se passa délicatement un gant humidifié sur le visage. La vision de sa tête dans le miroir lui fit peur. L'enquête l'ayant occupé jour et nuit, il manquait cruellement de sommeil. Les poches sous ses yeux avaient triplées de volume et quelques cheveux gris supplémentaires venaient d'apparaître. Il soupçonnait plus Avril qu'autre chose d'être à l'origine de ses intrus et pouffa de rire à cette idée. En cette soirée, il avait juste envie de se mettre à l'aise et de se saouler un peu plus. Il délaissa donc sa chemise sur le porte-vêtement de la pièce et enfila son légendaire peignoir avant de ressortir discrètement de l'endroit.

Pendant ce temps, la jeune journaliste déposa son casque sur le bar ainsi que sa veste et son sac en bandoulière. Elle remarqua que l'appartement de Laurence n'était pas aussi rangé qu'à l'ordinaire. Une chose l'interpella : plusieurs cadavres de bouteilles de whisky jonchaient les tables du salon, chose complètement inhabituelle pour ce maniaque de Commissaire. Combien de verres, combien de bouteilles s'était-il déjà enfilé dans le gosier ce soir ?

Alice dévoila un sentiment qui devenait de plus en plus récurrent à l'encontre de Laurence depuis le décès brutal de Maillol : L'inquiétude.

Depuis ce drame, la carapace du playboy froid et imperturbable s'était complètement fissuré. La mort d'Euphrasie avait brisé quelque chose en lui. Quelque chose que ni même Marlène ou elle n'arrivait à réparer avec les meilleurs intentions du monde. Il comblait ce manque par l'abus de boisson et de Lucky Strike durant ses insomnies fréquentes.

Elle s'installa confortablement dans le sofa en prenant soin de mettre ses pieds croisés sur le bout de table basse qu'elle avait dégagé pour l'occasion.

Le flic, voyant la position de la jeune journaliste, leva les yeux au ciel.

"– Avril, dégagez vos sales pattes de ma table basse, c'est pas fait pour ça.

– A oui ? et c'est fait pour quoi alors ? collectionner des bouteilles vides ? "

Laurence la fusilla du regard.

La rousse pensait à Gary Cooper dans un de ses westerns à la mode, elle n'aurait pas fait long feu dans un duel de cow-boy.

"– Mêlez-vous de vos fesses Avril et balayez devant le pas de votre porte.

– Pardon ? Je suis désolée mais ça n'est pas moi qui m'en met dans le cornet tous les soirs pour essayer de dormir.

– Vous savez c'est quoi votre problème ? C'est parce que vous êtes une enquiquineuse de première que personne ne veut de vous. Vous êtes pathétique à critiquer les autres, à les juger, à prendre des risques inutiles qui mettent votre vie en péril et la leurs. Vous êtes un réel danger public."

Le taureau Avril était dans l'arène, le matador Laurence était en train de tout faire pour l'énerver. Cela ne fonctionnait pas. Elle restait impassible à ses attaques. Pire, elle attaquait aussi et deux fois plus fort. Elle le regarda, droit dans les yeux, la tête haute, sans se laisser abattre par la blessure que le fonctionnaire venait de lui infliger.

"– Je pense que je suis moins pathétique qu'une personne qui tente de noyer son chagrin dans l'alcool parce qu'il est seul. Aujourd'hui ce n'est pas moi qui prends des risques, c'est plutôt vous au vu de l'état dans lequel vous êtes. C'est pitoyable Laurence."

Le taureau venait d'assommer le matador. Ce soir, celui-ci ne dormira pas sur ses deux oreilles car il s'était fait surprendre.

A ce moment, le masque tomba, Swan s'effondra en larmes.

Il en avait marre de retenir sa souffrance et de ne l'évoquer que par écrit, marre de pleurer seul, le soir, en pensant à la perte d'Euphrasie, son alter ego, l'amour de sa vie, celle qui sera à jamais irremplaçable dans son coeur.

Il voulait essayer de partager sa souffrance avec quelqu'un. Il avait conclu qu'Avril n'était peut-être pas un mauvais choix sur le terrain sentimental et affectif. N'était-elle pas Marie-Chantal après tout ?

La journaliste ne l'avait jamais vu dans un état pareil. Elle ne savait pas quoi faire. Laurence savait pleurer. Lui, le roc, venait de s'effondrer complètement. Après moultes hésitations, elle décida de poser une main sur son épaule. Cela permit de lui montrer son soutien.

Au contact de la main sur sa chemise, Laurence sursauta légèrement et se laissa faire. Il n'avait pas l'habitude qu'on lui montre de l'empathie, que cela soit par la parole ou le geste. Il trouvait ça plaisant, finalement.

Il avait tellement manqué d'amour dans sa vie. Ses parents n'étaient pas très démonstratifs, il ne se souvenait plus des marques d'affection qu'avaient pu lui apporter les femmes dans sa vie. L'alcool commençait à anesthésier son cerveau et il gémissait frénétiquement.

"– Vous savez, tout ce que je viens de dire, je n'en pense pas un seul mot.

– Vous avez tort de ne pas le penser Alice, je ne suis qu'un homme pitoyable qui choisit la facilité d'oublier en se saoulant plutôt que d'affronter ses peurs. C'est la réalité."

Ils échangèrent un regard. Ils sentaient que quelque chose avait changé. Avril caressa la joue de Swan et se leva d'un coup. Elle prit quelques minutes pour ramasser les bouteilles et les jeter dans la corbeille du salon et lança d'un ton solennel :

"– Vous êtes surtout le meilleur flic que je connaisse et même, que le pays connaisse. J'ai beaucoup appris avec vous. Vous n'êtes pas seul Laurence, Marlène et moi, nous sommes là.

– Je sais. Enfin… Marlène...

– C'est pas parce qu'elle sort un soir avec Tim que ça change tout, non ?

– Cela fait plus d'un soir.

– Ah... et combien ?

– Je ne sais pas, mais vu comment il lui a parlé, ils sont proches voire même, en couple je dirais."

Cette phrase de Laurence tourmenta immédiatement la jeune femme. Marlène, sa meilleure amie, ne lui avait pas révélé ce secret. Quelque chose se brisa en elle, ce qui la mit dans l'incompréhension. Marlène qui lui cache cette relation, ce bouleversement… elle comprenait qu'elle avait caché l'information à Laurence, il était trop protecteur avec elle, jusqu'à l'étouffement car il ne voulait pas que quelqu'un fasse du mal à sa sublime secrétaire. Mais pourquoi ne pas lui dire à elle ?

Avril, la bouche en rond, se laissa tomber sur le sofa à côté d'un Laurence semi-absent, qui regardait la porte-fenêtre, d'un air ahuri.

"– Eh bah merde. J'comprends pas. Nous sommes meilleures amies. On n'a pas de secret l'une pour l'autre. Y'a pas de couilles dans le potage. Pourtant, elle ne m'a rien dit.

– Ça vous en bouche un coin aussi on dirait.

– Ouais, carrément."

Brutalement, Laurence se leva et se traîna en titubant vers le bar. Il prit deux verres en cristal à l'arrière et une bouteille de Genièvre de Houlle.

"– Laurence, reposez-ça tout de suite. Vous avez déjà trop bu. Je ne veux pas appeler les secours pour le coma éthylique d'un fonctionnaire de police.

– Arrêtez de vous inquiéter pour moi. J'encaisse très bien. Nous sommes dans le même état ce soir alors autant boire.

– C'est pas faux. Bon, un verre et c'est tout."

Installés dans le canapé, entre quelques verres de Genièvre, ils se remémoraient les affaires passées, les risques qu'ils avaient pris l'un pour l'autre. A chaque évocation de Marlène dans leurs récits, ils avalaient presque d'une seule traite leurs verres comme pour anesthésier la douleur de ce qu'il prenait comme une trahison à leurs égards.

Aux alentours de quatre heures du matin, la journaliste, en train de raconter une énième histoire, observa son comparse. Il était endormi, la tête en arrière et la bouche ouverte. Cela la fit sourire tendrement. Elle prit la décision d'essayer de le transporter jusqu'à son lit. Après plusieurs essais et plusieurs minutes d'efforts pour soulever la carcasse de ce grand bonhomme, elle avait réussit son action.

Revenant au salon, elle dégagea le divan en poussant le tout à terre. En prenant une couverture qui traînait là, elle remarqua une petite masse noire au sol. S'interrogeant sur l'origine de l'objet, elle décida de le ramasser. Elle défit l'élastique et, ébahie par sa découverte, elle fit tomber l'objet. Le fameux petit carnet noir du Commissaire Laurence venait de se faire la malle de sa veste. Debout, devant le calepin, Avril était face à une envie dévorante de le lire intégralement mais une chose l'en empêchait : Trahir la confiance de son ami. Car oui, depuis la mort éphémère de Marlène, une hypothèse était devenue un fait : ils étaient dans une relation de confiance et d'échanges qui s'apparentait à une amitié profonde.

"– Non, je ne peux pas lui faire ça.

– Oui mais il doit y avoir des informations supplémentaires pour mon article.

– Non mais c'est Laurence, c'est mon ami et c'est sa vie privée.

– Arrête avec sa vie privée, il ne doit y avoir des informations professionnels, c'est son carnet de travail."

Elle l'ouvrit en regrettant déjà son action. Deux papiers cartonnés, tombant du carnet, se déposait lentement sur le sol en virevoltant.

"– Hé mais, ce sont des photos. Pourquoi ils se baladent avec des photos ?... Hé mais, attends, c'est nous !"

La première photo était celle de la soirée au cabaret "L'Eden", Alice fixait un magnifique sourire en se remémorant cette soirée.

La deuxième photo eut le don de la mettre dans un état second. Quand l'avait-il prise? C'est un cliché qui devait provenir de son petit appareil, le papier s'apparentait aux clichés qu'il développait dans son petit laboratoire. En arrière-plan, on pouvait apercevoir des boiseries et un morceau de fenêtre, on voyait également une étagère avec un bocal, celui de Bubulle, où il était en train d'effectuer un nouveau tour du propriétaire. Au centre de la photo, on apercevait Marlène, assise à son bureau, comme à son habitude. Elle était en train de parler à quelqu'un. Cette personne était accoudé, en train de parler à la secrétaire. On pouvait voir une masse rousse, affublé d'une veste et d'un pantalon en jean. Oui, c'était bien elle, aucun doute n'était permis. Elle eut le réflexe de retourner la photo. Une phrase y était inscrite :

L'esprit oublie toutes les souffrances quand le chagrin a des compagnons et que l'amitié le console."