Bonjour ou Bonsoir à tous et à toutes,
Le chapitre 3 a un peu de retard... Avec les examens blancs (parce que oui, je passe un diplôme au mois de Mai), les fêtes de fin d'année et mes petits soucis de santé actuels, l'histoire a avancé un peu plus lentement et je m'en excuse. Mais bon, comme dirait Satai Nad, c'est une passion avant tout alors ça vient quand ça vient. :)
Du coup, je vous souhaite une excellent année 2018, qu'elle soit pleine de bonheur, de réussite et de joie pour vous et vos proches. J'espère que vous vous êtes empiffré comme vous le souhaitiez pendant ses fêtes !
Encore merci pour toutes vos reviews, quelles soient positives, négatives (ou plutôt constructives), c'est vraiment agréable d'avoir un retour sur ce que l'on fait !
Bonne lecture à vous !
Musiques de fond :
In A Sentimental Mood deDuke Ellington et John Coltrane
Tango pour Claude de Richard Galliano (Version Ron Carter / Richard Galliano)
"L'esprit oublie toutes les souffrances quand le chagrin a des compagnons et que l'amitié le console."
Cette phrase…
La jeune fille se doutait qu'elle ne l'a comprenait pas. En tout cas, pas vraiment.
La photo à la main, elle essayait de la décortiquer mot par mot, sans grand succès..
"L'esprit oublie toutes les souffrances quand le chagrin a des compagnons…"
Elle regardait le dos du cliché avec une tête pensive. Une légère moue semblable à un sourire s'affichait sur son visage. Se dire que Laurence oubliait ses souffrances car il était accompagné de Marlène et d'elle dans son chagrin était un exploit pour sa cervelle.
Elle suggéra que ce n'était pas son carnet, qu'il n'avait besoin de personne pour surmonter les épreuves de la vie auxquels il avait pu être confrontées, mais elle s'avouait vite que ce n'était pas la vérité.
La vérité était que le Commissaire avait besoin d'elles, même s'il n'a jamais dit un mot en ce sens, comme à son habitude.
"... et que l'amitié le console."
La rousse s'assit sur le sol de l'appartement et reposa délicatement le cliché dans le petit calepin. Elle essayait de réaliser que Laurence considérait Marlène et elle-même comme ses amies. Ce fût le choc. Un développé de sentiments la traversa. Elle se sentait mi-figue mi-raisin.
Ce soir, le Commissaire avait montré par ses larmes qu'il éprouvait des sentiments et qu'il n'était pas que l'Être psychorigide qu'il voulait que l'on voit. Il avait baissé sa garde, il avait mis de côté le séducteur, le manipulateur, le froid pour laisser place à Swan, qui rigole, qui pleure, qui sourit, qui sait qui sont ses amis et sur qui il peut compter en cas de coups durs, comme aujourd'hui.
Voir ce qui se cachait derrière la page de garde du carnet était devenu la seule obsession d'Avril. Elle avait un pressentiment : elle allait sûrement en découvrir plus sur Laurence que sur les enquêtes. Après avoir fermé les yeux et prit une grande inspiration, elle se décida à tourner les premières pages…
Pension Vanilos
o Crime de Louise Lambert
o Solange Vanilos = Soeur de Marlène
o Liste des objets volés :
-Escarpin
-Rouge à lèvres
-Poudrier
-Foulard (en morceaux)
Pensionnaires chez Vanilos :
o Louise : cleptomane, amoureuse de Jean-Baptiste, d'après N'Daye : gentille, plutôt effacée.
o Marguerite : étudiante en paléontologie, en couple avec Jean-Baptiste
o Jean - Baptiste : étudiant en lettres classiques, petit-ami de Marguerite
o Rose : coiffeuse à la tête de son propre salon, une garce d'après Alice, accès au tartrate de Cyanure dans les produits de coiffure.
o Pierre : stage à l'hôpital Ste Catherine, service neurologie, accès aux poisons de la pharmacie. Colérique, violent avec Alice. Empreintes sur le stéthoscope…
o N'Daye : absence durant 1 mois, voyage en Angleterre pour ses études. On a fouillé dans son sac d'après Alice.
o Solange Vanilos : gérante de la pension, pas-là le soir du crime, est allé à Bruxelles, affaire à régler - Peau de vache d'après Alice(, qui n'a pas tord pour une fois.) - Mari tué par un bus en Afrique.
2 passeports ? : pratique pour le transport de drogue… = DROGUE Sac brûlé : pourquoi ?
JEAN-BAPTISTE MOKADO
Journal intime de Louise : 2 pages arrachées, pourquoi ?
Marie Patterson (aperçue par la femme de ménage quelques temps avant, à la fin de son service.)
Suis-je en train de rêver ?
Ou plutôt en train de vivre un cauchemar ?
Marlène,
Ce prénom résonne en moi comme le glas de l'Angelus.
Je ne la verrai plus derrière son bureau, en train de tapper à la machine.
Elle ne me regardera plus dans les yeux, en me souriant et en me voyant comme l'homme que je suis réellement.
Je lui disait toujours que je lisais en elle comme dans un livre ouvert mais, elle ne savait pas qu'elle avait aussi ce talent.
Elle a toujours vu que je n'étais pas indifférent. Dès le premier regard que nous nous sommes échangés, nous avons tout de suite su que nous allions être lié par une relation indéfectible.
De l'Amour ? Non.
De l'Amitié ? Très certainement.
Mais entre les deux, il y a une zone qui définit assez bien ce que je ressens pour elle.
J'ai trop de fierté pour avouer que je tiens à elle, comme à Alice d'ailleurs.
Comment vais-je faire ?
Comment vais-je annoncer à Alice que nous venons de perdre Marlène ?
Quand j'ai aperçu le visage de Marlène sur le cadavre de la jeune femme qui a été retrouvé ce matin, je ne voulais pas réaliser.
Une pensée à ce moment précis a traversé mon esprit : Vivre sans Marlène m'est devenu impossible.
Mais ma sale habitude de ne dévoiler aucunes de mes émotions prendra le dessus.
Il faut que je sois fort.
Alice aura besoin de moi.
"— Bah merde alors." fut la seule phrase que la jeune journaliste trouva à dire.
Après avoir déposé délicatement la couverture de cuir noir sur le sol, elle s'allongea en plein milieu du salon et mit ses mains derrière la tête.
Elle n'en revenait pas. Pourquoi ? Pourquoi Monsieur Swan Laurence cachait autant ses sentiments vis à vis des deux jeunes femmes. Cette question restait pour l'instant sans réponse.
Avril se souvenait parfaitement de cet événement. Elle avait des larmes qui perlaient au coin de ses yeux en y repensant. Perdre Marlène avait été insupportable pour elle aussi. Elles étaient devenues amies au fil du temps. Elles avaient pris l'habitude de sortir une fois par semaine ensemble. Il leur arrivaient d'aller voir un film au cinéma de Tourcoing et d'aller boire un café ensemble pour s'échanger leurs impressions sur ce qui venait d'être visionné. Cependant, la conversation dérivait vite sur un sujet brûlant : Laurence. La secrétaire aimait évoquer son patron comme la cinquième merveille du monde, un homme attentionné, classe, charmeur, irrésistible, avouant sans détour qu'elle avait eu le coup de foudre pour ce loup solitaire. Alice en avait à chaque fois la nausée à l'évocation des sentiments de son amie mais elle s'efforçait d'écouter, tant bien que mal, le discours soutenu. Avec le recul sur toutes leurs années d'amitié, cette nausée commençait plus à s'apparenter à de la jalousie qu'à un dégoût pour le héros national. Elle était d'accord avec les arguments qui étaient avancés mais elle faisait tout pour ne pas le laisser transparaître. Depuis son arrivée dans la région lilloise, cet homme avait tout chamboulé dans son existence. Il l'avait aidé à se faire un petit nom dans le journalisme local ce qui lui a valu d'être propulsé au rang de reporter au sein de la rédaction de La Voix du Nord. Elle lui devait en grande partie sa place et elle le savait. Malgré leurs chamailleries quotidiennes, elle ne pouvait que s'accrocher à lui comme une algue verte sur un rocher du Cap Gris-Nez. Leur relation sortait de l'ordinaire et ils s'en accomodaient chacun à leur manière : Alice comme une amitié professionnelle et personnelle, tantôt pour avoir des informations de première main, tantôt pour avoir un soutien moral et Laurence pour avoir un agent caméléon qui malgré ses défauts était remarquable et respectable.
Après moultes réflexions sur la lecture de l'affaire Vanilos, elle tourna rapidement les pages afin d'arriver celle de la fille de la Deûle pour y puiser des informations. Elle prit son propre carnet dans sa sacoche et commença une prise de notes minutieuse. Elle fût interrompu par un bruit, léger mais pas inaudible pour autant. Prise de panique, elle se mit à remballer en quatrième vitesse le carnet noir et le glissa à une poche intérieure de la veste de l'agent de la maréchaussée. Le bruit était persistant et prenait de l'intensité. Intriguée, la rousse se leva et se dirigea vers le couloir d'où provenait ce léger son. Elle reconnue soudainement le bruit d'une respiration forte et régulière provenant du seul humain qui se situait dans cet endroit de l'appartement. Après une hilarité légèrement contenue et ne l'ayant pas réveillé, Avril reprit ses affaires et fila en toute discrétion vers sa piaule. Sur le pas de l'immeuble de la Rue des Petits Champs, elle jeta un regard à la lune qui brillait encore à cette heure avancée de la nuit, enfila son casque et démarra en trombe, la tête emplie de pensées contradictoires.
La pendule à l'entrée du Commissariat affichait 9 heures et Marlène venait de pénétrer dans le hall. Elle était élégante comme à son habitude mais une chose avait changé. Elle avait un sourire encore plus éclatant qu'avant. En effet, la soirée fut un rêve éveillé pour la jeune femme. Le médecin légiste l'avait traité comme une princesse, une fois de plus. Il avait obtenu des places dans l'une des loges de l'Opéra grâce à son ami Aziz, régisseur lumière pour le lieu. Elle s'était laissé emporté par les douces notes de l'oeuvre de Bizet. A la fin de la représentation, Tim l'avait emmené dans un des restaurants les plus chics du Vieux-Lille. A la fin du repas, ils se baladaient dans les rues pavées du quartier quand soudain, un accordéoniste jouant un air de guinguette attira leurs attentions. Etant allé vers l'endroit d'où venait le doux son du piano à bretelles, ils remarquèrent qu'un bal était donné à deux pas du restaurant. Après avoir enchaîné plusieurs valses, tangos et autres cha-cha-cha, ils s'étaient rendus, leurs cœurs battant en rythme et à l'unisson, dans l'appartement du jeune homme. Il était à peine plus petit que celui du Commissaire, ce qui avait étonné la secrétaire. Après avoir lié plusieurs fois leurs bouches et leurs respirations ensemble, ils s'étaient réveillés au petit matin dans la chambre en ayant eu une nuit d'amour intense.
Marlène entra hâtivement dans le bureau, déposa rapidement sa veste sur le porte-manteau ainsi que son sac à main, sur le bureau.
"— Je suis désolée Commissaire, il est vrai que je suis un peu en retard, cela ne se reproduira pas."
Elle fut ébahie en se tournant vers le bureau de Laurence de voir que, personne n'y était assis. Lui, le premier à lui faire la morale en lui suggérant d'arriver à l'heure ne l'était pas lui-même. Cependant, il était possible qu'il soit déjà sur une enquête et qu'il n'avait pas prévenue la secrétaire, ce qui lui arrivait souvent. Profitant de la situation, elle commença à traiter les dossiers en cours et à taper des rapports de police.
A 9h27, Tricard entra dans le bureau, l'air un peu bougon mais vite radouci à la vue du sourire de la blonde.
"— Bonjour Marlène, vous êtes ravissante ce matin. Le Commissaire Laurence est arrivé ?" dit le Commissaire Divisionnaire, avec un air béat.
"— Oh merci Monsieur le Divisionnaire ! Et bien, c'est-à-dire que je pensais qu'il était parti sur une nouvelle enquête." lui répondit la secrétaire, inquiète.
"— Non, pas de nouvelle enquête pour l'instant ! Vous pouvez lui dire de passer dans mon bureau quand il sera arrivé ?"
"— Oui, bien-sûr Monsieur le Divisionnaire."
Après le départ de Tricard, Marlène s'inquiéta de plus belle.
"— C'est bizarre, ça ne lui arrive jamais d'être en retard. Il a dû lui arriver quelque chose."
Après avoir emprunté une bicyclette dans la cour du Commissariat, elle fila vers l'appartement de Laurence.
"— Mais, mais c'est quoi ce bordel ?"
Complètement dans un flou absolu, Laurence entrouvrit les yeux vers son réveil, posé là, sur sa table de chevet.
09:40
Après avoir émis plusieurs noms d'oiseaux, il atteignit le salon.
"— Commissaire ?... Commissaire ?... Commissaire, c'est Marlène, vous êtes là ? ... Je suis très inquiète pour vous, ouvrez cette porte s'il vous plaît ! ... Je ne le dirai pas deux…"
D'un geste assuré et soudain, il ouvrit la porte avant que Marlène n'ait eu le temps de finir sa mise en garde.
"—Ah, enfin, j'ai cru que vous n'alliez jamais m'ouvrir ! Mais, mais, attendez, vous, vous êtes encore en peignoir ?... à cette heure ?"
Laurence regardait la blonde avec un air confus. Il se souvenait que durant leur échange hier, il lui avait précisé d'être à l'heure et il était le premier à ne pas respecter sa propre règle. Que devait-elle penser de lui à ce moment précis.
Devant la non réponse de son patron, elle décida d'entrer sans son accord et ce qu'elle découvrit la froissa. Une poubelle remplie de bouteilles d'alcool vides ainsi que quelques cadavres supplémentaires trônant sur la table basse et le bar.
"— Vous avez bu tout ça hier soir ? Seul ?
— Une partie oui, l'autre avec Avril.
— C'est à cause de ma relation avec Tim ?
— Mais non Marlène, c'est votre vie, vous faites ce que vous voulez.
— Vous l'avez dit à Alice ?
— Eh bien oui, elle était surprise autant que moi de ne rien savoir, pour une fois.
— J'allais vous le dire mais j'attendais que…
— Encore une fois Marlène, vous n'avez pas à vous justifier, c'est votre vie. C'est juste que l'on tombe de haut, c'est tout.
— Vous m'en voulez.
— Mais non."
Laurence sentait qu'il mentait tellement en disant cette phrase. Bien-sûr qu'il lui en voulait. Mais à quoi bon. Marlène a bien le droit de sortir avec qui elle veut. Elle ne lui appartient pas. Il savait qu'il devait se faire à l'idée que malgré tout ça, ils resteront amis mais le sentiment surprotecteur prenait à chaque fois le relais et, une fois de plus, il faisait tout pour occulter ses réels sentiments sur la question.
"— Bon, je vais me préparer, je suis déjà assez en retard." affirma le Commissaire.
Après un passage express par la salle d'eau, Laurence était prêt à enfiler sa veste cinq minutes plus tard.
Au moment d'effectuer ce geste anodin et habituel pour lui, il sentit directement que quelque chose n'allait pas : Son carnet. Même avec l'effet de l'alcool, il savait parfaitement qu'il l'avait introduit dans l'autre poche et non dans celle-ci. Il eut la réaction d'aller piocher le carnet. Il avait tout de suite remarqué que quelqu'un avait fouillé son précieux. En ouvrant celui-ci, cela confirmait ce qu'il était en train d'avancer. Les photos et autres papiers n'étaient pas aux bons emplacements.
Laurence baragouinait depuis maintenant plusieurs minutes en manipulant son carnet dans tous les sens. Marlène le regardait en se demandant s'il avait encore des effets de la soirée "arrosée" de la veille ou s'il avait perdu quelque chose. Elle avait perçu juste une bout de phrase compréhensible dans ce méli-mélo : "Elle l'a fait."
"— Tout va bien Commissaire ? " demanda la secrétaire.
Laurence leva la tête, il était dans son monde depuis tout à l'heure à insulter la seule personne qui avait ou avoir l'occasion de toucher à son carnet : Avril.
"— Oui c'est juste que…*
Le téléphone se mit à sonner.
Le flic décrocha le combiné et écoutait attentivement son interlocuteur, répondant par des "hum" et concluant par un "J'arrive".
"— C'était qui ?" interrogea Marlène.
"— C'était Tricard. Nous avons une nouvelle affaire. Un meurtre et une disparition.
— Qui est mort et qui a disparu ? On connaît, ce sont des gens célèbres ?
— Pour le cadavre, inconnu de nos services. Par contre, pour la personne en fuite,à qui appartient le lieu du crime, c'est une autre histoire.
— Qui est-ce Commissaire ?
— Jourdeuil."
