Bonjour à tous et à toutes, dans un premier temps je souhaite vous remercier de tous vos commentaires et de tout votre soutient. Les temps ne sont pas évident en ce moment, il arrive qu'à un certain moment, on doute de soi, de sa personnalité qui ne plait pas à tout le monde, des études et de la vie professionnelle future qui n'est pas évidente... Mais l'esprit artistique et notamment l'écriture sont toujours là et soigne les plaies béantes des déceptions sentimentales, amicales et autres.
Prenez bien soin de vous.
Installez-vous confortablement devant votre écran, accompagné d'une boisson et d'un fond musical.
Il est temps de se changer les idées et oublier sa mauvaise humeur et sa déprime !
Bises à vous.
Marlau
Chapitre 4
Quand Laurence arriva sur les lieux, tous les policiers étaient déjà au travail. Deux d'entre eux se trouvaient en faction devant l'immeuble, une jolie demeure avec une façade au style flamand prononcé situé à deux pas de la Vieille Bourse. Le Commissaire s'élança d'un pas engagé à l'assaut des quelques étages qui le conduisait à l'appartement du patron de la Voix du Nord.
"— Chic appartement pour un bourru." pensa l'homme.
Il vrai que l'appartement de Jourdeuil ne lui ressemblait pas. Il était décoré avec goût et à la mode actuelle ce qui contrastait largement avec l'apparence qu'il donnait. Une grande bibliothèque entourait la cheminée, remplie de livres de toutes sortes. Laurence commença à l'observer de long en large. Des livres sur la culture flamande, les légendes, les contes, Lille, une encyclopédie universelle sur plusieurs étages de la bibliothèque… il prit un exemplaire en main et l'ouvrit à la première page.
Encyclopédie Universalis - édition 1959
Il remit le livre à son emplacement original. L'encyclopédie est neuve. Beaucoup de questions vinrent à l'esprit de notre cher Commissaire mais une retint particulièrement son attention : Comment arrive-t-il à s'offrir une appartement aussi bien situé, aussi bien décoré et à acheter une encyclopédie qui vaut plus de 5 000 F alors que les propriétaires de La Voix du Nord ne doivent pas lui donner un salaire mirobolant ?
Le journal n'est pas au mieux de sa forme en ce moment, tout le monde le sait. Les faits divers intéressants qui font produire de gros tirages étaient rares ces derniers temps.
Le grand homme fit un demi-tour et observa le cadavre. Tim était en train d'effectuer des prélèvements à côté de celui-ci.
"—Et bien Glissant, vous avez troqué votre magnifique smoking contre une blouse blanche ?"
Tim se retourna. Il s'attendait à une phrase de ce genre quand le moment viendrait. La seule réponse qui lui fournissait était un large sourire.
Le fonctionnaire s'en trouva étonné et n'essaya même pas de faire une nouvelle pic au médecin légiste. Il décida de parler du cadavre pour ne pas montrer qu'il était déstabilisé.
"—Alors, ce cadavre a-t-il des secrets à nous révéler ?"
"—Son identité reste un mystère, aucune carte ou permis de conduire, pas même de portefeuille, à croire que le meurtrier l'a emporté avec. Pour le reste, d'après la température du corps je dirais qu'il a été tué ce matin entre 5h et 7h. Il est décédé d'une balle en pleine tête, c'est net, précis, un vrai travail de professionnel."
"—Hum, ça sent le règlement de compte." dit platement le Commissaire.
"—A plein nez." soupira Tim.
Le grand brun continua de faire le tour du propriétaire. Il observait les quelques tableaux accrochés aux murs de l'appartement. Plusieurs copies très bien exécutées de Matisse ou de Monet. "La Pie" trônait fièrement au dessus du secrétaire et l'oeil affûté du fonctionnaire remarqua quelque chose d'étrange. Le tableau avait été bougé dernièrement, on voyait les traces que l'usure du temps avait déposé sur les tapisseries. Son seul réflexe fût de déplacer légèrement le tableau pour le remettre à son endroit initial. A ce moment, une feuille de papier, pliée en 4 tomba sur le meuble qui une fois déplié, livra son secret : "Chez Marcel, 18h30." En fouillant un peu dans ses petites cellules grises, Laurence situa l'établissement, un petit troquet de quartier situé à Saint-Maurice Pellevoisin.
Il avait déjà beaucoup d'éléments à sa disposition et se décida à entamer une nouvelle page de son petit carnet pour les y inscrire.
En regardant le carnet, il avait une personne en tête : Avril. Comment avait-elle pu trahir la confiance qu'il venait enfin de lui livrer hier soir ? Il fallait qu'il ait une réponse et assez rapidement. Dans cette enquête, il avouait que c'était la seule personne en laquelle Jourdeuil avait réellement confiance. Elle savait sûrement où est-ce qu'il était. Il avait besoin d'elle, encore une fois.
La Voix du Nord était calme à 10h20. Les pigistes étaient déjà parti à la pêche aux infos et les secrétaires travaillaient activement sur la rédaction de l'exemplaire de demain et n'avaient même pas remarqué ni l'absence de leur patron, ni l'entrée d'Alice dans son bureau.
Elle vu tout de suite une enveloppe mise en évidence. Après avoir contourné l'imposant meuble de la pièce, elle prit l'enveloppe qui lui était destinée et l'ouvrit immédiatement. Elle reconnut de suite l'écriture de Jourdeuil.
Alice, si tu lis ce mot c'est que je suis mort ou que je suis en fuite. Si Laurence n'a pas retrouvé mon cadavre, souviens-toi de l'été dernier et tu sauras où me trouver. Je te laisse les rênes du journal, je sais qu'il sera entre de bonnes mains. Fais attention à toi.
La rousse, abasourdie, s'assit sur le fauteuil. Elle prenait ce mot pour une plaisanterie de la part de son patron ou même de la part de Raoul, ce journaliste qu'elle détestait au plus haut point. Mais c'était vraiment un mot de Jourdeuil, aucun doute là-dessus.
Soudain, un vacarme hallucinant agita le couloir. Le premier réflexe de la jeune femme fut de vouloir cacher le mot de Jourdeuil. Dans son bureau ? Non, une perquisition et Laurence mettrait la main dessus… la main… Mais il y a un endroit où il ne pensera pas à fouiller… Avec un regard victorieux et malicieux, elle glissa le mot dans son soutien-gorge.
C'est ce moment que choisit le Commissaire pour débouler dans le bureau de la reporter. Il l'a fixa avec air ré montrer qu'elle n'avait pas peur de l'homme, elle le dévisagea et maintenait son regard planté dans le sien. On aurait dit les prémices d'un combat de coq, aucun des deux ne savaient qui allait avoir l'ascendant sur l'autre mais cela ne les empêchait pas de s'affronter dans le bureau qui devenait, au fil des minutes un véritable gallodrome.
Laurence se permit d'entamer les hostilités.
"—Où est Jourdeuil ?"
"—Eh bien, je sais qu'il n'est pas dans son bureau, je suis passée devant il y a quelques minutes et il n'y avait personne. Il est sûrement à un rendez-vous quelconque." répondit la jeune femme avec un air sûr.
"—Arrêtez de vous foutre de moi Avril et répondez à ma question : OÙ EST JOURDEUIL ?"
"—Je viens de vous répondre Laurence, je n'en sais absolument rien."
"—Vous mentez."
"—Pourquoi vous mentirais-je ? Et puis d'abord que ce passe-t-il pour que toute la basse-cour débarque ici ?"
Ah, elle n'était donc pas au courant de l'événement d'après l'expression ahurie de son visage, pensa Laurence.
"—Nous avons retrouvé un homme assassiné chez Jourdeuil et il semblerait que celui-ci soit en fuite."
Avril joua les étonnés. Elle était surtout soulagée que le macabé qui venait d'être trouvé n'était pas son patron. Malgré son côté dragueur, assez lourd avec les femmes, elle avait appris à l'apprécier au fil des années. Un jour, il lui avait proposé de partir quelques jours à la découverte des Monts de Flandres pour un reportage. C'était l'été, il faisait beau, aucune affaire criminelle intéressante n'était à déplorer, elle avait donc accepté la proposition, au grand étonnement de l'un et de l'autre. Elle se se souvenait de ces quelques jours où ils s'étaient arrêtés sur le Mont Cassel, dans un hôtel-café, "Aux 3 moulins". Ils avaient des chambres côte à côte avec une vue sur la Grand Place. Une magnifique place pavée qui était animée en cette période estivale. Plusieurs groupes de musiques traditionnelles venaient s'installer s'y installer pour animer les terrasses des bistrots. Cornemuses et autres vielles à roue s'unissaient au cris des commerçants qui vendaient leurs mets.
C'est là qu'elle eut le déclic. "Souviens toi de l'été dernier". Elle se gifla mentalement en se demandant pourquoi elle n'y avait pas pensé plus tôt.
Laurence n'arrivait pas à cerner les sentiments de la jeune femme. Elle restait là, planté au milieu du bureau, le regard fixé sur la marqueterie qui ornait la porte.
Elle avait l'air déstabilisé par la nouvelle.. Elle éprouvait donc des sentiments pour lui ? conjectura-t-il. Il se mit à réfléchir deux minutes sur cette question et à construire des raisonnements tordus sur une prétendue relation entre eux. Cela laissait apparaître une pointe de jalousie dans ses pensées. "—Elle et… ce…. ce gros lourd, sans intérêt ? Pas possible. Il n'a pas de classe, pas l'intelligence qui convient aux réflexions d'Avril, elle ne le supporterai pas dans un cadre privé." se disait-il. Il se gifla mentalement, il n'était pas habitué à avoir une quelconque jalousie envers quelqu'un et encore moi un type tel que le patron de la Voix du Nord. Il se rendit compte que la jeune femme était toujours dans ses pensées et qu'il ne supportait pas l'idée qu'elle pouvait avoir quelqu'un d'autre. Il remit cette vérité dans son subconscient car elle avait toujours ce même air absent depuis plusieurs minutes et cela l'inquiétait.
"—Avril ?"
Pas de réponse.
"—Avril, ça va ?"
Aucune réaction de la part de la jeune femme. Il claquait des doigts devant ces yeux et n'avait obtenu comme réponse que de légers grognements.
"—Alice, vous êtes sûr que ça va ?"
"—Mhum, Mhum… de… oui, qu'est ce qu'il y a ?"
Instinctivement, l'homme avait glissé une main sur la joue de la rousse et planta ses yeux dans les siens.
Soudainement, une flopée d'émotions traversa Laurence. Au contact de sa main sur sa joue, son coeur se souleva d'une puissance phénoménale.
"—Attendez, vous m'avez appelé comment là ? Alice ?" dit-elle avec un sourire et les yeux pétillants.
Il retira immédiatement sa main en refoulant dans son être l'espèce d'effet Joule qui venait de se produire.
"—Oui, ça fait plusieurs minutes que vous êtes perdue dans vos pensées et je n'avais pas de réponse." répliqua-t-il
"—Vous étiez en train de vous inquiétez pour moi ?"
Le Commissaire de Police affichait une tête bougon et fit un geste de la main qui exprimait un refoulement de l'idée.
Alice montrait, quant à elle, un mécontentement certain. En quelques secondes, il venait de balayer l'entente amicale de la veille. Elle était agacée de cette situation.
"—Bon, c'est pas tout ça mais j'ai une enquête à mener." exprima-t-il en prenant la porte à la vitesse d'un lièvre.
Avril, dans un premier temps, préparait en quelques secondes sa sacoche pour essayer de le suivre mais se ravisa. Elle devait préparer ses affaires pour prendre le train demain matin et partir à la recherche de Jourdeuil.
A 18h, Le fonctionnaire de Police ouvrit la porte du bistrot "Chez Marcel" à Saint-Maurice Pellevoisin. Un bistrot de quartier comme il en existe à tous les coins de rue de la région lilloise. Quelques tables étaient accolés aux baies vitrées de la devanture. Laurence décida de se mettre dans un coin où il aurait une vue entière de la salle. Il s'y assit et commanda un café. Il attendait un mouvement suspect qui trahirait le possible rendez-vous attendu par Jourdeuil.
Deux pochetrons étaient accoudés au bar en bois massif, tenant une bière à la main, refaisaient de long en large les événements du match de football de la veille, un énième derby entre Lille et Lens. Pour une fois, Lille avait perdu 2-0 face aux sang et or.
Laurence ne s'était plus intéressé au foot depuis ses jeunes années. Il regardait sa tasse vide avec un air méprisant.
Après avoir attendu plus d'une heure et avoir descendu une deuxième café, il se décida à payer l'addition et à partir. Il bloqua le tenancier du café à un coin du bar et lui montra une photo.
"—Oui je le connais. Pourquoi, vous êtes de la famille ?"
"—Oui, oui, c'est mon cousin. Nous ne savons pas où il est actuellement." menti Laurence.
"—Il vient chaque semaine ici. Mais là ça fait 2 ou 3 jours que je ne l'ai pas vu."
"—Vous savez ce qu'il venait faire ici ?"
"—Oui, il venait voir Jojo."
"—Jojo ?"
"—Bah oui, Jojo la bonne info ! Le roi des informations de toutes sortes sur Lille. Les maîtresses du Préfet, la tricherie aux sénatoriales, le trafic de faux billets des frères Dalibon, il a eu les infos avant tout le monde, même avant les flics et la presse. Je ne sais pas comment il avait les scoops mais un jour, il le paiera de sa vie le malheureux…" avait clamé avec un air triste le cafetier.
Laurence le laissa ainsi, pensif et inquiet que le fameux Jojo ne se soit pas pointé depuis plusieurs jours.
Quelques pièces du puzzle commençaient à se mettre en place dans la tête du fonctionnaire. Rejoignant la Facel Vega garé un peu plus loin, il savait que le cadavre inconnu dans l'appartement de Jourdeuil était Jojo, un professionnel de la revente d'informations à la presse. Ce qui amenait au pourquoi de ces réunions chaque semaine dans un lieu neutre tel que le café de Saint-Maurice. Plusieurs hypothèses se présentaient à lui, toutes plus plausibles les unes que les autres. Il n'y a plus qu'à essayer de les vérifier par des faits.
En attendant, il devait encore passer au Commissariat avant de rentrer à son appartement.
Il avait décidé de vérifier sa première hypothèse le lendemain.
