Bonjour tout le monde ! OUI ça fait un bout de temps que j'ai pas publié ! Voilà ENFIN le nouveau chapitre.
Un bouleversement dans votre vie fait que vous n'avez pas et vous ne prenez pas le temps d'écrire. Vous contenez vos idées et vous n'arrivez plus à écrire et vous vous embarquez dans un cercle vicieux. BREF, le chapitre est là, le sixième est déjà commencé et l'aventure avance, petit à petit.
Merci à vous de me suivre, de me soutenir avec vos reviews et vos conseils :)
Sur ce, bonne lecture et détendez-vous.
Chapitre 5
Sur la grande table à manger de l'appartement trônait fièrement une tasse de thé fumante, accompagnée de ces deux toasts. Dans cette organisation, une assiette centrale groupait méthodiquement un oeuf au plat ainsi que deux tranches de bacon à tailles égales. L'English Breakfast du week-end était une grande habitude de Laurence, cela lui permettait de pouvoir souffler paisiblement en écoutant une fugue de Bach. Mais ce matin, la détente était de courte durée, il s'apprêtait à se rendre Gare de Lille avec sa valise et devait encore se préparer avant de laisser seul son grand logement. Couvert de son peignoir prune, il entra dans la salle de bain et commença à se raser. Au moment où il avait fini d'appliquer la mousse à raser, le téléphone du salon se mit à sonner. Dans un premier temps, il bougonna mais partit tout de même à l'assaut du combiné.
"— Hum, Qui est à l'appareil ?"
"— Allô, oui Commissaire, c'est Marlène, je voulais vous prévenir que j'arriverai en retard Lundi matin."
Laurence voulait émettre une pic envers sa secrétaire mais avouait que ces derniers jours, il était mal placé pour évoquer ses retards intempestifs.
"— D'accord, j'en prends note."
Marlène se trouva sans voix face à la réaction totalement plate de l'homme. Laurence plissait les yeux, il n'entendait que la respiration de sa secrétaire.
"— Marlène, autre chose ?"
"— Je,euh… non."
"— Vous êtes sûr ?"
"— Oui oui."
"— Alors bon week-end à vous."
"— Merci mais… ATTENDEZ !"
"— Oui ?"
"— Pouvez-vous garder Bubulle ce week-end ?"
Mince, Laurence ne voulait dire à personne qu'il partait à la poursuite d'Avril, cela devait rester secret pour n'avoir aucune fuite d'informations. Mais il ne pouvait pas accepter et prendre le risque que Bubulle décède de nouveau. Il n'avait pas le choix, il devait dévoiler ses intentions pour ne pas faire échouer sa filature.
"— Marlène, pouvez-vous venir à l'appartement ? Confiez Bubulle à quelqu'un et venez immédiatement."
"— Mais, mais, je dois partir en week-end à Deauville avec Tim !"
"— C'EST UN ORDRE !"
A ce moment, il raccrocha, fier du ton patriarcal de sa phrase, il fila à la salle de bain, en souriant.
Marlène, quelque peu apeurée de la situation et du ton militaire de son patron, décida de remettre le week-end avec Tim. Elle confia le poisson rouge à sa cousine Rose et déboula chez lui.
Elle matraqua la sonnette avec son index et attendait que la porte s'ouvre.
Ce qu'elle fut assez rapidement.
"— Arrêtez Marlène, tout va bien, vous n'avez pas besoin de me rendre sourd !"
Marlène écarquilla les yeux à la vision de son chef et elle ne put retenir ses mots.
"— Seigneur ! Mais...mais…"
Soudain, ses jambes se dérobaient et elle s'évanouit.
A l'un des guichets, Alice attendait patiemment son tour. Elle avait rassemblée quelques chemisiers, deux blue jeans, une robe cocktail et un nécessaire de toilettes dans un grand sac en cuir. Le temps printanier de ces derniers jours l'avaient poussé à troquer son long manteau moutarde à une petite veste en vinyle noir, surplombant un magnifique chemisier en Vichy bleu. La journaliste avait fait la fantaisie de mettre ses lunettes de soleil en écaille avec une forme papillonnante.
Le guichetier, au moment de servir Avril, se laissait tenter par un léger regard dans son décolleté mais se reprit assez vite en observant le regard noir de celle-ci.
"— Hum, Que puis-je faire pour vous Mademoiselle ?"dit-il avec un accent chantant
"— J'aimerais un aller pour Cassel."
"— Et voilà, bon voyage jolie demoiselle !"
"— Merci !" répondit-elle en souriant
"— Pauvre naze obsédé." exprima t-elle dans ses dents en s'éloignant.
Plus loin, dans la file, un vieux monsieur, le dos courbé par le temps, la moustache d'un noir corbeau, repliée à chaque extrémité en une bouclette parfaite, observait la journaliste partir d'un pas décidé vers le voie n°7. Son regard passait par des lunettes à double foyer. Il était accompagné d'une dame, légèrement flétrie par le temps, dont la totalité de ces cheveux étaient couverts par une châle. Celle-ci lui fit un coup de coude.
"Mesdames et Messieurs, nous vous informons que le train à destination de Dunkerque, départ 9h36 est accessible voie 7. Le train desservira les gares d' Armentières, Bailleul, Hazebrouck, Cassel, Bergues et Dunkerque. Pour votre sécurité, nous vous rappelons que l'étiquetage de vos bagages est obligatoire avant de monter dans le train. Ne laissez pas vos bagages sans surveillance et signalez tout objet qui semble abandonné. Merci."
L'annonce marquait le départ d'Alice pour la voie. Elle monta à bord du train, installa son sac sur le porte-bagage et s'asseya confortablement dans le siège.
Elle regardait un couple de vieilles personnes, qui était en train de s'installer à quelques sièges du sien. Elle observait l'homme qui, malgré les marques de vieillissement apparentes, semblait beau. Après qu'il ait ôté ses lunettes, elle remarqua qu'il avait un regard charmeur. Ce genre de regard qui l'a faisait littéralement fondre.
Elle ferma les yeux en ayant gardé ancré dans son cerveau ce magnifique ces yeux d'un marron profond. Quelques minutes plus tard, la rousse n'entendait plus le fond sonore que le train lui offrait.
Elle se retrouva assise dans un sofa, assez confortable, en cuir. L'alcool faisait son effet ce qui lui procurait un sentiment de joie. Elle regarda à sa gauche et vit un homme, complètement effondré, en train de verser des larmes à torrent. Cela eu pour effet de l'attrister et elle mit une main compréhensive sur son épaule pour éviter d'atténuer le chagrin de cet homme. Il se tourna vers elle, c'était Laurence. En quelques secondes, elle enleva sa main et s'écarta du flic.
"— Pourquoi tu t'éloignes Alice ?"
"— Heu… vous, vous m'avez appelé Alice ?"
"— C'est bien ton prénom, non ?"
"— Oui, mais, ce n'est pas dans vos habitudes."
"— Et si pour ce soir, on se tutoie et on s'appelle par nos prénoms ? J'ai envie d'enterrer la hache de guerre, j'ai pas le moral à des joutes verbales."
La journaliste, dans un premier temps étonnée, accepta la proposition.
"— Arrête de boire Swan, cela ne te ramènera pas Maillol."
"— Je sais Alice, je sais. Mais j'ai l'impression que je ne retrouverais plus jamais quelqu'un qui vaille la peine d'être aimé."
Le Commissaire se remettait à pleurer de plus belle, tout en déposant sa tête sur l'épaule d'Avril.
"— Si, tu rencontrera quelqu'un de bien, crois-moi. T'es le meilleur flic de France, rien ne t'échappes, pas même le sourire des femmes."
Après un large sourire en l'observant, Alice déposait machinalement sa tête sur la sienne.
Collée contre le flic, elle se sentait en sécurité et moins seule. Une vague de chaleur l'envahit soudainement, elle ne distinguait pas si c'était à cause des vapeurs d'alcool qu'elle avait ingurgité ou si c'était l'homme qui était contre elle qui lui faisait cet effet. Cela fait pourtant des mois que son coeur a été renversé par un coup d'état perpétré par L'Empereur Laurence en personne. Il ne lui a jamais été indifférent, bien au contraire.
"— Swan ?"
"— Oui ?"
"— Je voulais te dire que…"
Mais celui-ci posa l'index sur la bouche de la sublime rousse. Il l'a regardait, intensément. A ce moment, la seule chose qui comptait pour eux était la présence et le regard enivrant de l'autre.
Les têtes se rapprochaient lentement, le cœur à cent à l'heure, Alice tendait ses lèvres pour atteindre son objectif : les lèvres de Swan.
...
"— Mademoiselle ?"
"— ...Hmph…"
"— Mademoiselle ? Votre titre de transport s'il vous plaît, je procède à la vérification !"
"— ..Hmph ph ph, ah, voici."
"— Merci et bonne sieste !"
"— Bonne journée" lança la journaliste avec un sourire à peine surjoué.
"— Je déteste qu'on me réveille !" marmonna t-elle
Ne sachant pas quoi penser de ce qui venait de se passer dans son esprit, elle évinça ce rêve en se promettant de revenir plus tard dessus.
En observant le paysage défilant derrière les vitres, rythmé de saules pleureurs, de haies bocagères et de prés à vaches, elle se remettait en mémoire son publi-reportage avec Jourdeuil l'été dernier. Leurs interviews animées dans les quelques cafés de la ville, la ducasse avec le bal, leurs valses endiablés après quelques bières, leurs baisers dans le couloir de l'hôtel, une nuit torride et un lendemain douloureux pour chacun avec la promesse de rester collègues de travail. Aujourd'hui, elle avait surtout peur pour lui.
Pendant ce temps, quelques sièges plus loin...
"— Commissaire, il ne faut pas défaire vos lunettes, elle va vous repérer !"
"— Chut Marlène ! Et arrêtez de m'appeler comme ça, c'est plutôt comme ça que l'on va se faire repérer ! Je vous l'ai déjà dit, appelez-moi par un prénom et si possible, pas le mien !"
"— D'accord mais je ne sais pas comment vous appeler…"
Laurence, tout en parlant à sa secrétaire, était fixé sur le siège où était affalé Avril. Elle venait de s'endormir à poing fermé.
"— Ah j'ai trouvé !" cria Marlène
"— Mais pas si fort, on va se faire repérer ! Vous avez trouvé quoi ?"
"— Bah un nouveau prénom. Si vous vous appeliez… Jean-Claude ?"
"— Jean-Claude ? Appelez moi Landru tant que vous y êtes !"
"— Eh bien, vous préférez quoi ?"
"— Je sais pas moi… Edouard ?"
"— Si vous voulez…"
Après cette conversation, le temps semblait une éternité pour nos deux compères. Laurence, pour une fois, se décida à briser la glace.
"— Et, avec Glissant, ça… ça se passe bien ?"
"— Oui ça se passe très bien, je suis très heureuse avec lui ! Et arrêter de faire semblant de vous intéresser à mon histoire avec Tim, c'est agaçant."
Laurence, rentra dans sa coquille en quelques secondes. Il affichait une tête remplie de colère mais cet air bougon n'était chez lui qu'une façade. Une façade qui commençait à se fissurer mais Marlène n'avait pas tort : il avait du mal à s'intéresser à la vie des autres et surtout à celle de ses amis. Ce qu'il préférait le plus au monde, c'était la solitude nocturne en s'enivrant de jazz et d'alcool fort. Être un loup solitaire était pour lui le meilleur moyen de ne montrer aucun sentiment ni la souffrance accumulée dans cette grande carcasse depuis son enfance.
Par les fenêtres du train, on commençait à distinguer d'énormes masses qui coupaient la monotonie des plaines et des champs. Cassel, mont d'une hauteur de 176 mètres était en train de se dessiner petit à petit par un léger soleil.
A la descente du train, Alice prit l'autobus qui faisait la navette entre le village en hauteur et la gare en contrebas, tandis que Laurence et Marlène avait préféré le taxi, pour éviter de se faire repérer par l'intrépide à la crinière orange.
"— Mademoiselle Alice, ça fait si longtemps"
Le gérant de l'hôtel-café "Les 3 Moulins" avait accueilli Avril comme une vieille amie. Il est vrai qu'elle connaissait bien cette petite bourgade flamande et surtout ses habitants, assez chaleureux et en même temps très mystérieux.
"— Mademoiselle Alice, je vous ai mis la chambre de la dernière fois et il y a une petite surprise sur le lit." glissa le patron après lui avoir servi une bière.
Pressée de voir de quoi il s'agissait, elle vida assez rapidement le verre et grimpa l'escalier qui rejoignait les chambres. Une lettre était mise en évidence avec l'écriture de Jourdeuil.
"Alice, rendez-vous ce soir à la Terrasse du Château."
Un petit orchestre jouait des standards de jazz et de rock et quelques machines à sous faisaient entendre leurs sons de hasard et de parties perdues.
"Le Casino", il était surnommé ainsi par les locaux, s'animait petit à petit. Sur la terrasse du grand bâtiment, on avait une vue imprenable sur les plaines de Flandres et Alice regardait l'horizon qui se colorait d'un rose saisissant.
Un homme vient s'installer à sa droite et chuchota à son oreille :
"— D'ici on peut contempler cinq royaumes, celui de France, de Belgique, de Hollande, d'Angleterre…"
La rousse se tourna vers l'homme, planta son regard dans le sien et répondit :
"— ... Et le royaume des cieux."
"— Désolé d'avoir disparu comme ça, je n'avais pas le choix."
"— On a toujours le choix Jourdeuil, je pouvais te défendre devant Laurence !"
"— Me défendre ? Avec cette tête de mule ? S'il me voit, il me coffre quoi qu'il arrive, il ne va pas chercher à comprendre !"
"— Tu sais Laurence sait être compréhensif quand il le faut. Je pensais jamais dire ça mais il a un bon fond."
"— Depuis quand tu ne l'insulte plus ?" glissait-il en rigolant à pleine gorge
"— Jourdeuil, tu sais qui a refroidi Jojo dans ton appartement ?"
L'homme fit un signe négatif de la tête.
"— Il était sur une grosse info, il avait du lourd à m'annoncer, mais il en a pas eu le temps…"
"— Je me doute, après les personnes qui veulent le descendre, il y en a un paquet !"
Son patron lui souriait bêtement et Alice se demandait ce qui pouvait bien se construire dans la tête de celui-ci.
"— Tu sais que tu es magnifique ce soir ? Tu n'as pas envie qu'on danse ?"
Après une légère hésitation, la rousse fit un léger oui de la tête et le rédacteur en chef l'emmena sur la piste. Après un rock endiablé, ils s'installèrent au bar et demandait une bière.
À l'autre bout du comptoir, un homme affichait une tête à faire revenir les morts à la vie. Il assistait, impuissant, au rapprochement et essayait de contenir sa jalousie. Faire croire à tout le monde qu'il ne ressentait rien pour elle ne changeait en aucun cas l'oubli des sentiments qu'il avait à son égard, bien au contraire. Mais il devait rester attentif à la discussion des tourtereaux, si jamais un élément important pouvait être dit.
"— Je n'ai pas envie de te mettre en danger Alice"
"— C'est trop tard ! Alors maintenant tu parles ! Dis au moins un nom, je sais pas moi."
"— Je te ramène à l'hôtel parce que tu as beaucoup trop bu et je te dis un nom."
"— Dacodac, marché conclu."
Le couple sortait de l'endroit en se tenant la main. Ils n'avaient rien vu venir, une moto fonçait droit sur eux. Alice avait juste eu le temps de se jeter à terre avec Jourdeuil mais le conducteur de la moto sorti une arme et tira sur le couple. Un bruit sourd et saisissant retenti, affolant les personnes de tenant dans l'entrée du bâtiment.
" -Jelmer…" fit une voix faible.
"- C'est ça le nom ?" dit Alice
"- Jel… " puis plus rien.
Jourdeuil s'était évanoui à côté de la jeune femme. La balle l'avait touché.
