Note des auteures : La suite ! Oui ! La voilà !

Bonne lecture,

Yzan & Lili.


~14. Contre la montre.~

Septembre - Quelque part au Japon.

Il avait froid, il avait peur, très peur, et il avait mal derrière l'oreille. Il était dans une pièce qu'il ne connaissait pas, avec des gens qu'il ne connaissait pas. Son papou lui avait toujours dit de ne pas parler aux inconnus, et de ne pas manger ce qu'ils pouvaient lui proposer. Alors même si ces gens lui posaient des questions, lui parlaient, il ne disait pas un mot. Il n'avait pas mangé non plus le gâteau qu'ils lui avaient donné, même s'il avait un peu faim et que le gâteau avait l'air bon. Il avait de toute façon trop peur de ces gens. Ils étaient plus effrayants que les monstres dévoreurs de chaussettes d'enfants pas sages.

La pièce était sombre et petite, éclairée par une lampe posée par terre. Des matelas étaient posés à même le sol, avec des couvertures et des oreillers. Juste ce qu'il fallait pour coucher trois personnes. C'était là le seul ameublement de l'endroit aux murs nus et au sol métallique. Posés près des matelas, il y avait deux grands sacs de voyage et trois sacs à dos.

Recroquevillé dans un coin de la pièce, Hiroshi serrait son doudou contre lui tout en luttant pour ne pas pleurer. Il ne comprenait pas ce qu'il faisait là. Il se souvenait être sorti de l'école, avoir retrouvé son papi, être monté dans la voiture. Puis, il y avait eu un grand bruit, papi avait crié. Le petit bonhomme s'était sentit secoué comme dans les manèges qu'il avait fait pendant les vacances avec son papou et tonton Eijiro. Puis, le noir...

Quand il s'était réveillé, il était là, dans cet endroit effrayant, avec ces gens qui lui faisaient très peur. Il voulait son papou, son papi, son papa... Il ne voulait pas rester ici. Il ne voulait pas rester avec ce monsieur et cette dame. Il voulait rentrer chez lui. Serrant un peu plus fort son doudou contre lui, Hiroshi se mordit les lèvres pour ne pas pleurer. Eri lui avait dit qu'il était grand maintenant, et les grands ne pleuraient pas.

~oOo~

- Son traceur ? demanda Shoto d'une voix où perçait l'affolement.

- On l'a retrouvé, répondit Denki larmoyant à l'autre bout du fil. Dans une benne à ordures, dans une ruelle...

- Merde ! cracha Eijiro enragé.

Hiroshi avait disparu. Si son traceur lui avait été arraché c'était qu'il avait été kidnappé. Et Shigaraki était le suspect numéro Un. Cet enfoiré avait déjoué toutes les mesures de sécurité qu'ils avaient prises pour protéger le petit bonhomme. Soucieux, Eijiro posa un regard inquiet sur Katsuki qui n'avait pas bougé d'un pouce, semblant littéralement figé sur place.

- Katsuki, tenta Shoto en posant une main sur l'épaule du blond.

La réaction du blond, ou plutôt son absence de réaction, l'inquiétait énormément. Hiro était en danger. Ils auraient besoin de toutes les capacités de Katsuki pour le retrouver. De toutes les forces héroïques possibles. Retrouver un enfant kidnappé était une course contre la montre. Ils n'avaient pas de temps à perdre. Et si Katsuki s'effondrait ou restait catatonique, ils perdraient de ce précieux temps à le secouer ou le relever.

- Je vais le buter...

Le soulagement que ressentirent Fumikage, Shoto et Eijiro en voyant leur ami réagir enfin, fut de courte durée.

- JE VAIS LE BUTER BORDEL !

Le rugissement s'accompagna d'une puissante explosion, et il fallut aux trois héros toute leur puissance et leur vitesse pour rattraper Dynamight et le retenir, ce dernier se débattant violemment dans leur étreinte. Ils étaient cependant rassurés sur un point : Katsuki avait la rage ! Nul doute qu'il mettrait le monde à feu et à sang pour retrouver son fils au plus vite. Rester à le canaliser... Pas la chose la plus simple au monde...

- Lâchez moi putain ! hurla Dynamight. Je vais aller défoncer la gueule de ce connard ! Pas Hiro, bordel ! Pas Hiro !

- Calme toi, supplia Eijiro. On va le récupérer, mais on doit le localiser et réfléchir à un plan !

- Tu ne peux pas foncer sans réfléchir, argumenta Shoto en grimaçant quand le pied de Katsuki rencontra avec violence son entrejambe.

- Il faut s'organiser avec les autres pour être efficace, compléta Fumikage en évitant de justesse qu'un coude rageur ne lui casse le bec.

Mais Katsuki resta sourd à tout argument, continuant à rugir sa colère et sa détresse en se démenant comme un beau diable pour échapper à ses amis, inconscient des larmes qui dévalaient ses joues. Un klaxon bruyant et un crissement de pneus attirèrent le regard des trois héros en difficulté, et ils virent une voiture faire un arrêt spectaculaire devant eux.

- Montez !

L'ordre claqua et les trois jeunes hommes, plus qu'heureux de ce secours inattendu, poussèrent et tirèrent tant bien que mal Katsuki sur la banquette arrière. Ce dernier vomit une montagne d'injures en se débattant dans les bras de ses amis, ne prêtant aucune attention au conducteur et à son passager.

- KATSUKI ! TU TE CALMES IMMÉDIATEMENT !

La voix grave et essoufflée qui résonna dans l'habitacle eut l'effet escompté, le blond explosif cessant de se débattre et de vociférer à tout va.

- Pa... papa... souffla-t-il d'une voix enrouée par les sanglots qui l'étranglaient.

- Oui, confirma Masaru dans les hauts parleurs de la voiture d'un ton péremptoire. Écoute-moi, tu dois garder ton calme. Te laisser aveugler par la colère ou la peur n'aidera pas Hiro. Alors respire, et utilise ta cervelle pour le retrouver rapidement.

Katsuki soupira lourdement, s'étranglant dans un sanglot bruyant, conscient que son père n'avait pas tort. Avachi en travers des genoux des trois autres occupants de la banquette arrière, il prit de profondes inspirations, expirant longuement entre chaque, reprenant le contrôle de ses émotions.

Hiro avait disparu. Sans aucun doute enlevé. Très probablement par Shigaraki et ses complices. Si Shigaraki suivait le plan d'All for One, alors il n'avait aucune raison de faire du mal à Hiro. Ce qui était plutôt une bonne chose. Ça n'atténuait nullement sa colère et sa peur, mais cette pensée lui permit de retrouver son calme. Ses amis avaient raison, il leur fallait un plan, et s'organiser pour retrouver rapidement son fils adoré.

Tout détruire autour de lui n'apporterait rien. Pas même un début de soulagement. Non, il ne pourrait se sentir bien que quand il aurait retrouvé Hiro, et explosé la gueule du connard qui avait osé lui faire du mal. Prenant sur lui, Katsuki réfréna sa colère dévastatrice, repoussa sa détresse et sa peur. Il devait être en pleine possession de ses moyens pour retrouver son petit bonhomme.

- Papa, demanda-t-il après de longues minutes. Tu vas bien ?

- Oui, ne t'inquiète pas, lui répondit Masaru d'un ton plus doux. J'ai juste eu l'arcade sourcilière ouverte en percutant le volant, malgré l'airbag. J'ai perdu connaissance, et quand j'ai repris mes esprits j'étais déjà dans l'ambulance. J'y suis toujours. Ne t'occupe pas de moi, la seule chose qui compte, c'est de retrouver Hiro.

- Ok, souffla Katsuki en se redressant difficilement. Quelqu'un a prévenu Deku ?

- Jiro l'a fait, répondit la voix de Chargebolt depuis le téléphone que Shoto tenait toujours en main.

- Il est en route pour l'agence, ajouta Hawks assis sur le siège passager à l'avant. Ingenium a dû l'assommer pour qu'il se calme.

- Tout le monde a rendez-vous à l'agence de Hawks pour qu'on s'organise, ajouta Best Jeanist qui conduisait.

- On va le retrouver Katsuki, assura Eijiro avec conviction.

Les quatre autres opinèrent du chef, et Katsuki serra les poings. Décidant qu'être avachi en travers les genoux de ses potes n'était pas très confortable, ni glorieux, Katsuki se redressa, forçant sa place sur la banquette, obligeant Fumikage et Eijiro à se tasser contre les portières.

~oOo~

- Tu ne veux pas manger ? demanda Shigaraki à son petit otage recroquevillé dans le fond de la pièce. Tu dois commencer à avoir faim.

Mais il n'eut aucune réponse. Machinalement, Shigaraki se gratta le cou. Ce gosse l'agaçait déjà. Mais il ne pouvait pas lui faire de mal, ni l'effrayer plus qu'il ne l'était déjà. Il avait besoin de ce gosse pour faire ravaler leur putain d'arrogance de merde à ces héros de pacotille.

Il avait passé sept ans derrière les barreaux, à attendre patiemment son heure. Il était parfaitement au courant des projets de son mentor pour un certain blond explosif, et il comptait bien les mener à terme. Un gamin issue de l'union de l'héritier du second porteur du One for All et du porteur officiel de cet alter serait forcément très puissant. Et même si Shigaraki n'avait aucun besoin d'un futur réceptacle, il savait exactement comment utiliser cet hypothétique gamin.

Il avait eu largement le temps d'échafauder toutes sortes de plans dans sa cellule. Et il avait trouvé une bonne dizaine de stratégies différentes pour mettre la main sur Katsuki Bakugo, et récupérer le One for All possédé par ce satané Izuku Midoriya. All for One avait finalement échoué par avidité, voulant à tout prix devenir immortel, mais Shigaraki avait des ambitions plus terre à terre.

Une fois en possession de cet alter si particulier, et débarrassé de son encombrant porteur, il se serait fait un réel plaisir d'engrosser le blondinet. Il l'aurait choyé durant toute la grossesse, se serait même arrangé pour que Bakugo survive à l'accouchement. Et ensemble, ils auraient pu élever leur progéniture, former une famille. Et quand le gosse aurait été assez grand et puissant, ils auraient détruit la société actuelle pour en rebâtir une où ils régneraient en maîtres absolus.

Oui, Shigaraki avait de grands projets d'avenir. Mais voilà, même du fond de sa cellule, il avait bien compris que Katsuki Bakugo avait disparu. Personne ne semblait savoir où il était. Shigaraki avait donc pris son mal en patience, sûr et certain qu'un jour ou l'autre, l'explosif jeune homme réapparaîtrait. Et il ne s'était pas trompé. Un frisson d'excitation l'avait longuement parcouru quand il avait enfin vu Dynamight à la télévision.

Les années avaient réussi au jeune homme. Shigaraki l'avait trouvé encore plus fascinant. Ce n'était plus un adolescent, mais un homme adulte, particulièrement bien fait de sa personne. Son arrogance et son franc-parler étaient toujours là, mais on sentait qu'il avait acquis une certaine maturité, et cela lui conférait une prestance, délectable, selon le criminel. Oui, Katsuki Bakugo lui plaisait décidément beaucoup.

Son regard tomba sur le petit corps blotti dans un coin de la pièce, et Shigaraki sourit moqueusement. Ce marmot était le portrait craché de son père blond ! C'était parfait ! Shigaraki n'était pas sûr qu'il aurait supporté de s'occuper d'un gosse ressemblant à Izuku Midoriya. Il ne supportait pas ce type ! Toujours à vouloir sauver tout le monde ! C'était ridicule !

Un mouvement près de lui attira son attention sur sa complice : Himiko Toga. La blonde avait bien vieilli elle aussi. Et elle lui avait toujours été fidèle, cherchant à le sortir de prison dès qu'elle en avait eu l'occasion. Shigaraki se souvenait encore de leur première retrouvaille, moins d'un an après son incarcération. Elle avait pris l'apparence d'une infirmière de la prison pour l'approcher.

A l'époque, Shigaraki avait refusé de s'évader. Il ne pouvait pas quitter sa cellule, pas sans savoir ce qu'il était advenu exactement de Katsuki Bakugo, ni sans un plan solide pour récupérer le One for All. Himiko lui avait promis de trouver tous les renseignements dont il avait besoin, et il était retourné en cellule, ravi d'avoir une fidèle complice à l'extérieur. Et il avait attendu... patiemment.

Himiko lui donnait des nouvelles de temps en temps via des petites annonces dans des magazines pornographiques auxquels il avait accès grâce aux gardiens. Ces magazines étaient bien le seul plaisir que la prison autorisaient aux prisonniers. Bakugo était introuvable, même ses amis ne semblaient pas savoir où il était. Himiko était même allée jusqu'à Los Angeles pour trouver le blond, mais en vain. Shigaraki sourit amèrement en songeant à la frustration qu'il avait ressentie à l'époque. Mais, avec le recul et ce qu'il savait maintenant, ce n'était pas surprenant que le blond se soit caché. Ce petit con était malin.

Cinq mois plus tôt, Himiko l'avait contacté avec des révélations fracassantes. Katsuki Bakugo était de retour, certes, mais pas seul. Il avait un fils ! De six ans. La blonde n'avait pas fait les choses à moitié. Elle avait réussi à récupérer tout un tas de renseignements sur le gamin, Hiroshi Bakugo. Non seulement elle avait trouvé son adresse et celle de l'école où il allait, ainsi que son emploi du temps, mais elle avait aussi réussi à mettre la main sur son acte de naissance. Acte de naissance où apparaissait les noms des deux parents du marmot : Katsuki Bakugo et Izuku Midoriya.

Shigaraki avait rit de longues heures en voyant ça. C'était parfait ! Ces deux sales morveux, qui lui avaient mis tant de bâtons dans les roues, avaient fait exactement ce qu'All for One souhaitait. Fort de ces renseignements, il avait monté un nouveau plan. Un plan pour s'évader, mettre la main sur le marmot et le convertir à sa cause. Oui, il ferait d'Hiroshi Bakugo le destructeur de ce monde !

~oOo~

Affolée, Mitsuki courait dans le couloir encombré des urgences de l'hôpital. Elle se jeta littéralement sur le comptoir derrière lequel se trouvait un homme à l'air fatigué.

- Je viens voir Masaru Bakugo ! dit-elle d'un ton pressé. Où est-il ?

- Désolé Madame, mais je ne peux pas vous donner ce renseignement si vous ne faites pas partie de sa famille, répondit d'un ton las l'homme.

- Je suis sa femme espèce d'abruti, rugit violemment Mitsuki. Et vous allez me dire où est mon mari !

L'homme fronça les sourcils et rétorqua :

- Je vous prierai de garder votre calme et de ne pas m'insulter. Je vais appeler un médecin pour vous renseigner sur l'état de santé de votre époux. Vous pouvez attendre sur les sièges là-bas.

Serrant les dents et les poings, Mitsuki se dirigea vers les sièges désignés et s'y assit, espérant ne pas avoir à attendre longtemps.

Elle était au travail quand elle avait reçu un appel, un policier l'informant que son mari avait eu un accident et était transporté à l'hôpital central. Elle avait planté ses clients là, hurlant à ses collaborateurs qu'elle devait partir en urgence et avait sauté dans sa voiture pour rejoindre au plus vite l'hôpital. Elle avait fait le trajet en un temps record, le cœur serré d'angoisse.

Un accident. Masaru était-il gravement blessé ? Avait-il récupéré Hiro avant ? Si oui, comment allait Hiro ? On le lui aurait dit, n'est-ce pas, si son petit-fils était blessé ? Pourquoi le médecin était-il si long à venir ? Masaru était-il au bloc opératoire ? En soins intensifs ? Pourquoi était-ce si long ? Elle se retenait difficilement d'aller secouer le mec bien planqué derrière son comptoir pour le faire s'activer plus vite. Ça faisait déjà cinq minutes qu'elle était là ! Et toujours aucune blouse blanche à l'horizon.

Une vibration dans son sac à main la fit sursauter. Elle sortit son téléphone, fronça les sourcils en voyant le nom s'affichant sur l'écran et décrocha rapidement.

- Shota ?

- Mitsuki, souffla Aizawa à l'autre bout du fil. Comment va Masaru ?

- Je ne sais pas encore, avoua la blonde agacée. J'attends des nouvelles.

- D'accord...

Le ton du héros la fit tiquer et, craignant le pire, elle reprit :

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- ... Hiro a disparu...

Mitsuki sentit son cœur cesser de battre... Non !

- Co... comment ça ? bafouilla-t-elle.

- Il était dans la voiture avec Masaru au moment de l'accident. Mais quand les secours ont sorti Masaru de l'habitacle, Hiro n'y était plus.

Mitsuki serra les poings, se retenant de tout casser autour d'elle. Non, détruire le mobilier ne résoudrait rien. Même si ça la soulagerait peut-être un peu... Juste un peu...

- Katsuki ? s'enquit-elle après quelques secondes à se calmer.

Elle n'osait pas imaginer dans quel état devait être son fils.

- Denki l'a prévenu, l'informa Aizawa. Et Jiro a averti Izuku. Ils sont en route pour l'agence de Hawks. On va tout faire pour le retrouver.

- Je peux faire quelque chose pour aider ? souffla-t-elle, connaissant malheureusement déjà la réponse.

Non, elle ne pouvait rien faire pour aider. Elle n'était pas une héroïne, ni policière. Juste une épouse, une mère et une grand-mère morte d'angoisse.

- Pas pour l'instant non, soupira Aizawa. J'ai déposé Eri chez Inko, et je suis en route pour l'agence.

- D'accord, souffla Mitsuki la gorge serrée d'angoisse. Si... je peux faire quoique ce soit...

- On te tient au courant, promis, assura Aizawa. Je crois que Hawks a appelé Masaru pour calmer Katsuki.

- Merde... Il doit être...

- Comme nous tous, soupira Aizawa. Je viens de passer dix minutes à consoler Eri et Inko, et j'ai All Might en train de sangloter sur ma banquette arrière. On va le retrouver, Mitsuki. On ne laissera pas cet enfoiré lui faire le moindre mal.

- Ok.

- Occupe-toi de Masaru, je te tiens informée.

La communication se coupa et Mitsuki essuya les larmes qui dévalaient sur ses joues. Son mari... son petit-fils... Elle n'imaginait même pas dans quel état était Katsuki. Elle aurait presque plaint ceux qui allaient devoir lui faire face. Presque... Et si elle mettait la main sur l'enfoiré responsable de cette situation de merde, elle se ferait un plaisir de l'étriper ! Elle lui arracherait le cœur à la petite cuillère putain ! Et le lui ferait bouffer en fricassé !

Elle ne pouvait rien faire pour l'instant. Rien à part se ronger les ongles d'angoisse, et mettre la main sur un foutu médecin pour pouvoir enfin voir son mari et s'assurer qu'il allait bien. Shota avait dit que Hawks avait appelé Masaru pour calmer Katsuki. Si Masaru avait pu répondre, c'était qu'il allait à peu près bien. Et il était bien le seul à pouvoir apaiser un peu leur fils. Elle aurait tant voulu pouvoir prendre Katsuki dans ses bras et lui promettre que tout irait bien. Mais elle ne pouvait pas, pas maintenant... Pas que Katsuki se serait laissé faire de toute façon. Il devait avoir envie de tout détruire autour de lui. Un peu comme elle... Ce sale gosse lui ressemblait bien trop...

Apercevant une femme en blouse blanche, Mitsuki bondit de son siège et se jeta sur celle-ci.

- Je veux voir mon mari ! Il est où putain ?! Pourquoi personne ne me dit rien ?

- Madame, calmez-vous, tenta la jeune femme.

Mais ses mots furent vains, Mitsuki lui agrippant violemment les bras et la secouant avec force.

- Mon mari a eu un accident de voiture ! Mon petit-fils a disparu ! Mon fils doit être fou d'inquiétude ! Et vous voulez que je me calme ?! JE VEUX VOIR MON MARI ! Est-ce trop compliqué à comprendre pour une incompétente telle que vous ?

- Mitsuki ?

Dans le silence choqué qui avait suivi la tirade enragée de la blonde, la voix masculine fut parfaitement audible. Mitsuki relâcha sa prisonnière et se précipita sans attendre vers son époux qui venait de passer la tête par la porte du box où il se trouvait. Elle se jeta à son cou, soulagée de le voir vivant !

Le relâchant, elle le fixa d'un regard humide et dur, et gonda :

- Qu'est-ce que tu fais debout ? Le médecin t'a autorisé à te lever ? Tu as subi un gros choc, tu devrais t'asseoir, t'allonger même ! Tu as mal quelque part ? Tu veux que j'appelle une infirmière ? Tu veux boire quelque chose ? J'ai vu un distributeur dans le hall, je vais aller te chercher un truc à manger !

Mais avant que Mitsuki ait le temps de sortir du box, Masaru la rattrapa et l'attira à lui.

- Je vais bien, souffla-t-il en serrant son épouse contre lui. C'est trois fois rien, juste l'arcade sourcilière ouverte. Quelques points et je pourrai rentrer à la maison.

Les mains de Mitsuki se serrèrent avec force sur la chemise de Masaru et ce dernier caressa doucement le dos de son épouse qui fondit en larmes, sa tête blonde nichée dans son cou.

Masaru se retint de sangloter en chœur avec elle. Cela n'aiderait en rien et il avait déjà assez pleuré. Fermant les yeux, il chassa les images terrifiantes de la camionnette lui fonçant droit dessus. Il avait tenté d'éviter le choc frontal, tournant désespérément le volant, criant à Hiro de s'accrocher. La camionnette lui était rentré dedans sur le côté, heureusement le côté passager, là où il n'y avait personne.

Sonné, il avait voulu se retourner pour s'assurer qu'Hiro n'avait rien. Un brusque coup à l'arrière de sa voiture l'avait projeté sur le volant, l'assommant un peu plus. Dans un brouillard sanglant, il avait vaguement vu une silhouette sombre sortir Hiro de l'habitacle avant de sombrer dans l'inconscience. Il avait cru que c'était un passant ou peut-être un secouriste. Quand il s'était réveillé, il était dans l'ambulance l'amenant à l'hôpital.

A peine avait-il eu le temps de remarquer qu'il y avait un secouriste avec lui que son téléphone avait sonné. Sans tenir compte des remarques du soignant, Masaru avait décroché. Et il avait senti le monde s'effondrer sous ses pieds. C'était Denki... Hiro était introuvable... Le héros électrique voulait savoir si Masaru avait vu quelque chose avant de sombrer dans l'inconscience.

Le ton affolé de Chargebolt fit écho à l'horreur qui le submergea quand il réalisa que son adorable et innocent petit-fils avait très probablement été enlevé.

- La camionnette m'a foncé dessus, avait-il soufflé au téléphone. Elle n'a pas essayé de m'éviter... rien ! C'était... volontaire !

L'accident n'en était pas un. C'était un coup monté pour enlever Hiro... Et Masaru avait fondu en larmes impuissantes à cette conclusion.

Il n'avait rien pu faire pour protéger son petit-fils adoré. Il n'avait rien pu faire pour empêcher des criminels de s'en prendre à son précieux Hiroshi. Aussi quand Hawks l'avait contacté, lui expliquant qu'il allait chercher Katsuki pour le ramener à l'agence et mettre en place un plan pour récupérer Hiro, il avait acquiescé, rassuré de savoir que son fils ne serait pas seul dans un tel moment.

Puis, il avait accepté de rester en ligne, le temps d'être sûr que Katsuki était relativement calme. Masaru s'était retenu de rire au nez du héros ailé. Katsuki calme alors que son fils avait disparu ? Impossible ! Et la montagne d'injures proférée d'une voix rugissante où perçaient aisément toute la rage et l'angoisse de son fils lui avait donné raison. Alors Masaru avait fait ce qu'il devait faire : calmer Katsuki. Il n'avait rien pu empêcher, il ne pouvait rien faire pour aider... Mais Katsuki avait toutes les cartes en main, il ne devait pas se laisser submerger par ses émotions. Masaru ne pouvait faire que ça : son rôle de père.

- Ils vont le retrouver hein ? souffla Mitsuki le sortant de ses pensées.

- Bien sûr, la rassura Masaru. De toute façon, Katsuki ne laissera jamais tomber tant qu'il ne l'aura pas retrouvé.

- Izuku non plus, soupira Mitsuki.

- Mon Dieu, rit doucement Masaru. J'espère qu'ils le retrouveront rapidement. Ces deux-là sont capables de détruire la terre entière pour retrouver Hiro.

- La fin du monde et de l'humanité, rien que ça, pouffa Mitsuki.

Mais leur amusement retomba bien vite, et le couple attendit en silence l'arrivée d'un médecin, angoissé au-delà des mots. Le médecin arriva finalement et les rassura sur l'état de santé de Masaru. Il recousit l'arcade sourcilière et leur donna les recommandations d'usage avec les ordonnances de rigueur avant de les laisser rentrer chez eux. Quand ils arrivèrent devant leur pavillon, ils trouvèrent Inko et Eri qui les attendaient.

Inko avait contacté Mitsuki pendant que le couple attendait le médecin, et les deux femmes avaient convenu de se retrouver au domicile des Bakugo, ne souhaitant pas rester seules dans un tel moment. Masaru s'allongea sur le canapé, emmitouflé dans le plaid que Katsuki lui avait offert durant le Noël qu'ils avaient fêté sur I-Island. Eri s'installa au pied du canapé, serrant contre elle un coussin, son visage ravagé par les larmes et l'angoisse. Inko et Mitsuki préparèrent quelques encas, du thé et du café. Et ils attendirent...

~oOo~

Assise sur un des matelas, Himiko buvait une briquette de jus de fruits tout en regardant le petit garçon recroquevillé dans un coin. Le gosse n'avait pas dit un mot depuis qu'il s'était réveillé, n'avait pas non plus touché aux gâteaux et au jus de fruit qu'elle lui avait donnés. Nul doute qu'il suivait les consignes de ses parents : ne pas parler aux inconnus, ni manger ce qu'ils offrent. Quel petit garçon sage et obéissant !

Elle se retint de ricaner à cette pensée. Bientôt ce gamin aurait faim et soif, il finirait bien par céder. Il suffisait d'être patient. Le plan de Shigaraki était parfait. Les héros et la police allaient mettre des jours à trouver leur planque et d'ici là, eux seraient loin, bien loin, et hors d'atteinte. Le jour où Bakugo et Midoriya reverraient leur fils serait le jour où celui-ci les tuerait. Oui, le plan de Shigaraki était parfait.

Himiko s'était cachée pendant sept ans, prenant l'apparence d'anonymes croisés dans la rue ou dans des bars. Elle avait travaillé dans divers endroits, sous de fausses identités, suivant avec intérêt l'évolution des héros qui avaient mis fin au règne d'All for One. La mort de ce dernier ne lui avait fait ni chaud, ni froid. Non, elle ne lui était pas particulièrement fidèle. En revanche, elle était fidèle à Shigaraki et avait cherché par tous les moyens à le faire s'évader.

Elle avait aussi proposé son aide à Dabi, mais ce dernier avait refusé, arguant qu'il préférait le confort de la prison à une vie de cavale. Elle n'avait pas insisté outre mesure, sachant que son comparse avait toujours eu sa propre vision des choses, ses propres objectifs et n'était fidèle qu'à lui-même. Elle, elle croyait en l'idéologie de Stain, en Shigaraki, en ses projets.

Petit à petit, au fil du temps, elle avait récolté toutes les informations nécessaires. Elle avait ragé, pesté et maudit mille fois Bakugo qui restait introuvable, jusqu'à son retour sur le devant de la scène. Usant sans vergogne de son alter, elle l'avait suivi, espionné, cherchant la faille qui permettrait à Shigaraki de lui mettre la main dessus. Et ce qu'elle avait découvert était encore mieux.

Le blondinet explosif avait un fils, un fils qui lui ressemblait beaucoup. Le gamin était bien protégé et entouré, et elle n'avait pas réussit à l'approcher. En revanche, elle avait cherché et trouvé son acte de naissance. Elle avait été profondément choquée de découvrir le nom du second parent d'Hiroshi Bakugo. Quand elle avait montré ça à Shigaraki, le sourire dément de son complice l'avait fait frissonner d'anticipation. Et ses explications sur le pourquoi du comment l'avaient remplie de joie. Ils tenaient leur vengeance.

Faire s'évader Shigaraki avait été un jeu d'enfant. Elle avait séquestré un gardien et avait pris son apparence, non sans lui avoir auparavant arraché tous les renseignements nécessaires. Soudoyer un criminel de petite envergure pour qu'il provoque un accident, créant ainsi une faille dans la sécurité de leur cible, avait été aussi simple que voler une sucette à un bébé. Le plus difficile avait été de fouiller le gosse inconscient afin de s'assurer qu'il ne portait aucun système de géolocalisation. Il fallait faire vite pour déguerpir avant l'arrivée des secours.

Shigaraki avait trouvé le minuscule traceur, collé derrière l'oreille droite du marmot, bien caché par ses cheveux. Il n'avait pas hésité une seule seconde à le décoller, arrachant la peau fine et fragile avec. Puis, ils avaient pris la poudre d'escampette, se fondant rapidement dans la foule flânant sur les trottoirs, pour rejoindre leur planque actuelle. Ce n'était pas le grand luxe, mais ce n'était que temporaire.

Dans moins de vingt-quatre heures, ils partiraient, loin du Japon, là où personne ne penserait à les chercher, là où personne ne pourrait les retrouver. Shigaraki et elle élèveraient Hiroshi comme s'il était leur fils, le formant pour qu'il devienne le parfait successeur d'All for One, et qu'il détruise la société héroïque. Oh, elle jubilait d'avance en imaginant le jour où Dynamight et Deku devraient affronter leur progéniture !

- Tu espères que ton papa chéri viendra te sauver n'est-ce pas ?

La voix de Shigaraki la sortit de ses pensées et elle posa un regard amusé sur son complice qui s'était rapproché du gamin pour s'asseoir en face de lui. L'absence de réponse ne gêna nullement et Shigaraki qui reprit.

- Il ne viendra pas. Ni lui, ni personne. Pourquoi il voudrait te sauver alors qu'il ne t'aime pas ? Il ne voulait pas de toi, tu sais. Ton autre père non plus. Pour eux, tu es juste un poids mort, une obligation. Ils doivent être bien contents d'être débarrassés de toi.

Un sanglot étranglé se fit entendre, et Shigaraki sourit bizarrement. Himiko supposa qu'il essayait de faire un sourire doux, mais ce n'était nullement convaincant.

- Tu en as une belle peluche. Tu crois que Red Riot en a quelque chose à faire de toi ? Qu'il viendra te chercher lui aussi ? Ne rêve pas gamin. Aucun des héros que tu connais ne viendra, personne ne viendra. Ils sont tous trop occupés par leur gloire. Tu n'es rien à leurs yeux.

Himiko vit le gamin secouer la tête, semblant réfuter les propos de son complice. Le sourire étrange de Shigaraki s'agrandit et il poursuivit :

- Mais Himiko et moi on va bien s'occuper de toi. On te donnera tout ce dont tu as besoin. On t'apprendra à être fort et puissant. Plus que ces héros que tu aimes tant. On formera une famille tous les trois. Je serai ton papa, et Himiko ta maman. Tu ne veux pas d'une maman ?

Blotti dans son coin, Hiro serra plus fort son doudou contre lui, sanglotant éperdument. Il n'aimait pas ce monsieur qui disait des choses horribles. Bien sûr que son papou l'aimait. Son papou jouait avec lui, lui faisait des câlins et des bisous. Son papa aussi l'aimait. Et ses tontons et ses tatas aussi, et papi et mami et mamiko aussi. Ils allaient venir le chercher. Hiro ne voulait pas rester avec ce monsieur et cette dame. Il ne voulait pas d'un autre papa, ni d'une maman. Il voulait son papou et son papa.

~oOo~

Dans la salle de réunion de l'agence de Hawks, Izuku tournait en rond comme un fauve en cage sous les regards soucieux des héros déjà sur place. Ils étudiaient attentivement les plans de la ville, tâchant de définir où les criminels avaient pu trouver refuge, essayant de deviner leurs plans, réfléchissant à une tactique pour les coincer rapidement. Ils discutaient des stratégies à mettre en place, des forces à mobiliser, pour retrouver Hiroshi Bakugo et ses kidnappeurs.

Mais Izuku n'y arrivait pas. Son cerveau refusait de coopérer, passant et repassant sans cesse les mêmes informations. Hiro avait disparu. Kacchan devait être fou d'inquiétude et de rage. Masaru était à l'hôpital. Hiro avait disparu. Il n'arrivait pas à penser à autre chose. Il avait envie de vomir, d'hurler sur la terre entière, de se recroqueviller dans un coin et de pleurer toutes les larmes de son corps, et de voir Kacchan. Il avait besoin de Kacchan.

Comme si ses prières avaient été entendues, la porte de la salle s'ouvrit et Best Jeanist, Fumikage, Eijiro et Katsuki entrèrent. Sans réfléchir, Izuku franchit les quelques mètres le séparant de son amant et se jeta sur lui en pleurant, le serrant dans ses bras à l'étouffer.

- Kacchan, sanglota-t-il. Kacchan...

Une douleur soudaine lui coupa le souffle. Un poing puissant venait de s'écraser contre son sternum. Avant même qu'il ait pu réagir, il se retrouva propulsé contre le mur opposé à la porte, la gorge serrée dans la poigne puissante d'un blond dardant sur lui 'un regard noir.

- Ka...Kacc... bégaya-t-il surpris.

- La ferme ! claqua ledit Kacchan d'un ton dur et menaçant. Si tu ouvres ta grande gueule pour autre chose que proposer un plan, je t'explose ! C'est clair ?!

Izuku planta ses prunelles émeraudes dans celles rubis de son vis-à-vis, lisant dans les yeux écarlates la même peur, la même angoisse que celle qui lui nouait les entrailles.

- Si tu veux t'enterrer dans un coin et pleurnicher, cracha Katsuki sans relâcher sa prise sur le cou de son amoureux, fais-le ! Mais je te préviens, si je peux pas compter sur toi dans une merde pareille, c'est même pas la peine de repointer ta tronche de nerd devant moi.

Levant les mains, Izuku se saisit du bras de Katsuki, sans chercher à lui faire desserrer sa prise sur sa gorge.

Katsuki avait raison, comme souvent. Il était aussi dévasté que lui par la nouvelle, probablement plus. Izuku était bien placé pour savoir à quel point Katsuki tenait à Hiro, il était le témoin privilégié de tout cet amour après tout. Bien sûr qu'il allait tout faire pour retrouver leur petit bonhomme. Bien sûr que Katsuki pouvait compter sur lui. Toujours !

- Merci... souffla-t-il s'attirant un coup d'œil surpris de la part du blond.

Katsuki relâcha sa prise sur le cou d'Izuku, mais ce dernier ne lui lâcha pas le bras pour autant.

- De quoi tu causes, abruti ? grogna Katsuki en fusillant des yeux son ami d'enfance.

- J'étais complètement tétanisé par la peur, avoua Izuku. J'avais besoin que tu me remettes les idées en place. Merci de l'avoir fait.

- Ah ? On peut passer aux choses sérieuses maintenant ? s'assura Katsuki en le défiant silencieusement de dire le contraire.

- Oui. On va retrouver Hiro, et défoncer ces enfoirés ! confirma Izuku avec assurance.

Pendant qu'Izuku et Katsuki se penchaient avec les autres héros sur un plan pour retrouver et sauver leur fils, Hawks se posait devant les portes de la prison avec un gracieux battement d'ailes. Shoto descendit souplement de son dos, et les deux héros avancèrent rapidement vers les portes où le directeur les attendaient déjà. Dès qu'ils étaient arrivés à l'agence, un peu plus tôt, Hawks avait fait grimper Shoto sur son dos pour l'amener ici le plus rapidement possible.

Durant le vol, Shoto avait contacté le directeur de la prison, lui demandant une faveur exceptionnelle. Tout en suivant le directeur dans les dédales du centre pénitencier, Shoto réfléchissait à comment faire parler son frère. C'était pour cette raison qu'ils étaient là : rencontrer Dabi et essayer de voir s'il avait ne serait-ce qu'un début d'idée du plan de Shigaraki. Le moindre indice était capital. Encore fallait-il réussir à faire parler Dabi. Mais Shoto était prêt à jouer toutes les cartes possibles pour y parvenir. Il n'était plus question de prudence ou de ne pas trop en dire... Il fallait faire parler Dabi !

Le directeur ouvrit une porte et les deux héros pénétrèrent dans la pièce où Dabi les attendait déjà.

- Et bien, ricana Dabi. Que me vaut une visite aussi tardive et exceptionnelle ? Mon très cher petit frère et Hawks ! Je suis chanceux.

- Le fils de Bakugo a été enlevé, attaqua d'entrée de jeu Shoto. On soupçonne Shigaraki.

Le sourire narquois de Dabi disparut pour laisser place à une expression de surprise.

- Le fils de... Attends, tu es en train de me dire que Monsieur Explosion a un fils ?

- Oui, confirma Hawks. Il s'appelle Hiroshi, il a six ans.

- Six ans... Il l'a eu super jeune, s'étonna le criminel.

Son regard se posa sur Shoto qui était assis sur la chaise en face de lui et d'un ton faussement dramatique il lança :

- Et dire que moi je n'ai toujours pas de neveux ! Alors que j'ai un frère et une sœur plus âgés que lui !

Mais Shoto ne dit rien. L'heure n'était plus aux questions posées dans l'espoir vain d'une réponse. Il n'avait pas le temps de jouer le jeu de Touya. Aussi se contenta-t-il de pousser son portable vers son frère tout en enclenchant une vidéo. C'était sa dernière carte. Il espérait ne pas se tromper en la jouant. Son frère réclamait régulièrement des neveux ou nièces à Natsuo et Fuyumi. Et Shoto espérait que c'était là le signe que Touya n'était pas aussi inhumain qu'il voulait le faire croire, et non un énième jeu malsain.

Dabi se pencha pour voir la vidéo, curieux malgré lui. Sur l'écran, un petit bonhomme aux cheveux vert pâles, aux yeux rouges et un immense sourire sur son visage constellé de tâches de rousseurs, fixait avec attention le gâteau orné de six bougies que Katsuki posait devant lui. Des voix s'élevèrent depuis le haut-parleur du portable :

- Joyeux anniversaire... Joyeux anniversaire... Joyeux anniversaire Hiro... Joyeux anniversaire !

Dabi ne put s'empêcher de sourire en entendant la chanson si caractéristique de ce genre d'événement. Il vit le petit garçon prendre une grande inspiration et souffler sur ses bougies, l'extinction des flammèches déclenchant quelques applaudissements. Les bougies furent ôtées du gâteau et Dabi vit Katsuki couper des parts du dessert.

- Une grosse pour moi papou ! s'exclama la star du jour.

- Mange déjà celle-là ! répliqua ledit papou.

- Mais papou c'est mon anniversaire ! J'ai droit à une grosse part !

- Pour que tu en laisses la moitié ? Et il en faut pour tout le monde.

- Kacchan, intervint alors Izuku. J'en prendrai une plus petite.

- Tu vois, papa me laisse sa part, affirma le petit bonhomme avec un grand sourire.

- Ben si tu es malade après, tu vomis sur lui et pas sur moi ! claqua Katsuki en donnant une belle part de gâteau à son fils.

Dabi ne put s'empêcher d'éclater de rire en voyant Izuku et le garçonnet tirer la langue au blond qui leur répondit avec une vilaine grimace. Puis la vidéo s'arrêta, l'écran du téléphone redevenant noir.

- C'était en janvier, pour son sixième anniversaire, expliqua Shoto en reprenant son téléphone.

- Il a l'air... bien, dit Dabi, hésitant sur la formulation exacte. Mais, il a bien appelé Midoriya papa ?

Shoto approuva d'un signe de tête presque machinal, échangeant un regard entendu avec le héros ailé.

- Tu n'as jamais entendu parler du projet d'All for One pour Bakugo ? demanda Hawks.

- Non, confirma Dabi. Je sais qu'il avait prévu un truc, mais je ne m'y suis jamais intéressé.

- Hiro n'est qu'un enfant, un enfant innocent, qui n'a rien demandé, intervint Shoto. Et il a été enlevé par ton complice.

- Ce n'est qu'une supposition, grommela Dabi. Vous n'avez aucune preuve.

Shoto serra les poings. Non, ils n'avaient aucune preuve. Mais tout indiquait que Shigaraki était derrière tout ça. Qui d'autre voudrait s'en prendre à Hiro ? Surtout sans demander de rançon. Le petit garçon avait disparu depuis plus de deux heures maintenant, et aucune demande de rançon n'était arrivée. C'était forcément Shigaraki le coupable. Et Dabi devait savoir quelque chose, n'importe quoi, qui puisse les aider.

- Non, confirma Hawks d'un ton dur. Nous n'avons aucune preuve. Mais, nous savons q'All For One voulait asservir le monde, et nous avons toutes les raisons de penser que Shigaraki veut poursuivre ce but. Et pour ça, il a besoin d'Hiro.

- Qu'est-ce que ce gamin a de si particulier pour qu'il ait besoin de lui ? soupira Dabi, pas convaincu. Certes, vu ses parents il a du potentiel, mais ce n'est encore qu'un gamin. Shigaraki aurait tout intérêt à s'associer à d'autres personnes, déjà puissantes au lieu de devoir attendre que ce gosse grandisse. Et qu'est-ce que vous attendez de moi au juste ?

Shoto et Hawks se lancèrent un coup d'œil furtif et d'un commun accord, prirent leur décision. Ils n'avaient pas le choix, pour obtenir un minimum de collaboration de la part de Dabi, ils devaient être honnêtes avec lui. Succinctement, ils expliquèrent donc le plan d'All for One, puis la grossesse de Katsuki et la paternité d'Izuku.

- Sans le vouloir, ils ont fait exactement ce qu'espérait All For One, soupira Shoto.

- Hiro est la parfaite combinaison entre l'obsession d'All For One pour le One for All et l'intérêt malsain de Shigaraki pour Bakugo, renchérit Hawks. Nous pensons que Shigaraki a appris, d'une manière ou d'une autre, l'existence d'Hiro et les noms de ses géniteurs, et qu'il l'a kidnappé pour le modeler comme il l'entend.

- Je vois, souffla Dabi, choqué par ces révélations inattendues.

Il ne s'attendait pas à ça. Pas du tout. Il savait bien sûr que Shigaraki avait un étrange intérêt pour le blondinet explosif. Mais il n'imaginait pas qu'All For One ait pu en avoir un aussi. Il avait toujours cru qu'AFO ne s'intéressait qu'à Midoriya et All Might. Malgré lui, Dabi eut une grimace. Shigaraki et All For One étaient loin d'être des sex-symbols, ni même des êtres sympathiques. Pas que lui le soit plus, mais bon. Bakugo avait eu de la chance d'échapper à ces deux-là.

- Tu détestes notre père pour ce qu'il a voulu faire de nous, reprit Shoto d'un ton ferme le sortant de ses pensées. Katsuki et Izuku ne sont pas comme notre père. Tu l'as vu sur la vidéo, et je peux te montrer plein de vidéos et de photos qui te le prouveront tout autant. Hiro a une enfance normale, c'est un gamin heureux, aimé, choyé. Shigaraki veut en faire une arme, ce que notre père voulait faire de nous. Aucun gamin au monde ne mérite ça. Si tu as le moindre indice, entendu la moindre information sur l'endroit où il se trouve, dis le nous. Je t'en prie !

Dabi contempla longuement son petit frère, lisant toute la supplique dans les yeux vairons de celui-ci. Puis, il reporta son attention sur Hawks. Le héros ailé avait toujours été doué pour masquer ses émotions sous des grands sourires. Mais là, il ne souriait pas, il le fixait avec anxiété. Le vilain hésita. Il avait vu le petit bonhomme sur la vidéo. Il avait vu son sourire. Il avait vu la complicité évidente entre lui et ses deux pères. Était-il assez cruel pour priver un gamin innocent de l'enfance que lui, ses frères et sa sœur n'avaient jamais eue ?

Avec un soupir, il se résigna. Non, il ne serait pas celui qui priverait un gosse de l'amour de sa famille. Il n'imaginait que trop bien quel genre d'enfance Shigaraki pouvait offrir à un marmot. Il ne serait pas comme son enfoiré de père !

- Je ne sais rien, vraiment, souffla-t-il. Shigaraki ne m'a pas fait part de ses projets. Mais...

Il leva les yeux, tombant sur le visage tendu de son petit frère. Touya sourit doucement, avant de reprendre :

- A peu près un an après notre incarcération, Himiko s'est infiltrée dans la prison et nous a proposé son pour nous évader. J'ai refusé. Et comme elle est repartie seule, j'en ai conclu que Shigaraki aussi. Visiblement, ce n'était que partie remise.

- Visiblement, soupira Hawks. Alors Himiko est bel et bien impliquée.

- Tu sais autre chose ? demanda Shoto avec espoir.

Touya hocha la tête avant de répondre :

- Avant son évasion, Shigaraki s'est mis à apprendre l'anglais. Je ne sais vraiment rien d'autre.

- Merci, souffla Shoto en se levant.

Dabi regarda les deux héros se préparer à partir, visiblement pressés.

- Désolé de ne pas pouvoir vous être plus utiles, lâcha-t-il, conscient qu'il ne savait rien des plans de son ancien complice.

- Si mince soit-elle, ton aide nous sera précieuse, affirma Hawks en ouvrant la porte.

- Reviens me voir, Hawks ! lança Dabi avec un sourire moqueur.

Puis, plus doucement, il interpella son frère :

- Shoto... Retrouvez-le vite !

Shoto hocha la tête et quitta la pièce sur les talons du héros ailé. Oui, il allait retrouver Hiroshi. Et le plus vite possible.

~oOo~

- T'inquiète, on va fouiller cet aéroport de fond en comble, jura Denki à Katsuki qui lui promettait mille morts s'ils ne passaient pas le moindre millimètre carré au peigne fin dans son oreillette.

A ses côtés, Jiro avait déjà planté ses lobes d'oreilles dans le mur le plus proche, cherchant à capter des voix ou des mots prouvant que Shigaraki, Himiko et Hiroshi étaient là.

Shoto et Hawks avaient réussi à faire dire à Dabi qu'avant son évasion, Shigaraki s'était mis à l'anglais. Katsuki en avait immédiatement conclu que le criminel comptait quitter le pays, probablement avec Hiro sous le bras. Si Denki n'avait pas vu l'intérêt de la chose, Izuku s'était empressé d'éclairer la lanterne de ceux qui pensaient comme lui, même s'il ne put empêcher Katsuki de les traiter d'idiots abrutis pas foutus de réfléchir deux secondes.

- Kacchan a raison, c'est la meilleure solution pour lui, avait affirmé Izuku. S'il reste au Japon, il sera obligé de se cacher, et on finira bien par le retrouver. Alors qu'en quittant le pays, il sera intouchable pour nous. Les pays anglophones sont nombreux. Et même avec un mandat d'arrêt international, il pourra plus facilement éviter les autorités et se cacher.

- Le Japon ne lancera pas un mandat d'arrêt international pour une suspicion d'enlèvement, avait fait remarquer Best Jeanist. Et nos dirigeants seront trop heureux qu'il aille ailleurs pour le traquer à travers le monde.

- Je vois, avait grogné Deku. S'il quitte le pays, Shigaraki sera intouchable.

- Et il fera ce qu'il veut d'Hiro, avait tempêté Katsuki. Il s'est fait retourné le cerveau par cet enflure d'All for One, il fera pareil avec Hiro. Il fera en sorte qu'Hiro déteste les héros et veuille les détruire. Je suis sûr qu'il se marre d'avance du jour où on se fera buter par notre fils !

Les équipes s'étaient déployées dans tous les aéroports et les ports du pays. Les Wild Wild Pussycats se chargeaient de Nabu, et tous les héros locaux avaient été mis à contribution. Il n'était pas question de laisser Shigaraki quitter le Japon. La police avait diffusé une alerte enlèvement, le visage d'Hiroshi passait en boucle sur tous les écrans du pays. Quiconque apercevant le petit bonhomme devait prévenir les autorités immédiatement.

Jiro n'était pas convaincue que le criminel essayerait de s'enfuir via un aéroport. Les contrôles étaient trop poussés pour pouvoir passer facilement incognito. Même avec de faux papiers et un déguisement, ce serait compliqué. Mais il n'était pas question de négliger cette possibilité. De même, bon nombre de héros quadrillaient le pays dans l'espoir de retrouver le petit garçon avant que les vilains ne quittent leur planque. La police avait même mis les diverses brigades canines sur le coup, Katsuki ayant fourni des vêtements d'Hiro pour que les chiens connaissent son odeur.

Portable à la main, Denki surveillait l'apparition d'un signal bien précis sur l'application téléchargée en catastrophe moins d'une heure auparavant. Katsuki s'était brutalement souvenu que le doudou d'Hiro était doté d'un traceur de courte portée. C'était David Shield qui avait créé ce traceur, conçu pour retrouver rapidement le doudou en cas de perte.

Quand Izuku s'était étonné d'une telle mesure, Katsuki avait grommelé :

- Passe deux heures à chercher ce foutu doudou avec un bébé qui hurle dans tes bras et refuse tout ce que tu proposes comme remplacement et on en reparlera ! Et on s'y est mis à trois : David, Mélissa et moi ! Tout ça pour le retrouver sous le canapé... C'était juste avant qu'on déménage à Nabu. Une simple mesure de précaution. Au final, je m'en suis presque pas servi jusqu'à aujourd'hui. J'espère juste qu'il aura bien gardé son foutu doudou avec lui !

Jiro avait confirmé qu'aucune peluche n'avait été trouvée dans la voiture, ni dans le petit cartable abandonné sur la banquette arrière. Mais Hiro avait pu perdre son précieux doudou n'importe où, l'oublier à l'école, ou ses kidnappeurs avaient pu s'en débarrasser. Bref, il n'y avait aucune certitude que le marmot ait son doudou avec lui. Mais, aussi infime fût-elle, la possibilité qu'il l'ait gardé n'était pas à négliger.

Chargebolt sursauta quand un pigeon lui frôla le haut du crâne et il leva les yeux, notant la présence d'un bon nombre de volatiles tournoyant au-dessus de la foule. Leur comportement n'avait rien de naturel et le héros électrique sourit discrètement, remerciant intérieurement Anima qui avait mis à contribution tous les animaux qu'il avait pu contacter.

- Pour des raisons indépendantes de notre volonté, tous les vols sont retardés. Nous vous remercions de votre patience et votre compréhension.

L'annonce résonna dans tout l'aéroport et Denki sourit un peu plus. Visiblement All Might et Nezu avaient réussi à convaincre le directeur de l'aéroport de coopérer. Ces deux-là faisaient jouer toutes leurs relations pour aider aux recherches. Cela faisait bientôt quatre heures qu'Hiro était porté disparu. Plus le temps passerait, plus il serait difficile à retrouver. C'était une course contre la montre. Et tous en avaient parfaitement conscience.

Mais le temps de réunir un peu tout le monde, de se mettre d'accord sur la conduite à tenir, et de mobiliser toutes les forces en place, les heures étaient passées. Aucun d'eux n'avait d'alter arrêtant le temps. Ça leur serait pourtant bien utile actuellement. La nuit commençait à tomber, et tout le monde s'était mobilisé aussi rapidement que possible. Tous espéraient qu'au matin, Hiroshi Bakugo serait avec ses pères et non plus aux mains de ses ravisseurs.

~oOo~

Intérieurement, Katsuki tremblait de peur, vomissait d'angoisse, bouillonnait de rage et pleurait toutes les larmes de son corps en suppliant qu'on lui rende son fils. Mais aucune de ses émotions ne transparaissaient. Les grands moyens étaient mis en œuvre. Un inspecteur de police avait fait remarquer que c'était mobiliser beaucoup de monde pour simplement retrouver un enfant. Katsuki n'avait même pas eu à l'ouvrir pour lui faire fermer sa gueule, Aizawa et Hawks s'en étaient chargés avant lui. L'inspecteur n'avait plus rien dit et s'était plié aux directives sans broncher.

Katsuki se foutait bien de mobiliser la terre entière. Il devait retrouver Hiro. Son nain de jardin devait être terrorisé, peut-être même était-il blessé. Katsuki n'était plus un héros, il était avant tout un père qui ne voulait qu'une seule chose : pouvoir serrer son petit bonhomme dans ses bras et le couvrir de baisers. Il donnerait tous ses rêves de gloire, tout son putain d'avenir, sa vie entière juste pour ça. Il ne pourrait trouver le moindre repos tant que son fils serait loin de lui. C'était impossible. Il le savait.

Portable en main, l'œil et l'oreille aux aguets, il courait au milieu de la montagne de containers soigneusement rangés sur le port. Son instinct lui soufflait que si Shigaraki voulait quitter le pays, le plus simple était la voie maritime, bien planqué dans un grand box métallique. Alors même si, par acquis de conscience, les autres vérifiaient le reste des réseaux de transports, lui avait choisi de patrouiller là où il pensait avoir le plus de chances de retrouver son fils.

La zone de stockage des containers était immense, plusieurs hectares couverts de grosses boîtes en métal, toutes identiques mis à part leur couleur. Pour couvrir un maximum de surface en un minimum de temps, ils s'étaient séparés, chacun prenant une zone définie. Dans les bureaux, Fat Gum et Creaty étudiaient les enregistrements des nombreuses caméras de surveillance, espérant repérer quelque chose d'anormal.

Tentapoulpe était monté en haut d'une grue et déployait tous ses membres pour capter le moindre bruit, le moindre mouvement parmi les containers et guider ses collègues. Trois maîtres chiens fouillaient le port avec leurs fidèles compagnons canins, espérant que ceux-ci repéreraient l'odeur du disparu. Deku arpentait sa zone de recherche en long en large et en travers, de même que Red Riot et Best Jeanist. De leur côté, Froppy et Ingenium exploraient chaque recoin des cargos amarrés.

Un point rouge attira l'œil de Katsuki qui se figea immédiatement, le regard rivé sur l'écran de son téléphone. Il l'avait trouvé... Il n'avait plus qu'à croiser les doigts pour que Shigaraki ait laissé Hiroshi garder son précieux doudou. Tout en regardant frénétiquement autour de lui, espérant trouver un indice visuel quelconque sur la localisation de ce foutu doudou, il prévint ses collègues via le micro intégré à sa tenue.

- J'ai un signal.

Izuku sentit son cœur accélérer à ces mots tant espérés. Il allait se précipiter pour rejoindre Katsuki quand la voix de ce dernier résonna à nouveau.

- Ne quittez pas vos zones de recherches ! Ça peut être un leurre ! Tentapoulpe, tu me vois ?

- Oui, confirma le héros aux bras cloneurs.

- Je suis cerné par des containers, tu peux te concentrer sur ma zone ? Le traceur a une portée d'une centaine de mètres. Pas plus. Je pars sur la droite.

- Je ne te quitte pas des yeux, l'informa Tentapoulpe.

Le plus discrètement possible Katsuki avança entre les containers entassés là, suivant le signal du traceur. Il y en avait beaucoup, empilés les uns sur les autres, tellement serrés que par endroits Katsuki eut du mal à se faufiler entre eux. Tout en regardant régulièrement le signal clignotant sur son téléphone, il cherchait le moindre signe du doudou. Il s'était bien éloigné de son point de départ quand la voix de son collègue se fit entendre dans l'oreillette :

- J'ai repéré un bruit provenant d'un containeur.

- Où ? demanda le blond avec urgence.

- Devant toi, tu vois le trio blanc, vert et orange ? C'est juste après.

Katsuki se précipita, essayant de rester le plus discret possible pour ne pas alerter les criminels de sa présence. Il devait d'abord s'assurer de la présence d'Hiro.

- Kacchan ? demanda Izuku dans l'oreillette.

- Chut ! souffla Katsuki. Je suis tout près.

Il se cacha entre deux piles de containers, ayant un parfait visuel sur les portes du box métallique. C'était là. Le signal sur son téléphone le lui confirma. Katsuki crevait d'envie de défoncer ces foutus portes et de se jeter à l'intérieur, mais il devait vraiment s'assurer que le doudou n'était pas seul.

Après quelques secondes d'observation, ne voyant aucun mouvement, aucun signe de vie, il s'approcha de la paroi en métal. Les portes étaient closes, mais en regardant de plus près il y avait un truc qui n'allait pas. Les portes n'étaient pas supposées pouvoir être ouvertes de l'intérieur, or celles-ci semblaient déroger à la règle. Il se retint de foncer dans le tas sans réfléchir plus, et colla son oreille contre le container, retenant sa respiration pour percevoir le moindre son.

- ... faim ?

Il grimaça en entendant une voix féminine. Visiblement, il y avait bel et bien quelqu'un à l'intérieur. Se concentrant, il chercha à capter autre chose, localisant les voix à l'opposé de la cloison où il avait collé son oreille. A l'aide d'un appareil de mesure thermique, il repéra deux silhouettes à quelques mètres d'une autre. Visiblement, Shigaraki et Himiko ne menaçaient pas Hiro avec une arme quelconque.

- Je te l'ai dit, ton père s'en fout de toi.

Ces mots prononcés par cette voix détestable firent perdre à Katsuki le peu de calme qu'il avait, difficilement, réussi à conserver jusque-là.

Le bruit d'une violente explosion alerta tous les héros et policiers présents sur la zone.

- Dynamight ! hurla Tentapoulpe dans l'oreillette.

- Je vais te buter putain d'enfoiré de merde !

Le rugissement dudit Dynamight perça les tympans de tous ses collègues qui se précipitèrent sans attendre vers la zone attribuée au blond.

Deku fut le premier à arriver sur place, ayant usé de son alter pour sauter par-dessus tous les conteneurs qui le séparaient des deux hommes de sa vie. Il se figea devant la scène se présentant sous ses yeux. A travers la paroi métallique explosée, il voyait le dos de Katsuki, prêt à bondir, les mains crépitantes. Et face à lui, dos à l'autre cloison, Shigaraki tenait dans ses bras Hiro, quatre de ses doigts nus posés sur la joue de l'enfant en larmes.

- Oh ! Izukuuuu !

La voix gloussante attira l'attention du nouveau venu sur la blonde qui lui souriait de ce sourire qu'il détestait tant, un sourire de psychopathe. Il nota qu'Himiko se tenait tout près des portes du conteneur, sûrement prête à s'enfuir. Mais il savait que c'était une question de secondes avant que ce dernier ne soit entièrement cerné par des héros et des policiers. Les deux criminels n'avaient aucune chance de fuir.

- Pa... Papou ! pleura Hiro coincé contre le torse de son ravisseur, un des bras de celui-ci lui barrant le ventre.

- Oh, c'est mignon, tu l'appelles papou, ricana moqueusement le vilain monsieur. Si ton papou bouge ne serait-ce qu'une oreille, ou tente de te dire quoique ce soit, je te tue.

Terrorisé, Hiro pleura un peu plus fort, ses yeux rivés à ceux de son papou.

Son papou était venu le chercher. Bien sûr que le vilain monsieur et la vilaine dame avaient tort. Son papou l'aimait, il n'allait pas l'abandonner. Il tendit désespérément sa petite main vers son papou, l'appelant en pleurant.

- Laisse-moi lui parler.

La voix de son papou ne lui avait jamais semblé si suppliante, et Hiro pleura encore plus.

- S'il te plaît, reprit Katsuki ses yeux ne quittant pas son petit bonhomme. Laisse moi lui parler !

- Si t'arrive à le faire arrêter de chouiner, ricana Shigaraki d'un air mauvais.

- Hiro, appela immédiatement Katsuki d'un ton doux, prenant sur lui pour ne pas laisser percer la terreur dans sa voix. Hiro, chut... calme-toi. Regarde-moi. Je suis là, ok...

- Un geste et je le désintègre, rappela Shigaraki en approchant son index de la joue de son petit prisonnier.

- Je bouge pas putain ! rugit Katsuki paniqué.

Shigaraki recula un peu son doigt meurtrier et Katsuki respira. Il devait trouver un moyen pour éloigner cette merde de son fils. Et vite ! Dans son dos, il sentit la présence de Deku, prêt à intervenir lui aussi. Il devait y avoir une solution ! Il devait trouver cette putain de solution ! Son cerveau tournait à plein régime, cherchant la faille qui permettrait d'éloigner Shigaraki et son alter de désintégration de son précieux petit bonhomme.

Soudain, il trouva. Sans rien laisser paraître de son illumination, Katsuki se concentra sur son fils. Il devait le calmer, le rassurer un peu, et lui faire comprendre son plan... Il avait besoin qu'Hiro comprenne et coopère !

- Hiro, tu m'écoutes hein ? demanda-t-il.

Le petit bonhomme hocha la tête en reniflant entre deux sanglots.

- Pense un truc joyeux ok ? reprit Katsuki. Tiens, tu te souviens du jour où tonton Eijiro voulait te jeter dans un tas de feuilles mortes ? On avait bien ri ce jour-là hein ? Tu te rappelles ?

Hiro hocha la tête. Oui, il se souvenait de ce jour-là. Il était dans le parc avec ses deux papas, tonton Eijiro et tata Mina. Tonton Eijiro avait voulu le jeter dans un tas de feuilles mortes et il s'était débattu en riant dans les bras du héros à l'alter de durcissement. Son papou l'avait autorisé à utiliser son alter pour se libérer. Surpris par les explosions de son otage, Eijiro l'avait lâché et était tombé dans le tas de feuilles mortes. Oui, c'était rigolo, mais là Hiro n'avait nullement envie de rire. Il avait trop peur pour ça.

- C'est quoi ça ? se moqua Shigaraki. C'est comme ça que tu calmes ton fils ? Quel père lamentable !

Izuku vit Katsuki se tendre à ces mots, lui-même grinçant des dents. De quel droit cet enfoiré osait parler de Kacchan ainsi ? Kacchan était un père génial ! Mais Izuku ne dit rien, conscient que si son amant parlait de ce jour-là en particulier c'était pour une bonne raison. Katsuki devait avoir un plan. Mais Hiro ne semblait pas comprendre.

Faisant fonctionner ses méninges à toute allure, Izuku chercha comment attirer l'attention de Shigaraki sur lui. Si le criminel détachait son regard de Katsuki, celui-ci pourrait peut-être réussir à faire comprendre à Hiro ce qu'il voulait qu'il fasse ou à s'en approcher suffisamment pour le libérer. Deux bras se saisissant du sien le surprirent.

- Izuku ! Ça fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas vu !

Tout en tournant la tête vers Himiko qui venait de l'alpaguer ainsi, le surprenant comme toujours, Izuku nota que sans le vouloir la blonde avait détourné vers lui l'attention de Shigaraki. C'était l'occasion parfaite ! Il devait la saisir !

- Himiko, soupira-t-il tendu. Tu as l'air de bien te porter.

- Oh oui ! Dis Shigaraki, on peut l'emmener avec nous hein ?!

Shigaraki répondit quelque chose que Katsuki n'écouta pas. Profitant de l'inattention du criminel, il souffla quelque chose à son fils. Hiro écarquilla les yeux en voyant la bouche de son papou s'ouvrir et se fermer en silence.

- Hiro, calme-toi, lui dit Katsuki à voix haute et d'un ton doux. Regarde-moi, ok ? Ça va aller ok ? Regarde-moi bien.

Puis, à nouveau, son papou ouvrit et ferma la bouche en silence. Mais Hiro comprit. Son papou venait de lui dire : Fais boum !

Son papou voulait qu'il utilise son alter. Comme il l'avait fait pour se libérer des bras de tonton Eijiro ce jour-là dans le parc. Doucement et tremblant de peur, Hiro lâcha son précieux doudou pour poser ses petites paumes sur le bras nu du vilain monsieur qui le tenait serré contre lui. Un infime hochement de tête de son papou lui confirma qu'il faisait ce qu'il fallait.

Il jeta un rapide coup d'œil à son ravisseur, le voyant grimacer en parlant avec la méchante dame qui s'accrochait à son papa. Il avait peur, très peur. Mais son papou était là. Son papa aussi. Et son papou lui disait de faire boum. Hiro avait confiance en son papou. Son papou lui disait que ça allait aller. Il avait forcément raison. Se mordant les lèvres pour ne pas pleurer encore plus, tant il était terrifié, Hiro se concentra, et déclencha son alter.

Tout alla très vite. Shigaraki hurla de douleur en sentant une brûlure brutale sur son bras et relâcha instinctivement sa prise sur son prisonnier. Hiro glissa et tomba au sol en criant de terreur. Une épaisse fumée envahit immédiatement l'intérieur du conteneur, Deku usant de son alter pour aveugler les deux criminels. En une puissante explosion, Katsuki franchit la courte distance le séparant de son fils qu'il arracha des bras de Shigaraki, éloignant ce dernier d'un puissant coup de pied.

- Cours ! ordonna Katsuki à Hiro en le posant au sol, à l'extérieur du conteneur, sûr et certain que ses collègues récupéreraient le petit garçon.

Hiro obéit immédiatement, courant de toute la force de ses petites jambes, des larmes dévalant encore et toujours sur ses joues parsemées de taches de rousseurs. Deux bras puissants le saisirent brusquement et il hurla, se débattant dans l'étreinte solide.

- Hiro, c'est moi ! Tonton Eijiro ! le rassura immédiatement la voix de Red Riot.

La fumée se dissipa et Hiro put constater par lui-même qu'il était bel et bien dans les bras de son tonton qui s'éloignait en courant de ce qui avait été sa prison.

- Je l'ai ! rugit celui-ci en direction du conteneur envahi de fumée.

Depuis l'intérieur, la voix puissante de Katsuki se fit entendre :

- Je vais te crever espèce de sale merde !

Un corps vola brutalement en dehors de la fumée, venant s'écraser sans aucune grâce devant les héros et les policiers cernant le lieu du combat.

Best Jeanist ne perdit pas une seconde pour menotter, avec des menottes anti-alter, une Himiko Toga inconsciente, sûrement mise hors course par Deku. Dans les bras d'Eijiro, Hiro voyait des éclairs verts et des explosions à travers la fumée. Il entendait les cris de ses papas et ceux du vilain monsieur. Puis soudain, plus rien... Plus de bruits... plus de cris... Juste la fumée qui se dissipait lentement.

Une silhouette se dessina à travers les volutes épaisses, se rapprochant rapidement. Dès qu'il le reconnut, Hiro s'agita dans les bras de Red Riot qui le posa au sol.

- Papou ! cria-t-il en se précipitant vers le blond.

Ce dernier franchit la distance qui le séparait de son fils en deux bonds et le serra avec force dans ses bras.

- Putain, Hiro ! J'ai eu si peur ! Je t'ai retrouvé ! Bordel, je t'ai retrouvé !

Entre chaque mot Katsuki embrassait désespérément le visage trempé de larmes de son fils, lequel s'agrippait à lui en tremblant et hoquetant entre deux sanglots :

- Papou... papou ! J'ai eu peur ! Ils disaient des trucs méchants ! Et même pas vrai ! Tu m'aimes hein papou !

- Evidemment putain ! Plus que tout au monde bordel !

Deux bras puissants vinrent soudain enlacer les deux Bakugo, la voix larmoyante de Deku se joignant aux leurs.

- J'ai eu si peur Hiro !

- Papa ! pleura Hiro en posant un regard éperdu sur le nouveau venu.

Collant son front à ceux de ses deux amours, Deku sourit entre ses larmes et souffla :

- Hiro, on t'aime. On ne t'abandonnera jamais. N'en doute jamais.

- Putain non, doute pas de ça le nain de jardin, confirma Katsuki avec un discret sourire, les joues trempées par ses propres larmes.

Pendant que la petite famille se retrouvait, Ingenium passait les menottes à Shigaraki, inconscient et salement amoché. Dynamight et Deku n'y avaient été de main morte, pas que quiconque viendrait le leur reprocher. Fat Gum sourit en voyant Red Riot essuyer une petite larme devant le tableau touchant du trio à quelques pas d'eux.

- Ils sont tellement mignons, fit remarquer Froppy en souriant.

- Hm, confirma Shoto arrivé sur les lieux peu après le début des combats.

- C'est bon, lâcha la voix tremblante d'émotion de Creaty à travers l'oreillette. Hiroshi a été retrouvé, Shigaraki Tomura et Himiko Toga ont été arrêtés. Merci pour votre aide à tous.

- Hiro va bien ? hurla la voix parfaitement reconnaissable de Mina perçant les tympans de ses collègues.

Hawks rit doucement en entendant l'avalanche de questions dans l'oreillette. Du regard, il explora le contenu du conteneur, notant la présence des matelas, des sacs de voyages et des sacs à dos. Visiblement les deux criminels avaient bel et bien prévu de se faire la malle rapidement. Les policiers étaient déjà en place, relevant les diverses preuves et empreintes. Un truc en particulier attira son attention et il se pencha pour le ramasser. Avec un grand sourire, il avança vers son acolyte toujours dans les bras de son compagnon, leur fils coincé entre eux.

- Je crois que c'est à toi Hiro, dit-il en tendant sa trouvaille au petit bonhomme.

- Mon doudou ! s'exclama le garçon en se saisissant de sa précieuse peluche.

Hawks ébouriffa les cheveux verts pâles, et le félicita :

- Il m'a dit que tu avais été très courageux.

Hiro fit une drôle de grimace, jeta un œil coupable vers son papou et avoua timidement en baissant la tête, honteux :

- J'ai fait pipi dans ma culotte.

Il avait eu tellement peur qu'il n'avait pas osé dire qu'il avait envie de faire pipi. Et maintenant sa culotte et son pantalon étaient tout mouillés. Une main douce lui caressa la joue et il releva la tête tombant sur le regard tendre de son papou.

- C'est pas grave, on va rentrer à la maison, et tu prendras un bain.

- Et je pourrai avoir des cookies ? s'enquit le petit bonhomme.

- Tous les cookies que tu voudras, confirma Katsuki.

Pour Katsuki, le sourire de son fils à ce moment-là valait tous les sacrifices du monde.

A suivre...


Commentaire des auteures :

Et voilà, c'était l'avant dernier chapitre ! Il ne reste plus que l'épilogue. On touche au but !

On espère que cette histoire vous a plu et que sa conclusion vous plaira tout autant.


Bureau des plaintes et réclamations des personnages martyrisés :

Pendant qu'Yzan et Lili soufflent enfin après l'écriture de ce chapitre particulièrement mouvementé, Hawks et Aizawa fixent Katsuki d'un regard moqueur.

- T'es un vrai flemmard en fait, ricane Hawks.

- Ou parano, au choix, renchérit Aizawa.

- De quoi vous causez ? grogne Katsuki.

- Tu as mis un traceur dans le doudou de ton fils... l'accuse Aizawa.

- C'est pas vous qui l'avez cherché partout pendant trois plombes à chaque fois qu'il l'oublie quelque part ce doudou de merde ! Et il arrêtait pas de brailler ! Impossible de le calmer ! J'aurai bien aimé vous y voir moi ! se défend Katsuki.

- Et comment ils font les autres parents ? demanda Hawks.

- Je suis sûr que s'ils pouvaient ils feraient pareil, assène Katsuki.

Puis, se tournant vers les lecteurs il les prend à parti :

- Hein que vous êtes d'accord ? Dites-leur putain ! Le traceur dans le doudou : c'est La Solution !


Prochain chapitre :

Chapitre 15 - Atteindre les sommets.

" Monsieur Ronron a tout mangé."

" Faites pas ce genre de trucs devant un enfant innocent !"

" Il a rien demandé putain !"